D'un côté, il y a Romain de la Porte, 25 ans, ancien joueur universitaire passé par le Vélo Sport Nantais. De l'autre, il y a Arthur Chabrol, 30 ans, Marseillais de naissance et ancien joueur du SMUC. L'un joue arrière « histoire de travailler tranquillement la moustache le temps que les autres fassent le sale boulot en défense », quand l'autre s'éclate en première ligne, « avec une préférence pour le talon ». Leur rencontre aurait pu se faire en phases finales du championnat de France, mais c'est en Amérique du Sud – au Chili pour être plus précis – que les deux potes ont fait connaissance. C'est parti pour une nouvelle aventure du Rugbynistère des affaires étrangères.
Salut les gars ! Tout d'abord, comment vous êtes-vous retrouvés au Chili ?
Romain : C'est une histoire de potes, fils d’expats et d’autres Chiliens rencontrés pendant mes études à l’UTC, une école d’ingé basée à Compiègne. Un joli port de pêche ! Ils m’ont donné envie d’aller voir là-bas ce qu’il s’y passait et pour l’instant, je ne suis pas déçu du voyage ! Cela faisait un bout de temps que je trouvais nécessaire d’aller me promener ailleurs, l’école en était moins persuadée au vue de ses multiples refus de départ ! Pour acclimatation, l’espagnol est une chose, le chilien... une autre. Il paraît que si l’on est bon de base en espagnol on s’en sort mais ça, je ne pourrais pas le confirmer. Sinon, en ce moment, je fais un stage de fin d’études dans une agence de design de mobilier et d’aménagement d’espaces intérieurs. Après deux mois de présence, l’objectif est très clairement de rester ici, dans cette boîte ou une autre... mais rester ici dans tous les cas.
Arthur : Par pur hasard ! J'avais une envie de bouger trop insistante à la fin de mes études, plus une offre de boulot pour Santiago. Il parait que c’est la capitale du Chili ? Ah bon ! Allons-y et nous verrons bien. Comme le dit le moustachu, le chilien, ce n’est pas de l'espagnol. Mais comme je n’avais pas non plus d'avance dans ce domaine là, ça m'en a touché une sans faire bouger l’autre. Il m'a fallu six mois à baragouiner pour finalement pouvoir commander une mousse correctement et le tour est joué. Je bosse dans une boite de traitement des eaux, nous construisons des stations et je change de projet lorsqu'elles sont construites. Le boulot m'a entraîné deux ans au Chili, deux ans en Uruguay puis sept mois en Argentine. Me revoilà au Chili depuis Mars 2015 !
Et le rugby ?
Arthur : Depuis 2010 et mon arrivée au Chili, je cherchais désespérément à reprendre le rugby, mais pour différentes raisons (budget / transport / rythme de travail / changement de pays...) ce ne fut pas le cas."À mon retour en 2015, une petite équipe de Français existe depuis maintenant plusieurs mois (clin d'oeil aux motivés des premieres heures ... pas besoin de les nommer ils se reconnaitront), les fameux Old Gallos qui deviendront fin 2015 le Rugby Club Francés ! J'ai sauté les deux pieds en avant dans l’aventure. Avec peu de budget mais une très grosse motivation, nous avons réussi à faire passer un cap à l'équipe et j'en suis pas peu fier. L'appétit venant en mangeant, nous voulons maintenant devenir un acteur référent du rugby chilien. Le moustachu est arrivé très récemment mais avec de grandes idées... et comme nous sommes une équipe de "génies", ça a fait boum.
Crédit photo : Caroline Sanchez
De France, on a toujours du mal à s'imaginer qu'il existe une culture rugby au Chili. Racontez-nous un peu votre aventure au sein du RCF.
