DOSSIER. XV de France : les mots sur les maux des Bleus
Retour sur l'origine du mal du XV de France.
Pourquoi le XV de France va-t-il si mal ? Retour sur dix dernières années qui ont modifié le statut des Bleus sur la scène internationale.

Ce qu’il y a de bien avec le XV de France (si, si !) c’est qu’il nous facilite la tâche. En faisant match nul, les Bleus ont fait écho à leur niveau de jeu durant cette tournée de novembre 2017. Oui, l’équipe de France est nulle. Elle l’est même depuis un moment. Soyons honnêtes deux minutes : on l’a tous vu venir, ce déclin. Si Philippe Saint-André l’a longtemps symbolisé, si Guy Novès et ses joueurs l’incarnent aujourd’hui, les maux ne sont pas apparus un soir d’automne à la U Arena quand un XV de France autrefois candidat au titre mondial s’est montré incapable de battre une nation du Tier 2 à domicile, aussi talentueuse et rafraîchissante soit-elle.

Mais alors, d’où viennent ces maux, et pourquoi sont-ils apparus ? Ouvrons le dossier qui traite de l’évolution du rugby professionnel depuis dix ans et ne concerne donc pas l’éternel débat sur la formation, serpent de mer du rugby français. Qu’il faudra (aussi) régler, un jour…

L’après 2011 et la fin d’une génération dorée

  • Un titre de vice-champion du monde en trompe l’oeil

À quand remonte la dernière contre-performance des Bleus face à une nation du Tier 2 ? Au 1er octobre 2011, et cette défaite face aux Tonga 19 à 14, au premier tour de la Coupe du monde. Problème : les Tricolores iront jusqu’en finale de la compétition. Un titre de vice-champion du monde, certes, mais surtout l’arbre qui cache alors la forêt. En Nouvelle-Zélande, les Bleus éliminent l’une des pires équipes anglaises de l’histoire en ¼, battent le Pays de Galles vite réduit à 14 en ½, avant de s’incliner en finale. La bande de Marc Lièvremont méritait de l’emporter face aux All Blacks ? Oui, mais pas de soulever le trophée Webb-Ellis sur l’ensemble du tournoi.

Cette Coupe du monde 2011, c’est aussi la dernière grande compétition d’une génération dorée, celle des Yachvili, Servat, Harinordoquy, Nallet, Bonnaire, Rougerie, Clerc. Si on y ajoute Jauzion (non sélectionné) et le duo Mas-Dusautoir (qui ira jusqu’en 2015), on compte plusieurs majeurs ayant incarné la réussite du rugby tricolore dans les années 2000. Tous auraient pu figurer dans une équipe-type internationale, sorte de XV Mondial composé des meilleurs joueurs de la planète. Quel Français, à l’heure actuelle, pourrait y figurer ? Et ce, depuis 2012 ?

  • Une génération dorée… à l’éclosion facilitée

Au-delà de l’expression bateau, pourquoi cette finale de 2011 est-elle l’arbre qui cache la forêt ? Parce que cette fameuse génération qui a remporté cinq fois le 6 Nations (dernier sacre en 2010) a été la dernière à pouvoir éclore sereinement dans le rugby français. Une époque où le rugby professionnel est encore très jeune, et les étrangers encore peu présents dans le championnat de France. Les étrangers… Un problème pointé du doigt depuis presque dix ans, dont les conséquences se font aujourd’hui ressentir. En 2011, le mal était déjà fait.

Il y a dix ans, les équipe de Top 14 - et de Pro D2 pour les cas du RCT et du Racing 92 - ont commencé une véritable course à l’armement. Tout le monde sait ce qu’il s’est passé depuis : les jeunes Français, sauf exception, ne jouent pas ou pas assez. Qui pourrait affirmer qu’un Vincent Clerc ne serait pas barré par un Fidjien ou un All Black à deux sélections s’il devait débuter sa carrière en 2017 ? Qui pourrait affirmer qu’un Vincent Clerc ne se retrouverait pas en Fédérale 1 à la recherche de temps de jeu ? Les Bleus auraient loupé un sacré joueur… et les Bleus en loupent certainement beaucoup depuis quelques saisons.

  • Trop de concurrence pour la génération actuelle… ou pas assez ?

Aujourd’hui, il suffit à un jeune d’enchaîner deux bons matchs pour qu’on l’envoie médiatiquement en équipe de France. Vrai ou faux ? Reprenons l’exemple de Vincent Clerc. Si on grossit volontairement le trait, on peut considérer qu’au début de sa carrière, le Toulousain affrontait chaque week-end un potentiel concurrent chez les Bleus. Une concurrence qui sublime, en plus de celle existante au club, où l’ailier devait déjà gagner sa place face à Heymans, Garbajosa, Jeanjean, puis à Thomas ou Médard ensuite.

