Le rugby à VII étant désormais devenu une discipline olympique, de nombreuses fédérations sont attirées par ce nouveau challenge. Parmi elles, l'Algérie, qui a décidé de confier les rênes de la sélection aux frères Bouhraoua, Terry et Boris. Une paire qui prend très à cœur ce projet pour le moins ambitieux, comme nous l'explique Boris dans cet entretien.
Boris, parlons du projet que tu mènes avec ton frère Terry, est-ce avant tout une ambition personnelle ou une demande de la Fédération ?
Ce projet est un projet fédéral. Depuis que le rugby est olympique, la Fédération algérienne de rugby s'est dit qu'il fallait intégrer une équipe. Ils sont alors venus vers moi en janvier. Avec Terry, on avait déjà parlé de ce projet en amont, car on s'était dit que si jamais cela arrivait, nous serions prêts à apporter notre aide à l'Algérie. Lorsqu'ils nous ont proposé, on a logiquement accepté, et on a commencé à monter le staff.
Une équipe algérienne de rugby à VII avait déjà vu le jour il y a quelques années, pourquoi celle-ci n'existait plus ?
A l'époque, certains mecs avaient voulu faire une équipe sur un tournoi, mais il n'y avait rien d'officiel. Depuis janvier, cela a changé dans le sens où nous allons participer dès le mois de septembre aux qualifications dans la zone Afrique pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Désormais, on est vraiment rentré dans les compétitions World Rugby et les compétitions olympiques.
L'objectif principal, c'est Tokyo et les Jeux Olympiques en 2020 ?
Non. Enfin, cet objectif est celui du ministère, car nous sommes inscrits pour se qualifier à cette compétition. Après, il faut regarder la partie sportive et pour Tokyo, cela semble compliqué. Maintenant, ce qui est intéressant, c'est que nous avons les Jeux de la Méditerranée en 2021 qui sont organisés à Oran. C'est le premier objectif que l'on va avoir. Sur le long terme, on pense évidemment à Paris 2024... Mais pour revenir à Tokyo, on va plus se servir de ces qualifications comme un laboratoire pour bosser. Il faut déjà que l'on passe le premier tour en septembre en Côte d'Ivoire. Si on passe celui-ci, on pourra participer au second qualificatif avec les grosses nations majeures du rugby à VII africain comme le Kenya ou la Namibie. Si on participe à ce tournoi-là, ce sera déjà une belle marche de passée. Après, pour aller aux Jeux Olympiques, il faut battre le Kenya (équipe qui participe aux World Series) et la route est encore longue... Mais l'idée est d'aller dès maintenant matcher contre ses équipes-là sur cet événement. Nous espérons également pouvoir être invités sur les tournois de Dubaï ou de Hong Kong, cela ferait évidemment grandir la Fédération.
Quels sont donc les prochains rassemblements de cette équipe sur le court terme ?
On va avoir un rassemblement au mois d'août pour préparer ce tournoi en Côte d'Ivoire en septembre qui réunira les équipes d'Afrique du Nord. On avait déjà fait un stage au Racing il y a un mois, puis le tournoi de Montauban (étape du Circuit Elite français).
« C'est l'équipe qui prime ! »
Vous parliez de Montauban, comment la sélection pour ce tournoi s'est-elle effectuée ?
Il y a une liste fédérale qui existe déjà, et qui répertorie les joueurs algériens. Ils sont environ 60-70 et ils jouent tous en France pour le moment. J'ai sélectionné 24 joueurs pour faire un stage au Racing début juin, et à partir de là, nous avons sorti une liste de 12 pour le tournoi de Montauban. Le stage au Racing était formidable et je tiens vraiment à remercier Jacky Lorenzetti et Christophe Mombet pour nous avoir laissé profiter de ces installations au Plessis-Robinson. Le cadre était super et cela nous a permis de voir beaucoup de joueurs. A partir de là, on a commencé à mettre en place notre projet de jeu et on a pu participer au tournoi de Montauban.
Ce tournoi de Montauban a-t-il été plutôt satisfaisant ?
Oui, Montauban, ça a bien matché ! On a pu faire un super résultat ! Quatrième, c'était inespéré pour nous sur un tournoi Elite FFR. Mais en faisant des choses simples ça a marché. La sélection s'est faite en grande partie sur l'état d'esprit, c'est indispensable à VII ! On s'est demandé : "Pourquoi tel joueur pouvait apporter plus qu'un autre ?" et les joueurs sélectionnés ont répondu présent.
Rugby à 7. Circuit Elite - Episode 6 : France Développement s'impose à Montauban Au-delà du jeu, notre projet dépasse le sportif. On mène un gros travail sur l'état d'esprit et sur l'humain. C'est l'équipe qui prime ! On veut voir qui est capable de s'imprégner de l'état d'esprit de l'équipe et qui se met en arrière par rapport à celle-ci. Pour attendre des objectifs sportifs, je pense qu'il faut d'abord savoir s'imprégner d'un groupe !
Sur le prochain rassemblement, allez-vous de nouveau convoquer les mêmes joueurs ?
Non, nous allons réduire à 16 ou 18 joueurs. Mais évidemment qu'il s'inscrira dans la continuité. D'autant que nous avons la chance d'avoir des joueurs spécialistes du 7 au sein de l'effectif comme Djamel Ouchene et Lou, mon frère. Nous avons pu aussi avoir l'apport de Julien Caminati (joueur du Castres Olympique, champion de France du Top 14 cette saison) qui nous a fait du bien. Pour moi, il a montré beaucoup de satisfactions en termes d'état d'esprit notamment. Il a su être patient et comprendre la circulation à VII, et ce que l'on voulait mettre en place. Ensuite par ses qualités rugbystiques que l'on connaît tous, il a su s'exprimer. Mais au-delà des individualités, ce que je retiens de ce week-end, c'est qu'un groupe a commencé à naître ! Tout le monde adhère aux objectifs, c'est génial ! Maintenant, il faut continuer dans ce sens-là et c'est ce que nous allons faire avec la Fédération. Le VII doit servir de formation pour le XV, il n'y a pas deux équipes différentes pour moi. C'est un travail dans son ensemble.
L'état d'esprit, la priorité de Boris
ced
ils ont pris Caminati ... personne ne les a informé ?
breiz93
La phrase qui tue: " ça c'est l'objectif du ministère..." !
La décision politique n'est jamais loin en Algérie, j'espère qu'on va leur laisser le temps de grandir...
lelinzhou
Intéressant.