Ce que les parents ne voient pas, c’est que derrière eux qui sont accoudés à la main courante, il y a les vieux.
Les vieux font partie du mystère du rugby. Sur tous les tournois, ils sont là.
On ne sait pas d’où ils viennent ni qui ils sont.
Ils regardent, ils guettent, ils épient.
Ils ressemblent tous à Roger Couderc.
De temps à autre, ils haussent les sourcils, soupirent, lèvent les yeux au ciel. Ils se mettent à parler entre eux par grognements, dans un patois d’où émergent des noms vaguement connus mais étranges comme d’anciennes incantations : Estève, Vaquerin, Bala, Dospi, le Chameau, Pipette.
Essayons d’identifier les vieux.
Il y a certainement parmi eux des grands-pères de jeunes joueurs. Ceux-là sont facilement reconnaissables car le petit-fils vient les voir à la fin.
Puis il y a les vieux du Comité et peut-être même des fédéraux (on dirait le nom d’agents du FBI, mais ce ne sont que des représentants de la Fédération Française de Rugby). Ils portent souvent un badge retenu par une cordelette en nylon. Leur air est particulièrement sérieux, voire revêche. Ils n’arrêtent pas de marcher d’un terrain à l’autre.
D’ailleurs, marcher en faisant la gueule semble être leur unique activité.
Faisons une petite parenthèse. Un parent qui veut comprendre l’organisation du rugby dans les catégories jeunes (moins de quatorze ans) s’engage dans une périlleuse aventure dont il ne sortira pas indemne. Tel Thésée, il s’enfonce dans le labyrinthe du Minotaure, sauf qu’il n’existe pas de Fil d’Ariane. Il découvrira qu’il existe une Fédération, des Comités territoriaux, des zones, des Comités départementaux, des ententes, des scissions, des projets de fusion, des challenges et des super challenges, des tournois, des plateaux, des classements par niveau, des présélections et des sélections, des pôles espoirs et des pré-filières, des listes cachées et des compétitions portant le nom d’illustres inconnus. Partout il verra des coupes et des médailles mais, s’il a l’idée folle de vouloir se renseigner sur les sites internet de toutes ces organisations, il comprendra encore moins : tout est alambiqué, et surtout la mise à jour date de plus d’un an.
C’est qu’en vérité, les vieux s’occupent de l’internet du rugby.
Enfin, pas tous, les vieux du Comité seulement.
Mais, en dehors des grands-pères et des vieux du Comité (il ne faut d’ailleurs pas les appeler comme ça, il faut dire « les Anciens »), qui sont les autres ?
Des spectateurs, des papys du coin qui viennent regarder cette jeunesse sportive et joyeuse, saine et entreprenante.
Léo leur rappelle leur petit-fils qui ne vient jamais les voir, Pierre joue comme lui le faisait soixante ans plus tôt chez les rouges : d’ailleurs il vient discrètement de lui donner un petit conseil : quand tu veux plaquer, regarde les pieds de l’adversaire, ça te forcera à baisser la tête au moment de l’impact.
Car le Rugby est un sport de tradition et de transmission. La chaîne qui se forme entre les joueurs se passant la balle est la même que celle qui relie les générations.
Celui qui a mangé hier de la boue amère couché sous le talonneur adverse se reconnait dans le gosse d’aujourd’hui allongé sur l’herbe.
Les vieux font partie du mystère du rugby. Sur tous les tournois, ils sont là.
On ne sait pas d’où ils viennent ni qui ils sont.
Ils regardent, ils guettent, ils épient.
Ils ressemblent tous à Roger Couderc.
De temps à autre, ils haussent les sourcils, soupirent, lèvent les yeux au ciel. Ils se mettent à parler entre eux par grognements, dans un patois d’où émergent des noms vaguement connus mais étranges comme d’anciennes incantations : Estève, Vaquerin, Bala, Dospi, le Chameau, Pipette.
Essayons d’identifier les vieux.
Il y a certainement parmi eux des grands-pères de jeunes joueurs. Ceux-là sont facilement reconnaissables car le petit-fils vient les voir à la fin.
Puis il y a les vieux du Comité et peut-être même des fédéraux (on dirait le nom d’agents du FBI, mais ce ne sont que des représentants de la Fédération Française de Rugby). Ils portent souvent un badge retenu par une cordelette en nylon. Leur air est particulièrement sérieux, voire revêche. Ils n’arrêtent pas de marcher d’un terrain à l’autre.
D’ailleurs, marcher en faisant la gueule semble être leur unique activité.
Faisons une petite parenthèse. Un parent qui veut comprendre l’organisation du rugby dans les catégories jeunes (moins de quatorze ans) s’engage dans une périlleuse aventure dont il ne sortira pas indemne. Tel Thésée, il s’enfonce dans le labyrinthe du Minotaure, sauf qu’il n’existe pas de Fil d’Ariane. Il découvrira qu’il existe une Fédération, des Comités territoriaux, des zones, des Comités départementaux, des ententes, des scissions, des projets de fusion, des challenges et des super challenges, des tournois, des plateaux, des classements par niveau, des présélections et des sélections, des pôles espoirs et des pré-filières, des listes cachées et des compétitions portant le nom d’illustres inconnus. Partout il verra des coupes et des médailles mais, s’il a l’idée folle de vouloir se renseigner sur les sites internet de toutes ces organisations, il comprendra encore moins : tout est alambiqué, et surtout la mise à jour date de plus d’un an.
C’est qu’en vérité, les vieux s’occupent de l’internet du rugby.
Enfin, pas tous, les vieux du Comité seulement.
Mais, en dehors des grands-pères et des vieux du Comité (il ne faut d’ailleurs pas les appeler comme ça, il faut dire « les Anciens »), qui sont les autres ?
Des spectateurs, des papys du coin qui viennent regarder cette jeunesse sportive et joyeuse, saine et entreprenante.
Léo leur rappelle leur petit-fils qui ne vient jamais les voir, Pierre joue comme lui le faisait soixante ans plus tôt chez les rouges : d’ailleurs il vient discrètement de lui donner un petit conseil : quand tu veux plaquer, regarde les pieds de l’adversaire, ça te forcera à baisser la tête au moment de l’impact.
Car le Rugby est un sport de tradition et de transmission. La chaîne qui se forme entre les joueurs se passant la balle est la même que celle qui relie les générations.
Celui qui a mangé hier de la boue amère couché sous le talonneur adverse se reconnait dans le gosse d’aujourd’hui allongé sur l’herbe.
Retrouvez les chapitres précédents :
Parent de rugbyman heureux - Chapitre 1 : InitiationParents de rugbyman heureux - Chapitre 2 : les parentsParent de Rugbyman heureux - Chapitre 3 : Les éducateursParent de rugbyman heureux - Chapitre 4 - Les adversaires
lechonch7878
Jolie page qui donne envie de lire le reste.
Ocwarrior
Quelle plume. C’est beau. J’espère être un de ces vieux un jour.
Ahma
Je me disais la même chose , ça donne presque envie d'être vieux ... enfin moins ceux de la FFR peut-être
sorgina
Ne soyez pas trop pressé, ça arrive plus vite que vous le pensez......