Le système défensif du XV de France est-il parfait ? [ANALYSE]
Teddy Thoms n'est pas seul fautif. (crédit : BBC)
La défense du XV de France impressionne depuis le début du Tournoi des 6 Nations. Le système Shaun Edwards est simple, mais peut connaître certaines limites.

Depuis le début du Tournoi, la défense du XV de France est plébiscitée dans l'Hexagone et à l'étranger. Ce système est bien connu des Gallois puisque c'est Shaun Edwards, ancien membre du staff gallois, qui en est responsable. L'objectif ? Mettre un maximum de pression sur le porteur de balle et ses soutiens. De quelle manière ? En montant fort et en coupant les extérieurs. L'autre point fort de cette défense est le nombre de joueurs consommés sur les rucks adverses. Une ligne peut se reformer et aller chasser le ballon. Un seul joueur a la responsabilité de gêner la sortie de balle en disputant le ruck et il semblerait que Grégory Alldritt a bien compris son rôle. Face à l'Italie, il a ralenti les sorties de balle pourtant rapides de la charnière.

Mais un tel système défensif demande une concentration et une unité parfaite de tous les joueurs. Il suffit qu'un seul s'oublie, et face à des joueurs capables de trouver les failles, l'équipe peut très vite prendre l'eau. Face à l'Angleterre, les ailiers ont souvent été responsables des montées défensives fortes ou en inversées, laissant leur propre couloir à leurs homologues. Face à l'Italie, le premier essai vient après plus de 11 temps de jeu de la part des Italiens dans les 22 mètres français. Le point de rupture de la concentration ? Sûrement.

Le petit côté 

Cette action démontre les risques d'une montée en pointe sans contrôler la présence de son ailier.

Après un dégagement français qui ne trouve pas la touche, nos Bleus réussissent tout de même à mettre sous pression les Italiens. Un seul Français dans le ruck contre 4 Italiens. Teddy Thomas ne récupère pas son aile même si Julien Marchand lui demande. Mais le temps est trop court avec une libération rapide du 9 adverse. 

Les Français ne glissent pas assez vite, mais Antoine Dupont décide seul de monter en pointe sur le centre italien en position de 10. Il y a un surnombre défensif avec 3 Français contre 2 Italiens. Anthony Bouthier tient sa position d'arrière, mais le problème est que le petit prodige ne se soucie pas de savoir si son ailier est présent et l'accompagne sur cette montée.

En dernier lieu, les Italiens se retrouvent en situation de deux contre un et le seconde ligne de la Squadra continuera sa course sur 15 bons mètres. L'Italie échouera sur l'aile opposée avec un bon plaquage de Bouthier à 5 mètres de sa ligne.

Défense après jeu au pied

Cette action concerne le système défensif après jeu au pied (dégagement). Même si Anthony Bouthier est capable de dégager sur 80 mètres, il est rare que l'équipe adverse ne relance pas après un jeu au pied depuis notre ligne des 5. Le temps que la défense monte est parfait pour une relance de jeu. Malgré tout, il y aura 2 temps de jeu avant que cette action ne survienne :

Les Italiens jouent en pivot avec leur numéro 8 et Allan envoie le ballon au large. Gaël Fickou est entre le 10 et le centre adverse et ne peut pas monter fort. Arthur Vincent décide de mettre la pression aux Italiens qui se retrouvent en 3 contre 1. Heureusement que le joueur Italien décide de faire une passe sautée, car Teddy Thomas est seul, laissant encore une fois son couloir à Bouthier. 

