Commençons par les bases. Comment fonctionne le rugby de haut niveau au Japon ? « La Top League est la première division du championnat japonais. Elle se dispute généralement de fin août jusqu’en janvier. Il y a 16 clubs, répartis en deux poules. Et les quatre premiers de chaque poule s’affrontent en phases finales. » Seulement, à cause de la Coupe du Monde au Japon, il n’y aura pas de Top League cette année. Elle est remplacée par une « Coupe du Japon », l’équivalent de la Coupe de France au football. Cet événement regroupe la première et la seconde division du championnat japonais. La Top League 2019 se jouera donc de janvier à avril 2020. En revanche, il n’y aura pas de relégations à son issue. Puis la Top League - édition 2020 - retrouvera son format initial.
Le championnat japonais est maintenant très médiatisé avec l’arrivé de grandes stars comme Dan Carter, Duane Vermeulen, Dane Coles ou encore Christian Lealiifano.
C’est très positif ! Le niveau du championnat va augmenter. Vu que les clubs n’ont le droit qu’à seulement deux étrangers capés et trois non-capés sur le terrain, ils ne recrutent que des pointures. De plus, ici, les stars étrangères sont très pédagogues. Ils ne viennent pas comme au Top 14 seulement pour prendre un cachet. Ce système est parfait car il améliore le niveau, tout en protégeant les joueurs japonais. Les grands joueurs de Super Rugby préfèrent venir au Japon car on y pratique un jeu de mouvements, et non de contacts. C’est équivalent au Super Rugby. Les joueurs ne se détruisent pas comme ils le feraient s’ils jouaient en Europe, et surtout en France. Les All Blacks auxquels j’ai parlé considèrent le rugby français comme un rugby de castagne.
Prenons un exemple. Dan Carter, ancien joueur du Racing 92, touche en un an au Japon autant qu’en France. Mais l’ouvreur All Black, souvent blessé au Racing 92, est dans une forme étincelante en Top League, où on ne joue que six mois. Le jeu pratiqué y est moins physique. Malgré une mise en lumière naissante et de belles recrues, les clubs japonais n’attirent pas grand monde dans les stades, et ne font aucun bénéfice. « Les Présidents de clubs au Japon ne font pas de bénéfices. Ils ont un club seulement pour donner un prestige à leur entreprise. En temps normal, il y a seulement 2500/3 000 personnes dans les stades. »
Pas de retour en France envisagé...
Quand on évoque un retour en France, Nicolas Kraska n’est pas enthousiaste. « Le rugby japonais me plaît beaucoup. En France, j’étais cantonné à l’aile car j’étais soi-disant trop petit. Alors qu’au Japon, je peux jouer aussi bien ailier que centre. Puis je me souviens des Albi-Oyonnax en Pro D2, où sur dix ballons touchés, il y en avait deux exploitables. Le reste du temps, c’était des réceptions de chandelles. Au Japon, on relance de nos vingt-deux mètres. Alors qu’en France, on commence à attaquer dans les vingt-deux mètres adverse. Honnêtement c’est casse-c*** ! Après, forcément, la culture française me manque.»
Kraska de confier : « C’est toujours un plaisir d’y revenir en vacances. Je pense qu’en fin de carrière, je ferai une pige ou deux en France. Mais ce serait plus un choix de cœur. J’irai dans un club en Fédérale 1 ou 2 avec un projet humain pour m’éclater avec les copains. »
... mais la Fédérale 2 plutôt que les USA
Dans le même style que le rugby japonnais, le rugby américain se développe aussi, avec moins de budget que les autres championnats. « J’étais invité à Las Vegas pour un tournoi de Seven. J’ai donc eu l’occasion de voir Seattle et Toronto jouer. Les States me faisaient rêver, j’imaginais le rêve américain. Sauf que le rugby de là-bas, c'est du niveau de la Fédérale 2. Les joueurs sont baraqués. Mais stratégiquement, c’est très pauvre. Ils n’arrivaient pas à attraper un ballon. Alors si le rugby se développe beaucoup mieux dans les années à venir, pourquoi pas tenter l’expérience. Mais à l’heure actuelle je préfère aller jouer en Fédérale 2. »
Nicolas Kraska, qui évoluait depuis son arrivée au Japon au Toshiba Brave Lupus, a décidé de qe lancer dans un nouveau projet en signant au Shimizu Blue Sharks. « J’étais en fin de contrat à Toshiba, et je ne m’entendais pas du tout avec le coach. Il ne pouvais pas me blairer, et ne m’avais pas fait jouer de la saison. Je voulais trouver autre chose. J’ai même failli rentrer en France. J’avais des contacts avancés avec Suresnes. Et au final, j’ai eu cette proposition des Shimizu Blue Sharks, que je n’ai pas pu refuser. C’est un club promu en deuxième division japonaise. L’entraîneur est japonais mais il est né en Suisse, il a fait des stages rugbystique pour devenir coach en Irlande et en Nouvelle-Zélande. Il n’a donc pas la vision d’un coach japonais qui n’est jamais sorti du Japon. C’est une équipe extrêmement joueuse et un club très familial. J’ai vraiment adhéré au projet. »
Retrouvez la seconde partie de notre entretien, prochainement sur le site !
Revahn
Il m'a l'air d'avoir beaucoup de ressentiment envers le rugby français, je me demande si il lui est pas arrivé quelque chose en plus...
Même si ce qu'il dit est vrai!
Draggor
Ils viennent pas pour le cachet.
carter touche autant qu'en France... Dans un championnat qui dure 6 mois au lieu de 12...
Moi j' veux bien bosser 2x moins sans perte de salaire... Mais c'est pas par vénalité hein ?!
CQFD
coupdecasque
Je crois que c'est un des nombreux arguments en plus du fait qu'ils sont proches de chez eux qu'ils peuvent revenir jouer le super rugby s'ils veulent et qu'en effet ils peuvent jouer leur jeu sans se retrouver avec Chacancy en centre...
Yonolan
il a l'air d'aimer être là-bas et le jeu qui y est pratiqué
Le Top 14 un rugby de castagnes?....mais non allons
garcon63
Mr Kraska nous rappelle que le rugby est d'abord un jeu.
Merci à lui.
MimiST
Avant de critiquer les autres championnats on verrait mieux d'en prendre de la graine !!