2019 et 2023, la rengaine est la même pour le rugby espagnol, le XV del Léon ne verra pas la coupe du Monde. Pourtant, pour ces deux éditions, l’Espagne a gagné sa qualification sur le terrain. À chaque fois, ce sont des problèmes administratifs qui ont disqualifié les Espagnols. Des erreurs qui montrent le degré de développement d’une nation qui pointe au 15e rang mondial, juste derrière l’Italie. Dans ce pays bercé et animé par le sport, il est étrange que le rugby ne soit pas plus développé. Daniel Hourcade, responsable de la haute performance pour World Rugby en Amérique du Sud, au Portugal et en Espagne, a dressé un bilan du rugby national publié par la fédération espagnole (FER). D'après l’ancien sélectionneur des Pumas (2013-2018), l’Espagne a un fort potentiel : “Ils ont tout : des joueurs et des entraîneurs de talent, une bonne matière première, des installations, un pays stable, une situation géographique excellente… L’Espagne a tous les ingrédients nécessaires pour faire grandir son rugby.” Selon lui, il ne manque qu’une chose au pays de Don Quichotte : “Un programme national bien géré, pour que tout le monde avance dans la même vision et que les personnes impliquées dans le projet soient sur la même longueur d’onde.”
Coupe du Monde 2023. L'appel de l'Espagne rejeté, le XV del Leon ne verra pas le Mondial en FranceDes principes communs dans tout le pays
Le programme dont parle le natif de Tucumán se base sur une restructuration totale et commune des différentes strates du rugby espagnol : “Il doit y avoir la même ligne de conduite, la même méthodologie. Si un garçon de Madrid doit se rendre à Valence ou Barcelone, lorsqu’il arrivera dans un des centres de haute performance, la seule chose qui change sera le visage de l’entraîneur. Ce doit être un programme sur tout le territoire pas seulement pour un club. L’amélioration du rugby espagnol viendra de là.” Présent dans toute l’Espagne ces centres développeraient les joueurs en se basant sur les fondamentaux dans un premier temps comme le souligne Daniel Hourcade : “La première chose est d’apprendre à bien faire les choses simples. Il faut former le joueur, travailler ses compétences de base avant de les améliorer techniquement et physiquement.” Même s’ils sont la pièce majeure, le plan de World Rugby ne se limite pas qu’aux joueurs comme le rappelle "El Huevo" dans son diagnostic : “le travail passe aussi par le développement du coaching, de la préparation physique, des nutritionnistes, des kinés, des analystes vidéo… Chacun doit être prêt à savoir ce qui doit être corrigé, le moment venu.“ Des détails qui font bien souvent la différence entre deux équipes d’un même niveau. Le développement porte donc sur des choses simples, mais c’est un travail qui prendra du temps : “C’est un projet qui doit s’inscrire dans le moyen ou long terme. Ça ne va pas payer samedi ou le mois prochain.” Comme tous les changements, l’ancien joueur de Tucumán s’attend à rencontrer des opposants, mais il semble bien déterminé à réveiller ce “géant endormi”, selon les mots du président de la FER, Juan Carlos Martín Hansen.
🗣️ Daniel Hourcade, gerente de Alto Rendimiento de @WorldRugby_ES: "El único objetivo que tenemos con este proyecto es mejorar el rugby de España" 🏉
— España Rugby (@ferugby) September 23, 2022
🎙️ No te pierdas la charla con 'El Huevo' ‼️ ⬇️⬇️⬇️
📽️ @B_Ozymandias@deportegob @WorldRugby @RugbyMadrid @lospumas pic.twitter.com/hrf1b3YkGM
L’exemple des nations sud-américaines
Une restructuration nationale que Daniel Hourcade et World Rugby ont déjà utilisée par le passé, en Argentine par exemple. Une nation, capable du meilleur comme du pire, mais qui fait désormais office d’épouvantail sur l'échiquier mondial. Outre la réussite argentine, le Chili et l’Uruguay commencent aussi à pointer le bout de leur nez. Bien sûr, la route est encore longue et ces nations émergentes risquent d’essuyer de nombreuses défaites face aux sélections majeures. Une donnée pas forcément importante pour Hourcade qui favorise le beau jeu : “Quand tu joues bien, tu perds seulement si l’autre est meilleur. Et alors quel est le problème ? Tu vas jouer contre les Blacks et ils sont meilleurs. C’est comme ça, et ce n’est pas un problème. L’objectif n’est pas de gagner, parce que gagner n’est pas synonyme de succès. C’est une chose très importante qu’il faut prendre en compte.” La ligne de conduite est claire, Daniel Hourcade et la FER doivent travailler main dans la main pour offrir un programme national et développer un rugby hispanique qui a tout pour réussir.
alan75
Si il y a un pays à surveiller, je regarderai plutôt le petit voisin... fait pas de bruit mais il progresse et globalement a de meilleurs résultats.
Amis à Laporte
Faire jouer des matchs en lever des corridas ???
OK, je sors...
Jacques-Tati-en-EDF
"Un géant endormi" .... faut pas non plus exagérer ! Beaucoup de joueurs jouent en France. Le championnat espagnol n'attire que peu de public. Il y a encore beaucoup, beaucoup de choses à faire !
