L’on vous parle là de l’un - si ce n’est du - des joueurs les plus sous-côtés de la planète rugby de ces dix dernières années. Certes, Matt Todd n’a rien de purement impressionnant à première vue, avec ses 185 centimètres sous la toise et ses 104 « petits » kilos sur la balance, sa gueule dessinée aux faux airs d’acteur américain et son casque noir en permanence vissé sur son crâne. Comme le diraient certains, le troisième ligne ferait presque tâche dans le rugby d’aujourd’hui où les colosses parlent aux géants et les boules de muscle aux cuisseaux d’acier. Mais il s’agit tout de même là d’un international All Blacks aux 25 sélections, 140 fois aligné sous les couleurs des Crusaders et ancien capitaine régulier de sa franchise.
Ceci n’est pourtant que poudre aux yeux à côté de la reconnaissance au plus haut niveau que n’a jamais reçue l’enfant de Christchurch. Des sélections, il en serait certainement bouffi s’il avait été de n’importe quelle autre nationalité. Les titres internationaux aussi, lui qui tout au long de ses années au service de sa nation, n’a finalement glané que trois petits Rugby Championship sans y participer pleinement ; famélique à côté de son rival Sam Cane par exemple, pas meilleur statistiquement, au profil très similaire et pourtant capitaine occasionnel des Blacks dès son plus jeune âge, champion du Monde 2015 et vainqueur à cinq reprises du Four Nations sur le même laps de temps que son aîné de quatre ans. Aujourd’hui, Cane est d’ailleurs le nouveau capitaine des All Blacks, quand son éternel rival fut lui contraint à l’exil l’an passé pour finalement rejoindre le Japon et ses jolis émoluments, au sortir du Mondial 2019.