Le plaquage, c’est un peu le karaoké du rugby : tout le monde pense savoir le faire, mais quand ça dérape, c’est rarement beau à voir. S’il est la quintessence du sport ovale, ce geste, aussi spectaculaire que potentiellement dangereux, demande une exécution parfaite. Mais attention, au rugby, rater un plaquage ne signifie pas juste un moment gênant entre amis ; cela peut finir avec un arbitre qui vous tend une jolie carte colorée. Alors, plongeons tête la première (mais pas dans la tête de l’adversaire, hein) dans l’univers des plaquages.
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Plaquer, un art de vivre (et de survivre)
Au rugby, le plaquage, c’est l’arme fatale. Tu le rates, ton adversaire cavale vers l’en-but et toi, tu te fais regarder de travers par ton coach. Dès l’école de rugby, on t’enseigne à viser la taille et à glisser jusqu’aux jambes, un peu comme si tu faisais une révérence à ton adversaire. Mais avec l’arrivée du professionnalisme en 1995, tout a changé. Les joueurs sont devenus des machines de guerre, et les espaces sur le terrain, des zones de combat rapproché.
Pour stopper ces bulldozers modernes, les défenseurs ont trouvé la parade : plaquer haut, histoire d’immobiliser l’adversaire et, au passage, bloquer le ballon. Génial, non ? Pas vraiment, car en plaquant au-dessus des épaules, tu frôles souvent les limites de la légalité. Et là, mon ami, l’arbitre entre en scène.
Quand le plaquage devient-il illégal ?
Le plaquage illégal, c’est un peu comme un texto à 2h du matin à ton ex : ça semble être une bonne idée sur le moment, mais tu le regrettes très vite. Voici les principaux types de plaquages à éviter si tu veux rester sur le terrain :
- Le plaquage haut : Tout ce qui dépasse la ligne des épaules. Autrement dit, si ton adversaire termine avec la tête en arrière façon clip des années 80, c’est mal parti.
- La charge à l’épaule : Tu fonces comme un bélier, sans utiliser tes bras ? Carton. Au rugby, on s’enlace avant de se rentrer dedans, question de politesse.
- Le plaquage cathédrale : Tu soulèves ton adversaire comme un danseur étoile pour le laisser retomber violemment ? Bravo pour la figure, mais carton rouge direct.
- Contact à la tête : Même accidentel, toucher la tête de ton adversaire, c’est comme essayer de chanter du Céline Dion sans échauffer ta voix : ça finit toujours mal.
Les Sanctions : L’arc-en-ciel des erreurs
L’arbitre, tel un prof face à un élève dissipé, a plusieurs options pour sanctionner tes écarts. Et crois-moi, il n’hésitera pas à sortir sa palette de couleurs :
- Pénalité : Un avertissement gentil. C’est un peu comme un "Dit donc, c’est pas bien ça".
- Carton jaune : Hop, dix minutes sur le banc à réfléchir à tes choix de vie.
- Carton rouge : Direction les vestiaires. Adieu la troisième mi-temps, bonjour la douche solitaire.
Les Facteurs atténuants et aggravants
Ah, les facteurs atténuants, ces excuses qui te sauvent la mise… parfois. Si tu peux prouver que :
- Le porteur du ballon s’est baissé au dernier moment comme un ninja,
- Ton champ de vision était bloqué (par un pote, un arbitre, ou même une mouette),
- Le contact avec la tête était indirect (glissement involontaire, promis !),
… tu pourrais bien échapper au pire. Mais attention, si tu y es allé en mode bulldozer avec une vitesse supersonique et aucune intention de ralentir, même ta grand-mère ne pourra pas te défendre.
Pourquoi c’est si compliqué pour les arbitres ?
Arbitrer un plaquage, c’est comme juger un solo de guitare : tout va trop vite, il faut capter tous les détails et tout le monde a un avis (souvent pour dire que tu as tort). L’arbitre doit analyser :
- La hauteur du geste.
- La dynamique du contact.
- Les circonstances extérieures.
Et tout ça en quelques secondes, sous les cris des supporters et les regards noirs des joueurs. Alors, la prochaine fois que tu vois un arbitre hésiter, respire un grand coup et rappelle-toi que, sans lui, ce serait l’anarchie totale sur le terrain.
