L’uchronie est un genre littéraire où l’auteur réécrit l’Histoire, où il invente une trame alternative à celle qu’on connaît. L’idée est ici de mêler l'uchronie et le rugby, de faire comme si la première Coupe du Monde avait eu lieu en 1955 - et non en 1987 - puis d'écrire ce qu’auraient pu être ces compétitions en tenant compte des vrais résultats de l’époque.
La septième Coupe du monde de rugby présente deux nouveautés par rapport aux éditions précédentes.
D’abord, c’est la première fois que l’épreuve se déroule hors de ces terres de tradition (Europe, Océanie et Afrique du Sud). En effet, la 7e Coupe du Monde de rugby se déroule en Argentine. Ce choix est très controversé et beaucoup de voix se sont élevées pour protester contre cette attribution (le pays est mené par une junte militaire brutale). Malgré des appels au boycott émanant d’associations de défense des droits de l'Homme, le Board a finalement franchi le pas. L’Argentine peut compter sur les installations bâties pour le Mondial de football, organisé un an plus tôt sur son sol.
L’autre grande nouveauté est le nombre de participants : il y aura pour la première fois seize équipes inscrites dans cette Coupe du Monde. Les douze mêmes équipes ayant participé à la dernière Coupe du Monde sont rejointes par l’Italie, les Etats-Unis, le Japon et les Tonga. Rappelons que l’Afrique du Sud est toujours bannie des compétitions internationales à cause de l’apartheid.
Les seize équipes sont réparties en quatre chapeaux :
- Chapeau 1 : Galles, Nouvelle-Zélande, France, Irlande (les quatre demi-finalistes de la dernière coupe du Monde)
- Chapeau 2 : Ecosse, Angleterre, Roumanie, Australie (les quatre autres quarts-de-finalistes de l’édition précédente)
- Chapeau 3 : Rhodésie, Fidji, Canada, Argentine
- Chapeau 4 : Italie, Etats-Unis, Japon, Tonga
Après tirage au sort, les quatre groupes sont constitués :
- A : Galles, Angleterre, Rhodésie, Japon
- B : Irlande, Ecosse, Argentine, Italie
- C : Nouvelle-Zélande, Australie, Fidji, Etats-Unis
- D : France, Roumanie, Canada, Tonga
La poule A se joue à Rosario et est dominée par le Pays de Galles. Le tenant du titre enquille trois victoires : 42-3 face au Japon, 12-6 contre les Anglais et 20-6 contre la Rhodésie. La Rose termine à la seconde place après avoir triomphé de la Rhodésie (18-9) et du Japon (39-0). Dans le match pour la troisième place, la Rhodésie prend le meilleur sur les Nippons (22-10).
Buenos Aires accueille la poule B et d’entrée, dans une ambiance digne du carnaval, l’Écosse — lanterne rouge des deux derniers Tournois— perd contre les Pumas (3-18) ! Contre l’Irlande, l’Argentine est à deux doigts de réitérer son exploit : la botte d’Hugo Porta continue de faire des ravages mais grâce à un ultime sursaut d’orgueil, le XV du Trèfle récupère le match nul (15-15). L’Écosse est définitivement écartée quand elle s’incline face à l’Irlande (6-9). C’est la première surprise de la compétition. Quant à l’Italie, pour son baptême du feu, elle perd ses trois matchs : 3-21 face à l’Irlande, 8-18 contre l’Écosse et 5-23 face à l’Argentine. L’Argentine et l’Irlande finissent respectivement première et deuxième et passent en quarts de finale. C’est une première pour les Pumas !
La poule C se joue à Mendoza. L’Australie signe la seconde surprise de la compétition en battant les All Blacks dès le premier match (12-10). Ceux-ci restaient sur deux défaites face à leurs voisins océaniens qui enchaînent donc une troisième victoire contre leurs rivaux néo-zélandais ! Les deux géants du Sud s’imposent face aux autres équipes de la poule, Fidji et Etats-Unis, mais c’est bien l’Australie qui devance la Nouvelle-Zélande au classement. Les Fidjiens battent les Américains pour l’honneur (13-6).
