Merci à Anec'Sport pour cette proposition de décryptage des maillots de la Coupe du monde.
Rares sont les maillots autant chargés d’histoire. La tenue portée par les joueurs sud-africains, verte et or ornée d’une fleur de protée royale et d’un springbok, témoigne du passé tumultueux de la nation arc-en-ciel, longtemps sous le joug d’une politique ségrégationniste développée selon des critères raciaux.
Le springbok adopté comme une évidence
La sélection sud-africaine a écrit ses premières pages en bleu marine. Couleur prédominante du drapeau de la colonie du Cap (l’Afrique du Sud n’étant pas encore une entité politique unie), elle était portée par les meilleurs joueurs sud-africains à l’occasion de leur premier test match disputé en 1891 face aux Lions Britanniques. Douze ans plus tard, leur maillot se teintait déjà de leur traditionnel vert bouteille. Une tenue empruntée au Diocesan College de Cape Town, l’un des premiers établissements sud-africains à pratiquer le rugby. Ce haut vert dénué de tout logo n’avait pas encore de col couleur or, tandis que le bas était constitué d’un short et de chaussettes bleus.
Animal emblématique de l’Afrique australe dont son nom signifie « bouc sauteur » en langue afrikaan, le springbok apparaissait sur les maillots des Sud-Africains à l’occasion d’une tournée organisée en 1906 en Grande-Bretagne. Là-bas, pour éviter que les journalistes leur trouvent un surnom comme ils l’avaient fait avec les Néo-Zélandais rebaptisés All Blacks, leur capitaine Paul Roos suggéra d’adopter le springbok comme emblème. Rapide, agile et capable de réaliser des bonds de deux mètres pour échapper à ses prédateurs, l’antilope sauteuse avait toutes les qualités pour devenir l’animal fétiche d’un collectif souhaitant faire ses preuves face aux puissantes nations britanniques. Vingt-six victoires en vingt-neuf rencontres, le contrat était rempli. La tournée inaugurale était une réussite, les Springboks gagnaient le respect de l’hémisphère nord.
La protée pour oublier l’apartheid
Les décennies défilèrent, leur col blanc se parait d’une couleur or et l’équipe sud-africaine s’imposait au fil des rencontres comme l’une des nations fortes du rugby mondial. En parallèle, leur gouvernement adoptait en 1948 une politique ségrégationniste dénommée apartheid. Durant plus de quatre décennies, une minorité blanche contrôlait le pays et édictait des lois privant les peuples noirs de leurs droits et libertés. L’abolition des derniers préceptes de l’apartheid en juin 1991 mettait fin à la répression. Longtemps divisée, la nation arc-en-ciel souhaitait faire table rase de son lourd passé. Oublier les différences raciales et ethniques au profit d’une union totale entre les populations qui la composent.
En sport, le springbok devenait un symbole controversé. À juste titre. Depuis sa création, il était l’emblème d’une équipe de rugby intégralement blanche, refusant catégoriquement que des individus de couleur puissent se mêler à l’effectif. Trop associé à l’apartheid, l’antilope sauteuse divisait. Certains militaient pour la conserver quand d’autres souhaitaient voir sa disparition, remplacée par la fleur de protée royale. Un emblème national, adopté à l’unisson par les autres équipes sud-africaines depuis la fin de l’apartheid.
Deux symboles unis mais pas réunis
La coupe du monde de 1995 mit tout le monde d’accord. Organisée en Afrique du Sud, la compétition fut remportée par les locaux dès leur première participation. Les hommes en vert rendirent fier tout leur peuple et l’image de Nelson Mandela remettant le trophée aux mains du capitaine Francois Pienaar fit le tour du monde, donnant naissance au mythe de la nation arc-en-ciel. Symbole de cette union collective, les joueurs portaient au niveau du cœur un springbok sautant par-dessus une couronne de protée.
Depuis, le springbok et la protée ont toujours figuré sur le maillot vert et or des Sud-Africains. Accolé à la protée jusqu’en 2008, le springbok a désormais disparu de l’emblème officiel mais conserve sa place sur la tenue, représenté dans le coin supérieur droit hormis durant la Coupe du monde. En effet. Afin de se plier à un règlement imposant la présence du logo de cette compétition en haut à droite du maillot, l’antilope sauteuse migre sur la manche des joueurs le temps du mondial, puis retrouve sa place une fois le tournoi terminé.
Chandelle 72
Intéressant !
Ce sera donc dorénavant l'équipe d'Afrique du Sud pour moi