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Top 14 . Stade Toulousain : les dessous d'une saison catastrophique
Qu'elle est loin l'époque où la bande à Novès régnait sur l'Europe...
Le Stade n’est plus. Plus qu’un constat, on assiste à une confirmation de la lente descente aux enfers du club haut-garonnais. Quoique, l’expression est peut être exagérée, mais loin d’être dénuée de sens.

Il y a 5 ans, les hommes de Guy Novès remportaient deux titres de champions de France consécutifs contre Montpellier puis Toulon. Une époque qui semble peu-à-peu se transformer en un lointain souvenir pour les cadres partants du club. “Quand une équipe entre dans une spirale négative, il faut savoir créer un électrochoc pour que ça reparte. Ça n'a jamais été fait” déclarait Patricio Albacete dans un entretien récemment accordé à L’Equipe. Un ancien du club qui prend la parole pour critiquer son club ET son coach, un événement particulièrement significatif là où les joueurs furent assez rares à oser critiquer l’échelon supérieur ces derniers temps. Et contrairement à ce que la majorité persiste à penser, la défaite du club se joue d’abord sur le terrain.

Où sont passés les anciens ?

Il était clair que les historiques du club allaient finir par céder aux sirènes de la retraite ou du départ. Rares sont ceux qui font leur carrière dans une seule structure et on peut sans conteste l’expliquer. Besoin de changement, de nouveaux horizons, Clément Poitrenaud a été l’un des premiers à quitter le navire en cours de route. L’international français aux 16 saisons passées sous le maillot rouge et noir décidant de s’exiler en Afrique du Sud, chez les Sharks de Durban. Perturbé par les blessures durant sa dernière saison au bercail, le Tarnais n’a fait qu’enclencher une dynamique de re-modélisation de l’effectif. Une situation presque semblable à celle de Vincent Clerc : ”Oui, je pensais finir à Toulouse mais voilà la vie en a décidé autrement”, avouait-il en conférence de presse lors de son départ dans le Var. 67 sélections et ancien recordman d’essais en Coupe d’Europe et l’impression d’avoir été jeté par son club de toujours. Les supporters n’en reviennent d’ailleurs toujours pas de l’avoir laissé partir, là où les recrues au poste d’ailier déçoivent (Palisson, Guitoune, Pérez). Un pur finisseur, un mordu de la ligne, un obsédé de l’essai, un profil particulièrement défaillant au sein d’une équipe qui peine à la finition. Et ce n’est pas (encore) Arthur Bonneval qui se pose en digne héritier de son aîné, même si celui-ci pourrait être en passe de le devenir.

Et que dire de Thierry Dusautoir ? “Titi” est l’un des seuls à être resté exemplaire sur le terrain jusqu’au bout de sa carrière. Neuf ans passés au club et un niveau de jeu irréprochable sur le long terme. On ne peut presque rien reprocher au capitaine courage qu’il a été, si ce n’est que le poids des années commençait à se faire ressentir sur les épaules du “Dark Destroyer”. Cela méritait bien une telle ovation pour sa dernière à Ernest-Wallon. Mais chaque joueur n’a pas su maintenir un tel niveau de performance sur la durée, et c’est peut être ce qui a posé problème au Stade Toulousain ces dernières années. On pense notamment à des hommes comme Grégory Lamboley, Census Johnston ou Patricio Albacete qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Sans rien enlever à ce qu’ils ont apporté à l’écusson, leur présence dans l’effectif a de quoi interroger au vu de leurs prestations ces derniers temps.

Census Johnston qui se distingue plus par son indiscipline que par sa participation défensive. Patricio Albacete qui voit encore moins le terrain que Yohann Gourcuff ou encore Grégory Lamboley qui fait plus de la figuration qu’autre chose. Ils ne sont plus les joueurs qui vont permettre à Toulouse de re-franchir un cap. Même constat pour Florian Fritz. Un pied qui peut offrir des pénalités de 50 mètres dans les moments cruciaux, direz-vous. On peut répondre que si Ugo Mola choisit de prendre une pénalité à cette distance, c’est qu’il sait ses joueurs trop friables techniquement pour jouer la pénaltouche et ainsi repartir sur une nouvelle phase de jeu. Il n’y a plus de jeu de mains, jeu de Toulousains. Ou du moins celui-ci ne resurgit que par intermittence. Et Fritz en est l’une des illustrations notables : un perce-muraille que l’on envoie en première main, chercher des brèches dans le premier rideau adverse. Impossible, ou en tout cas difficile de jouer derrière soi dans ce rôle précis. Il est donc temps pour les vieux briscards de laisser la place aux jeunes et de sortir la tête haute, après des années de bons et loyaux services.

