Entre arbitrage et études, Julien Caulier a remporté le concours de jeune arbitre
Julien Caulier, premier au concours de jeune arbitre
Julien Caulier, 22 ans, a remporté le concours de jeune arbitre. Il nous parle de cette aventure, ses projets et la place de l'arbitre aujourd'hui.

Salut Julien, peux-tu m’expliquer en quoi consiste ce concours ?

Dans l’arbitrage, il y a plusieurs diplômes, de l’arbitre en cours de formation jusqu’au grade "Fédérale". Le concours de jeune arbitre est le test Fédérale pour les arbitres espoirs de moins de 21 ans lors de l’écrit. Les épreuves se passent sur deux années. La première année, c’est l’écrit de Fédérale avec des questions sur la règle, des fichiers à connaître par coeur, de l’administratif, etc. C’est le côté scolaire. L’année d’après, c’est l’oral de jeune arbitre. Les deux épreuves sont sur 100 points chacune et le gagnant est celui qui obtient la meilleure moyenne entre l’écrit et l’oral. Moi, je me suis situé en 5e position au niveau de l’écrit et premier à l’oral, ce qui m’a permis d’être premier au concours général. 

Julien, au plus près de l'action (crédit : Léa E Photographies)

Comment tu as connu ce concours ?

Premièrement, ce n'est pas nous arbitre qui décidons de faire ce concours. On nous le propose et on va dire qu’on ne peut pas trop refuser (rires). Il n’y a pas tout le monde qui est inscrit. Moi, je l’ai découvert grâce à Jean-Paul Vermande qui est un arbitre de chez moi, à Labarthe-sur-Lèze, qui est responsable supervision sur la Ligue Occitanie et ancien arbitre de Top 14 qui m’a fait découvrir l’arbitrage. Il a ouvert une école d’arbitrage à Labarhe-sur-Lèze et à 14 ans, j’y participais. J’ai ensuite arrêté à mes 16 ans, car il est compliqué de concilier la vie de joueur et d’arbitre dans ces âges. À 18 ans, Jean-Paul est venu me voir pour me dire que si je souhaitais participer à ce concours, c’était bientôt la date limite, et c’était maintenant qu’il fallait que je commence. Avec une blessure au genou, je me suis dit que c’était l’occasion parfaite. J’ai été coaché par Frédéric Dedieu avec qui j’ai passé de nombreuses heures à analyser des vidéos. Mais également Rémi Janotto et Pierre Brousset.

C’est grâce à Jean-Paul Vermande. Sans lui, je n’aurais jamais découvert l’arbitrage. Ou du moins, bien plus tard.

Qu’est-ce que ce concours offre ?

Ce concours offre la possibilité d’avoir le grade "Fédérale" et potentiellement pouvoir arbitrer en Fédérale 3. J’ai la chance de monter directement en Fédérale 3 donc l’an prochain, j’arbitrerais à ce niveau. Mais je pars en Normandie l’an prochain, donc je ne serais plus arbitre de la Ligue Occitanie. Je serais licencié au club de Caen. Je pars pour mes études donc j’arbitrerais pour au moins deux ans là-haut, en Fédérale 3.  

Toujours bien placé (crédit : Léa E Photographies)

Y a-t-il plus de possibilités d’évolution en Normandie qu’en Occitanie ?

Je ne sais pas. D'un, il est trop tôt pour le savoir et de deux, je ne connais pas du tout. C’est vrai qu’il y a moins d’arbitres là-haut, mais je ne connais pas la qualité des arbitres normand. Le niveau rugbystique est plus faible également, car tout simplement, en Occitanie, c’est là où nous avons le plus d’arbitres. Déjà, je monte pour mes études et pour découvrir la Normandie puisque je ne connais pas du tout la région. Je pars à l’aventure.

Quels sont tes objectifs au niveau de l’arbitrage ?

