La Coupe de l'Immonde N°4
La Coupe de l'Immonde vous propose de découvrir l'équipe des All Blacks qui ira au Mondial !
La Coupe de l'Immonde N°4

Aujourd'hui, Ovale Masqué passe encore la main à un talentueux collaborateur de la Boucherie Ovalie, Vern Crotteur. Il est particulièrement légitime pour nous parler des All Blacks puisque Vern est un néo-zélandais, un vrai de vrai. Même si il écrit mieux le français que beaucoup de commentateurs de ce site (ça, c'était gratuit). Vern nous présente donc son pays, son équipe et ses chances de victoire, qui comme vous le savez sont grandes et annnoncent une probable défaite et une sévère dépression dans tous les pays.
Si vous aimez Vern, retrouvez ici l'intégrale de ses chroniques d'un Kiwi exilé en Ovalie.

Présentation : Le XV de Nouvelle-Zélande


«Petit pays de merde», si l'on s'en tient au factbook de la CIA, la Nouvelle-Zélande n'est plus à présenter lorsqu'il s'agit de rugby. Peuplée de 4,5 millions d'habitants – et de presque autant de moutons – cette nation du Pacifique-Sud s'est spécialisée dans l'exportation de laine, de gigots d'agneau ainsi que d'anciens All Blacks, d'ex-futurs All Blacks et de «jamais» All Blacks ... Favoris de chaque coupe du monde, les Néo-Zélandais semblent éprouver un malin plaisir à déjouer tous les pronostics, en mettant généralement des taules à toutes les équipes du Nord et du Sud dans les trois années qui précèdent la compétition, avant de s'écraser comme des bouses en 1/4, en 1/2, voire en finale. Spécialistes de l'éjection précoce à (presque) chaque édition, les Néo-Z le sont aussi en excuses bidons a posteriori…

En 1995, c'était Suzie, la fameuse serveuse sud-africaine (jamais retrouvée par la police de ce pays) qui avait été incriminée dans une vague d'intoxications gastro-intestinales, mieux connue sous le nom de grosse chiasse. À elle seule, Suzie avait réussi à incapaciter la moitié des forces vives des Blacks, c'est-à-dire essentiellement Jonah Lomu. Rebelote en 2007, lorsque le premier ministre néo-zélandais déclarait le pays officiellement sinistré, mettant notamment en cause l'arbitrage de l'Anglais Wayne Barnes lors de la défaite face à la France.Alors cette fois, c'est promis, les Blacks veulent aller jusqu'au bout. Les leçons du fiasco de 2007 ont été tirées, c'est en tout cas ce qu'a annoncé le coach. Sur le papier, c'est sûr, les Néo-Z ont des atouts à faire valoir. Mais ils joueront devant leur propre public et tout le monde sait que le plus grand ennemi des Blacks ce sont souvent la pression et les attentes démesurées de leurs supporters …

La star : Dan Carter


Difficile de faire un choix. Après tout, ce sont les Blacks, autant dire une pléthore de poster boys que leur sponsor (la marque aux trois bandes) préférerait sans doute exposer davantage aux flashs des photographes qu'aux placages de leurs adversaires, histoires de ne pas trop les abîmer. D’ailleurs, la feuille de match de l'équipe se lit un peu comme une sélection du XV de la galaxie. McCaw, Sonny Bill Williams, Carter et Jerome Kaino au rayon des beaux gosses, Brad Thorn, Kevin Mealamu dans la rubrique «chou fleur et autres légumes» …
Mais comme il faut prendre une décision, optons pour le maître à jouer de cette équipe, l'ouvreur Dan Carter. Tout simplement, parce qu'avec Carter aux commandes, les Blacks semblent presque inarrêtables, enfin jusqu'à présent. Généralement présenté comme le «meilleur joueur du monde», parce qu'il fait gagner son équipe même quand il n'est pas sur le terrain (demandez donc aux Perpignanais), Carter a remporté six fois le Tri-nations, trois fois le Super 12 (ou 14), quatre fois le championnat des provinces néo-zélandaises, et même une fois le championnat de France (sur béquilles). Bref, il ne lui manque réellement qu'un seul titre majeur ... le trophée William Webb Ellis.

