Ce jeudi 29 août, la Fédération Française de Rugby (FFR) a réuni la grande famille du rugby à Marcoussis pour une première séance de travail historique dans le cadre des États Généraux. Un rendez-vous crucial, attendu après un été mouvementé, pour redéfinir collectivement l’avenir de notre sport.
RUGBY. TOP 14. Test surprise et prévention : comment le Racing 92 protège ses joueurs face aux dérivesFace aux défis actuels, tant sur le terrain qu’en dehors, la FFR a rassemblé une trentaine d’acteurs clés du rugby français. Des représentants de la FFR, de la Ligue Nationale de Rugby, des syndicats, du rugby amateur, ainsi que des staffs des équipes de France étaient présents.
Ensemble, ils ont identifié trois axes prioritaires pour redresser la barre :
- fixer de nouveaux objectifs comportementaux aux équipes de haut niveau,
- identifier les forces et les axes de progrès des modes de fonctionnement actuels
- définir des moyens d’actions inédits et concrets pour empêcher les dérives constatées sur et en dehors des terrains, au niveau professionnel comme au niveau amateur.
L’urgence d’agir a été partagée par tous. Le rugby français, à tous les niveaux, n’est pas à l’abri des dérives sociétales telles que les addictions et l’influence des réseaux sociaux. Le besoin de repenser le fonctionnement est plus pressant que jamais.
Jérémie Lecha, Directeur général de la FFR, a été chargé de traduire ces réflexions en actions concrètes. Dès les prochains jours, il entamera une série de consultations pour finaliser un plan stratégique, opérationnel dès octobre, avant la Tournée d’automne du XV de France.
Ce n’est pas seulement l’avenir du rugby qui est en jeu, mais aussi son identité, ses valeurs et son histoire. C’est un moment de réflexion collective où le rugby doit se questionner sur son rôle dans une société en pleine mutation.
Ces États Généraux ne sont qu’un point de départ. Mais c’est un départ ambitieux, porteur d’une volonté forte de changement.
duodumat
Le rugby français a une chance de sortir de ces dérives sociétales. Ne gâchez pas cette chance, mesdames et messieurs de la FFR !
LAmiDeTous
Ca sera difficile. Déjà si le rugby français arrivait à établir et appliquer un cadre sain pour l'équipe internationale voire le rugby professionnel, ça serait bien. Un grand triomphe.
Gilles Bert
Ceci est un article paru ce matin dans L'équipe. Je trouve important de le lire car reflète tout ce qui ne va pas dans le rugby français. C'est le témoignage de la mère d'un jeune joueur du Top 14.
"" Le point de départ, c'est quasiment toujours une forte alcoolisation. Le rugby est devenu une manufacture de violence et de frustration. J'écoute ce que me raconte mon fils. Le mal-être des joueurs est puissant. Ils ne savent pas comment évacuer la pression, pas comment se régénérer. Et on ne leur apprend pas ! Ils se jettent dans l'alcool, la drogue. La cocaïne est en passe de supplanter la bière dans les troisièmes mi-temps aujourd'hui. Elle améliore la clairvoyance. Elle est un anti douleur qui aide à repousser les limites, la fatigue. Ses traces s'effacent en quelques jours. Nos jeunes sont en danger.
Chaque fait divers raconte un mal-être profond. Pourquoi fait-on du sport si ce n'est pour trouver un équilibre intérieur ? On demande aux joueurs de performer jusqu'à ce qu'ils cassent, physiquement ou psychiquement. Qui les accompagne dans la dimension mentale ? Le cerveau, les émotions, c'est quand même plus important que les grammes de protéines dans un shaker. Ces jeunes hommes sont soumis à d'extrêmes exigences de performance. Le rugby n'est plus un jeu pour eux.