Plaquage et sécurité : Le rugby d’aujourd’hui et de demain
Avec 55 à 60 % des blessures et 72 % des commotions cérébrales liées aux plaquages, le rugby ne peut plus fermer les yeux. Les règles évoluent pour protéger les joueurs tout en gardant l’essence du jeu. Certaines idées futuristes, comme abaisser la ligne de plaquage à la ceinture, pourraient revenir en force. Imagine un rugby où plaquer reviendrait à danser le slow. Ce serait bizarre, mais au moins, tout le monde finirait en un seul morceau.
Le plaquage, c’est tout un art : maîtrisé, il est beau et efficace ; mal exécuté, il peut ruiner ta journée (et celle de ton adversaire). Alors, amis rugbymen et rugbywomen, apprenez à plaquer proprement, respectez vos adversaires et, surtout, soutenez nos arbitres. Parce que franchement, juger un plaquage en pleine action, c’est encore plus difficile que de ne pas finir à la troisième mi-temps.
Merci à Planète Ovale pour cette proposition.
Jacques-Tati-en-EDF
J'approuve, phase très compliquée autant pour les arbitres que pour les joueurs.
J'ai lu les différents très bons posts et je me permets d'ajouter qu'il existe différentes moments dans la phase de placage: avant l'impact et l'impact. Ces deux moments sont cruciaux pour la sécurité et l'efficacité. L'avant permet de se positionner, d'analyser les positions, et l'impact qui ne dure finalement qu'une ou deux secondes de gérer la collision. Corporellement ce sont deux moments différents et il faut arriver à passer d'une phase plutôt relâchée à une phase très dense, où le corps du plaqueur doit se mobiliser entièrement. Comme au judo. Quand on regardait Dusautoir (ex judoka) plaquer on se rend bien compte de la capacité qu'il avait à maîtriser ces deux moments. (Même si je l'ai vu se faire mettre ko par Tekori lorsque celui-ci jouait au CO, sur un impact tout ce qu'il y avait de régulier ... ) Combien de fois,on voit des joueurs arriver plein fer avant l'impact, pour des placages qui ressemblent plus à un tir de pétanque qu'au rugby, par manque de technique ou par peur de subir.
MARCFANXV
Absolument, la pré action plus encore que dans n'importe quel autre domaine du jeu de Rugby revêt une importance déterminante dans la pleine réussite du geste final. Je parle de "pleine réussite" dans le sens où 3 objectifs concomitants se présentent.
1/ Stopper l'adversaire dans sa progression
2/ Le faire dans un cadre légal bien assimilé.
3/ Ne pas se mettre en danger en adoptant les bonnes attitudes pour y parvenir. (Nota / Le 3 pourrait être une sous-catégorie du 2 dans le sens où la règle spécifie clairement une interdiction de mettre en péril sa propre intégrité physique. Après, dans les faits, je n'ai JAMAIS vu en 45 ans de rugby le corps arbitral siffler à propos de ce volet règlementaire !!! ).
Le plaquage...Vaste programme que voilà comme dirait l'autre !
Sur le volet formation, bcp à dire.
C'est peut-être LE domaine où LA formation interagit le plus sur les attributs naturels du pratiquant. En parlant moins alambiqué, c'est certainement le geste le moins "naturel" qui existe ! Courir, sauter, pousser, éviter, toutes des choses qui se pratiquent naturellement chez l'enfant sans forcément passer par l'EDR ou autre structure encadrée. Enlacer qq1, à tel niveau de hauteur et pas plus pour l'amener au sol en faisant corps jusqu'au bout, hormis les 1ers émois amoureux, je ne vois pas ???
Es qualité de formateur, je me suis souvent affranchi du strict carnet de route Fédéral.
Je voulais parler du "en marchant". Cette étape pour vaincre qq appréhension du passage par le sol à certes son importance mais ne devrait pas perdurer très au-delà de ce premier seuil franchi. Hors, très, trop souvent, ou plutôt, trop longtemps les mômes travaillent le plaquage en situation statique ou presque, tout au plus au trot. Bref, la formation incite à capitaliser sur le geste final et réduit à portion congrue la part à mon sens PREPONDERANTE, d'une bonne maîtrise de la pré action alors que c'est d'abord là et avant tout que les choses se jouent.
