Et non, le rugby à 7 en France ne se termine pas au mois d'août ! Si la LNR a récemment lancé le Supersevens, un championnat réservé aux clubs professionnels du Top 14, les rugbymen amateurs passionnés de 7 peuvent eux se laisser tenter par des tournois à l'étranger proposés par certaines associations durant l'année. Ce fut le cas des Seventise et des South Sevens lors de ce mois d'octobre, qui se sont rendus au Kenya pour la première formation (17-24 octobre) et à Tahiti pour la seconde (15-21 octobre). L'objectif ? Aller se confronter à des équipes différentes du traditionnel championnat français : le Circuit Elite, ayant vu le jour en 2016 et se déroulant de mai à juillet. Des projets complexes, coûteux, mais qui n'arrêtent pas ces associations et leurs membres qui mettent tout en œuvre pour vivre des aventures uniques en leur genre.
De l'idée à la réalité
Ces projets, de nombreuses associations en ont, mais parvenir à réaliser de tels voyages, c'est une autre histoire. Cela demande une certaine organisation, comme on avait pu le voir avec l'association Stanislas Sevens qui, en plus de ses projets humanitaires, s'était inscrite au tournoi de Singapour avec une équipe très compétitive il y a un an. Les Froggies et les Bleus Sevens ont également réalisé de nombreux tournois à travers le monde ces dernières années.
L'association Stanislas Sevens fait cap vers le CambodgeIci, les Seventise et les South Sevens se sont rendus la tâche facile grâce à leurs contacts. Pour la formation parisienne, l'idée d'un voyage au Kenya était dans toutes les têtes depuis quelques temps, leur coach Teddy Omondi étant lui-même kényan et ex-international à 7. Le Safari Sevens, à Nairobi, il y avait participé en tant que joueur, et c'était pour lui un rêve d'y retourner.
Rugby à 7 - Circuit Élite 2019 : Les Seventise pour succéder aux Bleus Sevens ?Cette saison, les Seventise ont terminé champions de France à 7 à Montpellier et ont reçu 5000 euros de la part de la Fédération. Un résultat qui a forcément remis au goût du jour cette idée d'un tournoi hors-Europe pour les membres du bureau, qui ont validé ce voyage au Kenya peu de temps après. « On s'est dit que c'était le meilleur tournoi à faire », explique Alexandre Rousset, co-fondateur de l'association. « Surtout que l'événement avait été délocalisé pendant les attentats et qu'il revenait tout juste dans le stade de ses débuts, où l'engouement était bien plus présent. L'autre stade était certes un grand complexe pouvant accueillir jusqu'à 60 000 personnes, dans la banlieue de Nairobi, mais il sonnait creux puisque seulement 4 à 5 000 spectateurs s'y rendaient. De plus, si le niveau restait correct, ce tournoi avait tout de même perdu de son calibre international, puisque seules des équipes africaines y participaient. Là où nous avons joué, au RFUEA Ground, un stade plus petit et plus typique qui accueille plusieurs clubs de Nairobi, l'accès était beaucoup plus facile, donc la ferveur était forcément au rendez-vous. »
Le RFUEA Ground, berceau du rugby kényan à Nairobi.
Un tournoi intéressant donc, mais qui a malgré tout coûté 500 euros aux joueurs pour y participer. Même si les 5000 euros de la FFR, l'argent restant de la saison et le sponsoring ont permis de minimiser cette participation. « Les 500 euros correspondaient à une dotation et un forfait tout compris sur place : l'hôtel, la restauration et les activités », poursuit Alexandre. Pour ce qui est des joueurs, les Seventise ont avant tout voulu privilégier les participants à la saison 2019 et au titre de Champion de France. Ils étaient 10 au final, les 3 autres étant Luca Mignot et Josias Daoudou (tous deux membres des 7 Fantastics, les vice-champions de cette année), puis Dan Rowland (champion d'Angleterre avec les Ramblin Jesters).
Je suis allé tester pour vous...le rugby à 7 en Angleterre !Mais la principale satisfaction pour Alexandre, c'est que « tous les joueurs ont su être autonomes pour se libérer vis-à-vis de leur club ». Un élément qui peut bloquer en pleine saison (comme pendant la période estivale d'ailleurs) et qui nécessite parfois un certain combat pour ces associations.
