Débuts en Top 14, premières titularisations, vainqueur du Tournoi U20 avec un essai capital face aux Gallois. En huit mois, Clément Laporte, 20 ans, a été projeté dans le grand bain. Arrière rapide, très solide dans les airs et doté d'appuis déroutants, il fait désormais partie des armes du SUA dans la course au maintien avant de certainement remettre le bleu(et) de chauffe à la Coupe du Monde U20. Entretien avec le vif casqué.
Tu viens de revenir en club après un Tournoi des 6 Nations réussi. Comment te sens-tu ?
Je me sens super bien. Ce sont devenus des bons souvenirs en gagnant contre le Pays de Galles. Cela a été une belle aventure. Et pouvoir jouer ces deux derniers matchs décisifs, c'était plaisant.
Tu portes quel regard sur ce match face au Pays de Galles ? Est-ce que vous avez ressenti cette pression de ne pas marquer ce quatrième essai décisif ?
On a réussi à rester patients. On avait confiance en nous et on savait que ça allait passer face à des joueurs accrocheurs. À la mi-temps, on a appris le score des Anglais (alors 15-15), c'était favorable pour nous mais on était concentrés et déterminés à marquer ce quatrième essai et prendre le bonus pour gagner le Tournoi.
Il y a eu beaucoup de turn-over pendant la compétition (Clément a été titulaire trois fois). Comment vous avez géré cela ?
C'est toujours compliqué. On a des liens forts et on s'entend tous très bien. Il y a des déceptions, c'est le sport et on y est préparé. Quand on y est, on profite encore plus, au vu de la concurrence. Derrière nous, c'est souvent nos copains et des gars aussi bons que nous. Il faut donc être à la hauteur de la sélection, donner le maximum.
Une anecdote particulière du tournoi à raconter ?
On a changé un peu de système en mettant en place les gages, les déguisements avec une roulette comme au loto. Dès qu'il y a un oubli, une absence, un retard, le fautif passe à la roulette (NDLR : Thomas Lavault l'a également expliqué dans l'épisode 3). Après chaque entraînement, on doit envoyer le RPE (suivi de la charge de travail, de la fatigue), pour avoir nos ressentis. Bertrand, le préparateur physique, donne aux réunions, les noms de ceux qui oublient de l'envoyer. On les applaudit et ils passent à la roulette. Jules Gimbert, par exemple, a dû faire un entraînement avec un bandeau sur la gueule. Pour un demi de mêlée, ça le faisait mal. Ou Iban Etcheverry devait porter un bonnet de bain.
Les entraîneurs ont commencé à parler de la Coupe du Monde ?
Ils ont commencé. On va tous finir notre saison en club, bien finir. On rebasculera ensuite et surtout sur la préparation quand il le faudra.
Tu as été lancé en Top 14 en août avec Agen. Tu comptes depuis 12 feuilles, est-ce que tu t'y attendais ?
Non, du tout. Je m'attendais à jouer en Espoirs toute l'année. Je pensais pouvoir évoluer en Challenge Européen et mon souhait était de décrocher une feuille en Top 14. Donc je n'y pensais pas du tout, ça aurait été du bonus. C'est une immense satisfaction d'être resté avec la première, et cela permet de progresser deux fois plus vite.
Tu trouves que ton statut a changé, en conséquence ?
En début d'année, je me considérais comme un partenaire d'entraînement où j'avais ma place, mais pas sur le terrain, en compétition. J'attendais mon heure. Désormais mon image a changé et je suis un joueur à part entière de l'équipe première.
Tu mènes un projet scolaire à côté du rugby. Comment cela se passe ?
Je suis en DUT GACO (Gestion Administrative et Commerciale des Organisations) à Agen. J'arrive bien à concilier les deux. Le premier semestre s'est super bien passé. Le deuxième est plus compliqué avec les sélections qui m'ont fait manquer un mois de cours. Mais ça me plaît, ça fait des coupures et ça me permet de rester dans la vie réelle. Même si le rugby est notre passion.
Quel est ton meilleur souvenir sur tes débuts en Top 14 ?
C'est la victoire au Stade français, en terme d'émotions (NDLR : 24 février, 34-36). On savait qu'on avait fait quelque chose d'important en vue du maintien. C'était dans les coins des têtes de ramener des points mais c'était loin d'être fait. C'est notre seule victoire à l'extérieur, qui plus est. Il y a la victoire contre Brive aussi, face à un concurrent direct (NDLR : 23 décembre, 27-13).
Beaucoup de jeunes ont du temps de jeu au SUA (Bethune, Tanga, Fouyssac, Hériteau...), c'est agréable d'évoluer dans une équipe où vous avez l'occasion de vous exprimer ?
Je le ressens aux entraînements. On s'entend bien avec des délires un peu communs. Il y a une bonne bande, même si on n'est pas de la même génération ; les 94, les 95 et les 96 avec Yoan Tanga (troisième-ligne) et Hugo Verdu (demi de mêlée) avec lesquels je m'entends super bien.
Ce n'est pas forcément le contexte le plus simple pour débuter mais ça forge ?
Quand on regarde le Top 14, on voit que tous les matchs sont compliqués. Staff et joueurs, on y était préparés. Même si tu envoies du jeu, que tu fais des bons matchs, c'est jusqu'à la dernière journée. Quand t'es dans le dur, t'es obligé de t'accrocher. On apprend dans le vrai.
Il y a une certaine osmose dans le groupe avec des anciens, aussi. Ça fait quoi de jouer avec Akapusi Qera ou Enrico Januarie, qui ont un fort pedigree rugbystique ?
Ce n'est pas forcément porter le même maillot mais m'entraîner avec eux, au départ. C'est des mecs que tu connais de nom avant d'arriver à Agen et après tu t'entraînes tous les jours avec eux. Avec Enrico, sur le terrain, c'est hyper plaisant, c'est comme un repère.
Quelles sont les principales forces d'Agen pour cette mission maintien ?
La solidarité, le combat. Et puis la folie pour la ligne de trois-quarts. Quand on envoie du jeu. Je pense à des gars qui ont des jambes comme Jack McIntyre, Filipo (Nakosi), (Johan) Sadie.
Enfin, qu'est-ce que l'on peut te souhaiter pour les mois à venir ?
Le maintien en Top 14 d'Agen, ce serait super. Aussi d'être sélectionné pour la Coupe du Monde U20 et aller le plus loin possible.
Team Viscères
Rend la BMW!
Désolé, un mauvais réflexe.