Romain : Alors la culture rugby au Chili... « El rugqué ? » Ici le rugby, c'est comme Castres en France. Tout le monde en a entendu parler mais personne ne connaît vraiment. En résumé, comme tout pays d’Amérique du Sud, ils restent très – voire exclusivement - portés sur le ballon rond. Les colons ont mal fait le boulot, c’est tout ! Ceux qui jouent au rugby sont donc ceux qui avaient les pieds trop carrés pour le foot... ou un cerveau trop développé. (Rires) Ils ont pourtant des objectifs assez précis, comme l'entrée d'un club en Super Rugby pour 2018 et la participation au Rugby Championship en 2019. Ce qui, à notre humble avis, indique qu’ils ne prennent pas que de l’eau à la fédé ! Bon ce n'est pas une exception en soit.
Arthur : Pour ce qui est de notre équipe, elle a été créée il y a un an et quelques mois par un mec qui n'adhérait pas trop au style de jeu local. Ici, ils seraient prêts à acheter les Wattbikes de Marcoussis ! Exemple ? À la fin d'un entraînement partagé avec une équipe chilienne : « les gars, après la branlée qu'on a pris samedi dernier, je veux voir tout le monde à la salle de muscu jeudi ! » Sans commentaire pour nous, on vous laisse vous faire votre avis ! L’idée est donc d’être cette équipe improbable portée sur le beau jeu et sur cette histoire de French Flair que seuls nos parents peuvent se targuer d’avoir connu. À la base, c'est donc un club de potes venus de France, mais avec le temps, les joueurs peuvent maintenant venir de partout - sauf des grandes îles au nord de la Bretagne - tant qu’ils adhèrent à cet esprit. Mais bon, pour le bien de nos avants et de leurs cerveaux, étant donné que le Français est incompréhensible pour nos adversaires, il serait plus simple de pouvoir continuer à parler dans notre langue natale sur le terrain.
La suite P. 2
Faisons un petit état des lieux du rugby chilien. Les médias s'y intéressent, ou pas du tout ?
Romain : Le rugby, comme presque toute la vie chilienne, se concentre quasi-exclusivement dans la capitale, Santiago. Il y a un championnat qui comporte trois divisions, avec une douzaine d'équipes dans chacune, et des équipes réserves pour la 1ère division (Primera). Pour le nombre de licenciés, on n'a pas accès aux chiffres mais on doit atteindre un maximum de 1000. Sur 16 millions d'habitants, dont 7 à Santiago. Au niveau des terrains, il y a de tout. Du complexe ultra grand luxe avec terrains impeccables aux terrains de campagne avec poteaux en bois pas droits, en passant par des terrains de foot rapidement réaménagés. Quant aux médias, c'est facile, il n'y a aucun intérêt. Les chaînes de sport internationales retransmettent... les matchs internationaux, point final.
Crédit photo : Caroline Sanchez
Quid du niveau ? Un match typique au Chili, ça ressemble à quoi ?
Arthur : La Primera pourrait être comparée à une Fédérale 3, voire Fédérale 2 pour les meilleurs équipes. Ensuite, c’est plutôt de la division honneur. Comme on le disait, ils misent tout sur le physique. Les matchs sont plutôt rugueux et souvent à la limite de la légalité. Les arbitres n’étant pas souvent des grands spécialistes des règles, il se peut que pour un observateur avisé, les rucks ressemblent à un joli bordel. Il faut apprendre à jouer avec, c'est tout. Une patate sous les yeux de l’arbitre peut n’être sanctionnée que d’une pénalité si elle est justifiée d’après le joueur l’ayant mise. C'est du vécu !
Crédit photo : Caroline Sanchez
Et la 3emi-temps ?
Romain : Ici, 3ème mi-temps rime avec barbecues, peu importe le temps et la température ! Suivant les équipes, les barbecues sont plus ou moins haut de gamme. Mais la finalité reste souvent la même : on repart repus et joyeux . Non pas ivres ! Joyeux ! Le seul piège à éviter, c'est de partir avant le passage de la bière au Pisco, un alcool de raisin local dont sont très friands les Chiliens, mais qui peut retarder de plusieurs heures le retour de certains !