Mon fils été broyé, il a vécu une dépression, comme d'autres. Beaucoup n'osent pas se l'avouer. Et, surtout, personne ne veut le voir. Ceux qui montreraient des signes alarmants ne sont pas dépistés. Nombre de coaches n'apprécient pas l'intercession d'un psy. Ce simple mot est mal vu, peu entendu, dans le rugby. Les managers n'aiment pas se sentir dépossédés, ils veulent avoir la mainmise sur le mental de "leurs" joueurs. Dans la mythologie du rugby, l'entraîneur est un chef de guerre. Un coach mental qui débarquerait dans un vestiaire pour dire à un joueur : "Tu t'en fous du résultat, prends du recul. Respire. Trouve du plaisir", il ne ferait pas long feu.
J'ai vu mon fils et ses copains évoluer depuis l'école de rugby. Aujourd'hui, ce sport ne tire pas les joueurs vers le haut. Devoir "être un guerrier" chaque week-end, c'est compliqué. C'est un processus émotionnel particulier. Une fois dans cette zone mentale, il faut pouvoir en sortir, revenir au quotidien. Les ecchymoses voyagent du corps à l'âme. Ces hommes jeunes n'ont jamais le temps du "retour sur soi". On leur enseigne la "rush defense", mais aucune "self-défense" salvatrice pour l'âme. Qui les guide ? Qui est porteur d'un état d'esprit ? Ils étouffent, ne parviennent plus à s'ouvrir au reste du monde. Restent dans leur bulle, font de plus en plus rarement des études. Le rugby d'aujourd'hui, c'est deux Prime Time, chaque semaine, sur Canal+. Tout ça monte à la tête et influe sur les ego.
Et puis s'ajoute à ça le poids des réseaux sociaux. Le téléphone est une addiction qui commence au réveil et se poursuit jusqu'à l'endormissement. En existe-t-il de pire ? On exige de nos joueurs qu'ils soient costauds, résistants, qu'ils performent dur et remettent ça la semaine suivante. Il leur faut être lisses avec la presse, ne jamais faire de vagues. Et puis sympas avec les supporters qui les insultent sur les réseaux sociaux. Que font-ils de leurs 20 ans ? Mon fils s'est déclenché un zona, est tombé en dépression. Il aime ce jeu depuis qu'il est enfant mais a été à deux doigts de mettre fin à sa carrière. Certains matins, il avait mal au bide avant l'entraînement. J'entends tellement d'histoires de joueurs pleines de noirceur.
Que sont devenus les coaches ? Ils ne sont plus des papas ou des éducateurs. Beaucoup sont devenus des chefs d'atelier, attachés à fabriquer de la performance et produire des plans de jeu. Plus vraiment des figures inspirantes. La casse psychologique est énorme. Beaucoup de joueurs vivent seuls. Plus que jamais ils auraient besoin d'humanité. Ils reçoivent leurs instructions par SMS, des menus diététiques ou leur "dress-code" du jour : "Tu prends ton costume. Rdv à l'événement partenaire. Il y aura 200 personnes. Faudra être bon."
Après un Championnat sous tension, on a envoyé de jeunes hommes en tournée d'été. L'intérêt sportif était nul. Le but d'une tournée est ailleurs, développer les êtres, les relations humaines. Aider à comprendre ce que signifie "faire équipe". Dans la nuit argentine, où étaient les hommes de quart pour guider nos matelots sur le pont ? Loin de tout, les digues ont lâché.
Être mère d'un joueur est devenu une souffrance, psychologique autant que physiologique. C'est notre chair qui souffre, qu'il gagne ou bien qu'il perde. Chaque week-end, on a peur de la violence des chocs. Ce qu'ils appellent un match couperet, c'est notre réalité : nous, les mères, nous sommes coupées en deux. On a peur pour leur colonne vertébrale, leurs genoux. Et surtout leur tête. Les commotions cérébrales sont devenues légion. Mon fils a eu un black-out de dix jours. Tout ce qu'on vit est un déchirement. Et pourtant il y avait pire. Je suis sans mots, j'aimerais témoigner mon amour à la maman de Medhi Narjissi (2). Mais je ne sais que lui dire. Le rugby lui a pris son fils. ""
Jacques-Tati-en-EDF
Très bon article.
