RUGBY EUROPE : le projet ambitieux des Pays-Bas avec deux Français au sein de la Fédération
Les Pays-Bas sont ambitieux.
Deux Français sont membres de la Fédération hollandaise et participent au solide projet des Pays-Bas, qui évoluent en troisième division européenne.

Salut les gars ! Présentez-vous à nos lecteurs en quelques lignes...

Emmanuel Peyrezabes : J'ai 29 ans et je suis responsable de la préparation physique de la fédération. J'ai travaillé avec l’équipe du Portugal à 7 et à 15, en Australie et en Nouvelle-Zélande au cours des six dernières années. Ancien semi-pro à la Section Paloise en Espoirs et membre du centre de formation du FC Auch, j'ai effectué mes licences et masters en préparation physique et mentale au Staps de Tarbes.

Pierre Mounal : J'ai 24 ans et je suis interne à la Fédération, en analyste performance et préparation physique. Originaire d’Auvergne, j’ai joué en France jusqu’en Espoirs à Aurillac, avant de m’essayer en Ecosse et en Italie, tout en étudiant la préparation mentale et physique, à l’université de Clermont-Ferrand, puis Glasgow, et Rome.

Comment vous êtes vous retrouvés au Pays-Bas ? Et comment s'est passé la découverte du rugby local ?

EP : Après avoir travaillé en Australie et en Nouvelle-Zélande, je voulais rentrer en Europe avec ma compagne et trouver un projet ambitieux, essentiellement avec des jeunes. Amsterdam nous avait toujours attiré. Seulement, j'ai eu l’opportunité d’aller au Portugal et ma compagne aux Pays-Bas du fait de sa double nationalité. Après un an, j'ai décidé de tenter l'expérience aux Pays Bas après avoir rencontré Gareth Gilbert, qui m'a présenté ses ambitions et ses projets pour la fédération sur le long terme.

PM : Je me suis retrouvé aux Pays Bas car je voulais écrire mon mémoire de Master sur l’aspect mental de la préparation à la Performance, dans une Fédération, à une échelle nationale. J’ai rencontré le sélectionneur national Gareth Gilbert pendant le tournoi d’Amsterdam 7’s, et nous avons trouvé un accord. Ensuite, il me fallait trouver un club avec un niveau compétitif, et j’ai été séduit par le club de DIOK à Leiden, où j’évolue en tant qu’ouvreur et buteur. Le championnat EREKLASSE est la première division locale, dans lequel nous jouons les premiers rôles. Le niveau est semblable à une première division amateure, comme en Ecosse, Italie, France. Le rugby ici y est beaucoup plus développé que l’on ne pourrait imaginer, j’ai été agréablement surpris à mon arrivée en juillet.

Justement, l'évolution et la situation du rugby au Pays-Bas, ça donne quoi ?

PM : D’un point de vue culturel, c’est un rugby qui ressemble à la culture anglo-saxonne. On le reconnaît au club house, à l’organisation des clubs et des comités, aux après-matchs… Ce sont à l’origine les Sud-Africains (Afrikaans) qui ont amené le rugby au début du 20ème siècle. La Fédération Nationale existe depuis 1932. Le rugby néerlandais a beaucoup évolué ces trois dernières années. De 7000, nous sommes passés à 14 000 licenciés. Nous avons restructuré les Académies Régionales (6), les catégories jeunes, les équipes nationales et créé le Centre National d'Entrainement en harmonie avec le programme olympique à 7 féminin. Tout est centralisé : les entraînements des hommes et des femmes - à XV et VII - se déroulent dans nos infrastructures au NRCA, avec un département Rugby, Médical et Performance. Tout est partagé avec les entraîneurs du pays, avec une transparence maximale, pour un progrès global.

Nous avons la chance d'avoir des entraîneurs venant de différents horizons (NZ, UK, AFS, FR, IT…), impliqués dans les différentes équipes nationales, (U17, U18, U20, A…). Cela nous donne une approche différente, et de la richesse dans les méthodes et contenus d’entraînements. L'équipe Nationale est qualifiée pour les 6 Nations C avec le Portugal, la Suisse, la République Tchèque, la Pologne et la Moldavie. Nous jouons maintenant le haut de tableau avec une qualification possible pour le trophée européen.