Du côté du RCF, vous ne jouez que des matchs amicaux. Pourquoi, et comment remédier à ça ?
Romain : Nous en sommes encore au stade expérimental. Il y a beaucoup de mouvements, dûs aux mecs qui ne sont là que pour un stage de 6 mois ou un séjour universitaire. L’objectif est donc de créer un noyau plus imposant et de l’étoffer avec ces intermittents du spectacle. Ensuite, ici toutes les mêlées sont poussées. Les Chiliens ne savent pas faire mais ça ne les ennuie pas... On en revient à leur muscuuuu. Mais nous, si, donc il nous faudrait quelques premières-lignes expérimentées qui puissent en former d’autres en interne, histoire d’éviter les sales blessures.
Une fois cela acquis, l’idée est en effet d’intégrer la ligue pour prôner plus facilement le beau jeu de mouvement et réussir à faire des émules. Et ainsi, convaincre les mamans de laisser leurs fils et/ou leurs filles jouer plus avec un ballon dans les mains qu’entre les pieds. En revanche, cela semble difficile de rentrer directement en deuxième division, donc un passage par la troisième division lors de la première année semble inévitable et risque de faire du bruit quand on regarde nos précédents scores contre des équipes de ce niveau. Dans l’idée, cette équipe du RCF a pour objectif de rester dans une bonne bande de potes qui vit ensemble autant sur qu'en dehors du terrain. La sélection se fait à l'envie, pas au niveau !
Vous parlez de recruter plus dans la durée, comment vous y prendre ?
Romain : C’est le sujet du moment. Sur place, en allant se présenter à l’ambassade de France, aux lycées français, en nous créant une vitrine sur Internet pour augmenter notre réseau et les personnes qui peuvent parler de nous. On a aussi la volonté de créer comme un prémisse d’école de rugby avec un des lycées français, et des événements annexes comme des soirées à thème, histoire de dire « Coucou c’est Nous ». À l’étranger, on va se simplifier la tâche en réduisant cela à la France. Non pas par chauvinisme, mais par simplicité.
Crédit photo : Caroline Sanchez
Qu'est-ce qui selon vous, permettrait de développer encore plus ce sport ? Si vous deviez isoler quelques points forts et points faibles...
Arthur : Ici, le rugby est encore un sport élitiste, si on peut dire. Il n'existe aucun club municipal qui permettrait une ouverture au plus grand nombre. Seul les universités et les clubs privés ont accès aux terrains et équipements nécessaires à l'organisation d'une équipe de rugby. Ensuite, il faudrait vraiment un changement de fond dans la mentalité du jeu, arrêtons de formater des joueurs protéinés qui ne savent pas faire de passe ! L'émulation due aux bonnes performances de l'Argentine et à la visibilité de l’Uruguay lors de la dernière Coupe du monde n'est pas négligeable, au Chili ou dans le reste de l’Amérique du Sud. La ferveur serait un point fort pour le rugby local, mais il faut d'abord faire prendre la mayonnaise.
Enfin, dernière question : si vous deviez convaincre un Français qui débarque au Chili de venir jouer avec vous, vous lui diriez quoi ?
Arthur : « Ce serait trop bête de rater cette occasion, viens rejoindre la bande de copains , amusement garanti. Tu es un « génie », tu n’as pas peur du contact, tu vois à quoi ressemble un ovale ... alors il ne t'en faut pas plus ! Rejoins l'équipe de rugby des Français de Santiago ! »
Romain : « N’oublie pas ta crème solaire et ne petit déjeune pas trop, l’asado arrive juste après le coup de sifflet final. Bonhomme, si tu avais prévu de faire une pause rugby en venant ici, vient tout de même prendre un verre et toucher un ballon, on en reparle après. »
Salut les gars ! Tout d'abord, comment vous êtes-vous retrouvés au Chili ?