Le rugby entre dans notre culture et notre inconscient collectif comme un espace de fabrication de surhommes, de super-héros, de personnes invulnérables voire immortelles. (En tout cas telle est au fond l'idée première, affrontement des corps toujours plus forts, tel Achille face à Hector).Il est le terrain des affrontements officiels, celui où la violence est cadrée mais permise. Le seul sport collectif de combat. Il peut être à double tranchant:
- soit il est l'apprentissage d'une organisation collective où chacun va avoir un rôle et permet l'entraide, le soutien, le partage, l'intelligence collective. Ce qui permet de se sortir de cette espace en le sublimant souvent par le jeu, principale façon de se constituer en une association de citoyens.
- soit il est un peu l'école à Bernie. Le lieu des égos, l'endroit où la mesure et la limite n'a plus cours et où on peut se vider "sans culpabiliser". L'endroit du culte du héros mythologique enfin retrouvé et qui semble manquer tant à notre monde et notre époque.Celui aussi de la hiérarchie absolue à la Ubu.
On est mal barré.
Soit le rugby évolue et prend acte de sa situation. Soit il est condamné à devenir un espace fangeux, recueillant les frustrations et violences de notre monde social.
Qule coach en effet comme dit dans l'article va dire à ses joueurs, même jeunes: "N'allez pas au-delà de vos limites, la souffrance excessive n'est pas obligée, il est important de respecter votre corps etc ... ? Qui ? Qui le ferait sans passer pour un "guignol" ? Quels joueurs même jeunes l'accepteraient ?
Des mesures draconiennes mais ajustées me paraissent obligatoires. Autant dans les débordements que dans la pratique. Et d'ailleurs les deux vont de paire. Et il n'a jamais été contradictoire d'allier le combat avec le jeu et l'intelligence collective.
Je crois que certaines équipes l'ont prouvé et le prouvent encore.
MAKABIAU
Il y a beaucoup de travail.
J'ai toujours connu le rugby à "deux faces".
D'un côté, l'image habituelle des valeurs du rugby, avec des exemples forts comme ce match du T6 annulé (Fr/Irl) à la dernière minute à cause du terrain gelé impraticable. Malgré cet amateurisme de la FFR (cela faisait 2 semaines qu'il gelait tous les matins), le public a quitté le SdF sans heurts...qu'en aurait-il été au foot ?
De l'autre, un côté moins glamour, avec par exemple un derby Gaillac/Graulhet, où j'ai vu l'entraîneur des visiteurs faire des bras d'honneur au public et où sur le terrain le ballon ne circulait guère, les joueurs passant leur temps à se mettre des bignes.
Côté racisme, rien de nouveau, chez les jeunes de ces clubs, une des activités du week-end consistait à aller casser de l'a....e.
J'ai joué dans une équipe du 93, et celui qui prenait le plus de risques sur le terrain, c'était en général l'arbitre.
Je suis désolé mais j'ai pas mal d'exemples de cet acabit, qui me laissent un souvenir mitigé de mes années de pratique. Il y a bien sûr eu des moments formidables comme on les imagine.
Ce qui se passe actuellement est à l'image de notre société où tout se voit et tout se juge. Les instances nationales ne peuvent plus faire l'impasse de ce chantier.
potemkine09
L'addiction et les reseaux sociaux... Pour mou d'abord la violence sur et en dehors du terrain et le racisme. Autrement plus préoccupant que la weed et twatter/Xitter/Fesse de bouc/Tic et tac et consorts
lebonbernieCGunther
Vaste chantier qui va bien au-delà du simple cadre du rugby, mais si notre discipline -aux deux sens du terme - peut servir d'exemple pour moins de dérives et d'extrêmes dans l'ensemble de la société, je prends!
etutabe
Est-ce que les illustrissimes Guirado et Codorniou y sont ? Je ne crois pas et c'est bien dommage car ils auraient fait montre de leurs fantastiques qualités et de leur force de proposition 😛
Yonolan
Là c'etait un brainstorming
J'y vois mal Guirado....
