Mayol, ce temple si particulier du rugby français
Le décor est planté. Ce dimanche 13 avril, le Stade Toulousain débarque à Mayol pour défier Toulon en quart de finale de la Champions Cup. Un choc en rouge et noir, une affiche 9 étoiles, un parfum d’histoire… mais aussi un défi presque spirituel si l’on en croit Ugo Mola. Interrogé par L’Équipe, l’entraîneur toulousain a parfaitement résumé ce que représente ce déplacement pour ses joueurs : “Tout joueur de rugby français doit passer par ce petit chemin initiatique qui consiste à jouer à Mayol.” Un stade qui sent la légende, la sueur et les coups d’épaule virils.
Champions Cup. Toulon favori face à Toulouse ? Moscato dit oui, Parisse refroidit tout le mondeUgo Mola en parle avec émotion : “Moi, j'ai eu la chance d'y jouer très jeune avec la génération des années 1990. On y a joué un match de play-off à l'époque, c'était d'ailleurs la dernière d'Éric Champ, donc autant vous dire que c'était plus qu'hostile.” Mola sait qu’un passage à Mayol forge un joueur. Mais il prévient : certains Toulousains n’ont pas souvent eu l’occasion de goûter à cette atmosphère. Et ça, ça compte.
Toulon-Toulouse : plus qu’un simple quart de finale
L’enjeu sportif est énorme. Mais au-delà du résultat, c’est toute une histoire entre deux monstres du rugby hexagonal qui va ressurgir. Les générations se succèdent, mais Mayol reste Mayol.
Pierre Mignoni, manager du RCT, ne dit pas autre chose au Midi Olympique : “On s’est posé la question d’aller jouer au Vélodrome. Le président a décidé que l’on devait récompenser notre public. Notre public méritait de jouer Toulouse à Mayol.” Un choix fort, assumé. Car Mignoni le sait, évoluer au pied de la rade offre un supplément d’âme : “Jouer à Mayol nous donnera 5 % de plus face à Toulouse. J’insiste : l’environnement sera avec nous, mais ça ne nous fera pas gagner les matchs.”
Mayol, terrain hostile mais révélateur
Pour Ugo Mola, cette expérience collective sera un moment charnière pour son groupe : “Les mecs ne sont pas encore totalement prêts pour ce qu'ils vont vivre dimanche après-midi là-bas. Moi, je crois beaucoup à l'expérience collective. Et celle-là, je pense qu'ils ne l'ont encore jamais vécue.” Car le danger guette les visiteurs. Si Toulouse, pourtant en mode glouton cette saison, venait à “se prendre les pieds dans le tapis”, Ugo Mola le sait : “J'en connais qui boiront une bière tranquillement chez eux. On sait ça. On vit avec.” Un clin d'œil à la culture toulonnaise et à ses supporters capables de faire basculer un match à grands coups de chants et d’encouragements rugueux.
Mignoni et Mola, entre respect et malice
La joute sera aussi tactique entre deux techniciens qui se respectent mais ne se feront aucun cadeau. Mignoni l’a confirmé avec le sourire : “Je m’entends très bien avec Ugo. J’ai du respect pour lui, mais il n’y aura pas de cadeau (rires). Les managers se co-construisent dans la malice.” Au-delà des stratégies et des plans de jeu, les hommes forts de chaque camp comptent sur leurs leaders pour répondre au défi. Côté Toulon, on fait confiance aux cadres comme Serin et Ribbans. Côté Toulouse, l’absence de Dupont et Capuozzo ne fait pas trembler un effectif habitué à élever son niveau.
VIDÉO. Mais au fait, à quand remonte le dernier Toulon vs Toulouse dans un Mayol bouillant ?Cette affiche sent bon le rugby des années 80-90, celui des finales épiques et des duels de costauds. Mais elle est aussi un test grandeur nature pour un Stade Toulousain en quête de toujours mieux faire : “La défaite, l'échec, ça te fait aussi grandir et te permet d'évoluer ou d'innover”, rappelle Mola.
Quant à Toulon, le club varois sait qu’il faudra plus qu’une ambiance de feu pour faire tomber les Rouges et Noirs. Comme le dit Mignoni : “Mayol va nous offrir un supplément d’âme, mais ça serait mentir que de dire que ça suffira pour battre Toulouse.” Entre respect, rivalité et culture du combat, ce Toulon-Toulouse s’annonce brûlant. Une vraie plongée dans ce “chemin initiatique” cher à Ugo Mola. Une chose est sûre : ce quart de finale restera gravé dans les têtes… pour ceux qui auront eu la chance de le vivre.
potemkine09
Désolé, siffler perpétuellement l'adversaire, ce n'est pas ma vision du Rugby, c'est même un repoussoir.
lebonbernieCGunther
J'ai toujours eu du mal avec Toulon... et ça, depuis mes premières années rugby (70's, hé oui!). Un public hostile, agressif, à l'image de leur vindicatif pilou-pilou, un jeu massif et viandard, l'apothéose étant les années grande gueule Mourad-Laporte... Bref, tout ce que je détestais, loin du jeu et de l'ambiance conviviale que j'apprécie tant dans ce sport! Mais je dois reconnaître que depuis quelques temps, leur jeu s'est beaucoup aéré, jusqu'à devenir agréable et spectaculaire (j'aurais jamais cru écrire ça!). Bon... je vous rassure, amis toulousains, j'en suis pas au point de souhaiter leur victoire demain! Allez le Stade!
Jacques-Tati-en-EDF
Je suis d'accord avec le Toulon actuel. Mignoni "travaille bien" (même si j'ai des doutes sur sa capacité à gérer les grands matchs et en espérant que celui-là ne me donnera pas tort)
J'aimais bien l'époque Herrero malgré tout. C'était pas le jeu que j'aimais mais malgré tout il y avait une identité, rude, voire destructrice. Ils misaient beaucoup sur la peur et l'esprit guerrier. C'était aussi dans les années 80 et j'étais jeune, je ne savais pas trop non plus ce qu'il en était vraiment. Mais je me souviens d'une finale d'anthologie ST-RCT en 1985 avec Bonneval-Charvet au centre et Novès à l'aile et une passe magique de Maset... Par contre cet esprit a rapidement basculé dans une forme de flagornerie, d'esprit de domination mais sans partage effectif avec l'adversaire, dans le clinquant et le gain à tout prix. La période qui a suivie ... Laporte et consort ...
lebonbernieCGunther
Ah oui! C'est clair que Mourad aimait les bimbos! Et pour les années passées, refais-toi ça, c'est cadeau:
https://www.rugbyotop.com/video-cest-les-30-ans-de-la-plus-celebre-bagarre-du-rugby-francais-toulon-vs-begles/
Jacques-Tati-en-EDF
Et Laporte au milieu !! Trop drôle ...