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Rugby Club Arras : on n'a pas le même climat, mais on a la même passion
Les joueurs d'Arras face à Montluçon.
Clément Courtois, joueur du Rugby Club Arras et arbitre pour le Comité des Flandres, a partagé avec nous son amour du ballon ovale. 

Le rugby nordiste vit. Certes la disparition du Lille Métropole Rugby n'a pas aidé au développement de l'ovalie en terre ch'ti, mais cela n'empêche en rien les gens du Nord de se rouler dans la boue tous les dimanches et d'aimer cela avec passion. 

Salut Clément, merci pour ta dispo.
Peux-tu nous présenter rapidement le Rugby Club Arras, son histoire et son enracinement dans la région des Hauts-de-France ?


CC : Arras c'est LE club historique. L'histoire remonte à 1961, quand Gaston Tousart crée la section rugby au sein de l'ASPTT Arras. Ce n'est qu'en 2000 que né le RCA, en s'émancipant de l'ASPTT, pour devenir une entité à part entière.

Le greffon a très vite pris dans la région. En 16 ans, la section rugby de l'ASPTT est passée du tréfonds à la 1ère Division, jouant des clubs comme le RC Toulon ou encore le Biarritz Olympique.
Dans les années 80 (de 1983 à 1988) le club fait l'ascenseur en la 1ère et la 2ème Division (Otis se serait d'ailleurs positionné pour sponsoriser le club... affaire à creuser, ndlr)
Mais en 1998, c'est la fin d'une génération et le club réintègre la 3ème Division, ce qu'il n'avait plus connu depuis 1969. Cependant, un soutien de choix, Gervais Martel (Président du RC Lens), fait son apparition et permet aux Arrageois de retrouver les sommets et de réintégrer la Fédérale 1, en 2001.
S'ensuit LA saison magique du club où celui-ci se battra jusqu'au bout pour l'accession en Pro D2. Ce n'est que le LOU qui stoppera le club des Flandres en demi-finale d'accession. L'année suivante, c'est Oyonnax qui stoppera les ch'ti en quarts.

Conscient du manque de notoriété de notre sport dans ce coin de France, la direction a décidé de créer un centre de formation en 2003-2004, pour s'appuyer sur le vivier local et permettre au RCA de stabiliser son effectif. Pendant quelques années le RCA connaîtra encore les montées-descentes entre la Fed 1 et la Fed 2.

La saison 2007-2008 voit l'équipe fanion remonter (pour une saison) en Fédérale 1, après une finale de championnat de France perdue face à Carcassonne, ainsi que la création de la section à VII Féminin qui honorera le club d'un titre de championnes de France la même année.

Mais le club, en plus de l'échec sportif, connaîtra, lors de la saison 2008-2009, des soucis financiers, qu'il traînera comme un boulet pendant 5 longues saisons.
C'est alors qu'une nouvelle dynamique s'installe avec l'arrivée de Michael Nogent et Alexis Konieczny (rejoint par Martin Saleille) aux manettes de l'équipe. Les bons résultats s'enchaînent et ce trio laissera un club sportivement sain aux mains de Raphaël Bonicel et Cyril Fouda pour la saison 2015-2016.

Comment la région a-t-elle vécu le dépôt de bilan du club de Lille, locomotive de notre sport, sur cette terre où le rugby semblait enfin prendre son essor ?

CC : C'est très dur... du point de vue du journaliste que je suis et amoureux de rugby, c'est une grosse perte pour la région. Ils avaient une vraie politique de formation et une véritable identité culturelle.

Ce qui nous chagrine, c'est que les mecs avaient gagné leur billet en Pro D2 sur le terrain et que pour des soucis financiers, ils soient rétrogradés. Mais ça, c'est la règle et tout le monde l'accepte. Ce qui est plus dur à avaler, c'est le fait d'avoir laissé un groupe se battre jusqu'au bout, alors que leur destin était scellé depuis le début de la saison. Le championnat a été faussé.

Et malheureusement, dans un monde professionnel, comme nous le connaissons aujourd'hui, seul Lille avait les capacités pour faire accéder le Nord à ce niveau. Ils avaient les infrastructures et les moyens financiers.

Adrien Knockaert face à Gennevilliers. 
Crédit photo : acturugbyflandres

Avez-vous profité de la disparition de Lille pour faire vos emplettes ?

CC : A Arras on a recruté 6 joueurs. 5 jouaient en équipe B et le dernier était remplaçant en 1. C'est clair que notre club n'a pas les moyens de payer des contrats aux titulaires de l'équipe A de Lille. Ceux-là sont partis dans d'autres clubs de même niveau, voire de Pro D2. Les équipes ayant profité du dépôt de bilan de Lille sont les clubs comme Aubenas, Strasbourg, Vannes, Albi, Nice, ...

Par contre, les 6 joueurs ayant rejoint Arras vont devoir trouver le rythme. Ils vont devoir s'adapter à un niveau différent où les terrains nivellent le niveau. Etant un championnat d'hiver, la Fédérale 2 donne la prime au jeu d'avants et aux buteurs. Les grandes envolées... quand on joue sur un champs de patates en plein mois de janvier, c'est plus difficile. De plus notre championnat est très hétérogène, avec des ogres (ex : Strasbourg l'année passée) et des clubs qui jouent leur survie en Fed 2 à la dernière journée (comme le PUC et Arras)

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Le Nord n'est pas une terre connue pour le rugby, mais quelques grands noms sont quand même sortis (comme Alexandre Flanquart)... comment vivez-vous la concurrence de sports comme le foot (Lens, Lille, Valenciennes) ou encore le handball (Dunkerque) ?

