Ils n’étaient pas attendus. Il y a encore quelques années, les Chiliens se seraient sûrement imaginé regarder cette Coupe du monde dans le club house de Selknam, franchise nationale en Super Rugby Americas. Bière à la main, ils auraient rêvé d’affronter les meilleurs joueurs du monde.
Oui, mais voilà, le rêve est devenu (rapidement) réalité. Face à son projet de développement rugbystique, le Chili a été précoce. Aidé financièrement et matériellement par l’État chilien, Los Condores avaient prévu d’être de la partie en Australie, en 2027. Leur qualification après une victoire homérique face aux USA en juillet 2022 a accéléré le processus. Largement vaincus par le Japon, les Samoa, l'Angleterre puis l'Argentine, ils quittent désormais la Coupe du monde.
Qualification, joueurs à suivre, le Chili à la découverte de sa première Coupe du monde de rugby
Le Chili, un perdant bienheureux
Lors de l’ultime conférence de presse d’après-match des Sud-américains, le sélectionneur Pablo Lemoine a fait suite à une de ses anciennes déclarations. Il avait désigné sa formation et d’autres comme des “clowns” parmi les grosses nations. Au final, l’Uruguayen et ancien joueur du Stade Français déclarait ceci :
On est de bons clowns, c’est pour ça. J’ai déjà vécu ça en tant que joueur, en Australie, d’entrer sur le terrain et de tomber sur des équipes d’un niveau extraordinaire. Quand je me suis mis à la place de mes joueurs, je savais ce qu’ils ressentaient et j’ai eu cette réaction, car ça faisait mal. Il faut que les joueurs vivent leur propre expérience et qu’ils connaissent ce niveau. Aujourd’hui, on était pas mal. Les 71 points pris la semaine dernière nous ont servis de leçon et on a appris. Ce n’est pas un match perdu.”
Coupe du Monde. ''Historique'', ''inespéré''... la presse chilienne réagit à la qualification des CondoresEn parlant d’apprentissage, le sélectionneur du Chili évoque aussi l’avenir. Il affirme vouloir “lancer un processus plus exigeant et ambitieux” qu’auparavant. En faisant ça, il espère pouvoir suivre l’exemple de l’Argentine, entre autres. En tout cas, il l’assure, le rugby au Chili “est sur la bonne voie”.
Le Chili lors de son premier match de Coupe du monde face au Japon (Justin Setterfield - World Rugby)
En complément, le capitaine Martin Sigren a aussi appuyé cette idée. Selon lui, une Coupe du monde est difficile à appréhender pour un groupe qui n’en a jamais disputé. Face aux médias, il affirme ceci :
On peut avoir le sourire et être fiers de ce qu’on a fait. On n’était pas là pour faire un résultat à proprement parler, mais pour participer. Ce qu’on voulait, c’était générer des émotions et faire preuve de résilience pour que les gens se reconnaissent dans cette équipe. On a tout donné, on a gagné le droit de repartir avec la tête haute.[...] Franchement, c’était compliqué d’imaginer ce à quoi s’attendre. Je crois que le fait de ne pas savoir vraiment à quoi nous attendre nous a aidés à contrôler notre nervosité. J’étais un peu prêt à tout. Maintenant que je l’ai vécu, je me rends compte de cette folie, de cette énergie que l’on retire et le plaisir d’un tel événement.”
VIDEO. Fernandez fait l'amour à la défense américaine sur 80m, le Chili rêve encore de France 2023
La Coupe du monde et ses mystères
Désormais mondialistes, le Chili quitte cette Coupe du monde de rugby à la (logique) dernière place de la poule D. Alors certes, ce groupe accueillait beaucoup d’équipes en méforme, mais elles restaient d’un tout autre calibre. Il faut dire qu’au milieu du Japon, de l’Argentine, de l’Angleterre et des Samoa, il y avait peu de place.
À défaut d’en trouver sur les tableaux des scores, les Chiliens sont allés se loger dans le cœur des supporters. Aux quatre coins de la France, la nation sud-américaine a épaté par son jeu osé et ses joueurs à la vista inattendue. Avec un bon nombre de joueurs basés au pays, certains ont attirés les regards, à l’image de la charnière composée de Marcelo Torrealba et Rodrigo Fernández.
