Cette dernière journée - diffusée dimanche en multiplex sur Eurosport, une première - avait des enjeux, beaucoup d’enjeux. D’abord, rappelons les modalités de relégation et de qualification pour les phases finales. En ce qui concerne la relégation, seule la dernière équipe au classement est reléguée en deuxième division, l’Élite 2 Armelle-Auclair. En contrepartie, une seule équipe est donc promue chaque année en Top 8, celle remportant la finale de l’Armelle-Auclair. Quant aux phases finales, les quatre équipes terminant sur les quatre premières marches du classement y sont qualifiées. Les phases finales mettent en opposition le 1er contre le 4ème et le 2ème contre le 3ème, en confrontation aller-retour. Demi-finales qui se dérouleront les weekends du 15 et 16 et du 22 et 23 avril.
Avant cette journée, le Lille Métropole Rugby Club Villeneuvois des sœurs Menager, tenant du titre, était leader du classement, comme il l’a été la plupart de la saison. En effet, il n’a laissé le siège de leader que cinq fois au cours de la saison, quatre en faveur du Blagnac – Saint-Orens Rugby Féminin (BSORF) et une fois en faveur du Montpellier Rugby Club. Les Lilloises recevaient Bobigny, qui n’avait absolument plus rien à jouer.
À la seconde place, les BSORFeuses étaient assurées de terminer dans les qualifiées, mais recevaient leurs voisines Toulousaines, qui devaient impérativement s’imposer pour accéder aux quatre places tant espérées. Elles devaient également espérer une défaite des Rennaises, qui se déplaçaient à Montpellier. L’envie des Blagnacaises de gâcher la fête du STRF allait rythmer cette rencontre.
Bataille du maintien
Enfin, l’ASM Romagnat, fusion entre les équipes féminines de Clermont et de Romagnat, qui connaissait sa première apparition en Top 8, accueillait les normandes de l’Ovalie Caennaise pour une rencontre de la mort à l’allure de finale. Dernières au classement tout au long de la saison, elles avaient l’occasion de se sauver in-extremis à condition de s’imposer face aux avant-dernières Caennaises sans leur laisser le moindre point de bonus, condition sine qua none pour se maintenir.
Voici le classement tel qu’il figurait avant que se dispute la dernière journée.
Crédit Photo : rugbyfederal.com
À Lille, pas de grandes surprises. Les Lilloises de Shannon Izar ont assumé leur rôle d’archi-favorites et ont assuré leur première place. Bobigny n’avait plus rien à jouer et se déplaçait avec une équipe remaniée. À l’occasion de la dernière journée, le match avait lieu au Stadium Nord de Villeneuve d’Ascq, ancien temple du LOSC. Les « Putain de Nanas » comme elles se surnomment, ont fait le boulot, balayant les banlieusardes d’Île-de-France 44 – 17 avec notamment un quadruplé de l’intenable internationale des Bleues, Shannon Izar. Les Lilloises abordent donc les phases finales dans d’excellentes conditions, terminant 1ères incontestables et incontestées de la phase régulière. Seul petit bémol de la rencontre, la blessure de Romane Menager, troisième-ligne titulaire du XV de France, qui a terminé la rencontre en tribunes après être sortie prématurément.
Qui de Toulouse ou Rennes allait affronter les Lilloises en demi-finale ? Cela dépendait alors des résultats de Blagnac – Toulouse et Montpellier – Rennes… À Blagnac où les coéquipières d’Audrey Forlani, de Léna Auriol ou encore de Marjorie Mayans accueillaient leurs voisines, c’est à une rencontre particulièrement tendue et disputée à laquelle on a pu assister. Les Toulousaines de Camille Imart, Mathilde Coutouly et Laure Sansus venaient en outsider et avaient à cœur de prendre leur revanche du match aller, où les BSORFeuses étaient venues s’imposer à Ernest-Wallon.
A la rencontre de Mathilde Coutouly, grand espoir du rugby féminin à seulement 18 ansLes Toulousaines ont mis l’engagement et pris le match en main. Elles ouvraient enfin le score par le pied de Laura Escande, ancienne de la maison blagnacaise, après deux échecs consécutifs au pied de Camille Imart. Elles ont ensuite baissé le pied pendant le premier acte, encaissant deux essais. Elles se sont vues distancées 10 – 3 avant de se ressaisir et de se voir accorder après la sirène un essai de pénalité sur une succession de mêlée fermée sur les 5 mètres blagnacais.
Le score à la pause était de parité 10 – 10, maintenant le suspense à son comble. Dès le retour des vestiaires, un essai de Camille Imart donnera un avantage au STRF, avantage qu’il ne lâchera plus, s’imposant finalement 17 – 13 après un match haletant. Le travail était fait pour les Toulousaines, qui avaient donc un œil sur le résultat de Rennes à Montpellier…
Les Montpelliéraines à l'Altrad Stadium
Au stade Yves du Manoir - Altrad Stadium pour les intimes - de Montpellier, les Bretonnes faisaient figure de grand outsider face au Montpellier de Gaëlle Mignot. Les Rennaises nous avaient gratifiés d’une belle remontada en cette deuxième partie de saison pour se hisser à la quatrième position à l’aube de la dernière journée. Vaincre Montpellier, déjà qualifié, sur ses terres n’a évidemment rien d’une formalité, mais les Bretonnes venaient sans complexe. Elles auront même longtemps mené au score, dans un match disputé et assez indécis.
