Le but ? A terme, développer l'équipe nationale via le championnat. Un objectif réalisable mais long qui ne passe par qu'un seul chemin : la formation. « Développer la pépinière » comme le répète si souvent Suberbie. Comme un message symbolique. Parce que la mission première de Kampuchea Balopp, c'est avant tout de sortir les enfants de la misère des orphelinats. Leur trouver une échappatoire, leur transmettre des valeurs véhiculés par le rugby : partage, respect, responsabilité... Voici une interview de Kakada, jeune orphelin expliquant ce que lui apporte le rugby :
Mais comment un projet d'une telle ampleur peut-il voir le jour ? Un autre homme joue un rôle non-négligeable dans la création de l'association, en janvier 2012 : Nicolas Olivry. Businessman ayant fait fortune dans le vin, passionné de rugby installé au Cambodge, Olivry investit son propre argent, synonyme de premiers fonds pour KB, avec un principe traduit par Suberbie : « A nous de trouver des partenariats une fois l'association enregistrée en France. » Chose faite depuis cette année. La mission, elle, continue donc à l'échelle hexagonale. Suberbie noue des contacts avec le Racing Métro 92 via Maxime Machenaud, un ancien coéquipier, mais aussi avec l'UBB. A rendez-vous le 9 septembre avec René Bouscatel, président du Stade Toulousain, grâce à une ONG partenaire, Pour un sourire d'enfants (PSE). Au fil des rencontres, des contacts sont noués avec des joueurs, actuels ou retraités :
J'ai rencontré Serge Betsen qui possède lui-même une association au Cameroun. Je lui ai laissé ma carte sans grand espoir mais huit mois plus tard, il nous a fait parvenir 5000 dollars qui nous ont bien aidés cet été. Jérémy Castex nous aide à promouvoir l'assoc' dans le réseau du rugby via son site.
Si les clubs pros sont ciblés, le rugby amateur n'est pas délaissé. Augmenter la visibilité de Kampuchea Balopp est primordial d'autant que ces partenariats permettraient une rentrée d'argent mensuelle.
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La situation du rugby au Cambodge ? Limitée pour ne pas dire dérisoire, et ce malgré les progrès entrevus. En 1996, les expatriés organisent le premier entraînement et commencent à travailler avec PSE. Les Cambodgiens, naturellement prédisposés pour le Seven, se tournent vers cette discipline. En 2003, la Cambodian Federation of Rugby reçoit le prix du développement et organise quatre ans plus tard le premier championnat de rugby à XV. Cette saison, quatre équipes ont disputé la compétition : une équipe composée d'Anglo-Saxons (largement vainqueurs), une franco-khmer, une équipe PSE et une dernière rassemblant les anciens de PSE.
Seulement, le rugby stagne et l'intérêt des Cambodgiens baisse. Promis en 2008, le statut de Full Membership n'a toujours pas été homologué par l'IRB. « Le statut est politique », dévoile Suberbie qui regrette de fait l'absence d'aide financière précieuse pour la Fédération. En 2013, cette dernière comptait environ 700 licenciés. L'équipe nationale, elle, vient de battre deux fois d'affilée Bruneï sur des scores fleuves (33-0 ; 28-0). En septembre, les membres du squad Seven s'envolent à Bangkok pour les qualifications des JO. Les U18 disputent des tournois internationaux. « Faire voyager des joueurs aussi pauvres, c'est unique. » Les jeunes ont leur propre championnat domestique dont voici la finale en résumé vidéo :
Le futur du rugby cambodgien passe par la formation de joueurs mais aussi d'entraîneurs. Ils sont trois à relever le défi grâce à Kampuchea Balopp. Ensembles, Ra, Khemrin et Longdy incarnent l'avenir. L'un s'est fait virer de son orphelinat, se retrouvant dans la pampa. Le suivant est aussi électricien, le dernier n'a que dix-neuf ans. Tous sont formés par Jean-Baptiste Suberbie, qui dévoile :
Ils me suivent, prennent en charge les entraînements. En deux ans, c'est la première fois qu'on voit ça. A partir de juin, je les ai laissés seuls. En septembre, ils passeront tous les trois une évaluation afin de voir leurs progrès. Ils doivent bien comprendre qu'un entraînement, ça se prépare. On leur paye des cours d'anglais pour favoriser la communication, qu'ils puissent donner des interviews à des médias anglo-saxons. Leur rôle est primordial. Ils sont un modèle pour les enfants qui veulent tous devenir entraîneurs de rugby.
La CFR suit la tendance et forme actuellement une fille et un garçon au métier d'entraîneur. Les avancées sont considérables. Pour la première fois, l'association travaille avec une école publique. La demande est réelle puisque le sport y est totalement absent... A terme, l'objectif est de pouvoir réunir et faire jouer 1500 enfants.
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Les principales difficultés rencontrées par Kampuchea Balopp ? « Trouver des terrains. » Les synthétiques remplacent progressivement les terrains de l'armée mais sont payants (8 à 10 dollars de l'heure). Toujours mieux que de faire jouer les enfants sur du bitume ou pire, sur des terrains vagues... « Parfois, c'est vrai que je me sens un peu délaissé » concède celui qui sera bientôt de retour au Cambodge. L'homme à l'origine de KB en profite pour délivrer un dernier message : « L'ONG cherche des bénévoles en France pour développer notre réseau de partenaires dans le monde du rugby. »
Si vous êtes intéressés, vous pouvez le contacter à l'adresse mail suivante ( [email protected] ), participer au combat via le site ou la page facebook de l'association. En attendant, voici quelques-unes de ses photos :
leminet34
Super, c'est comme ça qu'ils deviendront grand
heurvinblue
Super reportage!! C'est bien que le rugby se démocratise... après tout il suffit d'un ballon pour jouer...alors pkoi le foot et pas le rugby!!
Soledad
L'asso n était pas créée en janvier. Elle a déposé ses statuts au début du mois de février comme indiqué sur leur blog. Pour ma part je les ai contacté, et la réponse à été immédiate et chaleureuse. Au sujet de Trin Duc, j ai entendu dire qu il est en effet venu une fois il y a plusieurs années, qu il a été très sensibilisé mais que malheureusement ça n a débouché sur rien de concret et il n est jamais revenu. Super article et initiative quand même. J espère que rugbynistere nous fera parvenir des infos régulièrement!
CedricH
Super article!
J'ai été au Cambodge en janvier, et j'ai essayé de contacter cette association, justement, mais je n'ai jamais eu de réponse...
Sinon, pour la petite info, Trinh Duc rend visite régulièrement à la fédé cambodgienne pour essayer de les aider à se développer, ayant lui-même des origines de là-bas.
Enfin, je crains que le Cambodge rentre de Thaïlande avec une valise, les Thaïlandais ayant un championnat bien rodé, qui passe à la télé, et qui a les plus gros moyens de la région...