Vous ne vous en doutiez certainement pas, mais le mois de naissance a des répercussions sur sa performance au haut niveau. Ce phénomène s’appelle même « l’âge relatif ». Il est donc prouvé que selon son mois de naissance, la réussite est au rendez-vous, ou non...
Tout d’abord, pour bien comprendre l’effet de l’âge relatif, il faut pouvoir le définir. L’âge relatif, c’est en réalité l’âge chronologique, c’est-à-dire le fait d’être né en début ou fin d’année. Plus on nait en début d’année, plus notre maturation est élevée et réciproquement, plus on nait en fin d’année, moins notre maturation est élevée. Dans le rugby, comme dans le sport en général, cela a forcément des répercussions sur la performance des jeunes joueurs. Mais il va de soi que ce phénomène s’applique uniquement aux jeunes, car lorsque que l’on obtient sa taille adulte, ce phénomène s’arrête.
Différentes études prouvent que les jeunes joueurs nés en début d’année ont un avantage considérable sur ceux nés en fin d’année. Ces derniers n’ayant pas la même avancée morphologique (tailles, poids, vitesse…) que leurs ainées de quelques mois. Par conséquent, "les fins d’années" sont beaucoup moins susceptibles d’être repérés par des centres de formations professionnels dans les catégories jeunes. Logiquement, les enfants détectés par des centres de formations s’entraînent plus et ont une qualité d’entraînement plus importante que les non-sélectionnés. Cela accroît donc encore plus les différences. Cette différence est un réel problème. C’est ce que soulignait déjà en 2016 Bob Browaeys, responsable des équipes nationales juniors de Belgique, via l’UEFA. Il estimait perdre « 25% des talents en raison de ce problème ».
L'exemple du football
Et en effet, chez nos voisins anglais, en 2016, 75 % des joueurs du centre de formation de Premier League étaient nés dans les six premiers mois de l’année. Et en Espagne, au FC Barcelone, même si des joueurs font preuves d’exceptions comme Messi, Iniesta ou encore Xavi, on constate malgré tout que 22 des 30 joueurs sortis du centre de formation du club catalan lors de la dernière décennie étaient nés dans la première partie de l’année.
Au rugby cette fois-ci, parmi les joueurs sélectionnés dans le XV de France cette année, 58,82% des joueurs sont nés dans la première partie de l'année tandis que les 41.18% restants sont de la deuxième partie. Pour le XV d’Angleterre, maintenant, 62,96% font également partie de la première moitié de l’année et 37,04% dans la deuxième partie de l'année. On note alors, que même si le phénomène de l’âge relatif n’existe plus une fois l’âge ou la taille adulte, les répercussions du phénomène s’appliquent et sont présentes au niveau professionnel. Chez nos U20, cette fois-ci, 54,05% première partie de l'année et 45.95% deuxième partie de l'année. Tandis que chez les Anglais, dans la même catégorie, 48,72% des joueurs sont nés dans la première partie de l'année et 51.28% dans la deuxième. Si l'effet de l'âge relatif ne saute pas aux yeux pour les Anglais, c'est parce que dans leur groupe de 37 joueurs, 10 sont nés en 2001 et de début d'année. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils évoluent souvent avec la catégorie d'au-dessus.
Comme contre-exemple aux répercussions de l’âge relatif, on s’aperçoit qu’au football, chez les joueurs du groupe France, 48% sont nés dans les six premiers mois de l’année, et 52% dans les six derniers. Toujours dans le football, mais chez les espoirs, 54,55% sont nés dans les six premiers mois et 45,45% dans les six derniers. La logique est donc respectée, d'autant plus qu'il faut noter une information importante : on retrouve chez les espoirs des joueurs dont l’année de naissance va de 1997 à 2002, et que parmi les fins d’années, on compte majoritairement des joueurs nés entre 1998 et 2000. C’est important, car des jeunes joueurs qui sont victimes de l’âge relatif (s’ils vont jouer avec des jeunes de la catégorie en dessous, ou de l’âge inférieur) auront le même niveau, voire un niveau supérieur.