Pour anecdote, à l’aller, les Montpelliéraines l’avait emporté 27 – 00, ce qui prouve la progression fulgurante des Rennaises au cours de la saison. Au final, c’est une défaite étriquée pour les Bretonnes qui s’inclinent 18 – 14 les armes à la main et surtout la tête pleine de regrets. Une qualification aurait été logique, au vue de leur saison. Restera de celle-ci beaucoup d’espoirs et de fierté pour cette équipe du Stade Rennais Rugby Féminin. La saison prochaine promet de belles choses. Mais c’est bien Toulouse qui obtient sa qualification.
Enfin, à Romagnat, devant un public venu en nombre un après-midi de quart de finale de Champions Cup opposant l’ASM à Toulon, c’est à un match de la mort que tout ce beau monde a pu assister. Romagnat devait s’imposer par au moins 7 points, et ne laisser aucun point de bonus à son adversaire. Les Auvergnates auront finalement tenu bon et eu la main sur le match tout au long de la rencontre pour finalement s’imposer 27 – 13. Objectif atteint, le maintien est assuré ! Véritable exploit de la part des Auvergnates, aussi inattendu qu’inespéré au vue du calvaire auquel a ressemblé leur saison. C’est avec joie qu’on les attend la saison prochaine pour leur seconde participation d’affilée au Top 8. Pensées pour l’Ovalie Caennaise qui rétrograde en Armelle – Auclair après avoir connu l’élite du rugby féminin pendant 20 années…
Les affiches aller-retour pour les demi-finales sont donc les suivantes : LMRCV – STRF BSORF - MRC
La finale aura lieu à Bègles le week-end du 29 avril au stade Moga, ancien fief et désormais centre d’entraînement de l’UBB. Les Lilloises sont tenantes du titre. Elles ont battu deux fois le Stade cette saison, avec un triplé de Marine Menager en terres haut-garonnaises. La double-confrontation entre le BSORF et Montpellier s’annonce bien plus serrée et extrêmement indécise.
VIDÉO. Top 8. Les filles du LMRCV l'emportent contre Montpellier pour devenir championnes de FranceVentre mou pour Rennes, qui passe tout près d’une qualification, pour Bobigny qui termine avec 13 points, à seulement trois points de Caen, et enfin pour Romagnat qui s’est miraculeusement sauvé.
En ce qui concerne le deuxième échelon national, la phase régulière est également terminée pour l’Élite 2 Armelle-Auclair et les huit équipes qualifiées en quarts de finale sont l’AS Bayonne, Lons, Bordeaux, le TPR, Sassenage, le Stade Français, le LOU, et Rouen. L’équipe qui remporte la finale sera qualifiée en Top 8 pour la saison prochaine.
Bientôt la Coupe du monde, le rugby féminin sur la voie du professionnalisme ?
Pour terminer et faire un peu le point sur le rugby féminin dans l’Hexagone, notons un regain d’intérêt pour le Top 8 féminin. L’exemple d’Eurosport de diffuser deux rencontres de phase régulière, un multiplex de la dernière journée, les demi-finales et la finale est un signe fort. La finale sera aussi diffusée en clair sur France 4. Le championnat est de plus en plus disputé et suscite de plus en plus d’intérêt. Le rugby féminin étant encore amateur, il est loin de tous les maux de riches dont souffre son homologue masculin ces derniers temps. En comparaison au Top 14, il n’y a quasiment aucune étrangère dans les équipes de Top 8, ce qui permet aux joueuses françaises de pleinement s’aguerrir et aux sélectionneurs d’avoir un riche vivier dans lequel venir piocher pour la sélection nationale.
Le nouveau patron de la FFR, Bernard Laporte a récemment affirmé vouloir imposer une équipe féminine à tous les clubs professionnels français. Cela serait une belle progression et une avancée notable pour le rugby féminin, mais cela mettrait substantiellement en danger des équipes comme Rennes, Bobigny ou Lille qui ne s’appuient sur aucune structure professionnelle.
En outre, une « avancée » non négligeable pour le rugby féminin a été entraperçue en début d’année en Angleterre, où la RFU a annoncé la professionnalisation de sa première division féminine, et ce dès la saison prochaine. Peut-on l’envisager en France dans l’avenir ? Cela va-t-il booster le rugby féminin ? À voir. Notons que ce dernier recevra très certainement déjà un petit coup de pouce cet été avec la Coupe du Monde Féminine de rugby à XV en Irlande.
Coupe du monde de rugby féminin : les poules de l'édition 2017
George Smithwick's
Bon article c'est une très bonne chose que le rugby féminin soit mis plus en avant.
Par contre le logo du club de Rennes présent sur la page de rugbyfederal n'est pas le bon, celui-ci est celui du REC (Rennes étudiant club) club masculin de fédérale 2. Le blason du stade rennais rugby est peu ou prou le même que celui du club de football de ligue 1, le ballon de football étant remplacé par un ballon de rugby.
Loyam
Tout d'abord, merci pour cet article. Ensuite, tant mieux que le championnat féminin nous révèle du suspens jusqu'à la dernière journée.
Merci Mesdemoiselles et Mesdames pour le spectacle proposé.
Maintenant, j'espère que les phases finales seront retransmises en intégralité sur une chaine publique.
Et si d'aventure, pour la saison prochaine, le Canal Rugby Club pouvait parler et montrer des images du Top 8 en clair et sans décodeur, il serait très bien.