L'acceptation, la tolérance, le respect. Ces valeurs sont parfois mises à mal dans le milieu de l'ovalie, mais sans elles, Pascal Papé ne serait peut-être pas là aujourd'hui. Le deuxième ligne du Stade Français doit en effet beaucoup au rugby et à ses valeurs parfois décriées. "Le mardi, dans ma vie, a toujours été mon jour préféré. Car les mardi soir, quand je savais qu'il y avait rugby le lendemain, étaient les seuls où j'arrivais à m'endormir", confie l'ancien joueur du XV de France dans une longue interview accordée à L'Equipe Mag. Si le jeune Pascal avait beaucoup de mal à dormir, et à même fait pipi au lit jusqu'à ses 12 ans comme il le raconte, c'est parce qu'il n'a pas eu une enfance ordinaire.
À 7 mois et demi, il a été placé en famille d'accueil après avoir été confié à la DDASS. À l'époque, sa mère biologique ne peut pas s'occuper de lui en raison de problèmes psychologiques. "Elle est dans une vie de débauche. Pour pouvoir picoler, se droguer, elle se prostitue. Moi j'arrive à cette période-là". Il ne connaît pas son père. Mais il sait que sa mère a déjà eu un enfant. Un frère qu'il ne connaîtra jamais puisqu'il a été défenestré par son père ou un amant de sa mère "parce qu'il pleurait trop." Pascal n'a heureusement pas connu le même sort, mais il a été livré à lui-même dès ses premiers jours sur Terre. "Je ne suis pas nourri, ce qui a provoqué une énorme hernie abdominale." Alertés par ses pleurs, les voisins finiront par appeler les gendarmes. "Visiblement, il ne me restait que peu de temps".
Le rugby comme une échapatoire
Il vit ce qu'il appelle une nouvelle naissance en étant placé dans une famille aimante qui ne lui cache rien. Il en vivra une autre à 18 ans quand il sera officiellement adopté. Mais avant ça, tout n'a pas été rose pour autant malgré l'amour qu'on lui porte et sa "bouffée d'oxygène" quotidienne grâce au rugby. Les services sociaux l'obligent à rendre visite à sa mère biologique tous les quinze jours puis une fois par mois pendant une heure et demi. Une véritable "torture". S'il n'en veut aujourd'hui pas à celle qui lui a donné la vie, il le vit très mal. "On m'avait placé dans une famille formidable, mais une fois par mois on m'injectait des piqûres de malheur et de tristesse dans le sang". Il a des insomnies avant et des douleurs abdominales après. Le traumatisme est tel qu'il ne peut pas revenir sur les lieux des rendez-vous encore aujourd'hui.
Un lien avec sa mère renforcé par le fait qu'il porte toujours son nom. C'est son "fardeau" et il va le porter jusqu'à ses 18 ans. Il aura des frissons la première fois que le speaker prononcera le nom de sa famille. Une fois de plus, le seul moment où il peut être tout simplement Pascal, "le petit rouquin", c'est à l'école de rugby. "J'étais un parmi les autres", alors que tout le monde connaissait ses parents. Mais le petit rouquin n'est pas un tendre pour autant. Son enfance a forgé son caractère. "Je crois que j'ai été un petit salopard à cause de cela". Lorsqu'on l'insulte de "fils de pute", il dégoupille. C'est peut-être vrai pour sa mère biologique comme il l'admet, mais il pense à ce moment-là à sa mère adoptive.
La dépression puis la libération
Ce comportement agressif, qui va lui servir dans le rugby, est aussi sa carapace mais elle va finir par se briser en 2013. Avant cela, une seule personne avait réussi à la percer, son entraîneur à Bourgoin, Laurent Seigne, treize ans auparavant. Il lui avait d'ailleurs dit qu'il faudrait qu'il raconte tout ça, "car c'est une belle histoire". Mais elle aurait aussi bien pu être tragique. Éloigné des terrains suite à une blessure il y a trois ans, et contraint de prendre des médicaments très forts pour son dos, il va sombrer dans la dépression. Tout remonte alors à la surface et il fait une tentative de suicide, comme "un appel au secours". C'est lors de son séjour dans un hôpital psychiatrique, qu'il "a commencé à écrire tout ce qu'il y avait en [lui]. Une forme de thérapie". Au crépuscule de sa carrière de rugbyman, et maintenant que tout a été dévoilé au grand jour, il ressent même "une forme de libération". Il invite d'ailleurs les autres joueurs à parler pour faire la part des choses entre le joueur, dur et agressif sur le terrain, et l'homme avec toutes ses faiblesses en dehors.
arnaud famy
extrèmement touchant ! putain bazarder un minot par la fenêtre parcequ'il est trop bruyant ! faut avoir un putain de pete au casque ! chapeau pour vivre avec ce type de souffrance, ça demande une grosse force de caractère
Montmirail
Je viens de tomber sur son interview... très touchant et certainement très dur à admettre.
Un joueur solide, agressif et parfois pas des plus malins mais un homme au grand coeur, toujours présent dans le combat, généreux et solidaire. Un bel exemple de rugbyman
Traverser tout cela et être Capitaine du XV de France, mes respects Monsieur Papé
mounjet
Un seul regret, que le jeune homme n'ait pas accompli plus tôt ce travail libératoire, pour sa santé à lui. Ceci dit, ce mec est loin d'être la brute sanguinaire parfois décrite par les zereaux sociaux... Bravo à sa famille d'accueil et aussi aux services de l'état, ils ont sauvé un gamin condamné. Quant au bonhomme, j'ai toujours fait partie de ce qui le voyaient comme un grand joueur, respect pour une si belle carrière.