Le seul poste où la France n’a pas de problème de réservoir, est celui de demi de mêlée. Pas un hasard : dans la culture française, le n°9 est le patron - dans les pays anglo-saxons, c’est le n°10 - et très peu d’étrangers ont été recrutés à ce poste. Les clubs utilisent majoritairement des Tricolores à la mêlée, ces derniers s’affrontent chaque week-end et les Bleus se retrouvent avec une dizaine de joueurs pouvant prétendre au niveau international. Preuve qu’il y a du talent en France, et qu’il suffit de le laisser s’exprimer… A contrario, la faiblesse de nos piliers droits ou de nos ailiers s’expliquent par le grand nombre de Sud-Africains, Géorgiens ou Fidjiens en Top 14, qui ont barré des potentiels internationaux aujourd’hui en Pro D2 ou en Fédérale. Où le niveau augmente de saison en saison, tiens tiens...

L’influence des clubs et l’hypocrisie JIFF

  • L’éternelle guerre LNR - FFR

C’est une certitude : en France, les clubs ont le pouvoir. Si on grossit là aussi le trait, le but des présidents de clubs est de gagner des trophées, et de l’argent. L’équipe de France ne leur apporte pas de sous. Alors, l’intérêt supérieur du rugby français… C’est le grand cheval de bataille de Bernard Laporte : rapprocher la Ligue et la Fédération. Laporte, un personnage capable d’aller au charbon mais un personnage trop clivant aux méthodes qui dérangent. Vous avez aimé la guéguerre que se livrent la FFR et la LNR depuis quelques mois ? Vous devriez être rapidement resservis.

  • Les JIFF, la vraie/fausse solution

La loi interdit de légiférer sur un nombre précis d’étrangers dans l’effectif d’un club. La LNR a donc contourné le problème en mettant en place les JIFF, censés faciliter la présence de jeunes Français formés dans l’Hexagone sur les feuilles de matchs. Or, il suffit de recruter un Fidjien de dix-huit ans, et de le mettre trois ans en convention dans ton centre de formation pour que celui-ci devienne JIFF… Un joueur peut donc être estampillé “formation française” tout en défendant le maillot d’une autre équipe nationale.

Les clubs n’appartenant pas à la Fédération (comme c’est le cas des provinces en Irlande ou des franchises en Nouvelle-Zélande), il est impossible de fixer des quotas et de limiter à sept (par exemple) le nombre de joueurs non sélectionnables avec la France présents dans l’effectif professionnel/espoir. Ce qui serait pourtant un début de réponse, concernant la place des étrangers dans le championnat de France : les clubs se limiteraient à recruter quelques stars capables d’apporter un plus et de transmettre aux jeunes, et ne feraient plus appel à des seconds couteaux. On règlerait aussi le fléau des jokers médicaux.

  • #LeMeilleurChampionnatDuMonde

Voilà un autre problème dont tout le monde a conscience. Le Top 14 est lent, ennuyeux et nous offre des matchs cadenassés. Peut-on en vouloir aux présidents ? Aux entraîneurs qui jouent leur tête et ferment le jeu, à de trop rares exceptions ? Le championnat de France ne prépare pas au niveau international où la vitesse prédomine. Toulon a bien gagné récemment la Coupe d’Europe à trois reprises, mais avec combien de joueurs sélectionnables sur la feuille de match ?

Un président préfèrera investir sur un Sud-Africain de 25 ans parfois moins cher qu’un jeune JIFF. Un entraîneur fera jouer ce même Sud-Africain car lui sera déjà prêt pour le haut niveau. Le Top 14 est serré, et le suspense souvent au rendez-vous. L’exigence de résultats au sein d’une compétition qui a explosé médiatiquement (là aussi depuis dix ans) a fait disparaître le reste.

L’évolution du jeu et le retard pris sur les autres nations

  • Copier à contre-temps avec PSA...

L’autre grand facteur du déclin, c’est ce rugby français, symbolisé par son équipe nationale, en retard sur l’évolution du jeu. On copie et on oublie de créer. Pendant l’ère Saint-André (2012-2015), place à un rugby physico-physique avec un jeu hyper stéréotypé et des golgoths sur le pré. Or, c’est un jeu qui avait permis à l’Angleterre (2003) et l’Afrique du Sud (2007) d’être championnes du monde… Les Bleus avait donc quatre à huit ans de retard.

Pourquoi avoir fait ça ? Philippe Saint-André n’a pas été un grand sélectionneur mais il a eu du succès en… Angleterre dans les années 2000 (tiens, tiens). Il s’est donc appuyé sur ce qu’il connaissait et n’a pas eu le bagage technique (ni le staff à ses côtés) pour faire évoluer le plan de jeu. Dommage : PSA  a eu sous ses ordres les derniers “grands anciens” du rugby français et aurait donc pu s’appuyer sur eux pour lancer la génération actuelle qui ne demandait qu’à jouer plutôt qu’à faire du wattbike.