Quand à Codor il n'a aucune legitimité pour y etre mais il se chargera surement de la critque
Jak3192
Si c'était un brainstorming,
toi, tu es entré dans le "brainbashing"
🤭
Yonolan
Ah non
Je ne me suis jamais moqué de ce que n'ont pas les gens
C'est pas bien du tout et c'est pas mon tempérament
Jak3192
Si je ne m'abuse,
joli second degré 😄
Et tu as raison: pas bien de tirer sur l'ambulance quand le blessé a déjà trépassé
Amis à Laporte
Le point le plus difficile n'est pas de définir un cadre, le point le plus crucial est de savoir quelles sont les sanctions à prendre si des agissements sont commis en dehors de ce cadre. Qui les prendra ? Seront-elles réellement appliquées ? Seront-elles "modulables" selon l'influence des clubs employant les joueurs fautifs ?
J'espère sincèrement que le rugby finira par sortir vainqueur mais ne doutons pas un seul instant que certains acteurs actuels préfèreront l'argent à l'éthique. Pas besoin de vous faire un dessin...
Jacques-Tati-en-EDF
Ma mémoire me joue-t-elle des tours ou FG et Ibanez n'avaient-ils pas effectué un entretien avec tous les internationaux potentiels lors de leur prise de fonction ? Avec une prise en compte sérieux de cet engagement.
Qu'en est-il aujourd'hui de ces engagements ? Sont-ils toujours d'actualité ?
Ces entretiens existent-ils toujours ou était-ce une proposition d'Ibanez ?
LAmiDeTous
La spéculation est que cette prise au sérieux s'appuyait sur une sacralisation du maillot bleu, comme perçue par une large partie de l'ovalie française qui continue à vendre l'équipe internationale comme le saint graal. Le ressort ne fonctionne pas. Il est probable que l'équipe dirigeante actuelle considère la contrainte comme nécessaire. Ce qui va être délicat dans une société libérale pour laquelle on est libre quand on est le moins contraint. Le rugby est dans une position précaire à ce sujet. L'administration Grill veut tirer de la légitimité d'une concertation et du pseudo consensus qui s'ensuivra. Il y a urgence cependant. La recherche de l'impunité est permanente dans la société libérale et plus on avance, plus on peut percevoir le maillot bleu comme un moyen de passer entre les gouttes.
Jak3192
J'attendais le mot "libéral"...
Caramba !
Encore gagné 👍👏💪
😂
Jacques-Tati-en-EDF
2 pts même !!
Nicolas Sans Chaise
Tu as raison, après la CDM au Japon, le nouveau mandat avait mis l'accent sur l'importance du cadre pour postuler à l'équipe de France. C'était une condition sine qua non on sentait tune réelle reprise en main de la vie du groupe.
Jacques-Tati-en-EDF
En effet. Mais est-ce toujours le cas ?
C'est pour cela qu'un encadrant comme Ibanez, comme on peut le supposer, était important finalement.
Nicolas Sans Chaise
La dernière tournée d'été a montré qu'il y a eu un sacré relâchement pour rester poli.
Pourtant le sujet avait aussi l'air porté par Galtoche je ne comprends pas ce qui s'est passé.
Jacques-Tati-en-EDF
Effet de la déception coupe du monde ?? genre " ben, maintenant, c'est plus la peine ..." ??
dusqual
je sais pas, mais en effet, ça fait très ibanez ce genre de choses.
Nicolas Sans Chaise
Il était temps. J'espère que l'axe de la lutte contre la propagation des idées racistes au niveau amateur et jeune sera au centre des discussions.
Il y a un réel glissement de mentalité et le rugby est devenu le sport des beauf racistes dans l'opinion collective.
Yonolan
Et bien on y est
Premiere etape , au travers d'un brainstorming, qui va envisager des pistes pour avoir un cadre plus vertueux et qui devrait être testé au travers d'un modéle mis en place pour les échéances de cet automne et des retouches qui s'en suivront
Ne doutons pas que la Montagne ne devrait pas accoucher d'une souris pour une fois
Ce serait irrespectueux et indigne de tous les évenements de cet été
Et loin du tumulte nauseabond d'une campagne électorale
Travaillez bien Mesdames et Messieurs : le rugby français compte sur vous car il en a besoin
math1907
Puisses-tu dire vrai !