Ici, Dan s'amuse avec les pauvres gallois :


Le joueur à suivre : Sonny Bill Williams


Assurément, la star montante et annoncée, c'est Sonny Bill Williams, ex-toulonnais et intermittent des rings de boxe. Le jeune surdoué, né en 1985, présente un parcours original, à défaut d'être atypique, tout au moins dans l'hémisphère Sud. C'est en effet dans le championnat australien de rugby à XIII que Sonny (SBW pour les intimes) a fait ses armes, au sein du club des Canterbury Bulldogs (rien à voir avec les Crusaders du même nom).
Recruté en 2008 par le RCT de Momo «le parano» Boudjelal, SBW profite de son congé sabbatique sur la côte d'azur pour mettre des raffuts dans la gueule à la plupart des centres du TOP 14. De retour en Nouvelle-Zélande en 2009, il ne lui faudra pas longtemps pour convaincre le coach des Blacks de le sélectionner. Avec son physique avantageux (1,93m pour 108 kilos), Sonny Bill fait figure d'épouvantail et ses capacités à résister aux placages et à faire jouer autour de lui comptent certainement parmi ses armes les plus dangereuses, abstraction faite d'une mèche de cheveux savamment travaillée au gel indestructible, capable de faire plus de dégâts que les fourchettes de David Attoub.

Sonny Bill dans ses oeuvres. Et c'était sa première saison en Super 15... :


Le joueur à suivre à distance : Brad Thorn


Chez les Blacks, il n'y a pas de gros méchants qui rentrent dans les regroupements à coup de casque ou qui mettent des tourtes par derrière, quand l'arbitre regarde ailleurs. Les collectionneurs de cartons, façon TOP 14, ce n'est pas dans le style de la maison. Un All Black célèbre, victime d'un carton rouge malheureux lors d'un match en Australie, se cachera d'ailleurs pendant plus de 20 ans en Tasmanie, avant de rentrer au pays. Pour autant, les Blacks ne sont pas des enfants de chœur. Pendant longtemps, ils ont été réputés pour leur excellente technique du stamping, ce geste qui consiste à essuyer énergiquement ses crampons sur les parties molles d'un adversaire au sol.
Plus récemment, les stratégies d'intimidation se sont faites moins folklo et plus techniques. C'est donc tout naturellement que le regard se tourne vers Brad Thorn, lorsqu'il s'agit de nommer un joueur à ne pas trop caresser à rebrousse-poil. Taillé dans le même moule que Jamie Cudmore, le deuxième-ligne des Crusaders est tout aussi indestructible que le Canadien. A 36 ans, Thorn garde un enthousiasme juvénile pour les déblayages à l'épaule, à 30 cm du sol. Ce qui lui a d'ailleurs valu l'un de ses nombreux surnoms, «the rib-cracker», littéralement le briseur de côtes. Thorn fait partie des avants de devoir, une espèce en voie de disparition, pour qui le rugby consiste avant tout à faire mal à l'adversaire, mais dans les règles s'il vous plaît.

Pour vous, une petite vidéo de Brad Thorn qui apprend la vie à John Smit.


Le joueur qui suivra la Coupe du Monde depuis son canapé : Luke McAlister


Dans cette rubrique, on pourrait citer quelques gloires sur le retour, ou même des blessés plus ou moins illustres, mais – actualité oblige – nous avons opté pour celui qui a beaucoup fait parler de lui récemment … dans la gazette des tribunaux sportifs. J'ai nommé Luke McAlister, attendu à Toulouse très prochainement, enfin bientôt, enfin dans quelque temps, vers la fin de l'année, sauf complication.
Ah, pauvre Luke ... La force n'est pas avec lui apparemment. Si son absence au sein des Blacks devrait être gérable pour les Néo-Z, elle pose en revanche un gros problème à la France, pour qui Luke avait été une arme essentielle lors la victoire en ¼ de finale en 2007. Rappelez-vous ! Le Black qui vendange un essai tout cuit en première mi-temps … c'était lui. Celui qui prend un carton jaune en deuxième, encore lui ! Enfin, celui qui oublie de tenter un drop, alors qu'il ne reste plus grand chose d'autre à faire ... bingo, toujours lui ! De là à voir une relation de cause à effet par rapport à son recrutement par les Toulousains, évidemment, nous n'irons pas jusque là, quoique … En tout cas, ce qui est sûr c'est que McAlister suivra bel et bien la coupe du monde depuis son canapé. La seule question en suspens, c'est de savoir si son canapé sera installé quelque part au bord de la Garonne, ou encore dans la banlieue d'Auckland.

Pour les toulousains, voici ce que peut encore faire Luke en N°10. On noterez que depuis 2007, il a appris à taper des drop. Tremble, Lionel Beauxis.


Le joueur qui va faire s’arracher les cheveux aux commentateurs : Isaia Toeava.


Vern est néo-zélandais, donc c'est facile pour lui. Mais essayez de dire 10 fois de suite Isaia Toeava, en allant de plus en plus vite, et vous devriez galérer. Sinon, c'est facile à prononcer mais Tony Woodcock a toujours un nom aussi rigolo. Si vous n'êtes pas anglophone, tapez Woodcock dans Google Images et n'oubliez pas de désactiver le filtre familial.