La défense à l'aile est simple : l'ailier prend le 15 et notre 15 prend l'ailier. Mais sur une telle action à 50 mètres de notre ligne, il suffit de contrôler en glissant pour amener l'attaque italienne vers la touche. L'autre souci est la zone centrale, laissée libre par Antoine Dupont. Vincent Rattez vient de plaquer son vis-à-vis et est encore au sol, son rôle est de garder sa zone entre la touche et les 15 mètres, de la ligne de hors-jeu à son en-but. Mais Antoine Dupont s'oublie et laisse la zone "poteau" (entre les 15 mètres de chaque côté). Heureusement pour nos Bleus, Minozzi commet un en-avant après une passe très mal ajustée, sinon il se retrouvait en situation de un contre un avec Bouthier et le champ libre intérieur, hormis Mohamed Haouas.

Antoine Dupont dans la ligne

Sur cette action, les Italiens enchaînent les temps de jeu, mais nos Bleus montent bien, à 22 mètres de leur ligne. Cependant, Tommaso Allan trouve quelques fois la brèche sans jamais conclure. 

Le système Shaun Edwards est bien visible ici. La troisième ligne aile se concentre sur le numéro 10, laissant la ligne aux Français et empêchant l'ouvreur d'effectuer sa passe. Pourquoi ? Tout simplement pour rester le plus proche du combat et faire intervenir un joueur dans le ruck afin de récupérer le ballon. Mais il ne faut pas rater le plaquage, car les trois-quarts montent fort et dépassent le ballon. 

Allan rentrera sa course, aucun coéquipier ne sortira à hauteur. Ouf. 

Un simple pivot et la France souffre

L'essai italien vient d'un simple pivot entre le numéro 8 et Allan. Tout comme l'action de relance plus haut où les Français sont mis à mal. Les trois-quarts montent trop vite et des brèches se créent dans la zone 10. Il suffit de jouer autour de lui.

On voit Bernard Le Roux qui se place axial du plaqueur pour venir contester le ruck. Malheureusement, la balle va jusqu'à Tommaso Allan qui prendra l'intérieur d'Antoine Dupont qui manquera son plaquage en décidant de contester le ballon. Derrière, Teddy Thomas monte comme pour intercepter et ne fait pas l'effort de ralentir sa course.

L'ailier francilien se voyait déjà dans l'en-but, mais Allan garde le ballon. Il est déjà trop tard : il n'y a plus de Français formant la ligne.

Encore une fois, Bernard Le Roux se concentre sur le porteur de balle, qui a déjà un genoux à terre. Tout va très vite à ce niveau, mais s'il avait continué sa course en glissant, il serait sur l'arrière italien. Teddy Thomas est déjà loin, malgré son retour, il ne peut pas combler le déséquilibre.

Oui, mais ?

Il y aura toujours des moments où l'attaque prendra le dessus sur la défense. Mais même si elle se fait percer, la défense peut rattraper le coup avec les autres rideaux défensifs. Mais le problème sur ce système de défense est qu'Antoine Dupont est bien trop souvent dans la ligne, laissant sa zone en second rideau libre. Sûrement une demande du staff, rajoutant un joueur (et bon plaqueur) dans le premier rideau et laissant Anthony Bouthier très à l'aise seul en fond de terrain.

Malgré la percée italienne, si le numéro 9 gardait l'intérieur de son arrière, le déséquilibre pouvait se rattraper en prenant chacun un joueur, même si Teddy Thomas est en poursuite. Il y aurait eu donc trois phases de plaquages différentes : de face avec Bouthier qui prend le plus large, sur le côté avec Antoine Dupont qui prend le joueur le plus intérieur, et Teddy Thomas en poursuite sur celui du milieu. Mais avec des si, on peut refaire le monde à notre façon.

Teddy Thomas n'est donc pas le seul fautif sur toutes les actions défensives. Le système de jeu demande de la rigueur et il faut laisser le temps aux joueurs de s'adapter. Il suffit d'un mauvais choix pour que le déséquilibre survienne. 

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Merci beaucoup pour cet article de qualité qui change des articles putaclics !
C'est pour ça qu'on vous aime au rugbynistere. De l'humour mais aussi du fond !
Continuez comme ça, on en redemande.

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