La jeunesse doit reprendre le pouvoir

Deux clans vont s’opposer symboliquement la saison prochaine. D’un côté, les jeunes pousses du centre de formation qui éclosent peu à peu. Et de l’autre les recrues qui vont, ou qui sont déjà arrivées. La formation toulousaine est la base de ce qui a fait la colline devenir une montagne. Un ciment sur lequel s’est appuyé le club pour remporter 19 titres de champions de France et 4 Coupes d’Europe. Une bien belle machine, en somme, qui ne peut pas fonctionner sans ses rouages : les jeunes formés au club. Emile N’Tamack, Xavier Garbajosa, Jean Bouilhou, William Servat, autant de jeunes sortis du centre qui ont participé à la moisson de titres nationaux et européens depuis une vingtaine d’années. Entre 2016 et 2017, c’est une autre génération qui a commencé à prendre ses marques dans l’effectif toulousain. En commençant par la première ligne ultra-prometteuse Baille-Marchand-Aldegheri, le premier étant déjà plébiscité par les observateurs et couronné par 8 sélections en équipe de France depuis novembre 2016. Costaud en mêlée et mobile dans le jeu déployé, le joueur de 23 ans semble vraisemblablement s’imposer en club comme en sélection.
Du côté de ses compères en première ligne, tout n’est pas aussi rose. Aldegheri n’a toujours pas été appelé chez les Bleus, alors que Julien Marchand fait face à la concurrence de Ghiraldini en club et Guirado, Chat ou même Maynadier en sélection. Mais les deux hommes ont quand même une poignée de matches en pro dans les pattes et ne devraient pas tarder à découvrir la sélection d’ici quelques années, voire quelques mois. Derrière eux, Florian Verhaeghe, récent capitaine des U20 français deuxièmes au tournoi des 6 Nations 2017, devrait continuer à grappiller du temps de jeu la saison prochaine avec les départs de Lamboley et Albacete. Alors que Louis Picamoles a lui décampé à Northampton, Gillian Galan n’a pas su s’imposer, malgré quelques performances notables. Ce beau bébé de 1,93 mètres et 120 kg s’est rapidement vu devancer par François Cros. Inconnu en début de saison, l’ex-capitaine des Espoirs du Stade Toulousain a été propulsé capitaine de l’équipe A par son coach lorsque les blessures l’exigeaient. Une des révélations de la saison sans aucun doute.
Derrière, la liste est un peu moins exhaustive mais tout aussi qualitative. A commencer par Antoine Dupont. Seulement 20 ans et propulsé comme LA tête d’affiche du recrutement toulousain version 2017-2018. Doté d’appuis de feu, technique et surtout extrêmement solide pour son petit gabarit (1m 74), le jeune demi de mêlée est sûrement promis à un avenir incroyable au sein de la maison rouge et noire. Annoncé comme le futur du XV de France, le Lannemezannais va devoir batailler pour imposer son nouveau statut à Sébastien Bézy, actuel titulaire au poste.

On attend beaucoup du feu-follet castrais, et encore plus du fait qu’il doive s’imposer en tant que leader de jeu. Bézy ayant baissé de pied depuis sa non-sélection avec les Bleus pour le Tournoi des 6 Nations, Antoine Dupont doit prendre le relais. Et imposer son grain de folie au sein d’une équipe qui en a cruellement besoin. Tout comme Arthur Bonneval, frère d’Hugo et fils d’Erik. Le petit ailier a montré de belles dispositions tout au long de la saison (7 essais en 18 matches joués), grâce notamment à la blessure de Yoann Huget qui peine à revenir à son meilleur niveau. Pourquoi ne pas l’installer et lui faire confiance sur le long terme ? A seulement 21 ans, voilà un autre espoir qui pourrait contribuer au renouvellement de l’effectif. Digne héritier de Gaël Fickou à son propre poste ? Pas encore.

L’ancien Toulonnais est maintenant l’option numéro 1 en club, de quoi lui insuffler une confiance monstrueuse pour les prochaines saisons. Et celui-ci correspond parfaitement au projet de jeu qui sera mis en place par le staff durant les prochaines saisons. Un jeu aéré, offensif et fait de contres assassins de 80 mètres. Sans oublier le retour de Thomas Ramos. Le polyvalent trois-quarts formé au club revient d’un prêt extrêmement concluant à Colomiers où il a terminé meilleur réalisateur de Pro D2. Un buteur chirurgical, autre rouage manquant à la machine toulousaine et dont le retour ne pourrait faire que du bien.

Le recrutement : ange ou démon ?