Rugby à VII. Qui sont les South Sevens ?En ce qui concerne les South Sevens, Mathieu Selmi-Etienne et Florian Chevtchenko (les deux fondateurs) avaient participé au Papeete International Sevens il y a deux ans avec les Bleus Sevens. Depuis, ils rêvaient d'y retourner avec leur association qu'ils ont lancée l'année dernière. Un projet qui a pu se concrétiser notamment grâce à l'aide d'un contact sur place. « Nous avons un ami qui vit à Tahiti et que nous avons revu à l'occasion du Howard Hinton, car il était revenu en France pour voir sa famille. À ce moment-là, nous lui avons parlé de notre volonté de participer au Papeete Sevens et il a pris tous les papiers pour officialiser notre venue », révèle Florian. « Il nous a également beaucoup aidé par la suite pour trouver des sponsors et pour les billets d'avion. La compagnie Frenchbee nous a par exemple offert un billet et une réduction sur un autre. Sur place, la compagnie de catamaran Poe Charter nous a fait un prix pour la traversée et la Brasserie Cerevisia nous a également aidé financièrement ».
Aussitôt arrivés, les joueurs des South Sevens n'ont pas hésité à se jeter à l'eau.
Tant d'efforts qui n'ont malheureusement pas suffi à baisser le prix pour les participants en dessous de 1100 euros. « Sur place, tout était géré. Mais nous ne pouvions pas payer les billets d'avion pour tout le monde, c'était impossible. Malgré tout, 1100 euros aujourd'hui pour passer une semaine à Tahiti, c'est donné ! Surtout que le logement et la nourriture étaient payés par l'organisation de l'événement », se défend Florian. Un prix qui n'a pas découragé les candidats qui ont été nombreux à postuler pour cette aventure. Les membres du bureau des South Sevens se sont vus dans l'obligation d'effectuer une sélection.
Des tournois alléchants
Le Kenya, l'Afrique du Sud, la Russie ou encore l'Espagne, voilà ce qui attendait les Seventise à Nairobi. À quelques semaines du début du circuit mondial version 2019-2020, les sélections nationales sont en pleine préparation et disputent régulièrement ce genre de tournoi. Pas étonnant donc que tout soit organisé sur place comme un tournoi des World Series, et les Seventise ont eu la chance de pouvoir profiter de cette ambiance, comme le dévoile Alexandre :
Nous avons été pris en charge dès notre arrivée comme une équipe de World Series, par une agente de liaison, jusqu'au lundi matin, moment de départ des équipes. Sur place, nous avions également deux agents de sécurité qui étaient tout le temps avec nous qu'on appelait Bob Marley et Will Smith. En plus de ça, on était aussi escorté par le meilleur ami de Teddy, Elly Mugah, qui était quelqu'un de vraiment sympa et notre « gars sûr » du séjour. Il faut dire que Teddy a tout fait pour qu'il n'y ait aucun risque pour nous. On était la seule équipe avec les Blitzboks (Afrique du Sud) a avoir des agents de sécurité présents 24h/24 avec nous. Lorsqu'on se rendait au tournoi, il y avait des camions militaires qui escortaient les équipes à chaque fois.
À l'image des World Series, une photo des capitaines a également eu lieu et Max Blanc s'est retrouvé avec son maillot bariolé aux côtés de stars du 7 comme Amonde (Kenya), Oluoch (Kenya) ou Sowizwapi (Afrique du Sud). Je pense d'ailleurs que ça serait quelque chose à faire sur les tournois français, ça pourrait être très sympa. Après la photo des capitaines, il y avait également le cocktail d'accueil pour le staff où on a pu échanger avec des membres de la fédération kényane. Pendant ce temps-là, à l'hôtel, les joueurs dînaient et il se trouve que c'était l'anniversaire de Collins Injera (deuxième meilleur marqueur de l'histoire des World Series). Tout le monde lui a fait la fête c'était un moment vraiment sympa.
Maxence Blanc (deuxième en partant de la gauche), lors de la photo des capitaines.
