D'après une étude, ''les lésions cérébrales seraient plus importantes chez les femmes que chez les hommes''
Le rugby féminin, plus dangereux que son homologue masculin ?
RugbyPass a dévoilé une enquête selon laquelle les dommages cérébraux causés par la violence des chocs seraient plus important sur la durée chez les femmes.

Toutes les analyses statistiques dans le rugby sont nécessaires pour nous informer mais elles commencent très sérieusement à faire flipper. Après que la nouvelle d’une attaque de World Rugby et des Fédérations anglaise et galloise par une centaine d’anciens pro a secoué le monde de l’ovalie il y a deux semaines, les alertes continuent de tomber. Dans une enquête aussi détaillée qu’alarmante, RugbyPass livre une expertise sur le rugby féminin qui fait froid dans le dos.

D’après ses intervenants, « les lésions cérébrales à long terme sont probablement un problème beaucoup plus important chez les femmes que chez les hommes ». Pour appuyer son enquête, le média anglophone s’est longuement entretenu avec le Docteur Elisabeth Williams, maître de conférences en biomécanique médico-légale et chercheuse à l’université de Swansea. Également principal référent sur les commotions cérébrales dans le rugby masculin et féminin. L’année dernière, le Dr Williams a commencé à suivre les blessures à la tête dans les syndicats de rugby en équipant les équipes premières masculines et féminines de l’Université de Swansea de capteurs.

Et ce qu’elle y a découvert laisse peu de place à l’interprétation pour les rugbywoman. Si le rugby professionnel masculin comporte évidemment de plus en plus de risques directs et latents du fait de l’accroissement de la violence des chocs, c’est peut-être pire encore pour le sexe opposé. « Concernant les plaquages, les impacts ne sont pas aussi durs chez les hommes », explique le Docteur Williams. « Ce que nous voyons en revanche, ce sont des coups du lapin bien plus importants lors des impacts de la tête avec les genoux et de la tête avec le sol. (…) La première fois que j'ai vu à quel point (les impacts subis par les femmes) étaient durs et sans aucun contrôle de sa tête, mon sang s’est glacé. »

Renforcer son cou

Ces observations ont pourtant une explication assez évidente : au niveau professionnel, les forces du bas du corps entre les hommes et les femmes sont assez proches, mais celles du haut du corps seraient «trois ou quatre fois supérieures » pour la gente masculine d’après Elisabeth Williams. « Quand nous regardons tous les résultats que nous avons obtenus, la force du cou des femmes est considérablement inférieure à celle des hommes dans tous les sports et à tous les niveaux du jeu. (…) Même en regardant jouer les Black Ferns en Angleterre, vous pouvez voir que les meilleures femmes du monde ont cette tendance pour ce mouvement de coup du lapin. Moins que les femmes universitaires, beaucoup moins, mais elles n’ont quand même pas le contrôle de leurs têtes lors des chocs. Les Néo-Zélandaises sont géniales mais je ne sais pas si la force de leur cou serait ne serait-ce qu’égale à celle de nos hommes universitaires. »

Au vrai, cela s’explique donc - entre autres - par le fait que le cou des hommes est beaucoup plus musclé que celui des femmes et donc plus à même de recevoir des chocs importants. Au niveau professionnel, notamment pour les premières lignes, la musculation des cervicales est une étape indispensable à la sécurité des joueurs et si l’on rigole souvent de garçons comme Samson Lee ou Camille Chat en disant « qu’ils n’ont pas de cou », c’est justement leurs ultra-imposants trapèzes qui leurs permettent d’encaisser de telles pressions en mêlée et dans le jeu sans broncher.

Leurs têtes étant moins soutenues, les femmes sont-elles alors plus sujettes aux commotions cérébrales que les hommes ? "Absolument, elles le sont", dégainait le Docteur Williams en hochant la tête avec fureur pour RugbyPass. D’autant qu’une étude réalisée en 2018 par Katherine Snedaker (une des principales chercheuses sur les commotions cérébrales dans le sport féminin) révélait que les axones du cerveau féminin sont en général beaucoup plus fragiles que celles de leurs homologues masculins. « Ce n'est pas seulement une recherche importante sur le rugby, cela explique également pourquoi les femmes sont 17% plus susceptibles de mourir dans des accidents de voiture que les hommes", poursuit le Docteur Williams.

Quelles évolutions possibles ?

Néanmoins, certains axes d’évolution sont possibles car la force du cou peut-être renforcée, et c’est ce qui donne de l’espoir au principal intervenant de ce papier. « Il est possible de s'entraîner. C’est une excellente nouvelle mais le plus dur est juste d’obtenir l’adhésion des femmes qui ne veulent pas ressembler à Hulk. » L'équipe féminine d'Angleterre utilise d’ailleurs la musculation du plateau cervival depuis 2014 afin d’améliorer la stabilité du cou de ses joueuses. Certains clubs de la première division anglaise l’ont également adopté en se servant de bandes d'exercice pour améliorer la force de leur cou et, espérons-le, prévenir les commotions cérébrales.

Et puis, le rugby de l’élite féminine n’est pas encore professionnel partout ou ne l’est pas depuis longtemps et des perspectives encourageantes se fraient donc un chemin au milieu de cette recherche pour le moins effrayante. « Tant que le rugby féminin d’élite ne sera pas professionnel, les femmes souffriront aussi d’un manque de temps de récupération, ce qui, nous le savons, a un impact sur les lésions cérébrales plus tard dans la vie », prévient Elisabeth Williams.

Reste donc à World Rugby et aux organes directeurs concernés d’approfondir d’urgence la recherche et la sensibilisation, d’apporter des modifications au jeu féminin également et enfin de peut-être obliger un renforcement au niveau du rachis cervical à partir d’un certain niveau. Il en va de la santé de ses élégantes représentantes.

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  • gjc
    14886 points
  • il y a 3 ans

inquiétant
à tempérer par le fait que les commotions sont environ 3 fois moins fréquentes dans le rugby féminin, selon la même étude de la fédé anglaise
il y a plus d'évitement dans le rugby féminin et ça reste la piste principale pour réduire le risque de blessure grave chez les hommes comme chez les femmes

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