À court terme, ce sera de m’intégrer dans l’effectif normand et me faire connaître là-haut. Mais aussi m’investir dans la formation puisque j’aurais la chance l’an prochain d’être animateur des plus jeunes. J’aurais un nouveau coach également, Jean-Christophe Monjou, car j’étais coaché en Occitanie également. J’ai hâte d’apprendre à le connaître pour m’intégrer au mieux. Après, je n’ai pas d’objectifs très précis si ce n’est de faire la meilleure saison possible. Si c’est le moment de monter de grade, pourquoi pas, je saisirais la chance. Et si ce n’est pas le moment, je continuerai à travailler pour m’améliorer. Aujourd’hui, je ne me vois pas à haut niveau, je me vois déjà essayer de franchir les étapes de Fédérale. Puis si un jour, j’ai la chance de postuler plus haut, pourquoi pas. Mais aujourd’hui je n’ai pas cette prétention de haut niveau ! Chaque chose en son temps.

Il commence à avoir des jeunes arbitres en Fédération. La moyenne est entre 21 ans et 35 ans.

L'oeil sur le ballon (crédit : Léa E Photographies)

Tu as donc fait tes preuves en Série ?

J’ai arbitré en Honneur. Il faut savoir qu’il y a des arbitres qui peuvent avoir le grade Fédérale et ne pas être classé en appel. C’est-à-dire qu’ils ont le niveau, mais ne peuvent pas arbitrer en Fédérale. C’est sur le terrain qu’il faut faire ses preuves et avoir de bonnes notes sur les supervisions. Le droit se gagne sur le terrain, mais le grade ne donne pas obligatoirement le sifflet de Fédérale. Il y a un classement avec un nombre de places limitées, comme un concours. S'il y a 12 Fédéraux, mais seulement 3 places, il n’y en aura que 3 qui monteront. Admettons qu’un arbitre soit très fort en Fédérale 2, mais qu’il n’y a pas de place en Fédérale 1, il restera à son niveau jusqu’à ce qu’une place se libère. Il y a donc une part de chance aussi, être là au bon moment. Il faut se la procurer.

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Qu’est-ce que tu penses de l’image qu’a l’arbitre en ce moment ?

Il est de plus en plus médiatisé, c’est peut-être grâce et à cause de ça. On parle beaucoup plus de l’arbitrage. Dernièrement, il y a eu quelques critiques, mais de façon générale sur les dernières années, il y en a un peu moins. Il y a de plus en plus de jeunes arbitres qui prennent une licence d’arbitre et le fait de le médiatiser a aussi de bons côtés. Il faut plutôt voir cela. Concernant les critiques, je n’ai pas l’impression que ce soit sur l’arbitrage, mais plutôt sur un arbitre qu’on médiatise et qu’on généralise. Mais mine de rien, on est le seul pays où 5 arbitres participent à la Coupe du Monde ! Ça prouve que l’arbitrage français fonctionne et que c’est une bonne école.

Il part avant ? (crédit : Léa E photographies)

J’imagine que tu pousses les jeunes à tenter l’aventure ?

Ils ont la chance de pouvoir jouer et arbitrer à 14 ans puisqu’en minimes, ce sont des plateaux de trois équipes : 2 qui jouent et une qui se repose. C’est comme ça que j’ai découvert l’arbitrage ! Même après, lorsqu’on est majeur, on peut aussi faire les deux avec les matchs le dimanche et l’arbitrage le samedi. Après, on accroche ou on n'accroche pas. Il faut se mettre à la place de l’arbitre pour comprendre et souvent, il y en a qui ne comprennent pas. J’ai déjà eu des cas de personnes qui ne comprenaient pas l’arbitrage, et une fois dans l'arbitrage, ils ont compris et sont plus indulgents maintenant. 

Est-ce que la solution n’est pas là ?

On ne peut pas pénaliser un club parce qu’il manque d’arbitres, surtout à des niveaux bas en série. C’est déjà compliqué d’avoir des joueurs, alors des arbitres… Ce qui se fait de plus en plus, et Jean-Paul (Vermande) a été précurseur, c’est de créer des écoles d’arbitrage pour faire découvrir l’arbitrage aux plus jeunes, dès les minimes. Et aussi, bien sûr, que les arbitres de clubs soient investis dans l’équipe première aux entraînements au même titre que les entraîneurs, soigneurs ou dirigeants. Qu’il soit connu, parce qu’il y a certains clubs où les gens ne savent même pas qui est l’arbitre du club. Je pense qu’il faut faire l’effort sur ça, inciter les arbitres à être beaucoup plus présent dans la vie du club et la formation.

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La fin est très intéressante, avec de bonnes idées !

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