Mais après la fête, place au tournoi pour les Seventise ! Une poule composée du Zimbabwe, de l'Espagne et de KCB (champion du Kenya à 7, mais privé de ses internationaux), et un trois sur trois réalisé pour le grand bonheur du staff, malgré les conditions climatiques désastreuses. Malheureusement, les choses vont se compliquer par la suite, comme le souligne Alexandre :
Le deuxième jour, on croisait avec la poule de l'Afrique du Sud, de Kenya B et de l'Ouganda. Dans cette poule, le Kenya B doit battre l'Afrique du Sud, mais alors qu'un de leurs joueurs célébrait dans l'en-but, il s'est fait reprendre et a commis un en-avant. Sur la dernière action, l'Afrique du Sud l'a alors emporté. Ces deux équipes se font ensuite accrocher par l'Ouganda mais gagnent.
De notre côté, on voulait aller le plus loin possible donc on s'est dit qu'il ne fallait pas jouer l'Afrique du Sud. Tout s'est alors bien déroulé puisque nous terminons premiers, comme les Blitzboks. Il faut dire que sur notre notre façon d'aborder les matchs, on était comme une équipe professionnelle. Teddy nous a fait faire beaucoup de séances vidéos, il y avait beaucoup de concentration, on corrigeait tous les détails. C'était très poussé.
On a donc préparé très sérieusement notre match contre Kenya Morans qui était l'équipe du Kenya B. On savait qu'il y avait deux joueurs à surveiller, Jeffrey Oluoch et Vincent Onyala, mais malgré tout, ces deux joueurs nous ont fait très mal. On perd ce match assez logiquement, on prend deux essais en première période sur des erreurs de plaquages car physiquement, c'était très costaud. On marque juste avant la mi-temps, mais nous n'arrivons pas à remonter au score ensuite. Au final, on termine à 24-7 et il n'y a pas photo sur le match.
Le Kenya B remporte le tournoi par la suite en écrasant les Sud-Africains dans une ambiance phénoménale aux dires d'Alexandre. Les Seventise, de leur côté, remportent la Plate (5eme place) en battant les Red Wailers et les Samurais, une dernière équipe notamment composée de deux Français, anciens internationaux universitaires : Pierre Pérès et Nicolas Pouplot. Pour couronner le tout, Matthieu Delcourt, demi de mêlée des Seventise, termine dans l'équipe-type du tournoi. Découvrez le résumé de leur aventure ci-dessous :
Crédit vidéo : Seventise.
Pendant ce temps-là, à Tahiti, les South Sevens font également bonne figure en se hissant en demi-finales. Dans un tournoi de niveau inférieur certes, mais qui aurait dû être relativement élevé malgré tout. Des équipes de Nouvelle-Zélande, d'Argentine, des États-Unis ou encore d'Hawaï étaient censées participer, mais des problèmes ont eu lieu avec la société d'organisation, réduisant le nombre d'équipes à 8. Ce qui n'a pas rendu le tournoi moins intéressant selon Florian, qui a tout de même en travers de la gorge la défaite de son équipe en demi-finale :
On regrette forcément cette demi-finale qu'on perd de peu. Il faut dire que l'arbitrage n'était pas terrible sur place, il y avait très peu d'arbitres expérimentés. Le seul bon c'était Dereck Summers, un Américain. Les autres arbitres originaires de l'île sifflaient tout et n'importe quoi, on ne comprenait pas toujours. On perd donc en demies contre le Rugby Club de Pire 17 à 12, alors que l'on mène 12-0 à la mi-temps. On prend ensuite deux essais en deux minutes et ça nous met dans le dur.
Les South Sevens s'inclinent ensuite en finale de Plate face à Arue, mais c'est un résultat malgré tout encourageant pour cette jeune association, d'autant que les conditions climatiques (30-35 degrés le samedi) ont été difficiles à assimiler. Même si, comme le rajoute Florian, les joueurs se sont très bien préparés. « Nous nous entraînions tôt le matin (6h-6h30) et en fin de journée après les activités. » Le trophée est finalement revenu à Matamu'a, une équipe originaire de l'île de Pâques. Pour voir le résumé du tournoi des South Sevens, c'est par là :
Un voyage rempli de souvenirs
Si l'objectif prioritaire des deux associations était de bien figurer sur ces tournois, il était aussi important pour les participants de profiter de la vie sur place. Des excursions ont ainsi été organisées, avec l'aide des responsables du tournoi et des contacts des deux formations, pour que les joueurs et entraîneurs profitent des cultures locales. Les Seventise ont ainsi pu se rendre à la rencontre des animaux africains, puisqu'ils ont visité un orphelinat de girafes, un cimetière d'éléphants et ont effectué un traditionnel safari dans la savane au National Park (voir dans la vidéo plus haut).
