RUGBY. Changement à la tête des Fidji : Un Tricolore en passe d'être nommé sélectionneur ?

À priori français, ancien trois-quarts de l'USAP, mais pas international.

Merci beaucoup !

Pour préciser parce qu'il pourrait bientôt être sur le devant de la scène :

Il a fait ses études vers Aix, a été joueur à l'USAP, entraineur aux USA dans les années 90. Il a ensuite rejoint le Pacifique (conseiller techniques pour les îles) vers 97 et est tombé amoureux de la mentalité là-bas, puisqu'il a occupé différents postes de directeur, entraineur et coordinateur pour Clermont.

Bref, peut-être pas une grosse expérience à l'international mais je pense que ça serait un choix très intéressant sur le long terme!

"...pressions négatives, xénophobes, personnelles..." ?

J'ai voyagé pendant 2 ans dans la plupart des archipels du Pacifique Sud, dont presque un an en Polynésie Française. Tous ces archipels sont de culture maori, depuis Hawaï (que je ne connais pas) dans le Pacifique Nord jusqu'en Nouvelle-Calédonie en passant par les Cook, Tonga, Fidji, Vanuatu (ce sont ceux que je connais).

La culture maori est traditionnellement accueillante pour tous les étrangers, cet accueil est inconditionnel ... tant que l'on reste un étranger respectueux de la culture et qui reste à sa place. C'est une société basée sur l'échange et le respect de l'autre et qui retrouve de plus en plus sa culture traditionnelle.

J'ai connu beaucoup de professeurs et de soignants venant de pays étrangers. Il y avait deux situations chez ces travailleurs étrangers qui apportaient leur savoir-faire en essayant de former les autochtones.
Ceux qui travaillaient selon leurs compétences et tissaient des liens respectueux et ceux qui, se pensant supérieurs intellectuellement, financièrement ou culturellement, cherchaient à imposer leurs points de vue à des iliens sous leurs ordres ou en contact avec eux. Ceux-ce vivaient le plus souvent entre eux, en vase clos.

Pour les premiers tout se passait bien et ils étaient acceptés et même parfois intégrés, surtout s'ils savaient s'entourer de personnes maoris ouvertes sur les avantages que ces compétences leurs apportent et surtout respecter croyances te culture.
Pour les seconds, après une période "d'observation", cela devenait de plus en plus difficile surtout parce qu'il cherchaient à imposer un point de vue sans chercher à s'intégrer et même pour certains sans respecter cette société, voire à entrer en concurrence.

Alors pour un poste de coach de rugby il y a maintes occasions de conflit avec cette société pour laquelle ce sport est quasiment un sport national (avec le va'a : course de pirogues à balancier). Il faut accepter les règles d'intégration, comme le font la plupart des voyageurs.

Je pense que ceci est valable pour toutes les cultures, y compris la notre certes à un moindre niveau.

Respect

Belle expérience que tu as vécue! Et merci de ton témoignage, mais je ne vois pas trop où tu veux en venir... Perso, à travers mes lectures, j'ai surtout retenu que l'occident -par le biais initial de la colonisation- avait gangréné leur culture, piétiné leurs traditions, imposé le système hyper consumériste occidental... etc... etc... Je ne crois pas que Cotter soit un porte-étendard de ces idées là. Il venait juste pour jouer au rugby, et il n'en reste pas moins que le gouvernement actuel est clairement autoritariste et sectaire. D'après ce que j'ai lu (et peut-être mal compris), il ne s'agit pas d'une révolte anachronique et trop tardive contre le système occidental, mais plutôt une attitude autoritaire qui confisque beaucoup de libertés pour garder le pouvoir et s'en mettre plein les fouilles.
J'attends ton avis sur ce sujet que maîtrise mal.