Le coach : Graham Henry


Gentil maître d'école, toujours égal à lui-même, Graham Henry est l'antithèse des coaches à la française. Avec lui, pas un mot plus haut que l'autre, pédagogie et exemplarité obligent. Contrairement à un Bernard Laporte, ou un Marc Lièvremont au lendemain d'une défaite à Flaminio, on n'est jamais dans l'affectif, rarement dans l'outrancier, mais toujours dans le sujet. Si les conférences de presse de Graham Henry dégagent à peu près autant de suspense que la bénédiction urbi et orbi de Benoît XVI, le coach des Blacks n'en est pas moins un technicien hors pair, dont le palmarès est éloquent.
Partisan d'un jeu total, Graham Henry n'a jamais renié ses convictions rugbystiques, même lors des grandes occasions, quitte à perdre l'un ou l'autre match, et notamment un 1/4 de finale de coupe du monde en 2007. Bel esprit sportif avant tout, doté d'un fair play à toute épreuve, il se rendra même dans le vestiaire français à l'issue du match de Cardiff pour féliciter les Bleus. Graham Henry est à la tête des Blacks depuis 8 ans et 2011 pourrait être l'année de sa consécration mondiale ... ou de sa chute finale.

Le jeu :


Le jeu pratiqué par les Blacks est simple. Il s'agit de marquer le plus d'essais possibles en se faisant autant de passes que possible, le tout à une vitesse à la limite du possible et grâce à des changements d'appuis pratiquement impossibles.
Magiques, spectaculaires, incroyables, imbattables, autant de qualificatifs auxquels on recourt souvent pour décrire la façon de jouer des Blacks. Et il est vrai que ce mélange entre la rudesse du jeu, héritée des fermiers européens arrivés au 19e siècle, et la créativité inspirée des maoris et polynésiens confère au rugby néo-zéalandais un caractère unique, qui lui vaut une place amplement méritée au panthéon du rugby mondial.
Malgré tout ce que les Blacks ont apporté à ce sport, en termes de technicité, d'innovation et aussi de notoriété médiatique, ils n'ont cependant remporté qu'une seule fois la coupe du monde ... jusqu'à maintenant.

Scénario idéal :


Premier de leur poule en battant confortablement leurs adversaires, les Blacks montent progressivement en puissance dans les matches à élimination directe. Écartant d'abord les Pumas argentins, ils s'attaquent ensuite à des Springboks convalescents et maîtrisent parfaitement le jeu.
En finale, ils se retrouvent face à leur grand voisin du nord. La botte magistrale d'un Dan Carter, combinée à la puissance destructrice de leur pack et la rapidité de leurs 3/4 leur permettent de faire la différence et de s'imposer haut la main, remportant enfin ce second titre mondial tant attendu depuis 1987.

Scénario catastrophe :


Pris dans un traquenard par des Français décidés à ne pas s'en laisser compter, les Blacks terminent deuxièmes de leur poule. Un match heurté contre les Tongas les prive en outre de leur ouvreur et maître à jouer, Dan Carter.
En ¼, ils sont donc opposés à une équipe anglaise qui semble enfin s'être décidée à jouer sur plus de 15 mètres de large. À l’issue d'un match serré, Johny Wilkinson (entré en cours de match) crucifie les Blacks sur un drop énorme, passé des 50 mètres.
Le pays sombre dans la déprime, l'économie plonge et les Blacks repartent pour quatre années de traversée du désert, dans l'attente d'un nouveau titre, de plus en plus hypothétique.

Pronostic :


Un sondage réalisé auprès de la population néo-z donne déjà quelques idées de la tournure possible des événements. Si une majorité de néo-zéalandais voient donc leur équipe en finale, ils ne sont que 40 % à penser que les Blacks l'emporteront …

Crédits :


Vern Crotteur avec l'aimable participation de l'équipe de la Boucherie Ovalie. Merci à Capitaine pour le drapeau,
et à Ovale Masqué pour les vidéos .
Si vous aussi vous ça vous déprime de penser que les All Blacks vont encore perdre en demi ou en finale, trouvez du reconfort sur la page Facebook de l'Immonde du Rugby.

Bonus :


L'analyse du très bon blog SudRugby sur la liste des 30 All Blacks pour le Tri Nations (qui différera sans doute peu de celle pour la Coupe du Monde).

Dans la même poule :


Ca ne fait pas de mal, vous pouvez toujours relire La fiche du XV de France
Mais aussi celle des Iles Tonga.
Ou encore celle du Canada
A venir : le Japon. Et après, on passe à la poule B, celle des futurs adversaires de l'Equipe de France... si elle passe le premier tour.
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  • GCM
  • il y a 13 ans

ce ne serait pas leur grand voisin du SUD et non pas du nord, comme dans le texte?

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