De leur côté, les South Sevens n'ont pas perdu de temps non plus, puisqu'aussitôt arrivés le lundi 15 octobre, ils ont pris le bateau pour aller nager avec les raies et les requins. Catamaran, marchés et même tatouages pour certains ont ensuite rythmé le séjour, qui a pris fin le dimanche par un tour de l'île en guise de récupération de la soirée, qui s'est terminée tard dans la nuit sur le marché à manger du cochon grillé avant de rentrer en ventriglisse à l'hôtel...
Les South Sevens ont pu profiter des richesses de Tahiti et partir à la rencontre de la population locale comme ici à l'école de Tipaerui.
Ces tournois à l'étranger sont aujourd'hui une aventure inoubliable pour tous les participants et les associations, qui sont de plus en plus à vouloir tenter l'expérience. Il n'est en revanche pas nécessairement obligé d'aller au bout du monde, puisqu'en Europe, aujourd'hui, chaque pays quasiment organise un tournoi de rugby à 7 international. Les Seventise ont par exemple en tête de retenter Amsterdam et Bournemouth, des tournois qu'ils ont déjà gagnés auparavant, mais hésitent également à se lancer vers Kinsale en Irlande ou encore Middlesex et Bury St-Edmunds en Angleterre. Les South Sevens, après avoir participé à Dubaï en décembre, se lanceront sûrement à l'assaut de Prague, voire de Copenhague. Ils participeront également à la deuxième édition du Rugby European Sevens Series, qui tente de répondre à cette demande de tournois de la part des associations. Ayant débuté à 3 étapes en 2019, il aura lieu sur 6 dates pendant la saison 2019-2020 : Montpellier (23 novembre 2019-Winter Sevens), Melrose (11-12 avril 2020-Melrose Sevens), Paris (20-21 juin 2020-JC Technique Paris Sevens), Bruxelles (27-28 juin 2020-Brussels Sevens), Bern (4 juillet 2020-Bern City Sevens) et Prague (18-19 juillet 2020-Praha Sevens).
En attendant, félicitations aux deux associations qui ont relevé le défi d'aller exporter le sevens français à travers le monde !
Seventise :
MAKAIA Florian : Seventise
GUIBORAT Michel : Seventise
INSARDI Valentin : Illkirch (Fédérale 3)
LAMBERT Nicolas : Gennevilliers (Fédérale 2)
CHAUMONT Aurélien : Colomiers (Espoirs)
DELCOURT Matthieu : Drancy (Fédérale 1)
LARRIBE Noé : Saint-Céré (Honneur)
MIGNOT Luca : Bath University - 7 Fantastics
LAUFER Benjamin : Gennevilliers (Fédérale 2)
BLANC Maxence : Bassin d’Arcachon ( Fédérale 1)
ROWLAND Dan : Esher (Nationale League 2 South)
CHALOPIN Pierre : Limoges (Fédérale 2)
DAOUDOU Josias : 7 Fantastics
South Sevens :
CHEVTCHENKO Florian : Rugby Olympique Agathois (Fédérale 2)
DUQUESNE Victorien : Durance Luberon Verdon XV (2ème série)
PANIER Jean-Baptiste : Durance Luberon Verdon XV (2ème série)
NARBONNE Axel : Durance Luberon Verdon XV (2ème série)
SELMI-ETIENNE Mathieu : Durance Luberon Verdon XV (2ème série)
ROBINO Jonas : Durance Luberon Verdon XV (2ème série)
KRYSTOFINSKI Thomas : Durance Luberon Verdon XV (2ème série)
HERISSE Benoît : Durance Luberon Verdon XV (2ème série)
FABRE Alexis : SMUC Marseille (Honneur)
GONZALEZ Alexandre : SMUC Marseille (Honneur)
FENOLL Adrien : Cavaillon (Fédérale 3)
DE OLIVEIRA Thomas : GAP (1ère série)
lelinzhou
Sympa !
Un riz savant scie
Pourquoi on parle du Sevens pour parler du 7 ? Est-ce qu'on appelle le XV Rugby Union ?