Chez nos voisins espagnols, les meilleurs joueurs évoluent en Division Honneur, l'équivalent de notre Fédérale 1, selon Jordan Argerich. Le talonneur de 23 ans formé au Stade Toulousain évolue aujourd'hui au Senor Independiente Santander Club. Passé par des clubs prestigieux français, par les -20 ans d'Espagne et par la cryothérapie dans l'océan Atlantique à Lisbonne, il revient sur son parcours, ses ambitions, et décrypte le rugby espagnol.
Pour toi, tout a démarré au Stade Toulousain, quadruple champion d'Europe...
J'y ai fait mes débuts avec de très bons et de moins bons souvenirs. Cette très bonne école t'apprend à jouer en te forgeant un caractère. Si tu veux jouer et être titulaire, tu apprends à travailler plus dur ! Avec d'excellentes amitiés, j'ai dû partir car je n'allais pas évoluer en Top 14. À Auch, après une belle pré-saison, je me blesse gravement. On m'appelle pour évoluer à Lombez. Dans le Gers, le capitaine de l'équipe était mon concurrent comme talonneur. Aujourd'hui, je me sens très bien en Espagne.
Quel est le volume d'entraînement au Senor Indepediente ?
Nous nous entraînons 8 à 9 fois par semaine en alternant du terrain, de la musculation, de la récupération et des séances vidéos. Sans oublier que la vie espagnole respire la joie de vivre, le soleil, la beauté des paysages - surtout dans cette région au nord du pays - ou encore les pinchos de tortilla. Je souhaite à tout le monde de vivre ces expériences avec de nouvelles cultures, un autre rugby et un autre pays. Rugbystiquement, avec de très bons entraîneurs, je ressens une belle progression !
Présente-nous ton club : le Senor Independiente Rugby Club de Santander.
Nous disposons d'un superbe groupe avec beaucoup de joueurs argentins, anglais et français. Deux Espagnols d'Andalousie nous ont rejoint à Santander. Nous nous appuyons sur dix-huit joueurs avec un salaire fixe faisant tous les entraînements et sur vingt-quatre joueurs pouvant réellement évoluer au niveau Honor. Tous éloignés de nos familles, nous vivons dans des colocations avec quelques péripéties et incertitudes financières. Nous sommes devenus très soudés et nous nous entraidons quotidiennement. De plus, la ville est magnifique. On ne se lasse pas d'aller boire des matés en bord de plage ou de nous balader en ville.
Et quel est le niveau de la première division espagnole ?
De grande qualité, le jeu est très débridé : ça équivaut à la Fédérale 1 française où j'ai joué l'an dernier. Nous prenons beaucoup de plaisir malgré l'écart de niveau entre les trois équipes de haut de tableau et les autres équipes distancées qui se valent. Les trois cadors ont 35 joueurs du meilleur niveau, quand les autres en ont 23... Les effectifs restent moins profonds que dans l'Hexagone avec une formation à améliorer. Nous retrouvons de l'engagement dans toutes les rencontres. Et nous découvrons de belles pépites rugbystiques parmi les Espagnols et les nombreux étrangers du championnat.
Tu as connu la sélection des -20ans avec l'Espagne !
Mon grand-père est né ici alors je postule pour l'Espagne. En 2012-2013, la sélection des -20 fut ma plus belle expérience rugbystique. Très rude, nous avons perdu de peu face à la Géorgie. Nous gagnons ensuite face à la Roumanie pour échouer dans la rencontre finale face à la Belgique. Nous avons vécu de superbes moments à Lisbonne avec deux entraînements par jour et une excellente vie de groupe. Un Madrilène, George, est venu vivre chez moi vers Toulouse pendant une année. Je retrouve les autres lors des rencontres. Au-delà du plaisir de les retrouver, nous nous lançons avec plaisir des piques durant la partie. Dans ce groupe sérieux, nous ne mangions pas ce que nous voulions sous la surveillance de notre préparateur physique. Seulement, notre pilier droit réussissait à échanger ses repas avec les hamburgers frites des étudiants. Nous avons également testé la cryothérapie en novembre dans l'Océan Atlantique. Je peux vous dire qu'en novembre, l'eau est très, très froide pendant les 15 minutes.
Tu vises aujourd'hui ta première sélection avec l'équipe d'Espagne.
Il y a aujourd'hui de très bons joueurs à mon poste. Meilleurs et plus expérimentés, je travaille dur pour mon club et pour progresser... Et le jour où l'occasion se présentera, je la prendrai avec plaisir. A moi de travailler plus dur que les autres en restant humble et conscient de mes capacités. Travailler reste la seule solution pour rivaliser avec Beñat Auzqui (UBB), Marco Pinto Ferrer (Béziers), et de très bons talonneurs d'Honor comme Juan Anaya.
A savoir : Il y a un match de première division espagnole sur Eurosport 2 chaque semaine et tous les autres sont disponibles sur internet notamment sur la page Facebook de Santander !
Pour finir, ton frère Anthony ex-rugbyman est aujourd'hui professeur de sports de combat. Aurais-tu une anecdote drôle sur votre enfance ?
À mes 16ans, Anthony m'a offert des gants de boxe. Nous nous affrontions lors de rounds à la maison. Une fois, ça a dérapé. Anthony m'a sonné... Avec une belle droite, je suis tombé. Ça a rendu folle ma mère et nous avons dû arrêter ces affrontements. Aujourd'hui, il enseigne et fait des compétitions en full contact, en grappling et en pankido.
Son parcours complet :
En club :
2003/2013 Stade Toulousain (Champion de France Cadets en 2009/2010)
2013/2014 Auch espoirs "Avec une rupture des ligaments croisés, j'ai réalisé une saison blanche"
2014/2016 Lombez Samatan
2016/2017 Senor Independiente Rugby club Santander
En sélection / université :
2010/2011 Vice-Champion de France avec Midi-Pyrénées -18ans
2012/ 2013 Championnat d'Europe avec Espagne -20
2012/2013 Champion de France avec l'Université Paul Sabatier
2014/2015 Champion de France avec l'Université Paul Sabatier
Souvenirs :
Zejack
Sur la photo avec les joueurs du ST, ne serait-ce pas le petit Baille sur la droite ?
oZbeck
oui et Aldégheri a droite!
Zejack
Il me semblait bien merci.
Armchair Fan
À nouveau un grand merci pour un nouveau article sur le rugby espagnol. Effectivement, une rencontre est émise chaque semaine sur Eurosport 2, mais que de notre côté des Pyrénées. Par contre, toutes les autres rencontres sont émises par streaming en direct et la fédé met sur Youtube celles d'Eurosport Espagne deux jours plus tard. Voici la dernière rencontre, El Salvador-Cisneros (assez spectaculaire): https://www.youtube.com/watch?v=tJCL-JcZy-8
Arugby
super article. belle aventure pour ce jeune, meme si ca paye pas bien il se regale.
la division honneur c est plutot federale 3 (pour plus de la moitie) voir federale 2.(pour les meilleurs). la federale 1 c est un tres bon niveau que maleureusement les clubs d espagne n ont pas encore.