Romain : C'est une histoire de potes, fils d’expats et d’autres Chiliens rencontrés pendant mes études à l’UTC, une école d’ingé basée à Compiègne. Un joli port de pêche ! Ils m’ont donné envie d’aller voir là-bas ce qu’il s’y passait et pour l’instant, je ne suis pas déçu du voyage ! Cela faisait un bout de temps que je trouvais nécessaire d’aller me promener ailleurs, l’école en était moins persuadée au vue de ses multiples refus de départ ! Pour acclimatation, l’espagnol est une chose, le chilien... une autre. Il paraît que si l’on est bon de base en espagnol on s’en sort mais ça, je ne pourrais pas le confirmer. Sinon, en ce moment, je fais un stage de fin d’études dans une agence de design de mobilier et d’aménagement d’espaces intérieurs. Après deux mois de présence, l’objectif est très clairement de rester ici, dans cette boîte ou une autre... mais rester ici dans tous les cas.
Arthur : Par pur hasard ! J'avais une envie de bouger trop insistante à la fin de mes études, plus une offre de boulot pour Santiago. Il parait que c’est la capitale du Chili ? Ah bon ! Allons-y et nous verrons bien. Comme le dit le moustachu, le chilien, ce n’est pas de l'espagnol. Mais comme je n’avais pas non plus d'avance dans ce domaine là, ça m'en a touché une sans faire bouger l’autre. Il m'a fallu six mois à baragouiner pour finalement pouvoir commander une mousse correctement et le tour est joué. Je bosse dans une boite de traitement des eaux, nous construisons des stations et je change de projet lorsqu'elles sont construites. Le boulot m'a entraîné deux ans au Chili, deux ans en Uruguay puis sept mois en Argentine. Me revoilà au Chili depuis Mars 2015 !
Et le rugby ?
Arthur : Depuis 2010 et mon arrivée au Chili, je cherchais désespérément à reprendre le rugby, mais pour différentes raisons (budget / transport / rythme de travail / changement de pays...) ce ne fut pas le cas."À mon retour en 2015, une petite équipe de Français existe depuis maintenant plusieurs mois (clin d'oeil aux motivés des premieres heures ... pas besoin de les nommer ils se reconnaitront), les fameux Old Gallos qui deviendront fin 2015 le Rugby Club Francés ! J'ai sauté les deux pieds en avant dans l’aventure. Avec peu de budget mais une très grosse motivation, nous avons réussi à faire passer un cap à l'équipe et j'en suis pas peu fier. L'appétit venant en mangeant, nous voulons maintenant devenir un acteur référent du rugby chilien. Le moustachu est arrivé très récemment mais avec de grandes idées... et comme nous sommes une équipe de "génies", ça a fait boum.
Crédit photo : Caroline Sanchez
De France, on a toujours du mal à s'imaginer qu'il existe une culture rugby au Chili. Racontez-nous un peu votre aventure au sein du RCF.
Romain : Alors la culture rugby au Chili... « El rugqué ? » Ici le rugby, c'est comme Castres en France. Tout le monde en a entendu parler mais personne ne connaît vraiment. En résumé, comme tout pays d’Amérique du Sud, ils restent très – voire exclusivement - portés sur le ballon rond. Les colons ont mal fait le boulot, c’est tout ! Ceux qui jouent au rugby sont donc ceux qui avaient les pieds trop carrés pour le foot... ou un cerveau trop développé. (Rires) Ils ont pourtant des objectifs assez précis, comme l'entrée d'un club en Super Rugby pour 2018 et la participation au Rugby Championship en 2019. Ce qui, à notre humble avis, indique qu’ils ne prennent pas que de l’eau à la fédé ! Bon ce n'est pas une exception en soit.
