C’était un samedi.
Le dernier du mois d’avril de l’année 2023. Déjà. Aux crises économique et écologique répondent les échos d’une guerre à l’est de l’Europe au sortir d’une pandémie. Autant dire que chaque moment réjouissant est particulièrement appréciable et apprécié. Dans notre microcosme rugbystique, ce sont les phases finales. Des mois à se fader les entraînements dans le froid, à pas très nombreux, et en plus, quand t’es Seniors, tu peux même plus jeter de la boue sur les copains !
C’était un samedi, le 29.
Ce week-end-là, en Occitanie, c’est finale pour tous – ou presque – et donc fête à tous les étages en prévision. Parce qu’en vrai, même quand tu perds, quand la pilule est passée, tu t’adonnes quand même à ton second sport favori : l’apéro. Parce que tonton est venu voir son neveu, et que parfois, il joue même avec. Surtout en Réserves de séries Régionales. C’est souvent là que ça se passe comme ça. Manque de bol, ça fait quelques semaines que les samedis et les dimanches sont pas ouf niveau météo dans le Sud-Ouest, mais bon, les phases finales, c’est du soleil dans nos cœurs, c’est de la chaleur dans nos corps.
C’était un samedi, le 29 avril.
A La Salvetat, en Réserves de Séries Régionales, c’est Verfeil qui affrontait VAL XV. Des retrouvailles après avoir croisé le fer il y a quelques années à Muret pour les équipes Unes (Montesquieu-Volvestre à l’époque). Les Verfeillois vivent une très belle saison avec leurs deux équipes quand les ententistes ariégeo-garonnais (Daumazan et le Mas d’Azil en sus de Montesquieu-Volvestre) sauvent leur deuxième saison de rassemblement par un maintien in extremis et une épopée de l’équipe B jusqu’à cette finale. De fait, les supporters se rassemblent massivement sur les toutes neuves et toutes belles installations du club de l’ouest toulousain, troquant le Jaune et Bleu de la saison régulière pour le Rouge et Vert des uns, et un bel ensemble bariolé pour les autres. Trop d’affluence de dernière minute. Coup d’envoi repoussé. De 15 minutes.
C’était un samedi, le 29 avril, à 15h19.
Je voulais être à l’heure. Parce que c’est mon club qui jouait cette finale. Je voulais faire partie de cette fête. Parce que dès que j’entends ce mot, c’est une décharge de dopamine. Je voulais pleurer à la fin du match… de joie ou de déception, et laisser quelques marques colorées d’un maquillage raté sur le bitume salvetain. Je ne voulais pas appeler un pote à 15h33 et lui demander « Alors on en est où ? ». Parce que la réponse « Ben l’arbitre a fait un malaise cardiaque et on attend… » couplée à un assourdissant silence en bruit de fond, c’était déjà trop grave pour être une blague. Je ne voulais pas arriver quelques minutes après cet appel. Parce que voir les secours déjà au milieu du terrain s’affairer à essayer de te sauver derrière des draps et autres pare-regards de fortune, c’était insupportable et bien trop douloureux. Je ne voulais pas voir David, Rémi, Eric et Frédérick et les autres arbitres remplis de tristesse... ni Jean-Marc être admirable de dignité pour affronter l'inconcevable et l'annoncer à tous.
À tes amis, ta famille, tes enfants et tous ceux qui te sont proches.
À tes années de dévotion à ce sport et à cette noble cause qu’est son arbitrage.
À tes copains d’arbitrage du 82 et des autres frontières.
À toi, Charles Bonfanti, dit « Charly », un respect éternel, et ces quelques mots pour te le témoigner.
C'était un samedi, le 29 avril, 15h19. Et on aurait aimé que cet instant n'existe jamais.
duodumat
Très bel article, bien écrit, émouvant.
Merci
pascalbulroland
Bel hommage...
MARCFANXV
Bravo, respect.