6 Nations. Un temps de jeu effectif élevé fait-il vraiment la grandeur d’un match ? Le Paradoxe du Crunch
Le débat est lancé : faut-il juger un match au temps de jeu ? Crédit image : Screenshot France 2
Faut-il juger un match au temps de jeu ? Avec 36 minutes de ballon en jeu, Angleterre-France a pourtant été palpitant. Erasmus et Owens éclairent ce paradoxe du rugby moderne.

Le débat revient souvent dans les discussions entre passionnés : un grand match de rugby se définit-il forcément par un temps de jeu effectif élevé ? Alors que certains prônent un rugby toujours plus fluide, deux figures majeures du rugby mondial, Rassie Erasmus et Nigel Owens, apportent un éclairage qui pourrait en faire réfléchir plus d’un.

Un Crunch peu fluide mais ô combien excitant

Avec 83 coups de pied dans le jeu, 15 mêlées et seulement 36 minutes de temps de jeu effectif, le dernier Angleterre-France n'a rien du spectacle tant vanté par les amateurs de courses effrénées et de jeu débridé. Il faut dire qu'on avait tous à l'esprit la fessée infligée par les Bleus de Fabien Galthié en 2023. Rêvant d'un nouveau coup d'éclat des Tricolores face à nos meilleurs ennemis.

Malheureusement pour les fans français, l'équipe de France s'est pris les pieds dans le gazon anglais. Et pourtant, ce fut un match haletant, marqué par une intensité de tous les instants et des rebondissements en fin de partie. 

« Il y a eu 83 coups de pied dans le jeu, 15 mêlées et seulement 36 minutes de BIP (ball-in-play) lors d'Angleterre vs France, pourtant c’était l’un des matchs les plus excitants du Tournoi depuis un moment. Je ne pense pas qu’on puisse juger la forme d’un match uniquement sur des statistiques ! », analyse Rassie Erasmus.

Le rugby, un équilibre entre intensité et pauses

Nigel Owens, ancien arbitre international et voix respectée du rugby, abonde dans ce sens. « J’ai toujours dit qu’un temps de jeu effectif élevé ne rend pas un match de rugby meilleur. Trop de modifications des règles et une obsession de fluidifier le jeu à tout prix enlèveraient de l’intérêt au rugby, au lieu de l’améliorer. La preuve est sous nos yeux. »

Pour certains, une seule action suffit à rendre un match mémorable. Pour d'autres, c'est le nombre d'essais inscrits qui fait qu'une rencontre marque les esprits. Beaucoup s'accordent cependant pour dire que c'est lorsque la partie est disputée qu'ils éprouvent le plus de plaisir à regarder. Une incertitude qui fait frissonner et qui donne tout son sens à la stratégie et fait honneur au sang-froid des joueurs. C'est d'ailleurs dans ces moments de tension que certains se révèlent, ou au contraire, cèdent.

Alors que World Rugby cherche à rendre le jeu plus spectaculaire, faut-il vraiment tendre vers des séquences sans interruption au détriment du combat et du jeu stratégique ? La vérité, comme souvent, se situe peut-être entre les deux : un match de rugby ne se résume pas à son temps de jeu effectif, mais bien à l’intensité et aux émotions qu’il génère. Et de ce point de vue, le Crunch de Twickenham a tenu toutes ses promesses !

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Pour qu'un match soit "so exciting", j'aurais tendance à dire qu'il y a deux préalables.
1/ Qu'il y ai match, pas un delta trop important entre les deux équipes. Ex : Qui s'est véritablement régalé lors du France-Galles ? Pourtant il y a eu bcp de d'essais, de temps de jeu etc...
2/ S'il n'y a pas un delta trop important, je dirais que c'est la manière d'appréhender le jeu des 2 protagonistes qui fait le sel du match ! " La manière d'appréhender le jeu " ??? Pour moi, un match devient plaisant, excitant quand on est aux deux extrêmes. Soit deux équipes qui produisent un jeu qui se ressemble bcp ou à l'extrême inverse, des approches du jeu radicalement différentes. Sur le 1er cas de figure, c'est la toute petite erreur bien exploitée, le pari stratégique dans les rotations, l'exploit soudain qui fait souvent la bascule du match. Sur le second, l'opposition de style radicale contribue à séduire le spectateur averti. Typiquement, sur ce second cas de figure, je trouve que les France-Irlande de ces dernières années rentrent dans cette catégorie des matchs plaisants. Une vraie opposition de style ! Ceux en vert qui sont dans la conservation, arrivent à produire de longues séquences, patiemment, jusqu'à ce que ça craque à l'opposé ceux en bleu capables de fulgurances, d'essais validés consécutivement à des actions d'une poignée de secondes. Je trouve qu'un France-Irlande ou France-Af du Sud sont plus intéressant qu'un France-Angleterre ou un France-AB. Dans le 1er cas ce sont les choix stratégiques qui font la bascule (les matchs se gagnent dans les cerveaux, avant, pendant le match), dans les 2 autres bien souvent l'état de forme à l'instant T (les matchs se gagnent à la salle de muscu).

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