Pour finir, chez les moins de 20, on comptabilise 63,16% de joueurs nés dans la première partie de l’année, et 36,84% dans la deuxième partie. Et si cette catégorie d’âge est beaucoup plus prononcée pour les joueurs de début d’année, c’est que tous les joueurs du groupe sont de la même année, 2001 (à l’exception de quatre 2002).
Quid du rugby ?
Que deviens-tu Enzo, jeune prodige de l'ASM ? [INTERVIEW]Parmi les recherches effectuées par Freddy Maso, responsable de la section omnisports, du centre de formation de l’ASM et spécialiste de physiologie, on constate que ce phénomène se répercute sur le plus haut niveau du rugby. Pour vous donner une image, dans les deux championnats professionnels en France (Top 14 et Pro D2), 264 joueurs sont nés en janvier (le nombre le plus élevé parmi les douze mois). Tandis que 146 sont nés en décembre (le nombre le moins élevé parmi les douze mois) lors de la saison 2015-2016. Après avoir fait ces constats, Maso décide alors d’en parler aux différents entraîneurs du club montferrandais. Cette prise de conscience a permis à douze espoirs de signer leur premier contrat pro à l’issue de la saison 2017-2018. Parmi ces douze joueurs, un est né en janvier, deux en mars, un en avril, un en mai, trois en septembre, deux en octobre et deux en décembre. Sur la répartition des mois de l’année, on réalise que le club auvergnat n’a pas succombé à l’effet de l’âge relatif.
Le bio-banding, une solution efficace
Pour tenter de contrer ce phénomène, une méthode scientifique venue d’Angleterre : le bio-banding. Cette méthode consiste donc à se figer sur l’âge biologique (la maturité physique) et non sur l’âge chronologique (l’âge réel). Pour que cette méthode puisse se réaliser, il faut d’abord se baser sur d’autres méthodes afin d’être le plus précis et le plus utile possible. D’abord la méthode Mirwald qui permet de mesurer un joueur assis et debout afin de prédire sa taille adulte. Ensuite, la méthode Khamis Roche, qui prend en compte la taille des parents pour prendre en compte le paramètre biologique. Grâce à cette méthode, les jeunes athlètes de fins d’années peuvent jouer dans leurs « vraies » catégories et ne sont pas laissés de côté. D’autant plus que jouer avec des joueurs de leur physique leur permet de développer d’autres capacités pour progresser et ainsi être meilleur. En 2017, le club de l’ASM Clermont Auvergne expérimente cette méthode. Il est alors le seul du Top 14 à l’utiliser. Cette expérience s'effectue en trois catégories : l’âge chronologique, l’âge scolaire et le bio-banding. À noter, que cette méthode est utilisée en Angleterre, et aussi beaucoup en Nouvelle-Zélande. Une raison de leurs performances ? À n’en pas douter…
LaGuiguille
je suis né en 69 et je peux vous confirmer tout ceci
MARCFANXV
Non, la date de naissance n'a absolument aucune influence sur le POTENTIEL du joueur.
Oui, la date de naissance a une influence sur les chances d'exploiter au mieux tout au long du cursus de formation sportive le dit potentiel.
Il s'agit d'utiliser les bons mots pour décrire une situation que n'importe quel mec qui a un temps soit peu côtoyé les bancs de touche a eu l'occasion de rencontrer.
A qui, à quoi la faute ?
Pour large partie au système de détection/sélection tel qu'organisé en France mais aussi comment est acceptée/admise la jauge pour considérer la qualité de la Formation par les structures professionnelles.
Et j'ai bien peur que les choses aillent crescendo avec le principe d'aspirer les jeunes joueurs toujours plus jeunes vers les Centre de formation des Clubs professionnels. Quand naguère la bascule du Club amateur vers le Club professionnel s'opérait le plus souvent au sortir de Cadets, c'est aujourd'hui monnaie courante que les choses se fassent en seconde année voire parfois en 1ère minimes. Considérant que les classes d'âge ont été rajeunies d'un an (on est passé de U impairs à U pairs) , c'est en réalité presque 3 ans plus tôt que les jeunes pousses quittent le berceau pour aller tenter "leur chance"...(merci BL le pdt des Amateurs d'avoir 100% compétisé la cat Minimes via le Challenge de France qui est ni plus ni moins qu'un championnat de supposés apprentis professionnels sans mm avoir à se mélanger à la nasse des sans-dents !!!).