  • … et Guy Novès

C’est Guy Novès qui devait être nommé en 2011, mais le Toulousain avait alors décliné la sélection. Aurait-il permis de limiter les dégâts en adoptant un rugby fait de vitesse et de passes ? C’est ce que l’actuel sélectionneur tente de faire depuis février 2016. Problème : c’est un système que tout le monde a adopté depuis 2012… Les autres nations ne nous ont pas attendus et jouent de cette manière depuis cinq ans, sont en confiance. Logique qu’elles soient meilleures que nous : elles sont tout simplement plus en place. Rajoutez le problème générationnel et la mauvaise dynamique de résultats depuis ce “titre” de vice-champion du monde et vous comprendrez pourquoi le XV de France bafouille. Les Bleus avaient coutume de s’appuyer sur une grosse mêlée et une ligne de ¾ joueuse. Qui pour isoler un point fort de l’actuelle équipe de France ?

  • Le sélectionneur seul responsable ?

Oui, Guy Novès a ses torts. Ses adjoints aussi. Pas épargné par les blessures, le groupe France a tout de même beaucoup (trop) évolué depuis l’arrivée du nouveau staff. Mais ce dernier ne peut être tenu seul responsable. Les joueurs ont aussi leurs torts. Mais les incriminer quand ils sont eux aussi victimes du système (étrangers, Top 14…) peut paraître malhonnête.

On revient à ce problème de génération : les joueurs lancés depuis 2010 et cette dernière victoire dans le 6 Nations n’ont jamais connu ce XV de France conquérant. Certes, les Bleus ont souvent été vus comme une équipe de coup et n’ont jamais gagné la Coupe du monde. Mais il faut aussi tenir compte de la difficulté de battre les Blacks. Et au moins, à l’époque, le 6 Nations revenait à Paris une fois sur deux. Les Huget, Picamoles, Guirado, Maestri, Trinh-Duc, Bastareaud ou Fofana, trentenaires, n’ont jamais incarné une équipe de France capable de renverser n’importe qui : ils resteront malgré eux la génération tremblante à l’idée de recevoir le Japon...

Des solutions ?

Sortir du cercle vicieux semble quasi-mission impossible, sachant que l’équipe de France n’a jamais été la meilleure équipe de la planète ©. Assainir les relations entre la LNR et la FFR serait un début, régler le problèmes des étrangers une promesse d’avenir. Mais les clubs le veulent-ils vraiment ?

Ensuite, suivre l’exemple anglais pourrait être une idée… mais ce serait à nouveau copier. On l’a dit plus haut, l’Angleterre était en-dessous de tout en 2011. Elle a depuis révolutionné son système, au nom du fameux intérêt supérieur de l’équipe nationale. Des jeunes joueurs à fort potentiel ont été lancés par Stuart Lancaster. Pas prêts pour 2015, ces jeunes forment aujourd’hui la base de l’équipe menée par Eddie Jones, qui n’a perdu qu’une seule fois depuis sa prise de fonction. Pour rappel, l’Australien est arrivé à la même période que Guy Novès...

En France, les pépites sont là, d’Antoine Dupont à Damian Penaud en passant par Camille Chat ou Baptiste Serin. Alors, faut-il les installer et viser 2023 plutôt que 2019 ? Faut-il changer de sélectionneur et faire appel à un étranger, comme ont su le faire l’Irlande, le Pays de Galles, l’Ecosse ou l’Angleterre ? À supposer qu’on révolutionne notre rugby pour accompagner ces pépites, il faudra de toute façon plusieurs années pour rattraper notre retard. En attendant, les Bleus iront en Nouvelle-Zélande cet été et aller en ¼ de finale du prochain Mondial signifiera battre le XV de la Rose ou l’Argentine dès le premier tour.

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  • coach03
    35073 points
  • il y a 6 ans

aujourd'hui les gamins ont tellement de choix pour s’éveiller qu'ils s'essaient un peu a tout ça passe du trampoline au foot du terrain à une salle douillette et aux manette du jeu vidéo, dans ma ville il y a tous es sports et on s’entrainent les mêmes jours que le foot et bien pour 10 nouveaux arrivants au foot nous avons un seul gamin qui vient au rugby, et certains sont poussés par les parents parce que trop turbulents et d'autres sont amener en garderie, c'est la mentalité des temps modernes, trop rare sont ceux qui insistent et pour certains ça va jusqu'au moment d"aller a la fac, pour changer en partie il faudrait des classes sport étude à partir du primaire plus nombreuses actuellement on en trouve une par département et encore.

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