J'aime utiliser des métaphores animalières dans le cadre de la formation. Je parle souvent du fauve ou du serpent à l'affut dans l'attente de consommer sa proie. Tout n'est que travail préalable y compris imperceptible et ensuite, quand c'est parti, c'est parti.
La 2 règles d'or sont :
1/ " Pas de contact du genou ou autre partie basse avec le sol tant que le déclencheur que constitue le contact épaule/adversaire sur la partie cible n'est pas activé".
2/ " Les jambes sont ton moteur, ton regard - j'insiste bien ton regard et pas ta tête-est ta colonne de direction, tes bras sont le volant de la voiture".
Avec ces 2 seuls préceptes, on peut faire bcp de choses dans un cadre d'apprentissage maîtrisé. Y compris avec des exercices à pleine vitesse. Le fondement c'est de essentiellement capitaliser sur le temps imparti à la réflexion, l'analyse, le positionnement dans l'espace dédié au geste final. Ce temps fondamental, c'est celui de la pré action. Si ce temps est correctement utilisé, la suite, finir le plaquage se déroule très naturellement.
Tu fais très justement fait référence aux qualités de T.Dussautoir comme plaqueur. Je suis d'accord, c'est d'abord sur un Tatami qu'il a acquis une bonne maitrise des prérequis. Le fondement mm du Judo c'est de se montrer lecteur des déséquilibres de l'adversaires. Bref, c'est l'école par excellence de la pré action...
Jacques-Tati-en-EDF
Complètement... Tu l'expliques très bien de façon très analytique. On peut espérer donc que les générations futures puissent en bénéficier.
Et aussi , (Ca c'est souvent un constat qui m'agace) arrêter avec les sacs de placages (enfin pas complètement mais juste sur des exercices bien ciblés) où on voit les joueurs arriver tout droit et envoyer le sac voler. Ca ne se passe jamais comme ça en match. Et dans cette utilisation on habitue justement les joueurs à ne pas faire tout ce que tu décris, ces phases ne sont pas travaillées.
MARCFANXV
Ho oui, le fameux "sac de plaquage". En 25 ans d'encadrement, je ne m'en suis jamais servi pour travailler le plaquage. Comme un obstacle ou matérialiser qq chose oui, mais jamais pour y engager une épaule. Parfois (rarement) des mecs me demandent de sortir le "boudin"pour lui mettre des pets. Moi de leur répondre " C'est comme dans la vraie vie, coucher le premier boudin venu, c'est à la portée de tout le monde. Par contre, choper en plein vol un boulet de canon requiert autrement plus de subtilité...J'ai les plus grandes ambitions pour toi."
Jak3192
Excellent article qui ouvre la voie à tout plein de commentaires passionnants 👍
Bravo au rédacteur 👏👏👏
Avec un tel article,
l'année 2025 débute très bien sur le 'Nistère ! 😊
Pianto
au-delà de la sécurité des uns et des autres, je trouve que la révolution qui devrait avoir lieu sur les prochaines années, c'est cette notion du plaquage avec les bras. La règle existe mais il y a une tolérance considérable. J'entends souvent des consultants dire pendant un visionnage vidéo que pour eux le plaquage est légal alors qu'il est annoncé une charge à l'épaule.
Un jour, on demandera aux arbitres d'être intransigeants sur les percussions et les liaisons. Dans un ruck, il me semble qu'on doit se lier à un partenaire, non ?
Donc plaquage avec les bras qui viennent enserrer le corps
- y compris devant sa ligne d'en-but (le nombre de mecs qui se jettent dans les guiboles sans rien essayer d'attraper)
- y compris dans les déblayages
- y compris pour envoyer un mec en touche
Jak3192
Fini la percussion reelle donc ?
MARCFANXV
Voilà un article intéressant que voilà.
Dommage que l'illustration photo du dit article mette en scène une attitude très imparfaite du plaqueur (en l'occurrence on dit "plaqueuse ?).