Dans tout le Pacifique Sud, la culture maori retrouve aujourd'hui une certaine dynamique surtout chez les jeunes. De ce fait les occidentaux qui arrivent en "terrain conquis" se retrouvent isolés voire mis à l'écart.
Je ne pense pas que tel ou tel gouvernement y soit pour quelques chose, à moins qu'on le gêne.
En tant que médecin j'ai travaillé temporairement (deux mois chaque fois) dans des hôpitaux locaux dans une île isolée aux Fidji, comme aux Marquises. J'ai observé la différence d'attitude telle que je l'ai décrite plus haut.
Je n'ai jamais eu ce problème pour deux raisons : - J'arrivais par la mer ce qui est très important dans cette culture, - je m'étais intéressé à la culture maori et essayé de comprendre les différences (minimes) entre les archipels. De ce fait j'ai conservé, jusqu'à présent des liens assez forts avec les îliens et surtout des Marquisiens, des Tongiens et des Vanuatais.
Je ne suis pas resté assez longtemps aux Fidji (alors que j'ai passé 10 mois aux Marquises) pour avoir un avis tranché, mais je doute que ce soit fondamentalement différent des autres archipels, au vu de la similitude culturelle. Ce qui ne les empêche pas d'être "catholiques" ou "protestants", d'autres religions sont aussi présentes (islam, boudhisme...), sans que cela empêche de développer leur culture traditionnelle basée sur l'art, la religion, la guerre, la chasse, l'amour et la mort qui sont régis par le sacré. En tant que religion appartenant à une culture de tradition orale et faisant une large place aux esprits de la nature, elle fait partie de la vaste famille des religions animistes qui sont tellement différentes des "notres". J'ai connu la même chose au Sénégal (en Casamance) où la population est catholique ou musulmane, mais tous sont animistes et ça les réunit comme dans le Pacifique.

Je ne porte pas de jugement sur Cotter sans savoir, mais je dis que c'est une possibilité dans ces cultures spécifiques. C'est ce que j'ai observé dans les échecs d'intégration surtout aux Marquises où je suis resté plus longtemps.

Imagine que dans ta profession tu reçoives un étranger qui te dit que ton mode vie est dépassé, moyenâgeux, que tes croyances sont débiles ... tu passes tes prochaines vacances avec lui ?

Ton témoignage est vraiment captivant et j'aimerais en parler des heures avec toi. Cependant, ton dernier paragraphe décrit exactement la mentalité occidentale de l'époque colonialiste (et qui perdure encore aujourd'hui pour des investisseurs véreux et sans scrupules), mais je ne crois pas que Cotter soit arrivé avec un casque d'évangélisateur ou de conquistador sur la tête, si? Sa mission, comme la tienne, c'était d'aider. Et puis franchement, tous les grands joueurs fidjiens (et même les moyens et les moins bons) jouent en Europe. Son travail a dû se faire essentiellement sur le vieux continent, et pas sous les cocotiers. Du coup, le problème était peut-être dû à ce qu'il représentait symboliquement et je crois au "malaise" qu'il décrit, quand je tombe sur quelques papiers politiques qui relatent la situation là-bas.
Sinon, je viens de relire "Cannibale" de Didier Daeninckx (en gros, ça parle de l'expo coloniale de 1931, je t'en dis pas plus si tu n'as pas lu) et j'ai un autre bouquin en tête (dont le titre et l'auteur m'échappent) qui raconte les ravages en Nouvelle-Calédonie de la culture occidentale (coca-cola, burger d'un côté et immobilier et nucléaire de l'autre) . Ca se passe autour des évènements de la grotte d'Ouvéa. Si ça me revient, je t'en donnerai le titre, car je crois qu'on est plutôt "raccord" sur le sujet.

Après là il s'agit d'un mec qui a déjà beaucoup apporté au rugby fidjien, et à priori très populaire donc pas un mauvais choix...

Merci pour la précision et tant mieux pour lui, mais ça ne dédouane pas le gouvernement pour autant. Et cotter aussi avait beaucoup apporté au rugby fidjien...

Ah, là dessus on est bien d'accord!

Merci pour les infos sur le départ de Cotter dont j'ignorais tout...
Après, les Fidji ont été une dictature militaire fut un temps, ils furent même exclu du commonwealth pour cela...
Je ne suis donc pas trop étonné du traitement subi par Cotter.

Oui, l'envers de la carte postale avec les palmiers et les plages de sable blanc n'est pas réjouissant...

Il risque surtout d'en prendre une...

...volée de bois vert...