En résumé, le système opère à un tri tellement prématuré que ce ne sont plus des mecs au sortir de l'adolescence qui l'alimentent mais des garçons tout juste prépubères !
Faut pas s'étonner alors que celui qui a acté son passage du cap de l'adolescence soit avantagé par rapport à son copain de la même année mais plus jeune de plusieurs mois.
Il y a donc le format du système (quand, pourquoi, sur quels critères j'adoube tel mec plutôt qu'un autre ?) qui est le premier des marqueurs de cette incongruité. Le propos n'est plus de détecter le talent en devenir (c'est à dire demain ou après-demain) mais de chopper à treize ans le gamin en avance sur l'horloge biologique qui te fera gagner un anonyme match de Gaudermen (il en va généralement de la place de l'encadrement qui est lui-mm jugé à l'aune exclusive du résultat chiffré !).
Tant pis s'il est maladroit comme personne, tant pis si sa compréhension du jeu est on ne peut plus limitée, tant pis si on sait pertinemment que l'avantage induit du moment lié a son avance sur l'horloge biologique s'estompera forcément au fil du temps et plus encore passé le cap de l'adolescence. Tant pis pour tout ça, on le prendra qd-mm (ça durera ce que ça durera) pourvu qu'il contribue à faire gagner un match en Gaudermen ! Par extension, il faut aussi comprendre que c'est pénalisant pour la formation générale des autres joueurs....Le "bien jouer" consistant alors à faire passer la gonfle au mec décrit ci-dessus...Puisque c'est lui qui te fait gagner aujourd'hui...Tant pis si ce réflexe deviendra vide de sens le jour où l'avantage qu'il constitue aura disparu !
Alors c'est vrai, un mec de fin d'année, pas plus en avance que ça par rapport à l'adolescence ne rentrera jamais (ou presque) dans les radars fédéraux et autres centre de formation parce qu'ils n'ont pas l'œil rivé (ou pire, pas l'œil exercé) sur ce qu'ils pourront en faire après-demain la priorité étant de gagner aujourd'hui...
Il y a qqs exceptions, je pense à ce petit mec que j'ai entrainé il y a qqs années et qui vient de contracter professionnel (en passant par des chemins très, très détournés) sur qui personne des "spécialistes endoudounés FFR" n'a ne serait-ce que posé le regard lorsque je le proposais à des sélections de niveau départemental en minimes. Ce petit mec fêtait alors son anniversaire avec ses copains juste avant la trêve de noël.
Jacques-Tati-en-EDF
Oui, il parait que Dupont est né le 09/09/99 !! Dans le département 09 !!
Sent Junian
... zamateurs !
Sent Junian
C’est un fait avéré ! Tous les scientifiques vous l’diront. L’année de naissance est un critère fondamental dans la constitution d’une équipe professionnelle! La preuve : les joueurs nés avant 1960, sont très rares en top 14 et Pro D2 ! Cependant, on peut en croiser chez les
lelinzhou
Bon, en voilà une nouvelle : si un joueur est né en début d'année, à la même date il sera plus de "maturation" qu'un autre qui sera né en fin de la même année". !
C'est rassurant, enfin quelque chose de normal !
fabien81
un 1ere année né en décembre a presque 2 ans de moins qu'un 2eme année né en janvier, l'écart est beaucoup plus important entre ces 2 joueurs que entre un 1ere année né en janvier et un autre 1ere année de la catégorie du dessus né en décembre. Cela explique en partie les énormes différences de gabarit qu'on retrouve jusqu'en U15.
Mais je pensais pas que ça aurait autant de répercussion chez les pros, après il faudrait aussi comparer ces pourcentages avec les naissances, si 60% des enfants naissent entre janvier et juin c'est normal d'en avoir 60% chez les pros