Pays de Galles : comment Warren Gatland a-t-il permis l'éclosion d'une génération dorée ?
Gatland, les Lions, l'échec de 2011... L'évolution du Pays de Galles n'est pas due au hasard.
La réussite du rugby gallois n'est pas le fruit du hasard, mais la conséquence d'une évolution progressive permettant à une génération dorée de briller sur la scène internationale.

C’est l’histoire d’un pays de 3 millions d’habitants, à la superficie inférieure à celle de la Bretagne, la Normandie ou des Hauts-de-France. Une histoire conjuguée à un riche passé rugbystique, mais dont l’évolution moderne se révèle tout aussi glorieuse : depuis 2005, les Diables Rouges gallois ont remporté le Tournoi des 6 Nations à quatre reprises, dont trois Grands Chelems. Et sont bien partis pour en réaliser un quatrième depuis ce superbe succès contre l’Angleterre, dans un Principality Stadium des grands jours.

Adams inscrit le second essai Gallois sur une splendide diagonale de Biggar face à l'Angleterre [VIDÉO]

L’équipe du Pays de Galles, version 2018/2019, est-elle la meilleure de l’histoire ? Dans les chiffres, elle a en tout cas établi un nouveau record. Invaincue depuis un an, elle vient d’enregistrer sa… douzième victoire consécutive, faisant tomber un record datant de 1910 ! Une réussite de plus pour Warren Gatland : arrivé en 2007, le Kiwi est le symbole d’un XV du Poireau qui compte à nouveau sur la scène internationale, après une longue traversée du désert des années 90 jusqu’au début des années 2000.

L’échec de 2011 comme tremplin

Lorsque le Pays de Galles remporte le Tournoi en 2005, Gatland est encore au pays, à la tête de Waikato. Le sélectionneur d’alors ? Mike Ruddock. Ce dernier s’appuie sur une génération ultra douée, portée sur l’offensive. Le Top 14 est représenté avec le capitaine Gareth Thomas ou Stephen Jones, mais les deux stars s’appellent alors Gavin Henson et Shane Williams. Sans oublier quelques avants qui feront partie du paysage local pendant de nombreuses saisons, à l’image des piliers Adam Jones et Gethin Jenkins, aujourd’hui recordman des sélections. Sauf que. A la surprise générale, les Gallois sont éliminés dès le 1er tour de la phase de poules du Mondial 2007 organisé en France.

L’arrivée de Gatland doit donc marquer le début d’une nouvelle ère… qui dure toujours, douze ans après. Renvoyé par la Fédération irlandaise en 2001, le Néo-Zélandais signe un retour fracassant sur la scène internationale avec une victoire à Twickenham (la première depuis vingt ans) et un Grand Chelem pour son premier 6 Nations. Mais ne révolutionne pas l’effectif pour autant : les Henson, Williams et Jenkins sont toujours là. Lee Byrne, Alun Wyn Jones, Mike Phillips, James Hook et Jamie Roberts sont lancés ou responsabilisés, devenant les leaders de demain. Viennent ensuite les Halfpenny, Warburton, North, J. Davies ou Faletau... Génération dorée ? Les Gallois finissent pourtant à la 4ème place lors des trois éditions suivantes du Tournoi des 6 Nations. Et échouent en demi-finale de la Coupe du monde 2011 malgré les faveurs des pronostics, pénalisés par ce carton rouge de Sam Warburton auteur d’un plaquage dangereux sur Vincent Clerc.