Do-go-let
Je te comprends. Je pense que ce terme est utilisé parce que l'Espagne est connue pour la qualité de ces équipes dans le sport collectif : football, basket, handball et aussi des sports "mineurs" comme le futsal, le rink-hockey ou le waterpolo. Certains de ces sports comme le handball n'ont pas tant de licenciés que ça (ensuite le nombre de joueurs dans une équipe étant petit, il n'ya pas forcément besoin d'un gros réservoir), les matchs de la compétition nationale n'attire pas tant de public et l'équipe nationale est une référence mondiale.
Ensuite, pour connaître un peu le monde du rugby espagnol, il y a un vrai potentiel. A Madrid, les journées de "compétition" - rassemblement des écoles de rugby regroupent le triple d'équipes qu'il y a 10 ans. Quand un événement est bien préparé, il y a un réel engouement. Par exemple, 2 finales de coupe du roi à plus 20 000 spectateurs, matchs des Leones à plus de 12 000 spectateurs parce que le stade ne permettait pas plus (seule la Géorgie fait mieux dans le 6 Nations B), match contre les Classic All Blacks avec 40 000 spectateurs. Les fans de rugby sont vraiment des mordus.
Jacques-Tati-en-EDF
Oui, en effet les espagnols ont du talent pour les sports collectifs, c'est évident et même parfois étonnant. Le rugby n'est quand même pas trop dans leur culture. Je connais un peu aussi le rugby espagnol et j'ai des amis qui y jouent, surtout du coté pays basque où pourtant il y a une forte émulation avec la France. Il faudra du temps je pense quand même, pour le voir émerger au niveau européen même passer devant l'Italie. Mais il y a du progrès depuis une 20 aine d'année et le rugby en Espagne ne pourra que devenir de plus en plus populaire c'est certain. La France et l'Argentine peuvent jouer un rôle important.
Louis Risque Sa Mitre
“Quand tu joues bien, tu perds seulement si l’autre est meilleur. Et alors quel est le problème ? Tu vas jouer contre les Blacks et ils sont meilleurs. C’est comme ça, et ce n’est pas un problème. L’objectif n’est pas de gagner, parce que gagner n’est pas synonyme de succès"
Que j'aime cette tirade !
alan75
Elle prend tout son sel quand on se rappelle pourquoi l'Espagne é été écartée de deux CdM...
oc
Pour les philosophes de 2000 , on dira que c'est du Mano Solo .
Do-go-let
Il y a eu un changement de l'équipe dirigeante de la FER l'été dernier, il y a beaucoup d'espérance autour de la nouvelle équipe. L'ancienne équipe (dirigée par Alberto Feijoo) avait eu une tâche difficile à ses débuts : rembourser la dette colossale (par rapport au budget de la FER) laissée par l'équipe précédente. Elle avait bien accompli ce travail ainsi que les contacts avec les clubs français pour que les bi-nationnaux puissent jouer les matchs clés de la sélection. Par contre, en plus des 2 cagades sur les joueurs non autorisés à jouer avec les Leones, le développement du rugby avait été soutenu presque uniquement par les clubs et la gestion des contrats de sponsor ou TV n'était pas non plus le fort de l'ancienne FER. Je pense que "Hansen" et son équipe vont apporter quelque chose sur ces 2 points.
Je voudrais aussi signaler une grosse difficulté pour la FER : elle doit appuyer 4 sélections qui sont assez compétitives mais qui sont toujours à la limite pour pouvoir se qualifier pour les grands événements:
1. la sélection masculine à 15
2. la sélection féminine à 15, injustement virée du 6 Nations mais qui a un niveau proche de l'Ecosse ou de l'Irlande. Elle battait avant l'Italie. Mais sans les sous du 6 Nations, maintenant elle ne peut plus lutter à armes égales.
3. la sélection masculine à 7, qui participe aux Sevens Series, et donc demande un budget conséquent. Certains joueurs ont des contrats d'un an avec la FER, d'autres jouent à 15 dans les compétitions nationales et alternent 15 et 7. Elle n'a pas réussi à se qualifier pour la CdM de rugby à 7 ni aux derniers JO (seulement 12 équipes)
4. la sélection féminine à 7, qui participe aussi aux Sevens Series, et rebelotte pour le budget. Très très peu de joueuses ont des contrats d'un an avec la FER, la plupart joue à 15 dans les compétitions nationales et alternent 15 et 7. Elle a réussi à se qualifier pour la CdM de rugby à 7 mais pas aux derniers JO (seulement 12 équipes)
Le problème : avoir un budget pour mener de front les 4 sélections. En comparaison, la Géorgie n'est compétitive qu'au rugby à 15 masculin. D'ailleurs aucun pays du 6 Nations B n'est compétitif dans ne serait-ce que 2 des 4 "domaines".
Autre difficulté pour avoir des équipes nationales compétitives : le problème de la carrière sportive professionnelle. En général, cela passe par beaucoup de sacrifices notamment devoir s'expatrier (le plus souvent en France).
Bord de l’aube et glais
Merci pour les précisions !
Do-go-let
Correction de l'article : los Leones n'avait pas gagné leur place sur le terrain pour la coupe du monde de 2019 (avant perte de points pour alignement non conforme de joueurs). Ils devaient passé par un barrage contre les Samoa (pas gagné du tout) pour y arriver. Mais oui, à ce moment-là il n'avait pas été aussi proche de se qualifier depuis la coupe du monde de 1999.
kth44g
Et en cas de défaite passer par le tournoi de repêchage de mémoire. Ce qu'a fait l'Allemagne qui y est allé à leur place (sans succès).
alan75
On fait du publi-reportage aussi dans le rugby?