Le groupe du Chili venu en France pour disputer la Coupe du monde de rugby. (World Rugby)
Dans ce sport, les nouvelles têtes se font particulièrement rares. En effet, le précédent nouveau venu était la Russie. Son arrivée s’était faite en… 2011. Avec une apparition d’une telle fraîcheur, World Rugby persiste à promouvoir une Coupe du monde de rugby à 24 équipes dès 2027. Qui sait, peut-être le condor pourrait faire son nid dans le rugby international…
VIDEO. Après une somptueuse course de 70 mètres, le Chili marque son premier essai en Coupe du monde
Chandelle 72
Et la Roumanie est le clown triste.
Il me semble qu'ils ont dans l'équipe beaucoup de joueurs non roumains d'origine mais cette sélection stagne voire régresse ces dernières années
kth44g
Sentiment partagé. Il y avait une interview de Valentin Ursache (dans le staff roumain maintenant) il y a quelques jours sur un autre site rugby (pour ne pas le nommer), où il disait qu'en 2007 ou 2011, la plupart des joueurs du squad roumain jouaient dans les 1eres divisions française ou anglaise. Maintenant, il y a quelques joueurs en ProD2 ou en Fédérale, et la plupart jouent dans le championnat domestique roumain, qui ne comprend que 5 équipes, et de niveau assez faible.
Barraka
Changer de sélectionneur en toute fin d'année dernière n'a pas du leur faire du bien non plus.
Yonolan
J'ai toujours aimé aimé les clowns rouges
Les Augustes
Mais heureusement ils sont nettement moins maladroits sur un terrain qu'eux sur la piste ...
Quand aux clowns rouges de 2011 me font nettement moins rire et plutot style Pogo le Clown ou Pennywise
allélégros
Quelle expérience pour ces joueurs que de participer à une coupe du monde... Et quelle démonstration du besoin d'adversité pour envisager une progression vers le très haut niveau !
Plusieurs niveaux de compétitions internationales seraient un pas (hors cdm)...
A WR de jouer désormais !
alan75
En Europe il existe une compétition pour les petits pays, la Géorgie domine avec de temps en temps l'apparition de l'Espagne ou du Portugal, la Roumanie autrefois.
Il a fallut des décennies pour que la culture rugby se développe dans les pays du 1er tier, et encore, il y a des hauts et des bas (l'Australie aujourd'hui, Galles et Ecosse avant-hier).
Alors faire une compète à 24 c'est de la pure démagogie. Ou du commerce (et un mercato pour les clubs).
Je serais curieux de savoir la proportion de joueurs évoluant dans leur championnat national. Et ceux jouant dans un des 4 grands championnats...
On verrait bien que le roi est nu...
Soyons réalistes : même dans le 1er tier le rugby féminin n'est pas beaucoup développé, hormis les 3 premiers (Angleterre, NZ, France). Le Canada, a décroché. Ensuite...
Barraka
La quasi-totalité des chiliens jouent dans leur franchise qui participe au super-rugby américains, face à des franchises argentines et des autres pays de la région (Uruguay, Paraguay, etc..) Le développement du rugby se passe plutôt bien en Amérique sud, même si ça ne suffira pas pour être compétitif face aux nations majeures.
mic4619
Surtout qu'aux USA et Canada j 'ai pas l'impression que cela décolle beaucoup en termes de licenciés ?
Et puis les résultats des tours de qualification pour la CdM n'ont pas été une réussite, nous voyons bien que l'Amérique du Sud prend le pas sur le nord, du probablement à une compétition des clubs entre Argentins (c'est vraiment une locomotive pour ces pays) l'Uruguay et le Chili et peut être d'autres que j'ignore (honnêtement je n'est pas cherché).
Le Haut Landais
je pense que la dynamique est tres differente chez les garcons et les filles en ce qui concerne les deux pays nord-americains que tu cites.
les filles jouent beaucoup a la fac ou le rugby ne souffre pas de la competition du foot US comme chez les garcons.
le climat au canada empeche d’avoir une saison similaire a celle qu’on connait en europe (a part en colombie britannique) et les distances rendent difficile les confrontations entre fac de meme niveau a part dans le sud et est de l’ontario et ouest du quebec ou la concentration de fac est plus elevee.
il y a beaucoup de facteurs qui font que ca n’est pas facile pour que le rugby decolle au canada, c’est peut-etre un peu plus simple aux US