Une rancœur vis-à-vis des instances directrices du rugby en France
En décembre 2018, le jeune Nicolas Chauvin, qui jouait au Stade Français, avait perdu la vie suite à un choc dangereux, lui arrachant une vertèbre cérébrale. Cette année, son papa lui a rendu hommage en écrivant : "Rugby : mourir fait partie du jeu". Pour Europsort, ce dernier s'est alors livré et n'a pas caché son énervement au sujet des mesures qui n'ont pas été prises selon lui : "Très naïvement, après, je me suis adressé à la Fédération française de rugby (FFR), puis au ministère des Sports, et je me suis vite aperçu qu'on n'avait pas très envie de me répondre parce que c'était un événement qui, finalement, ne les intéressaient plus. : Cette absence de réponses laisse sous-entendre que +Oui, et alors ? C'est la vie. Ce n'est pas ce qu'on avait entendu lorsque Nicolas est mort (en décembre 2018). Il y a eu quand même pléthore de témoignages, de grandes déclarations, d'émotion, qui laissaient entendre que finalement, c'était inacceptable, que cela ne devait pas se reproduire et qu'on ferait le maximum pour changer les choses. Mais, en fait, quand je suis "passé à la caisse", de tout ce qui avait été dit et fait, il n'en est pas ressorti pas grand-chose."
De plus, Philippe Chauvin n'hésita pas à attaquer ouvertement la FFR : "Beaucoup de gesticulations, beaucoup de "mesurettes" qui visent à donner le change et qui sont très bien présentées par la FFR, qui est remarquable en termes de communication. Sur ce point, on touche au professionnalisme. En revanche, sur la gestion de la crise et celle des dangers mortels, là, on est au niveau amateur le plus bas." Des mots forts certes, mais compréhensibles de la part d'un papa qui a perdu son fils sur un terrain de rugby.
"Un rugby perfectible"
Bien que les règles du rugby évoluent chaque année, et que la santé des joueurs est de plus en plus mis sur le devant de la scène, des aspects du jeu restent encore en zone d'ombre. Selon Philippe Chauvin, le rugby a besoin de plus de sécurité : " Je ne veux pas qu'on en change les règles. Elles sont certainement perfectibles. Le rugby est un sport assez complexe, avec beaucoup de règles. La fuite en avant serait de rajouter de la complexité à ce qu'on a déjà (...). Déjà, il faudrait respecter les règles, primo, soit ne pas plaquer au-dessus de la limite des épaules, ce qui éviterait d'arracher la tête de son voisin. Et secundo, garder à l'esprit que la règle 9 alinéa 11 (édictée par World Rugby, la Fédération internationale) dit qu'on ne doit rien intenter qui soit dangereux ou imprudent pour l'adversaire. C'est dans le règlement. Donc si c'est méconnu, si on a tendance à l'oublier, je demande maintenant à ce qu'on recopie sur les licences cette phrase."
Il est vrai que le rugby est perçu comme un sport violent, un sport de combat entre deux équipes qui ne se feront pas de cadeaux. Néanmoins, le respect de l'adversaire et du jeu passe avant tout par une parfaite maîtrise de soi : "On a quand même cette dérive au rugby qui conduit dans la pratique à vouloir détruire l'adversaire, à vouloir le blesser, à le sortir du jeu. Alors maintenant, je vais utiliser un terme très simple : ce sont des tricheurs. (...) Là où les gens devraient réagir maintenant, c'est quand ils voient des gestes qui sont de véritables attentats, à retardement ou même dans l'action, qui visent à blesser l'autre. Est-ce que vous avez envie de gagner comme ça sérieusement ? Est-ce que c'est ça le sport ?"
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Mickey duc
Les instances n en ont rien a foutre de la sécurité des joueurs .... c est comme pour le football seul l argent compte. La preuve avec la coupe du monde des clubs, cela fait des années que les joueurs, entraîneurs, spécialistes disent qu il faut alléger le calendrier et réduire le nombre de matchs, et pourtant les instances proposent une nouvelle compétition... c est assez révélateur
Jak3192
Rien à ajouter sur ce témoignage désolant
Juste un commentaire sur l'article :
j'ai eu beau chercher je n'ai pas trouvé de "vertèbre cérébrale", juste des "vertèbres cervicales"
Alors 2 solutions : soit les "vertèbres cérébrales" sont une nouvelle appellation d'un groupe vertébral, soit le rédacteur @Lucas Monteil relit son texte avant publication.
duodumat
@Lucas Monteil
Merci de ce bel article, émouvant et révoltant à la fois, qui remet sur le devant de la scène les risques encourus par les joueurs et aussi une sorte d'immobilisme des instances internationales et des structures sportives (clubs arbitres fédérations ...).
Pouvez-vous donner l'éditeur de ce livre ?
dan0x
Faudrait déjà commencer par éduquer les éducateurs qui s'occupent des gamins. Le week-end je vois trop souvent des brutalités chez des U14 et U12 qui semblent ne pas émouvoir tous les educs et parents et qui sont passées sou silence. J'ai même l'impression que dès leur plus jeune âge, dans certains clubs, la violence fait partie de la formation... C'est triste mais c'est la réalité...
Yonolan
On rajoute au drame d'un père la légèreté de ceux qui n'ont rien fait quand la pression médiatique est retombée
Il raconte son entretien avec SS lors d la soirée hommage organisé par le Stade français quelques jours après le drame, il écrit : « L’échange est courtois mais quelque peu déplacé : mon interlocuteur se lance dans un éloge des bonnes statistiques du rugby en matière de sécurité […] Est-il déjà en train de tester ma réaction pour évaluer comment les choses pourraient évoluer ? […] Son discours revient à dire à une « occurrence statistique » - le père d’un joueur décédé - qu’il n’est pas représentatif d’un quelconque danger. »
Il parle aussi des différents échanges avec Bernie qui ne donneront rien .
Il apprendra même la réflexion d’un membre du comité directeur de la FFR : « Qu’est-ce qu’il veut Chauvin ? On va lui faire un gros chèque ! »
Alors qu'il ne veut que deux choses :un rugby plus sur et aussi connaitre les causes du décès de son fils
« C’est que les circonstances du décès de mon fils soient établies. Aujourd’hui, c’est comme si l’un de vos proches mourait dans un accident de la route et qu’on vous disait : « On est d’accord mais non, on ne fera pas de constat. » Cela n’a pas de sens. J’ai une vidéo mais personne n’a envie de voir les choses qui sont dessus. C’est trop facile. »
"Le rugby est un sport que j’aime. Mais il faut quand même admettre que si les instances responsables de ce jeu, le ministère des Sports et la FFR, ne font rien, on arrive à considérer qu’on peut mourir sur un terrain de rugby. C’est important de le dire haut et fort. Il y a trop de communication sur « la grande famille du rugby », sur « l’école de la vie » et ainsi de suite… Il y a une forme de manipulation."
Qui pour lui donner tort ?
stef7
Peut on s'étonner du silence de ces dirigeants qui sont là pour profiter du système rugby et non pas s'occuper du rugby, la même image que les dirigeants politique, il ne faut plus rêver....