Arthur : Pour ce qui est de notre équipe, elle a été créée il y a un an et quelques mois par un mec qui n'adhérait pas trop au style de jeu local. Ici, ils seraient prêts à acheter les Wattbikes de Marcoussis ! Exemple ? À la fin d'un entraînement partagé avec une équipe chilienne : « les gars, après la branlée qu'on a pris samedi dernier, je veux voir tout le monde à la salle de muscu jeudi ! » Sans commentaire pour nous, on vous laisse vous faire votre avis ! L’idée est donc d’être cette équipe improbable portée sur le beau jeu et sur cette histoire de French Flair que seuls nos parents peuvent se targuer d’avoir connu. À la base, c'est donc un club de potes venus de France, mais avec le temps, les joueurs peuvent maintenant venir de partout - sauf des grandes îles au nord de la Bretagne - tant qu’ils adhèrent à cet esprit. Mais bon, pour le bien de nos avants et de leurs cerveaux, étant donné que le Français est incompréhensible pour nos adversaires, il serait plus simple de pouvoir continuer à parler dans notre langue natale sur le terrain.
La suite P. 2
Faisons un petit état des lieux du rugby chilien. Les médias s'y intéressent, ou pas du tout ?
Romain : Le rugby, comme presque toute la vie chilienne, se concentre quasi-exclusivement dans la capitale, Santiago. Il y a un championnat qui comporte trois divisions, avec une douzaine d'équipes dans chacune, et des équipes réserves pour la 1ère division (Primera). Pour le nombre de licenciés, on n'a pas accès aux chiffres mais on doit atteindre un maximum de 1000. Sur 16 millions d'habitants, dont 7 à Santiago. Au niveau des terrains, il y a de tout. Du complexe ultra grand luxe avec terrains impeccables aux terrains de campagne avec poteaux en bois pas droits, en passant par des terrains de foot rapidement réaménagés. Quant aux médias, c'est facile, il n'y a aucun intérêt. Les chaînes de sport internationales retransmettent... les matchs internationaux, point final.
Crédit photo : Caroline Sanchez
Quid du niveau ? Un match typique au Chili, ça ressemble à quoi ?
Arthur : La Primera pourrait être comparée à une Fédérale 3, voire Fédérale 2 pour les meilleurs équipes. Ensuite, c’est plutôt de la division honneur. Comme on le disait, ils misent tout sur le physique. Les matchs sont plutôt rugueux et souvent à la limite de la légalité. Les arbitres n’étant pas souvent des grands spécialistes des règles, il se peut que pour un observateur avisé, les rucks ressemblent à un joli bordel. Il faut apprendre à jouer avec, c'est tout. Une patate sous les yeux de l’arbitre peut n’être sanctionnée que d’une pénalité si elle est justifiée d’après le joueur l’ayant mise. C'est du vécu !
Crédit photo : Caroline Sanchez
Et la 3emi-temps ?
Romain : Ici, 3ème mi-temps rime avec barbecues, peu importe le temps et la température ! Suivant les équipes, les barbecues sont plus ou moins haut de gamme. Mais la finalité reste souvent la même : on repart repus et joyeux . Non pas ivres ! Joyeux ! Le seul piège à éviter, c'est de partir avant le passage de la bière au Pisco, un alcool de raisin local dont sont très friands les Chiliens, mais qui peut retarder de plusieurs heures le retour de certains !
Du côté du RCF, vous ne jouez que des matchs amicaux. Pourquoi, et comment remédier à ça ?
Romain : Nous en sommes encore au stade expérimental. Il y a beaucoup de mouvements, dûs aux mecs qui ne sont là que pour un stage de 6 mois ou un séjour universitaire. L’objectif est donc de créer un noyau plus imposant et de l’étoffer avec ces intermittents du spectacle. Ensuite, ici toutes les mêlées sont poussées. Les Chiliens ne savent pas faire mais ça ne les ennuie pas... On en revient à leur muscuuuu. Mais nous, si, donc il nous faudrait quelques premières-lignes expérimentées qui puissent en former d’autres en interne, histoire d’éviter les sales blessures.
