Guillaume Delmas, un Bigourdan en équipe nationale de Slovénie
Guillaume Delmas, un Bigourdan en équipe nationale de Slovénie.
Le Rugbynistere des affaires Etrangères s'intéresse à Guillaume Delmas, une jeune français qui joue depuis peu en équipe nationale de Slovénie.
Guillaume Delmas (à gauche sur la photo), 23ans, qui a commencé le rugby à Bagnères-de-Bigorre, est aujourd’hui international en équipe nationale de Slovénie.

Guillaume Delmas, un Bigourdan en équipe nationale de Slovénie

Guillaume, comment un Bigourdan se retrouve-t-il en équipe nationale de Slovénie ?

L’an dernier, j'ai migré vers Paris car je devais faire mon stage de fin d'études à partir d'août dernier chez Bouygues Construction, pour valider mon diplôme d'ingénieur. Arrivé à la capitale, j'ai vite cherché un club et trouvé une nouvelle famille : l'USO Massif Central. Un club de copains avant tout, avec des mecs de tous horizons et une passion commune : la gonfle ovale. Le stage avance, les voyages aussi (j'étais en stage hého, c'est un peu comme un Erasmus) et bien plus facilement via Paris que depuis ma chère vallée. Les articles du Rugbynistère se succèdent, et en début de saison, vous mentionnez deux fois le rugby en Slovénie.

Un soir à l'entrainement à cette même période, je vois un compère accoutré d'un k-way rugby Osterreich, qui m'a alors interloqué. Ce dernier m'a expliqué comment il a pu avoir la chance de représenter le pays de sa grand-mère quelques fois, grâce à l'article 8.1 de l'IRB. Ma grand-mère étant une Slovène ayant migré dans le Cantal, elle pouvait donc me rendre sélectionnable pour la Slovénie. C'est donc en octobre dernier que j'ai tilté, et voyant très mal Ouin-Ouin m'appeler en équipe de France (à part pour porter des oranges, ou servir de la viande crue à Florian Fritz le matin), j'ai décidé d'envoyer délibérément un mail sur les conseils de mon collègue. Et c'est avec grande et agréable surprise que j'ai reçu un mail de réponse une heure en suivant, d'Ivan Scekejla, le manager de la fédération slovène (Rugby Sveza Slovenije pour les intimes), qui avait l'air enthousiasmé par ma prise de contact.

Comment s’est passée ton arrivée en Slovénie ?

Les matchs de Novembre étant imminents, il était impossible d'envisager quoi que ce soit à court terme, nous sommes donc restés simplement en contact. Le temps passe, l'entraîneur change, les blessures arrivent... Je me flingue le genou fin février et abandonne tout espoir pour les matchs d'avril, ne pouvant pas faire les tests ou aller m’entraîner avec eux un week-end comme prévu. Et un soir, je reçois un message d'Ivan qui me propose de venir pour le match contre l'Autriche à Vienne le 3 Mai : challenge accepté !
Le lendemain, je vais voir mon boss, étant en CDI maintenant chez Bouygues , je lui explique la situation et ô miracle, me voilà libéré pour une semaine grâce à lui, ce qui était la condition pour tenter la sélection. Je prends les billets dans la foulée, et me voilà parti pour une semaine, seul, à Ljubljana dans un pays que je ne connais pas, où ça parle une langue que je n'ai quasiment jamais entendue.
Arrivé à l'aéroport, Ivan était venu me chercher et m'a ramené directement au terrain de rugby du RK Ljubljana après un burger de 500 g, où s'est joué le dimanche Ljubljana-Zagreb au foot US. Je rencontre dans un premier temps quelques membres de l'équipe, survêt-binouze, je me suis déjà senti plus à l'aise ! Dans la foulée Ivan me ramène dans mes "quartiers", une maison immense qu'il me prête près d'un lac dans le Nord-Est de la ville. Une maison qu'il prête habituellement aux joueurs étrangers qui viennent pour la sélection, ou encore les joueurs qui n'habitent pas la capitale et qui viennent pour les entraînements.

Guillaume Delmas, un Bigourdan en équipe nationale de Slovénie

Quelle est la place du rugby en Slovénie ?

Le rugby n'est pas très répandu en Slovénie, et a perdu des membres au fil des années. Aujourd'hui, il n’existe que trois clubs officiels : le RK Ljubljana, l'Olimpija et le RK Maribor, une ville située dans le Nord-Est du pays près de Murska Sobota. N'ayant pas assez de clubs pour former une ligue, ils ont fusionné avec les clubs autrichiens pour former plusieurs divisions. Seul le RK Ljubljana est en première division, et il est actuellement en tête du classement. Autrement dit, les joueurs en équipe nationale se connaissent tous déjà plutôt bien, sachant que les trois quarts doivent venir du RK Ljubljana.
Au niveau de la sélection nationale, il y a deux phases de matchs par an. La Slovénie est inscrite à l'IRB, et joue sous l'égide de la FIRA dans la poule 2C du championnat européen des nations. Les cycles sont de deux ans, les poules sont formées de 5 pays, et tous les deux ans des montées/relégations/barrages sont opérés pour refondre les poules et partir sur un nouveau cycle.
A l'issue des deux ans, après matchs aller/retour (soit 4 matchs par an), le premier monte et le dernier descend, et le 2ème joue contre le 4ème de la poule au-dessus un barrage couperet dont le gagnant reste dans la poule supérieure.
Comment sont les infrastructures à disposition de la sélection?