Les matchs de la poule D se déroulent à Cordoba. La France assume son statut de favori en s’imposant trois fois sans trembler : contre la Roumanie (15-6), le Canada (21-7) et les Tonga (23-8). Pour la deuxième place, les Roumains doivent batailler dur et gagnent difficilement leurs deux autres matchs : 5-0 face au Canada puis 10-8 contre les Tonga. Ces derniers prennent le meilleur sur les Canucks qui finissent derniers de cette poule D.
Les quarts-de-finale accouchent des affiches suivantes :
Argentine – Roumanie ; Australie – Irlande ; Galles –Nouvelle Zélande ; France – Angleterre
Dans le premier match, poussée par plus de 75 000 supporters entassés dans l’Estadio Monumental de Buenos Aires, l’Argentine ne fait qu’une bouchée de la Roumanie (23-9). Les Pumas passent en demi-finale !
Lors du second quart de finale à Rosario, l’Australie et l’Irlande produisent un match offensif et font jeu égal pendant près de soixante-dix minutes. Les Wallabies prennent le dessus en fin de partie (27-24) et rejoignent le dernier carré.
Le Pays de Galles et la Nouvelle-Zélande s’affrontent à Mar del Plata. Il s’agit de la revanche de la finale de la dernière Coupe du Monde. Emmenés par son capitaine emblématique, JPR Williams, les Gallois réitèrent leur exploit de 1975 et éliminent le géant sudiste (16-11).
Enfin, à Cordoba, le choc entre la France et l’Angleterre tient toutes ses promesses. Le combat est rugueux et au bout des quatre-vingts minutes, les Bleus s’imposent sur la plus petite des marges : 9-8 grâce à trois pénalités de Jean-Michel Aguirre.
En demi-finales, on retrouve donc une équipe océanienne (Australie), une sud-américaine (Argentine) et deux européenne (Galles et France).
La première demi-finale voit s’opposer les Pumas et les Wallabies. Les premiers ont l’avantage de jouer à domicile devant un public chaud bouillant. La partie est très serrée et à la pause, les deux équipes sont au coude-à-coude (6-6). En seconde période, une décision litigieuse de l’arbitre et le génie d’Hugo Porta permettent à l’Argentine de prendre le dessus et de gagner la rencontre (15-9). Les Pumas sont en finale !
Dans l’autre demi-finale, la France et le Pays de Galles se livrent un duel épique, prenant tour à tour l’avantage. La France mène grâce à un essai d’Alain Caussade. Gareth Davies lui répond trois minutes après. La suite est une lutte de buteurs mais c’est le capitaine des Bleus, Jean-Pierre Rives, qui finit par donner la victoire à la France (20-15).
La finale de la 7e Coupe du Monde propose une affiche inédite. D’un côté, on retrouve la France, grande puissance européenne, qui a réussi un Grand Chelem mythique lors du Tournoi 1977 et vaincu les All Blacks pour la première fois sur leurs terres en juillet dernier. Les Bleus faisaient partie des favoris et ont répondu présent pour cette compétition.
De l’autre côté, l’Argentine apparaît comme une novice, mais à bien y regarder, sa présence en finale est assez logique. Pour arriver là, les Pumas se sont appuyés sur un joueur de génie (Hugo Porta), étaient soutenus à domicile par un public de plus en plus bouillant et ont profité d’un tableau très favorable (une équipe d’Écosse très faible en phase de groupe, une Roumanie quelconque en quarts et une Australie capable du meilleur comme du pire en demi-finale).
Le dernier match entre la France et l'Argentine s’est soldé par un match nul : 18-18 en 1977 à Buenos Aires. Les hommes de Rives prennent donc très au sérieux cet adversaire qui s’annonce coriace, surtout devant son public.
Dans un Estadio Monumental plein comme un œuf et où pleuvent les papelitos comme un an auparavant lors de la finale du Mundial de football 1978, la France et l’Argentine s’affrontent pour le titre mondial.
