Ancien joueur pro, Nelson Gomes a retrouvé chez les pompiers les valeurs du rugby
Nelson Gomes a porté les couleurs de Tarbes avant d'être pompier professionnel.
Passé par Biarritz, l'ASM ou encore Tarbes, Nelson Gomes nous raconte la vie d'un pompier professionnel en pleine crise sanitaire et fait le lien avec le rugby.

En première ligne face au Coronavirus mais aussi joueurs ou joueuses de rugby : ils témoignentEn première ligne face au Coronavirus mais aussi joueurs ou joueuses de rugby : ils témoignentIls sont nombreux à être en première ligne face au coronavirus. Mais contrairement à certains qui portaient encore les crampons avant l'annonce du confinement, Nelson Gomes a tiré un trait sur sa carrière après de belles années pour se consacrer uniquement au métier de pompier. Il est, en effet, professionnel au grade de caporal après l'avoir été sur les pelouses du côté de Tarbes pendant deux saisons. Son parcours l'aura mené de Chamalières, où il a fait son école de rugby, jusqu'en Australie. Entre temps ? "A mes 14 ans j'ai été recruté par l'ASM pour y avoir joué trois ans. J'ai ensuite signé au centre de formation du Biarritz Olympique pays basque pour trois ans ! Où j'ai eu la chance d'être entraîné par l'Argentin Martin Gaitan et avoir joué avec des joueurs comme Yann lesgourgues, JP Barraque, Raphaël Lakafia... Sans doute mes plus belles années rugbystiques !"Les aléas de la vie d'un joueur pro l'ont amené à quitter le BO mais aussi à être international portugais à XV et VII. "J'ai pu jouer une saison au Portugal et disputer les VI nations B et les tournois de sevens." Après une dernière saison à haut niveau en France, il a vécu une superbe expérience en Australie, participé au Shute Shield avec le Gordon Rugby Football Club à Sydney et à Newcastle. Là-bas, il a découvert un autre style de jeu mais pas que. "Quel niveau ! Un jeu basé que sur la vitesse. C'était dingue. J'ai pu y découvrir un pays incroyable et des super mecs !" Le retour dans l'Hexagone n'a été que plus difficile. N'ayant plus le goût de jouer, et conscient qu'une carrière de joueur ne dure pas, il a décidé de trouver un travail. Le métier pompier s'est alors logiquement imposé à lui.

Quand j'étais a Tarbes, j'ai pu être sapeur-pompier volontaire et y effectuer ma formation initiale. Mais il était impossible pour moi d'allier rugby et pompier. J'ai alors décidé de m'y remettre et j'ai intégré la caserne de Chamalières en tant que volontaire. C'est alors que j'ai appris l'ouverture d'un concours pour devenir professionnel. Avec une épreuve écrite (français/maths), des épreuves sportives (natation, Luc léger, souplesse, gainage, tractions, killy) des épreuves totalement différentes du rugby, car chez les pompiers, on demande beaucoup de poids du corps contrairement au rugby où c'est beaucoup de musculation avec des poids. Et un entretien individuel. Je ne vous cache pas que le rugby m'a beaucoup aidé dans l'entretien. Au rugby on travail tout. L'attaque, la défense, la technique individuel. Chez les pompiers pareil, le feu, les désincarcération, nos techniques ECTS... 

Si les différences sont nombreuses entre les deux métiers, il a aussi trouvé de nombreuses similitudes. À commencer par le travail en équipe. Les valeurs si souvent associées à l'ovalie sont également très présentes chez les pompiers. "On apprend à se faire confiance. On s'entraîne ensemble. On est solidaire. Il y a beaucoup de valeurs similaires. Comme le dépassement de soi. Mais aussi le respect. Respect du grade, du règlement..." Il a fini par obtenir son concours avant d'être recruté comme pompier professionnel au SDIS 63. C'est à l'issue d'une formation intensive de trois mois qu'il a été incorporé au CSP Clermont-Ferrand. Sa vie, désormais, ne se résume plus aux entraînements, séances vidéos et musculation. "Nous travaillons en 24/48. 24h de travail et 48h de repos. Nos journées sont rythmées par deux séances de sports dans la journée, une manœuvre, les TIG et surtout les interventions !" Ce qu'il aime, c'est la diversité des gardes. En pleine de période de crise sanitaire, les pompiers sont sur tous les fronts. Pas de télétravail pour eux.

Avec ce coronavirus, notre manière de travailler change aussi. Il y a moins d'intervention que d'habitude, mais lors de nos interventions, nous devons nous protéger de la tête au pied pour lutter contre ce virus ! Un peu comme des cosmonautes. Une tenue spéciale, des gants, des lunettes, des masques. Bien se désinfecter après déshabillage. Nos tenues sont à usage unique. Nos tenues de pompier sont directement lavées à la machine à laver. Il y a une grosse désinfection des ambulances après chaque cas. Car nous aussi nous sommes en 1re ligne ! Nous pouvons nous exposer à plusieurs cas dans une journée. Nous devons faire nos séances de sport seul, on se fait plus la bise, ou on ne se sert plus la main...

Mais il tient à souligner qu'il n'y a pas que le coronavirus. Les pompiers doivent aussi intervenir chez des personnes qui ont des détresses vitales autre que celles provoquées par le virus, sans oublier les incendies, les accidents de voiture. "Nous sommes sur tous les fronts. C'est pour cela qu'avec cette crise sanitaire que nous traversons, qu'il faut contacter le 18 ou le 15 en cas d'urgence réelle." Toutes ces interventions rythment son quotidien. Et un peu l'image d'un joueur avant un match, il y a de la tension et des moments importants dans le vestiaire comme dans la caserne. "On se met dans sa bulle, on pense au 1er plaquage, au 1er ballon.. Là, c'est presque pareil. Le bip sonne, l'adrénaline monte, on se met dans notre intervention, en équipe."Investi à 100 % dans son métier de pompier, Nelson n'a pas pour autant laissé le rugby de côté. "Chaque année, il y a les championnats de France de rugby pompier. Et franchement, le niveau est bon ! Cela tourne autour de la Fédérale 2 ou 3 je pense. Les 3es mi-temps sont pas trop mal non plus". Il a retrouvé chez les pompiers cet esprit de famille et cette camaraderie. "Le rugby, c'est une famille. Il y a un dicton qui dit : le rugby, c'est l'histoire d'un ballon avec des copains autour et quand il n'y a plus de ballon, il reste les copains. Chez les pompiers, c'est pareil. On est une famille. On est collègue puis on est une bande de potes. Qu'on porte la tenue ou non, on est tous là pour se soutenir dans les bons et les mauvais moments. On fête Noël ensemble, les anniversaires, le nouvel an.. Une famille." Seul point négatif ? "Que mon chef d'équipe soit fan de l'Aviron Bayonnais.. Heureusement pour moi, je suis en train de le convertir en rouge et blanc..."
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En filigrane, il évoque la reconversion d’un joueur Pro de rugby. Tous ne sont pas des vedettes bien payées dont la notoriété assure la reconversion. Il a senti que son temps de sportif était terminé et devait passer à autre chose. Heureux pour lui d’avoir trouvé un job convenant à ses désirs et à l’idée qu’il se fait de servir les autres. Combien d'échecs par non préparation?

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