Sauf gros retournement de situation, le « Racingate » ne devrait pas mener à des sanctions. De l’aveu même de Christian Bagate, responsable de la lutte antidopage à la FFR, « le médecin du Racing a fait tout son travail dans les règles ». Dan Carter, Juan Imhoff et Joe Rokocoko devraient donc échapper à d’éventuelles suspension.
Néanmoins, l’information révélée par le journal l’Équipe vendredi dernier aura au moins un mérite : celui de relancer les débats sur l’utilisation des corticoïdes dans le rugby. Une utilisation largement répandue selon Ronan O’Gara, entraîneur du jeu au pied au Racing. L’Irlandais parle même de « 60 à 80 injections par année en Top 14 » (on ne sait pas vraiment d’où il sort ce chiffre, NDLR) dans un article accordé à l’Independant. Un avis qui n’est apparemment pas partagé par tout le monde. Dans l’Équipe de ce matin, le 3ème ligne Jonathan Best confie qu’il vient de connaître sa première « infiltration » vendredi dernier, à l’âge 34 ans et 11 saisons en Top 14 et Pro D2. Pour lui, « c’est une pratique rare ».
Dans ce même numéro de l’Équipe, un autre témoignage intéressant est délivré par Imanol Harinordoquy. Bien connu pour avoir disputé des tas de rencontres en étant blessé, le guerrier basque reconnait avoir eu recours à des infiltrations d’anesthésique et « avoir déjà joué contre son intégré physique » au cours de sa carrière. Mais il affirme ne jamais avoir subi d’injections de corticoïdes. Un produit qui, selon lui, peut s’avérer dangereux pour la santé et qui ne devrait pas être utilisé comme un antidouleur pour permettre à un joueur blessé de disputer un match :
Quand on t’injecte des corticoïdes, ce n’est pas pour jouer, c’est pour que tu te soignes, donc tu dois observer une période de repos, rester deux ou trois semaines sans t’entraîner. Sauf qu’aujourd’hui, une fois sur deux, c’est utilisé pour permettre aux joueurs d’aller sur le terrain et de masquer la douleur (…) On n’informe pas suffisamment les joueurs sur les conséquences à long terme (…) Quand tu infiltres une articulation, l’effet est négatif sur les cartilages, les tissus, ton articulation s’assèche et cela peut engendrer une arthrose importante. Et pourtant, ce n’est pas un discours de prévention que l’on tient aux joueurs avant de leur faire une injection »
Les responsables de cette mauvaise utilisation des corticoïdes sont-ils donc les médecins de club, que l’on imagine mis sous pression par les entraîneurs de clubs ? Si l’ancien troisième ligne international « ne veut surtout pas faire de généralités » et reconnait « qu’il y a des clubs où les médecins font les choses bien et préservent la santé des joueurs », il n’hésite pas à pointer du doigt l’irresponsabilité de certains d’entre eux.
Il existe des staffs sur lesquels on fait peser une pression monstre pour que les joueurs reviennent le plus tôt possible sur le terrain. J’ai été largement témoin de ça (…) Le problème, c’est que les médecins ne se positionnent pas catégoriquement par rapport à la santé du joueur. C’est souvent le joueur qui doit prendre la décision. C’est parfaitement anormal. Forcément quand on pratique un sport de combat, ce n’est pas dans l’esprit de dire « écoutez, je ne me sens pas de jouer ce week-end ». C’est mal vu (…) Certains médecins de clubs ne sont même pas des spécialistes du sport. Ils sont parfois incapables de poser un diagnostic. »
On vous conseille fortement la lecture de l'intégralité de cet entretien réalisé par Renaud Bourel, ainsi que l'article d'Alex Bardot sur les corticoïdes dans l'Équipe de ce dimanche.
oZbeck
EliepoinT
Moi j'aime beaucoup que des monstres de plus de 100 kilos s'envoient comme des fous tous les weekend, ça saigne, ça casse, ça se déchire... Ah on me dit dans l'oreillette que humainement ce n'est pas possible.