Le Warrenball, et l'apogée des Lions

Du gâchis ? Peut-être, les Gallois manquant d’écrire l’une des plus belles pages de leur histoire. Mais cette demi-finale du Mondial confirme une chose : la Principauté est (re)devenue une référence sur la scène internationale. Et tant pis pour les critiques sur le jeu de l’équipe. S'il a depuis évolué, les hommes de Warren Gatland ont longtemps été stigmatisés pour leur stratégie faite de percussions autour des centres, pour étirer au maximum les défenses. Un “Warrenball” - expression largement reprise outre-Manche - qui n’empêche pas les Diables Rouges de remporter à nouveau le 6 Nations à deux reprises, de terminer sur le podium sur six des sept dernières éditions de la compétition, sortir de la poule de la mort du Mondial 2015, ou de s’offrir l’Australie et l’Afrique du Sud en tournée.

Autre symbole : la présence de nombreux cadres de la sélection au sein des Lions Britanniques et Irlandais. Balayés en Afrique du Sud en 2009, les Lions remportent la tournée en Australie quatre ans plus tard, avant d'arracher le match nul contre les Blacks (1v, 1d, 1n) en 2017. Avec à chaque fois Warren Gatland à la tête d'une formation à l'influence galloise... Sam Warburton est nommé capitaine, et le Pays de Galles est largement représenté dans le XV de départ des tests officiels. Face aux Wallabies, outre le 3ème-ligne, Cuthbert, Halfpenny, Davies, North, Phillips, AW Jones et A. Jones, Lydiate et Faletau débutent au moins une fois. Face à la Nouvelle-Zélande ? L.Williams, Davies, Faletau, AW Jones et Warburton sont là, sans oublier Owens, Halfpenny et Webb sur le banc. De quoi accumuler de l’expérience et permettre à l’équipe nationale de performer.

Aller chercher un autre record… et une Coupe du monde ?

La série en cours de douze victoires n’est évidemment pas due au hasard. Si l’effectif du XV de France évolue radicalement entre deux compétitions ou tournées, celui du Pays de Galles bénéficie d’une vision plus globale débutée il y a douze ans. Les petits jeunes lancés dans les premières années de l’ère Gatland sont les leaders d’aujourd’hui, entourant une énième “nouvelle génération” (Beard, Adams…) amenée à prendre le pouvoir par la suite. L’exemple parfait reste celui du réservoir chez les demis de mêlée. Plus sélectionnable, Rhys Webb ne manque pas vraiment, à un poste où Gareth Davies se tire la bourre avec Aled Davies et Tomos Williams.

Seul bémol : la faiblesse relative des quatre provinces évoluant en Pro 14. Aucune n’a réussi à sortir des poules de la Coupe d’Europe cette saison, et la WRU réfléchit à un nouveau mode de fonctionnement.

Avec 38 victoires, les Diables Rouges sont en tête du palmarès de ce 6 Nations… à égalité avec l’Angleterre. Une première place au terme de ce 6 Nations 2019, et les Gallois seraient définitivement seuls sur le toit de l’Europe. Avant d’aller chercher la Coupe du monde ? Placés dans une poule ouverte (Australie, Fidji, Géorgie, Uruguay), les compatriotes de Christian Bale ont de quoi aller chercher la première place de la poule. Son adversaire potentiel en ¼ de finale ? Le 2ème du groupe C, celui du XV de France...

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  • gjc
    14826 points
  • il y a 5 ans

C'est réducteur de ramener le succès gallois à une bonne génération de joueurs.

Comme les Irlandais les Gallois ont un fonctionnement très proche du néo-zélandais, avec peu d'équipes professionnelles et des contrats fédéraux, et tout ce qui s'ensuit : accession très jeune à l'équipe nationale, gestion intelligente du repos des joueurs, coordination entre le sélectionneur et les entraineurs des provinces.

Et puis Gatland est simplement un très bon entraîneur avec un staff technique de qualité. Il est toujours très bien préparé sur l'adversaire, sa défense est très bien organisée, il a imposé un gros travail sur l'endurance à ses joueurs, et il a des qualités d'éducateur et de motivateur hors du commun. Passer d'une défaite humiliante face aux Fidji en 2007 à un Grand Chelem en 2008, sa première année comme sélectionneur, c'est très fort.

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