Amateur. Fédérale 3 : Le CJF Saint-Malo, un club pas comme les autres
Les rugbymen malouins attendent impatiemment un nouveau stade. Crédit photo : Facebook Jordi Rougé.
Le club de rugby de Saint-Malo possède depuis des années son stade au milieu d'un hippodrome. Ce qui laisse apparaître quelques complications.

Saint-Malo, les remparts, la mer et... son club de rugby. Un endroit rêvé pour tout rugbyman à la recherche d'un peu d'air frais. Pourtant, depuis plus de 20 ans, le club breton évolue dans des conditions plutôt particulières. Ici, les matchs et les entraînements se déroulent en effet en plein milieu de l'hippodrome de la ville, qui accueille régulièrement des compétitions nationales. Ce qui engendre des problèmes d'organisations en termes de calendrier, mais également en termes de logistiques. 

Dimanche 3 mars 2019, Saint-Malo accueillait Saint-Sébastien Basse-Goulaine pour une rencontre capitale dans le maintien du club en Fédérale 3 (remportée 17-14). Une affiche ayant rassemblé beaucoup de monde (600 spectateurs), obligeant les supporters présents à devoir se garer sur la piste de trot. Une situation que n'a pas supportée la Société des Courses de la ville et son propriétaire Gilles Caroff qui a décidé de porter plainte deux jours après « pour violation de la propriété d’autrui, dégradations du bien d’autrui de nature à nuire à l’activité de la victime et ce de manière concertée, ou à tout le moins avec l’accord tacite des dirigeants du club de rugby ». Interrogé par le Télégramme dans la foulée, le président du club de rugby breton Guy Vilon s'est défendu : « Il n’y a pas de concertation entre nous. Pour le match de dimanche, il y avait 600 personnes et le parking où se garent habituellement les voitures était plein. On n’a pas fait exprès de mettre les voitures sur la piste et je ne sais pas faire la police. »

Les Malouins dans l'attente... 

C'est donc un problème non-négligeable que doivent gérer les rugbymen malouins, qui n'en peuvent plus de pratiquer leur activité favorite dans de telles conditions aujourd'hui. Comme l'explique Jordi Rougé, entraîneur de cette équipe :

Nous avons augmenté de 34% le nombre de licenciés depuis trois ans et nous avons développé un centre d'entraînement pour les jeunes. Tout évolue dans le bon sens, il nous faut juste de nouvelles structures. Aujourd'hui, notre terrain n'est pas aux normes de la Fédérale 3, nous avons des tribunes démontables que nous ne pouvons pas sortir quand il y a du vent (ce qui arrive très souvent) et nous avons un club-house de 50m2 pour accueillir 4 équipes chaque week-end, ainsi que les dirigeants et les supporters. 

En ce qui concerne leurs problèmes directement liés à la Société des Courses, Jordi Rougé, a l'image de son président, nous explique que le club a dû subir la situation. Il déplore notamment qu'une plainte ait été déposée, alors que cette Société des Courses « n'avait pas bronché » lorsque les spectateurs de la Route du Rhum (traditionnelle course nautique à Saint-Malo) avaient envahi la piste en novembre.

De ce fait, depuis des années, les Malouins attendent des évolutions. Mais à entendre Maxime Mouhoubi, au club depuis l'école de rugby, les belles paroles n'ont jamais abouti à quelque chose de concret :

Le rugby a des besoins comme tous les sports, mais j'ai toujours eu l’impression qu'il passait au dernier plan à chaque fois...J'ai entendu tellement de fois la mairie nous promettre des structures...On nous avait déjà promis un stade en 2013 après la performance du club (vice-champion de France de première série) et après l’accession en F3 la première année (2015). 
Mes premières années de rugby se sont déroulées au milieu d'un vélodrome ! Quand j'ai intégré le pôle jeunes, on a eu enfin le droit d'accéder à l’hippodrome, que l'on partageait avec le foot. Arrivé en senior, ce n'était pas la ville, mais le club qui faisait son maximum pour améliorer les structures. Je pense qu'on mérite aujourd'hui d’avoir des structures à la hauteur de notre niveau et de notre sport ! 

Un nouveau stade pour la saison 2020-2021 ?

Aujourd'hui, une nouvelle municipalité a pris le pouvoir depuis 2014. Contactée par nos soins, l'adjointe au Maire chargée des Spors Claire Guinemer nous a expliqué clairement la situation :

Nous prenons en compte que les rugbymen n'évoluent pas aujourd'hui dans des conditions excellentes. Seulement, quand nous sommes arrivés en 2014, nous avions des situations d'urgence à gérer en fonction également des subventions que l'on pouvait avoir. Comme la rénovation de la salle de boxe (50 000 euros de subventions) ou l'instauration d'un nouveau synthétique pour accueillir la Coupe du monde de foot féminine U20, financé à moitié par la Fédération, le District et la Région. On ne pouvait pas passer à côté. Il fallait également refaire les gradins du stade d'athlétisme qui étaient complètement détériorés. À ce moment-là, le rugby pouvait continuer à vivre. On les a tout de même aidés en partie en effectuant des travaux dans les vestiaires (chauffage, ventilation, peinture) et en installant des vestiaires provisoires pour les filles. Par ailleurs, le budget rugby pour la saison 2018-2019 a atteint les 300 000 euros.

Désormais le club est de nouveau en Fédérale 3 depuis cette saison et devrait se maintenir puisqu'il ne lui manque qu'un seul point pour rester dans cette division la saison prochaine. Mais les infrastructures sont aujourd'hui impossibles à développer au sein de l'hippodrome, car la ville ne peut évidemment pas lancer de constructions sur l'anneau de course. Elle s'engage donc aujourd'hui à déménager le rugby dans un vrai stade, une démarche désormais prioritaire pour la mairie selon Claire Guinemer :

La priorité de la prochaine mandature est d'instaurer un nouveau stade de rugby. Il se situera à Paramé (à 3,5 km de l'hippodrome), car c'est là que s'établira le pôle universitaire de Saint-Malo. Il y aura notamment l'École d'infirmières, l'IUT, l'École de la Marine marchande, mais aussi le Lycée technique de la Providence. Le Lycée Maritime étant déjà sur place. De plus, la section rugby de Saint-Malo fait partie du Cercle Jules-Ferry dont le siège est établi à Paramé. Il y a déjà la gymnastique et le football qui sont installés là-bas, et on souhaite, à l'avenir, rapatrier plusieurs autres clubs sportifs sur place. Ce qui permettra de mutualiser les foyers ou les salles de réunion, car les différentes disciplines ne s'entraînent pas et ne jouent pas au même moment. On a donc du financement à aller chercher auprès de l'État, de la région et de l'agglomération, pour lancer la construction au plus vite. 

Un projet qui devrait malgré tout prendre du temps et qui a surtout un certain coût (4 à 5 millions d'euros). Le nouveau stade devrait voir le jour pour la saison 2020-2021, tandis que le complexe en lui-même et les infrastructures qui l'accompagnent (gradins, vestiaires) devraient être construites pour la saison suivante.

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Les matchs pourraient de jouer sur la plage du Sillon, en calculant les horaires de match en fonction des marées ça passe nickel.

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