Comme chaque année, la liste de noms apposée dans la rubrique “Transferts” du club haut-garonnais a de quoi nous faire saliver. Mais dans le rugby moderne, un nom ronflant n’est plus synonyme de réussite sportive et médiatique. Piri Weepu, Quade Cooper, nombreux sont les ex-internationaux à être venus s’enterrer en Top 14, bien malgré eux parfois. Depuis les deux titres consécutifs de 2011 et 2012, la cellule de recrutement stadiste n’a clairement pas été au niveau de ses concurrents européens. Chiliboy Ralepelle, Antoine Guillamon, Jean-Pascal Barraque, Neemia Tialata, des noms qui hantent les supporters toulousains plus encore que le spectre des phases finales.

Malgré cela, cette année semble plutôt prometteuse en terme d’arrivées. Mis à part Antoine Dupont, la signature de Cheslin Kolbe a d’ores et déjà été annoncée par le club. La bombe sud-africaine de 23 ans devrait vraisemblablement poser ses valises à Ernest-Wallon l’été prochain, avec un profil qui n’est pas sans rappeler celui de Gio Aplon, certainement le meilleur arrière du championnat de France en ce moment. Espérons seulement qu’il ne soit pas qu’un joueur de “highlights” à l’instar de Quade Cooper chez le rival toulonnais.TRANSFERT. Top 14 - Le Stade Toulousain s'offre l'explosif Cheslin Kolbe et ses appuis de feuCertainement moins connu que les autres, Louis-Benoît Madaule pourrait ressembler à la bonne pioche de ce “mercato” d’été : “ un joueur complet sur le plan du jeu et un leader naturel comme le prouvent les différents capitanats qu'il a assurés tout au long de sa carrière [...] Excellent en touche, rugueux offensivement, il possède la capacité à jouer debout si importante dans notre club.” Impossible de parler mieux du talent du joueur que ne l’a fait Fabien Pelous il y a quelques mois.
Attendu comme l’un des matelots aptes à redresser le navire, Zack Holmes ne devrait pas mettre beaucoup de temps à se mettre le public toulousain dans la poche. Polyvalent, doté d’une bonne vision du jeu et excellent buteur, l’Australien devrait pallier à plusieurs manques au sein de l’effectif rouge et noir. D’autant plus que l’actuel Rochelais a été beaucoup blessé cette saison et devrait arriver en parfaite forme physique dans la Ville Rose. Au niveau de la première ligne, ce sont deux renforts de poids qui débarquent : Lucas Pointud et Charlie Faumuina, 252 kilos à eux deux sur la balance. Des piliers d’expérience qui ne pourront qu’apporter à leurs jeunes futurs coéquipiers évoqués précédemment. Ceux-ci devraient donc partager leur temps de jeu respectifs afin de stabiliser la mêlée toulousaine de la meilleure des manières. Une sévère plus-value dans une phase de jeu où les Johnston et Van Dyks ne donnent plus satisfaction.

Bilan

A l’aube de l’été 2017, aucun successeur au président partant René Bouscatel n’a été désigné. Si ce n’est Didier Lacroix qui a été évoqué par les médias, l’avenir sportif du Stade Toulousain est toujours entre les mains de fonctionnaires ultra-médiatisés. Et ce n’est pas forcément une bonne chose vu les performances du groupe sur le terrain. Disons que c’est plus un facteur aggravant qu’explicatif à la non-qualification de l’équipe pour le dernier carré de la Coupe d’Europe et du championnat de France. “Mola sera encore là l’année prochaine” proclamait Fabien Pelous au Parisien en avril dernier. On sait donc que l’entraîneur va être conserver, reste à changer certains joueurs. Des paroles aux actes, des mesures doivent être prises pour éradiquer le mal-être constant qui gangrène le club depuis de longs mois. A Ugo Mola de trouver la bonne alchimie entre jeunes et expérimentés pour remonter la pente. Une ascension qui s’annonce rude et escarpée.

Merci à Arthur Jean pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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  • Jak3192
    81615 points
  • il y a 7 ans

L'article ne parle que des joueurs,
et quasiment pas du staff technique.

Un joueur n'est rien s'il n'a pas un bon entraîneur.
Un joueur tout aussi bon qu'il soit ne peut exprimer son potentiel que par un coach efficace.
Et l'article occulte ce côté des choses.

Je suis beaucoup plus curieux de savoir pourquoi le niveau de jeu du ST a périclité depuis déjà plusieurs saisons.
Il faudrait peut être un jour obtenir des infos des "gens de l'intérieur" des années 2012 - 2016
Novès en tête... Pourquoi ce gars là (éminemment respecté et respectable, dont je fais parti) n'a pas réussi cette mutation dans le jeu.

Cet article n'enfonce qu'une série de portes ouvertes.
Sans grand intérêt.

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