À la onzième minute, Jérôme Gallion marque le premier essai de la partie avant que Jean-Michel Aguirre ne passe la transformation et deux pénalités. L’ Argentine réduit le score par un essai de Marcelo Loffreda. A la pause, la France mène 12-4. La seconde période est du même acabit : les Bleus enfoncent le clou et ne sont jamais inquiétés. Les Pumas ne supportent pas la supériorité française et plusieurs échauffourées éclatent. Au final, les Tricolores l’emportent 22-7 et sont sacrés champions du monde pour la première fois !
Jean-Pierre Rives brandit le trophée devant des gradins à moitié vides...
Le bilan de cette 7e Coupe du Monde est mitigé. Au rayon des points positifs, la formule à seize équipes a donné pleine satisfaction et le parcours de l’Argentine à domicile a apporté un vent de nouveauté et de fraîcheur à la compétition. Peut-être peut-on regretter plusieurs rencontres qui se sont déroulées devant des publics clairsemés.
Palmarès : 1955 : Afrique du Sud ; 1959 : Afrique du Sud ; 1963 : Nouvelle-Zélande ; 1967 : Nouvelle-Zélande ; 1971 : Nouvelle-Zélande ; 1975 : Galles 1979 : France
breiz93
Qu'est ce que j'aurai aimé voir "Casque d'or" brandir la coupe...
@GAROU, n'en veux pas à ces jeunes qui n'ont pas connu l'essai à 3 puis à 4 points. Ils ont aussi raté l'en avant dans les mains !
Ahma
Et le hacking, tu te souviens ? C'était le bon temps, on ne retrouvera jamais ça.
breiz93
Et la soule, hein!
Et ce n'était pas la copine à Dudule qui ne tenait pas le Kir...
Ahma
La soule n'a pas disparu, ça s'appelle troisième mi-temps.
Hooligan
Faux. La Soule s'appelle le Ministère à présent.
Comprenne qui pourra.
Ahma
J'étais lamentablement ignorant de ce point d'Histoire pourtant essentiel (bon, je n'ai jamais vécu à moins de 600 km de Toulouse, mais ça n'excuse pas mon inculture). Merci de m'avoir éclairé.
lelinzhou
Z'ont aussi raté le drop à 5 points ( 1890) puis à 4 points (1906).
Non, pas la peine de pondre la vanne qui te vient, je n'étais pas encore né en 1906 !
breiz93
Non mais les gonades de ton père ont de la mémoire.
Flowy
@Garou c'bien vrai, surtout qu'il y a 12-4 pour la France plus loin.
Par contre j'ai rarement vu des scores en poules de coupe du monde sans un match à 50 points.
Les défenses étaient déja en place en 79 visiblement
Garou-gorille
Comme aurait écrit le Canard Enchaîné :
"Pan sur le bec !"
Sauf erreur de ma part, nous sommes donc en 1979, l'essai est à 4 points et interdit mathématiquement un score égal à 5 ! Voir Italie - Argentine et Roumanie - Canada.
Sinon, l'exercice est intéressant et insolite...mais on ne refait pas l'histoire !
NB: l'erreur de score dans la rubrique uchronie se repète : attention au marron la prochaine fois !
lelinzhou
J'avais complètement oublié, p... d'Alzheimer ! J'avais confondu avec 1998 où on avait perdu la CdM de foot devant le Brésil.
Merci de ce rappel.
Yonolan
Si on en est à refaire l'histoire pour pouvoir gagner...
Sinon plutôt sympa
Ahma
En 79 il était plus facile de gagner la Coupe du monde que le Tournoi des 6 nations.
MARCFANXV
C'est certain, impossible à gagner le 6 nations.
Ahma
Bravo.
Bachibouzouk
Comme si on y était...
Rémi teLamettra
Concept sympa, lecture plaisante, tout le monde apprécie qq'part la science fiction.
Sauf que malheureusement pour que le xv de France gagne une CdM on est bien obligé de passer par la science fiction !