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Si la France a réussi à distiller une forme d'influence rugbystique dans différentes régions du monde, l'influence française en Océanie reste complexe. (David Ramos - World Rugby)
Si la France a réussi à distiller une forme d'influence rugbystique dans différentes régions du monde, l'influence française en Océanie reste complexe.

Terre reine dans la pratique du rugby, l’Océanie compte la plus grande proportion de joueurs actifs ou de participants au monde, selon World Rugby. Pour 1 000 habitants, le continent compte environ 14 personnes touchant de près ou de loin à un ballon ovale. Au sein de cette véritable terre d’ovalie, le rugby français est connu, mais influence peu le territoire, surtout dans la partie polynésienne, que cela soit par son jeu ou ses acteurs.

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La mainmise des All Blacks sur les îles

Si la France ne peut pas marquer les esprits des nations d’Océanie, c’est parce qu’une autre l’a fait avant elle. Là-bas, le rugby néo-zélandais domine. Par leur isolement géographique conséquent, les Néo-Zélandais n’avaient pas toujours le luxe de réaliser des tournées en Europe. Pour jouer, il fallait défier ses voisins. Si les affrontements entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont devenus une référence, ceux face aux Samoa, Tonga et autres ont marqué les locaux.

« Ce n’est pas qu’ils refusent l’influence française, c’est qu’ils n’en ont pas besoin. Après tout, il y a la Nouvelle-Zélande à côté. Au niveau exportation de joueurs, de coach ou de principe de jeux, il y a deux géants : la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. Ils sont tellement au-dessus des autres que ça en est presque écœurant », confie Gauthier Baudin, journaliste indépendant spécialisé dans le rugby. Malgré une année passée en Océanie, il n’a pas ressenti d’influence sportive venat du rugby français lors de son voyage.

Comme influence française en Nouvelle-Zélande ? Il y a peut-être l’entreprise Altrad, le sponsor des All Blacks. Ce n’est pas vraiment du sportif, plus du marketing, mais c’est cet accord qui a permis au Montpellier HR (NDLR : club présidé par Mohed Altrad) de recruter le All Black George Bridge. Au-delà de ça, je ne vois pas. Il n’y a pas la même influence que la France peut avoir en Europe, par exemple. » — Gauthier Baudin

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Avec ses championnats de haut niveau et un vivier important, elle n’a pas besoin d’apports massifs de joueurs pour ses cinq franchises professionnelles. Proportionnellement, le pays océanien compte quatre fois plus de joueurs de rugby actif, pour six fois moins d’équipes professionnelles que la France. En cas de manque, les joueurs venus d’autres îles du Pacifique le comblent aisément.

De plus, la sélection nationale bénéficie du choix du roi. Pour cause, un joueur qui postule aux All Blacks se doit de jouer sur le territoire. Cette règle permet de garder les meilleurs talents au pays. Ces derniers ne partent généralement qu’au terme de leur carrière ou lors de piges d’une ou deux saisons seulement. « Ils ont tellement de ressources que s’il y a un problème, ils ont une solution en interne sous la main. Par exemple, si un sélectionneur déçoit, comme Ian Foster ces dernières années, ce n’est pas grave. Ils ont Scott Robertson sous la main. Ça ne leur vient pas à l’idée de faire appel à un étranger, comme l’Angleterre avec Eddie Jones ou quand la France pensait à Warren Gatland. »

Cette influence s’étend aux îles adjacentes, fans du projet néo-zélandais, « grâce aux matchs que les All Blacks jouaient là-bas, il y a encore quelques décennies. » Au-delà, des nations indépendantes, l’omniprésence néo-zélandaise s’étend jusqu’aux territoires français. En Nouvelle-Calédonie, par exemple, tous les amateurs de rugby sont « fans des All Blacks », indique Gauthier Baudin.

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Une influence néo-zélandaise imperturbable

Favorisée par la proximité géographique, cette préférence est notamment visible grâce à l’international tricolore Peato Mauvaka, natif de Nouméa et originaire de Wallis-et-Futuna. Le 20 novembre 2021, la France bat les All Blacks (40-25) pour la première fois depuis 12 ans et signe le plus large succès de son histoire face à la Nouvelle-Zélande. Après le match, le talonneur paraît très ému. Quand ses coéquipiers s’enlacent, lui, fond en larmes. Au micro de France TV, il avoue que son père était un grand fan des All Blacks. Décédé en 2018, lui et son fils ne rataient aucun match et les avaient même supporter en finale de la Coupe du monde 2011, quand ces derniers affrontaient… la France.

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Si la nation tricolore n’a pas d’influence directe là-bas, la rivalité entre son équipe nationale et le pays océanien a tout de même un poids. En dix Coupes du monde, le choc France-All Blacks est le plus fréquent de l’histoire de la compétition. Cette affiche a été celle du premier mondial de l’histoire, en 1987. Quelques matchs de légende ont construit un passif entre les deux formations. Par exemple, on note la bataille de Nantes (1986), la victoire des Bleus à l’Eden Park (1994) ou le quart de finale du mondial 2007, seule fois où les All Blacks n’ont pas atteint les demi-finales de la compétition.

Cette relation a même une origine bien plus profonde, puisque le premier match de l’histoire du XV de France a été joué en 1906, face aux All Blacks. Depuis, la France est devenue la nation de l’hémisphère nord à avoir le plus souvent joué et gagné contre la Nouvelle-Zélande (13 victoires en 62 matches).

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