Aristaxe
Un grand point qui est largement ignoré quand on parle de plaquage, c'est la sécurité du plaqueur. Parce que c'est tout aussi important que la sécurité du plaqué en fait. Et il me semble avoir vu une étude qui disait que la majorité des commotions lors de la phase de plaquage, c'est pour le plaqueur justement, pas pour le plaqué. J'arrive pas à la retrouver malheureusement.
Par contre ce que j'ai trouvé c'est cette étude : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31857335/
En gros, en étudiant la saison 2018/2019 de Championship (2ème division anglaise) et la Championship Cup (une coupe en parallèle toujours avec les équipes de 2ème div) on observe la différence entre une compétition où la hauteur du plaquage est limité à la hauteur des épaules, alors que dans l'autre elle a été abaissée à la hauteur des aisselles. Ce qu'on constate, c'est que le taux de commotion n'a pas changé, mais que par contre, le plaqueur est plus touché que le plaqué. En fait on a juste déplacé le problème.
Alors c'est une étude qui a ses limites, l'échantillon n'est pas grand et on peut se dire que les joueurs, en s'habituant à une hauteur de plaquage plus basse, améliore leur technique et la sécurité des joueurs pourraient augmenter.
Mais c'est quand même déjà un bon indicateur : abaisser la hauteur du plaquage n'est pas une solution miracle pour éviter les commotions. C'est un problème beaucoup plus complexe à résoudre.
Il y aussi cette étude (https://resources.worldrugby-rims.pulselive.com/worldrugby/document/2024/09/30/7ac838fe-f777-4ef5-9950-564f8817b3b7/1021.full.pdf) qui a trouvé que les deux plus importants facteurs générateurs de commotions sont la vitesse du porteur de balle et la vitesse du plaqueur. En gros, plus ça joue vite, plus ça commotionne.
balobal
Oui et tant qu'on ne régule pas les comportements des attaquants c'est pas prêt de changer.
Car pour gagner son duel il vise quasi toujours le haut du corps de défenseur avec ses bras, son coude, son épaule,...
Jak3192
On est donc pas sorti de l'auberge ...
A quand une ... "armure" pour les joueurs ?
Je ne vois pas d'autre solution
Bravo pour ces précisions
Chandelle 72
L' article est intéressant et ton commentaire encore plus
dusqual
oui, tu as tout à fait raison, les problèmes de commotion visent beaucoup plus les défenseurs et l'élément principal est bien la vitesse.
je pensais que cet article aborderait le sujet vu qu'il s'intitule "guide" mais ce n'est pas le cas.
pour la petite explication rapide: quand on plaque, en fonction du pied qui vient se placer près de l'attaquant, on définit un axe fort qui se trouve donc du côté du pied avant associé à l'épaule du même côté. quand on arrive pas à associer la bonne épaule et qu'on doit mettre l'autre dite "faible", on subit le plaquage.
comme on attend d'un joueur qu'il domine un max, il va souvent tout faire pour être en position d'axe fort ce qui peut parfois l'amener à être en retard et de fait pas complètement en place. ça peut donc finir en commotion assez facilement.
de la même manière, s'il est visé sur son épaule faible mais qu'au lieu d'assumer subir et limiter la casse en ralentissant l'attaquant, il va tenter le tout pour le tout pour quand même gagner son duel, il s'exposera encore plus.
du coup, cette philosophie de vouloir donner l'avantage à l'attaque pour favoriser le jeu est la raison principale des commotions. en laissant l'attaquant prendre la ligne d'avantage, le défenseur sait qu'il affaiblit la défense de son équipe, il va donc tout faire pour que ça n'arrive pas, ce qui correspond à s'exposer plus.
comme les joueurs vont de plus en plus vite toutes catégories de poids confondues, les temps de réaction ou de décision se raccourcissent, entrainant soit des retards, soit des mauvais choix...
Jak3192
Excellente analyse analytique.
Belle explication "image par image", avec en plus les motifs et conséquences .
Très pédagogique
👏👏👏
dusqual
hahaha. je me demandais si ce que j'avais dit était clair, j'en étais pas vraiment sur...
Jak3192
Ah si !
25/20 si j'avais à noter le devoir écrit du BE Rugby: "Analyse et complexité du placage dans ce jeu de Kon au Rugeby" 😅
👏👏👏