Bourgoin, c'est quand même une sacrée pépinière....
setonaikai
Ouch, j'étais pas prêt ce matin!
Respect pour avoir tenu cela.
straits
J'étais parmi les premiers à le caricaturer. J'étais loin d'imaginer ce qui se cachait derrière le rugbyman brutal. Une histoire comme bien d'autres, hélas. Beaucoup finissent mal, certains s'en sortent mais peu en devenant capitaine du XV de France. Donc pour cela, respect à ce monsieur.
Jeanpenible
Respect. Malgré tes quelques sorties de route tu reste un grand joueur et assurément un grand homme.
m73
Qu'on l'aimes ou pas, c'est impossible pour les rugbymen que nous sommes de rester insensible à de telle révélations venant d'un grand joueurs, ex capitaine des bleus. Encore une fois ça montre que notre sport et son état d'esprit que l'on préserves malgré tout peu sauver des vies, pousse à chacun les limites mentales et physique et que même si on est des costauds sur le carré , on restes des hommes.
virilmaiscorrect
Comme quoi il faut réfléchir avant de dire des connerie sur une personne. Bouleversant et qui permet a chacun de comprendre qu'il faut tourner 7 fois sa langue dans sa bouche ...
Comme quoi un homme même un rugbyman "dur" à un côté qui ne peut laisser insensible. Il est bien plus fort qu'il ne le montre sur le terrain !!!!
nroyer1982
Je n'ai jamais apprécié le joueur, mais alors là je lui pardonne tout. Et dire que ça existe 🙁. Et dire qu'on se plaint parfois. C'est une leçon de vie ce mec.
Enganoclédou
Chapeau bas d'avoir le courage d'en parler. C'est bien. Les chemins de vies ne sont pas toujours faciles, pour Pascal c'est un bien beau parcours !
Bravo
Pianto
Un vécu pareil, ça explique ses vertus exceptionnelles dans le combat. Ca ne me le rend pas plus sympathique, je n'aimais pas le joueur, je ne vais pas changer d'avis. En revanche, sur l'homme, difficile de ne pas avoir d'empathie en entendant ça.
Son histoire remet en perspective les mots "fils de pute"... Encore plus difficile de supporter d'entendre cette insulte après avoir pris la mesure de ce que cela signifie.
Rémi teLamettra
Je suis totalement contre le dévoilement de la vie privée d'un individu au grand publique. Parler, sortir ses douleurs certes c'est essentiel mais à un publique bien plus restreint et proche de son cœur, pas la planète entière. On n'a pas à savoir, pour nous qui ne le connaissons pas du tout, ça s'apparente à du voyeurisme. Mais en tout cas, il s'en est bien sorti, et vu le cas, un grand bravo.
Olmo
C'est une belle histoire qu'il raconte, et je pense que tout homme avec un minimum se sensibilité pourra comprendre son intérêt.
Et c'est complètement dégueulasse de parler de voyeurisme, c'est pas comme s'il prenait du plaisir à exposer sa vie, mais je peux comprendre qu'il ait eu besoin de se confier, vu l'image qu'on avait de lui et la manière dont beaucoup de supporteurs lui crachez dessus au dernier mondial, notamment, ce qui a put le faire souffrir, c'est normal de vouloir qu'on se fasse une image de lui un peu moins fausse.
Team Viscères
Je rejoins l'avis de Pianto. Si le joueur a besoin de parler de sa vie privée au grand public, c'est son choix. Maintenant si dans le grand public il y a des gens qui ne veulent pas savoir parce que c'est du voyeurisme ou même juste parce qu'ils s'en foutent (ce qui est leur droit), ils ont juste à ne pas le lire.
Je rajouterai qu'à partir du moment où une seule personne trouvera dans ce témoignage un seul élément qui lui permettra de surmonter une seule difficulté dans sa vie privée, cela aura été bénéfique.
NayacalevuPlanterDesChoux
Mais personne ne t'y oblige justement. Et le principe d'une autobio, c'est aussi de se confier, je me trompe ?
Team Viscères
Kamoulox!
Désolé, mais je n'ai pas trop compris ta réponse si elle s'adressait bien à moi.
NayacalevuPlanterDesChoux
Oups non, désolé
Team Viscères
Pas de souci 🙂
Pianto
c'est peut-être à lui de décider ce qu'il fait de sa propre histoire, non ?
Autant je suis de ton avis quand il s'agit de "révéler" des histoires sur les autres, autant là...
artillon
Il faut pas mal de courage pour surmonter tout ça ! On ne souhaite ça à aucun gosse.
Alors bon vent à toi Pascal!
sorgina
Désolé, il m'est arrivé de le prendre pour un gros con. Mais là tout s'explique. Il a fait une belle carrière et tant mieux. Comme quoi le rugby est une belle école de la vie.
Vae Victis Brennos
C'est une très belle histoire, ça fait qq chose quand même ! Bravo à lui d'avoir eu le courage de se publier tout cela, j'espère que cette histoire sera bénéfique pour d'autres !
jonahlemou
Au début je croyais que c'était un article de la "boucherie Ovalie" mais force est de constater que c'est surprenant et assez inattendu de sa part..
ginobigoudi
Surpris, et touché... Presqu'à regretter les vannes sur la délicatesse du gars... Presque...