L'équipe nationale vient d'enchaîner deux beaux succès en Moldavie, puis en Suisse. L'objectif, c'est de monter en championnat d'Europe des Nations ? 

PM : Dans les deux cas, c'était la première fois de l'histoire de la fédération que nous gagnons ces équipes à l'extérieur. Nous nous reposons sur un groupe expérimenté avec qui nous travaillons depuis l'an dernier. L'objectif, c'est clairement de se positionner pour une promotion avec un match de barrage contre le dernier de la division supérieure. Cette année, nous avons la difficile tâche de jouer trois rencontres à l'extérieur chez les plus grosses équipes de la poule, nous misons réellement sur l'année prochaine pour se qualifier avec trois matchs à domicile. Nous continuons notre progression, avec un groupe qui arrivera à pleine maturité au printemps 2019.

Vous avez des joueurs qui évoluent en France en équipe nationale ? Zeno Kieft (Stade Rochelais) est susceptible de jouer avec vous ?

PM : Effectivement, nous avons des joueurs qui évoluent aujourd'hui en France. Ils sont trois dans le groupe des 33 sélectionnés pour préparer le match du Portugal : Kevin Krieger (Montpellier Espoirs), David Weersma (Graulhet), et Reinier Pieters (Vichy). Mais il y en a d’autres qui sont au centre de formation de Montpellier, à Narbonne, et en Fédérale. Les jeunes Néerlandais rêvent de devenir professionnels, nous en avons aussi en Angleterre (National 1-2-3), Afrique de Sud (Académies) et les plus prometteurs en Nouvelle-Zélande (trois joueurs à très fort potentiel, dont un qui vient de signer avec Bay of Plenty et qui revient jouer avec nous pour l’équipe nationale). 

Des joueurs comme Zeno Kieft seraient en effet des atouts majeurs pour nous, mais leurs obligations professionnelles et la difficulté de mise à disposition pour des nations mineures restent encore un frein pour pouvoir compter sur ces joueurs. Une qualification à l'échelon supérieur nous donnerait, on l'espère, un peu plus de légitimité sur la scène internationale comme sur l'ensemble de notre projet.

Qu'est-ce qui vous rendrait optimiste sur le développement du rugby aux Pays-Bas ? Et a contrario, qu'est-ce qui peut le freiner ?

PM : Comme on le disait, voir une telle évolution en termes de licenciés, de résultats sportifs mais surtout en termes de mentalité. Il y a une réelle motivation des joueurs, qui sont très travailleurs, et une bonne coopération entre les clubs, académies et fédération sur l'ensemble du pays. Cela nous fait envisager de belles choses pour le futur.

La taille du pays est un réel avantage, mais également un frein. En effet, au pays du ballon rond, il est difficile de trouver des sponsors viables pour notre projet et notre place dans la sphère médiatique. Dans le futur, l'apport financier d'un partenaire pourrait nous permettre de basculer réellement sur un projet d'envergure concret et ambitieux. Dans le cas contraire, ce que nous avons passé trois années à bâtir risque de se retrouver fragilisé à cause du bénévolat et de l'implication de chacun.

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Une petite erreur, le rugby est apparu en NL à la fin du 19e siècle quand Pim Mullier est revenu d’Angleterre où il étudiait. Il a commencé à jouer avec des copains mais le rugby n’a vraiment commencé à prendre qu’a la suite de la CDM 2007 ou beaucoup de matchs ont été transmis à la télé. Il y a eu plusieurs sales histoires dans le foot au niveau amateur et des jeunes qui ont aussi poussé beaucoup de parents à choisir un autre sport que le foot.
Enfin, il faut savoir que le foot est bien le sport le plus populaire au niveau national mais que le hockey sur gazon est très populaire dans l’ouest du pays (et encore plus avec les filles) et que le patin de vitesse est très populaire dans le Nord et ces sports déviants nous piquent tout plein de jeunes qui feraient mieux de se rouler dans la boue!

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