Ben z'ont cas dépasser l'humainement possible et pas nous faire chier, le public en a besoin! Du pain et des jeux pour endormir le peuple, vite!
ginobigoudi
Il a raison, Imanol : la douleur est une alerte du corps... On peut la surmonter, la dépasser, apprendre à mieux la "gérer", mais dans des proportions qui, même si elles varient d'un type à l'autre, demeurent "humaines"... Au-delà, c'est la chimie... Et dans le cas des corticoïdes, l'usage médical veut que la prise s'accompagne d'un temps de repos... Il est possible que les 3 joueurs dont on parle aient appliqué ce protocole, puisqu'on ne parle pas d'injections juste avant le match... Reste, comme le dit Imanol, que la pratique masquante existe évidemment... Ceux qui pratiquent ou ont pratiqué le savent... L'absence d'inflammation, donc de douleur, peut avoir des effets secondaires négatifs sur les cartilages, les tissus, la répartition des graisses, etc... On sait que la pratique du haut-niveau est très agressive pour le corps... L'utilisation abusive et prolongée de stéroïdes comme les corticoïdes peut augmenter cette usure prématurée... Maintenant, je crois que pour Carter, on parle d'un ménisque... C'est très douloureux et fortement handicapant... La première solution, c'est l'opération, donc une perte de productivité pour l'employeur...La seconde, c'est l'infiltration... On a compris ce qui pesait dans la balance...
In Rugby I Trust
De toute façon tant que les médecins de clubs seront des salariés tout ceci restera légions. Comment dire non à ordre direct de son supérieur (président), au risque de perdre son job ? Après bien sur si il a un minimum d'éthique il pourra tenter de résister, mais rien est moins sur !
Il serait nécessaire qu'un organisme indépendant à toute fédération et club, puisse être l'employeur des médecins, qui plus est pourquoi l'ordre des médecins ne serait-il pas cet employeur. Chaque club devrait verser l'équivalent d'un salaire annuel, puis chaque médecin ne pourrait rester plus de deux saisons dans un club.
Alors certes les conflits d'intérêts et tricheries ne disparaitront pas, mais il y aurait une tentative de les gommer au maximum.
BramaÏre
Bon, circulons , il n'y a plus rien à voir. Le médecin applique le protocole qui permet à un joueur haché de courir comme un lapin. Qui est fautif ? le médecin ou ceux qui permettent que de tels faits se déroulent ??? Mais chuuuuuuuuut........ le championnat se vend à prix d'or et tout le monde en croque, à l'insu de son plein gré ???? Idem pour les protocoles " commotions" dont le respect est synonyme de tartufferie ( Liam Ghil la semaine dernière sonné sur le terrain, rejoue cette semaine par exemple ) . Rendez vous dans 15 ans...... avec les 2/3 d'une équipe sous terre ( cf Springboks 1995 avec la belle parade " des produits chimiques sur les pelouses " ) . La fin ne justifie pas les moyens et renoncer à l'idée même d'intelligence du joueur souligne son aliénation et son panurgisme. D'un sport libre et intelligent voilà un siècle, nous passons à l'abrutissement des masses généralisé. Tu parles d'une évolution...........
pedronimo
Revoir any given sunday / un dimanche en enfer
Querrebleu
Ce que nous a appris cette affaire c'est surtout que tu peux te doper si t'es blessé, on est sauvés alors!
AKA
Best, première infiltration à 34 ans MDR! Quand à Bagatte il ferait un bon chef de corps aux pompiers, excellent pour éteindre les incendies! En 2 jours(we compris) il a reçu les documents étudié le dossier, rendu son verdict: circulez il n' y a rien à voir!!! Par contre Imanol (sans le vouloir) entrouvre une porte qu' en affirmant que des médecins cèdent à la pression pour prescrire des chose interdites. De plus il se dis un peu tout et n' importe quoi sur la question et encore bravo à Provale qui se soucie + du Boxing Day que de ce dossier du dopage.