Du Burkina Faso à Marcoussis, découvrez l'aventure inespérée de ces jeunes joueurs
Les Burkinabés ont pu rencontrer leurs idoles à Marcoussis.
Une équipe de jeunes joueurs burkinabés a participé au Paris World Games cet été, découvrez leur histoire grâce à Antoine Yameogo, joueur et bénévole.

Antoine Yameogo, passionné de rugby et des relations qui en découlent, nous parle de l’association Rugbyna Faso implantée au Burkina Faso depuis quelques années. Sous l’égide de Terres en mêlées, l’association ne cesse de multiplier les projets et actions dans des pays où le rugby n’a pas la place qu’il devrait avoir. Valeurs, entraide, solidarité sont les maîtres-mots de ce sport mais également ce qui guide la vie de tous les jours dans les pays concernés. Depuis la France, Antoine est informé de l'évolution grâce à un éducateur et étudiant burkinabé très actif sur place. Le sommeil avant la passion pour ce jeune burkinabé, Yacouba Konaté enchaîne très souvent son astreinte nocturne à l'hôpital avant d'animer les séances de rugby avec les enfants. 

Es-tu le porteur du projet ?

Je ne suis que le bénévole de l’association Terres en mêlées sur le projet au Burkina Faso : Rugbyna Faso. L’association est déjà présente au Togo, au Burkina Faso, Madagascar et Maroc. Pierre Gony, le fondateur, s’occupe du projet malgache puisque sa femme est de là-bas et Adrien Rebelot est le porteur du projet Rugbyna Faso. Mon autre mission est au sein de la Fédération. Même s’il n'est pas vraiment officiel, j’ai un poste un peu plus important. Je suis franco-burkinabé par mon père et je vais sur place depuis 2014. Je donne toujours un coup de main même si ce n’est pas par le biais de l’association pour un projet précis, que ce soit à l’orphelinat ou dans les villages où on a nos actions avec du matériel, des vêtements ou simplement passer quelques jours avec les enfants.

Ballon ovale, partage, solidarité : Rugbyna Faso continue son beau combatBallon ovale, partage, solidarité : Rugbyna Faso continue son beau combat

Où en est le projet depuis l’année dernière ?

Et bien, il continue ! On a de plus en plus d’enfants qui sont « labellisés » Rugbyna Faso, c’est-à-dire qui bénéficient de notre aide scolaire, alimentaire, ou vestimentaire. Je n’ai pas les chiffres en tête, mais ça progresse encore. En avril dernier, on est allé voir la Société Générale pour essayer d’avoir des fonds. Côté associatif ça progresse, lentement, comme un peu tout en Afrique malheureusement. Il y a de plus en plus de petits qui jouent au rugby et ça, c’est formidable ! Pour un passionné de rugby comme moi, ça fait toujours plaisir, surtout dans un pays qui n’est pas forcément très rugby à la base.

À l'écoute du coach.

Comment le Burkina Faso s’est retrouvé en France pour les Paris World Games ?

Le week-end du 7 et 8 juillet, l’équipe nationale à 7 du Burkina Faso est venue à Paris en effet. Du 1er au 8, ils ont passé la semaine pour un stage avant le tournoi avant de repartir le lundi. Il n’y avait que des joueurs locaux à part moi et on a fini 2e où on perd contre l’association Chab’s Sevens qui est dans le circuit élite français sur le score de 5 essais à 2, ce qui est loin d’être ridicule ! J’ai bossé depuis janvier dernier pour leur organiser leur séjour. Je suis en contact permanent avec la présidente, Rolande Boro, qui est également membre exécutif au bureau de Rugby Afrique. Elle se bouge bien pour que ça avance, comme le coach principal qui est Burkinabé.

Faire découvrir des conditions comme ça à des joueurs qui n'ont pas toujours 3 repas par jour est pour moi un grand bonheur et une grosse satisfaction personnelle. Pour eux, c'est une magnifique expérience qui dépasse le sport.

Quel était le staff ?

Quand les joueurs sont arrivés le dimanche soir, ils étaient déjà prêt physiquement. On a juste travaillé la technique et la tactique du coup. Pour ça j’ai composé un staff de qualité composé de Loïc Archer, qui propose des stages de techniques individuelles avec des joueurs pros via Rugbyperformance. Il a pris en main le côté stretching. Il y avait Fabien Dorey, talonneur de Rouen, qui est un passionné d’entraînements. Il passe ses diplômes cette année. Et puis surtout Aristide Barraud, qui a une histoire particulière, il est une des victimes des attentats de Paris. Il cherchait un projet humain où il pourrait dispenser ses compétences. Moi j’étais joueur, sachant que je devais assurer mon boulot la semaine également. Ils ont super bien encadré tout le monde et on s’entraînait 2 fois par jour : le matin et l’après-midi sur les terrains de Massy. Le club nous a gentiment mis à disposition les infrastructures : vidéos, terrain, matériel, club house, etc. Les joueurs dormaient à Bagneux, ma ville, dans un centre d’hébergement. L’adjoint au sport de la mairie nous a aidés, il a été mon coach depuis que j'ai 8 ans. Ce n’était pas trop cher comparé aux hôtels, la vie parisienne… J’ai réussi à me débrouiller en trouvant des compétences et de la logistique à moindre coup. La semaine nous a coûté environ 4000 euros, sachant que de vendredi matin jusqu’à leur départ, on a été à Marcoussis durant tout le tournoi.

Rugbyna Faso : le superbe projet d'Adrien et Kevin, entre ballon ovale et échange interculturelRugbyna Faso : le superbe projet d'Adrien et Kevin, entre ballon ovale et échange interculturel

Quelle est la recette des moins de 18 burkinabé pour réussir ?

Cheick Ouedraogo, l’entraîneur, fait un travail remarquable avec ces jeunes. L’été dernier, on fait 4e aux Jeux olympiques africain de la jeunesse à Alger contre des équipes comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, les trois pays du Maghreb, etc. On perd contre l’Afrique du Sud et la Namibie en demi-finale. Je crois qu’on est ceux qui ont pris le moins d’essai ! On perd finalement contre l’Île Maurice de Jean-Baptiste Gobelet de 4 essais à 2 seulement. Sachant qu’ils n'ont pas les mêmes moyens financiers que nous, c'était plus qu’honorable pour cette génération née entre 2000 et 2003. Cheick fait un travail de formation et de technique individuel impressionnant. Je lui avais déjà donné en amont ce qu’il fallait travailler et comment. Et tout ça sur place avec des conditions qu’on connaît tous. On est obligé de jouer sur des terrains de foot pour avoir de l’herbe vu qu’il fait en moyenne 39 degrés toute l’année, autant te dire que la pelouse pousse pas trop. Les mecs jouent sur la terre battue, c’était Roland-Garros toute l’année ! Leur courage est impressionnant, mais ils jouent surtout très bien.

"Si ce joueur était Fidjien, il serait déjà dans les petits papiers de grands clubs"

Alors ? C’est comment Marcoussis ?

C’était vraiment énorme. Même moi en temps que joueur français, je n’avais jamais pu dormir là-bas. Il a fallu que je vienne avec la sélection du Burkina pour y aller dormir. Évidemment, les gars étaient ravis ! 

Si vous souhaitez venir en aide, prendre des informations ou simplement apporter votre soutien à l'association Terres en Mêlées, c'est par ici !
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Je viens d'écouter une émission de radio qui retrace leur semaine à Paris ! Ça s'appelle Joue au rugby minot et c'est franchement bien fait !

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