CC : Faut avouer que c'est difficile, surtout quand on voit les résultats dans les autres sports. Entre le titre de champion de France de Dunkerque en hand, le niveau affiché en basket (Pro B) et en foot (CFA pour les garçons et 1ère Div pour les filles) De plus, le RC Lens a beau ne plus procurer le même spectacle qu'il y a quelques années, la ferveur est toujours présente dans les travées de Bollaert.

Nous, on s'appuie sur trois piliers différents pour faire vivre notre sport.
Le premier représente les familles qui respirent le rugby, comme les Flanquart par exemple. Ceux-là, pas besoin de les évangéliser.
Ensuite, les mutations des profs qui viennent de terres de rugby, dans le Sud. Ils recherchent des clubs et viennent à nous facilement.
Enfin, la formation. Le plus long, mais le pilier qui pourvoit le plus de joueurs. Les années de Coupe du monde, on brasse beaucoup de gamins.
Gérald Bastide a énormément travaillé pour populariser notre sport et les dirigeants ont ciblé les écoles.

Le fait que Lille ne soit plus là pour tirer le rugby est-il un avantage ou un inconvénient pour vous ?

CC : Ben, c'est dur. Mais des clubs de Fed 3 comme Armentières ont réussi à mettre la main sur certains gars qui ne voulaient pas quitter la région. Donc les clubs se sont renforcés et peut-être que la disparition de Lille aura un avantage... celui de rendre plus dense la représentation des clubs nordistes dans les poules de Fed 3 ou Fed 2.

Aujourd'hui, à l'orée de cette nouvelle saison, quelles sont les ambitions du club ? (quels étaient les résultats la saison précédente ?)

CC : L'entraîneur vise les phases finales. Certes la saison dernière a été difficile (place assurée lors de la dernière journée contre le PUC), mais cette année avec les nouvelles règles (les deux premiers qualifiés directement pour l'échelon supérieur et les places de 3 à 6 qualificatives pour les phases finales) on peut espérer jouer ces phases.
De plus, notre poule est à notre portée. Aucun club relégué de Fed 1 et trois promus. Hormis les deux ogres que sont Suresnes et Saint-Denis, Arras a un coup à jouer.

Par contre, je mets une pièce sur l'invincibilité à domicile. On fera tomber tout le monde à Grimaldi... je prends le pari.

Le capitaine Anthony Scelers face au PUC.
Le capitaine Anthony Scelers face au PUC. Crédit photo : acturugbyflandres

Le club d'Arras a fait plusieurs saisons en Division 1 dans les années 80 et a frôlé l'accession à la Pro D2 en 2002. Que manque-t-il aujourd'hui à l'équipe pour renouer avec son glorieux passé ?

CC : Financièrement on ne peut pas rivaliser. Il nous faudrait un mécène comme à Nevers. Aujourd'hui, les mairies n'ont plus de sous à mettre dans les clubs. La Fédérale 1, ce sont des déplacements dans toute la France, des contrats, des infrastructures que nous n'avons pas.

Arras n'est pas une grande ville comme Strasbourg. Donc, sans mécène, point de salut !
L'avenir de la région semble cependant s'inscrire du côté de Dunkerque avec l'Entente du Littoral ou encore Marcq-en-Barœul.

Comment fait-on pour convaincre un joueur du Sud (soit pour vous, à partir de Beauvais) de venir tâter du ballon ovale dans une région où le soleil de ne sort qu'entre juin et août ?

CC : C'est difficile. Pas tant pour le climat. Surtout du fait qu'Arras ne propose aucun contrat. Il faut, pour permettre aux joueurs de monter, leur proposer un emploi. Or notre région ne dispose pas d'un bassin économique très dynamique.

Donc, hormis les mutations et les gars du Nord, on a du mal à recruter. Victor Pradeau et Kevin Maraval, deux jeunes qui n'ont pas percé au Racing sont revenus chez nous. Mais c'est vrai que c'est plus difficile pour nous que pour les clubs franciliens qui bénéficient d'un bassin économique ultra-dynamique.

Merci à Benjamin Castells pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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  • il y a 8 ans

Merci au Rugbynistère de mettre l'accent sur le club d'Arras effectivement c'est LE club historique du Nord!

Par contre vous avez mentionné la concurrence du Foot et du Hand, certes mais surtout à mon sens la principale est celle du Basket! Imaginez-vous, l'année prochaine il y aura en Pro A: Gravelines et Le Portel, en Pro B: Boulogne, Denain, Lille, Orchies rien que pour le NPdC, et je peux vous dire que dans les salles de basket dans le Nord il y a une grosse ambience (les matchs à Gravelines c'est quelque chose).

Mais tout ça n'empêche pas le rugby bien au contraire! D'ailleurs comme je le disais sur un autre sujet, les Nordistent apprécient le rugby à XV, et franchement je les verrais bien apprécier le XIII (si ce dernier avait un jour l'ambition de s'y développer...).

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