Une fois cela acquis, l’idée est en effet d’intégrer la ligue pour prôner plus facilement le beau jeu de mouvement et réussir à faire des émules. Et ainsi, convaincre les mamans de laisser leurs fils et/ou leurs filles jouer plus avec un ballon dans les mains qu’entre les pieds. En revanche, cela semble difficile de rentrer directement en deuxième division, donc un passage par la troisième division lors de la première année semble inévitable et risque de faire du bruit quand on regarde nos précédents scores contre des équipes de ce niveau. Dans l’idée, cette équipe du RCF a pour objectif de rester dans une bonne bande de potes qui vit ensemble autant sur qu'en dehors du terrain. La sélection se fait à l'envie, pas au niveau !
Vous parlez de recruter plus dans la durée, comment vous y prendre ?
Romain : C’est le sujet du moment. Sur place, en allant se présenter à l’ambassade de France, aux lycées français, en nous créant une vitrine sur Internet pour augmenter notre réseau et les personnes qui peuvent parler de nous. On a aussi la volonté de créer comme un prémisse d’école de rugby avec un des lycées français, et des événements annexes comme des soirées à thème, histoire de dire « Coucou c’est Nous ». À l’étranger, on va se simplifier la tâche en réduisant cela à la France. Non pas par chauvinisme, mais par simplicité.
Crédit photo : Caroline Sanchez
Qu'est-ce qui selon vous, permettrait de développer encore plus ce sport ? Si vous deviez isoler quelques points forts et points faibles...
Arthur : Ici, le rugby est encore un sport élitiste, si on peut dire. Il n'existe aucun club municipal qui permettrait une ouverture au plus grand nombre. Seul les universités et les clubs privés ont accès aux terrains et équipements nécessaires à l'organisation d'une équipe de rugby. Ensuite, il faudrait vraiment un changement de fond dans la mentalité du jeu, arrêtons de formater des joueurs protéinés qui ne savent pas faire de passe ! L'émulation due aux bonnes performances de l'Argentine et à la visibilité de l’Uruguay lors de la dernière Coupe du monde n'est pas négligeable, au Chili ou dans le reste de l’Amérique du Sud. La ferveur serait un point fort pour le rugby local, mais il faut d'abord faire prendre la mayonnaise.
Enfin, dernière question : si vous deviez convaincre un Français qui débarque au Chili de venir jouer avec vous, vous lui diriez quoi ?
Arthur : « Ce serait trop bête de rater cette occasion, viens rejoindre la bande de copains , amusement garanti. Tu es un « génie », tu n’as pas peur du contact, tu vois à quoi ressemble un ovale ... alors il ne t'en faut pas plus ! Rejoins l'équipe de rugby des Français de Santiago ! »
Romain : « N’oublie pas ta crème solaire et ne petit déjeune pas trop, l’asado arrive juste après le coup de sifflet final. Bonhomme, si tu avais prévu de faire une pause rugby en venant ici, vient tout de même prendre un verre et toucher un ballon, on en reparle après. »
clara
Tiens c'est drole! moi je joue au stade français de stgo... avec à peu près les mêmes couleurs et le même coq...
par contre je suis pas tellement d'accord avec l'idée que vous avez du rugby chilien. Effectivement certains sont protéinés, mais c'est pas la majorité, et puis la "muscuuu" c'est important pour améliorer le rugby au niveau national. C'est sur ça manque de techniciens! mais on peut pas faire évoluer un sport aussi vite techniquement sans faire venir des entraineurs étrangers...
Et vous avez pensé à une équipe de filles? bbq et piscola ça nous motive aussi 🙂
sha1966
génial!!!!! ca c'est le rugby!!
noComment
Purée partir aussi loin pour faire des barbecues !!!
mche
Tout cela est bien loin du rugby pro si cher à certains! Cela ressemble en fait à ce que j'ai connu à mes débuts, arbitrage, champs de patates et poteaux pas droits en particulier.
Quant à voir une équipe chilienne en Super-Rugby, sachant ce qu'en racontent Arthur et Romain et le temps qu'il a fallu à l'Argentine pour y parvenir, j'ai quelques doutes quant à l'horizon 2018!