Les infrastructures sont sommaires, et les entraînements se déroulent sur la pelouse du RK Ljubljana. Pourvu d'un club-house, le stade fait assez familial, avec un décor de rêve pour une capitale (forêts, montagnes au loin). Les joueurs sont pour la plupart obligés de commander du matériel sur internet (protège-dents, crampons...), le rugby n'étant pas très répandu dans le pays. Mais ce qui m'a surpris, c'est le niveau plutôt élevé de ces joueurs, au vu du très faible nombre de licenciés. Beaucoup ont une belle attitude rugby, et certains sont plutôt solides avec une belle gestuelle, et pour beaucoup sans être passés par une école de rugby. C'est un peu ce qui se passe en fait avec l'équipe de hockey nationale par exemple, où il n'y a guère plus de licenciés, mais ils obtiennent régulièrement des résultats extraordinaires (14ème nation mondiale actuelle). Pour donner une idée du niveau rapporté à la France, ça doit valoir de la fédérale bien virile, les joueurs ayant tous un métier à coté. C’est vraiment dommage que cette fédération n'ait pas plus d'argent au vu du potentiel énorme qu'elle et ses joueurs possèdent.

T’es-tu senti bien intégré dans cette équipe?

J’ai reçu un accueil hors pair, car pendant une semaine à leurs côtés à l'entrainement tous les jours, je ne me suis jamais senti mis à l'écart, même avec des joueurs ne parlant pas anglais. Je suis arrivé pour préparer le match face à l'Autriche, juste après le match contre la Bulgarie à Ljubljana qui a bénéficié d'un engouement énorme. En effet, nous avons vu arriver 5 frères anglais dans notre équipe, les frères Skofic. Ils ont battu le record du monde du nombre de frères sur un même terrain dans une équipe internationale de rugby ce jour-là, sous les yeux du président Borut Pahor en personne qui est venu assister à la rencontre.
Les joueurs sont plutôt habitués à jouer avec des étrangers, que ce soit en club ou en sélection, même si certains n'ont pas été très convaincants par le passé si j'ai bien compris. A savoir que la Slovénie par le passé jouait à un niveau plus élevé, et a déjà joué contre l'Espagne, la Belgique ou encore déjà battu la République Tchèque.

Guillaume Delmas, un Bigourdan en équipe nationale de Slovénie

Que retiendras-tu de cette expérience ?

Avoir l'honneur de représenter un pays, de chanter un hymne avant un match, c'est quelque chose que n'importe qui avec un peu de rugby derrière rêverait de faire. Des moments fabuleux, comme le baptême dans le retour du bus vers Ljubljana.
De ce que j'ai compris, je suis le premier français à avoir joué pour l'équipe nationale. C'était vraiment un truc énorme, même si c'est pas du Taupe 14 hein bien sûr. D'avoir passé une semaine en immersion avec ces gars-là, d'être parti en Autriche, revêtu un maillot national, avoir joué tout le match, chanté un hymne avant de jouer, mettre un costar pour la forme après... rencontré des mecs en or qui malheureusement n'ont pas les moyens au niveau des clubs ou de la fédé pour l'instant de faire des choses plus grandes, choses dont ils sont largement capables.
Le manager Ivan, comme disent les joueurs sur place, c'est "the man". La fédération lui doit beaucoup et il va encore beaucoup apporter. Un nouvel entraîneur du nom d'Emmanuel Meyer est arrivé il y a deux matchs, avec des méthodes un peu plus pros qu'avant si j'ai bien suivi. Un grand personnage, qui parle plusieurs langues, et qui à la trentaine passée a accompli beaucoup plus que le commun des mortels.
L'après de cette expérience, c'est bien évidemment les matchs à venir pour la sélection. Le staff et les joueurs étant favorables à ce que je revienne tenter de porter à nouveau le maillot à la gentiane (Encijani), rien ne me ferait plus plaisir que de retrouver ces mecs. Parce que si je ne parle pas encore la même langue qu'eux, à part quelques mots pour communiquer sur le terrain et l'hymne bien sur, on parle rugby et ça c'est déjà beaucoup !

Un petit clip de la fédération slovène de rugby, intitulé : "La Slovénie n'abandonnera jamais"


Crédit vidéo : Rugby Slovenia

Si certains joueurs d’origine slovène veulent tenter de rejoindre la sélection, n’hésitez pas à contacter Guillaume Delmas sur Facebook : https://www.facebook.com/guillaume.t.delmas

Merci à Jean Tafernaberry (Le Rugbynistère) pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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  • Guillaume
  • il y a 10 ans

Et pour répondre à la question sur l'hymne, c'est un moment immense évidemment ! Je pense que peu importe l'hymne, quand tu représentes un pays c'est une p***** de fierté, j'en menais pas large quand ils ont mis la musique dans le stade ...

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