Ces Coupes du monde qui n’ont jamais existé : 1955L’uchronie est un genre littéraire où l’auteur réécrit l’Histoire, où il invente une trame alternative à celle qu’on connaît. L’idée est ici de mêler l'uchronie et le rugby, de faire comme si la première Coupe du Monde avait eu lieu en 1955 - et non en 1987 - puis d'écrire ce qu’auraient pu être ces compétitions en tenant compte des vrais résultats de l’époque.
La deuxième édition de la Coupe du Monde de Rugby à XV se déroule chez les champions du monde en titre, en Afrique du Sud.
Le système de compétition reste le même (coupe à élimination directe) mais après d’âpres négociations, les Home Nations acceptent le principe du tirage au sort. Quatre têtes de série sont désignées par le Board : le tenant du titre (Afrique du Sud), les deux premiers du Tournoi de l’année (France et Irlande) et le tenant de la Bledisloe Cup (Nouvelle-Zélande). Cette dernière se présente sans ses joueurs maoris afin de ne pas froisser les autorités de Pretoria dans leur odieuse politique d’apartheid. En Nouvelle-Zélande, de nombreuses voix se sont élevées avec pour slogan « No Maoris, no Cup », réclamant le boycott de la compétition. Des pétitions et des concerts de soutien sont même organisés. Mais la fédération néo-zélandaise a préféré faire la sourde oreille.
Pour le match d’ouverture, les Springboks reçoivent l’Angleterre à l’Ellis Park de Johannesburg. La Rose se présente en outsider car jamais encore, en quatre rencontres, elle n’a réussi à battre ce coriace adversaire. Devant une foule en délire, l’Afrique du Sud fait l’étalage de sa puissance. Dès la sixième minute, elle marque un essai collectif qui sera transformé. Les Anglais sont incapables de renverser la situation. Deux pénalités sud-africaines suivent et à sept minutes de la fin, le centre Ian Kirkpatrick marque un dernier essai en coin qui porte le score final à 16-0 ! A Londres, la presse incendie son équipe et la qualifie d’une des pires de l’histoire de la Rose…
Le lendemain, le King’s Park Stadium de Durban accueille le deuxième quart entre la France et le Pays de Galles. Les Bleus ont battu les Diables Rouges lors des deux derniers Tournois (1958 et 1959) et abordent cette rencontre en favori. Le début de partie est serré (3-3 à la 22e minute) quand un éclair de l’ailier tarbais Jean-Vincent Dupuy permet aux Bleus de prendre l’avantage (9-3) à la 34e minute après la transformation. Mais les Gallois réagissent rapidement et égalisent juste avant la mi-temps grâce à un essai de filou du demi-de-mêlée, Lloyd Williams, aussitôt transformé. Le score est de 9-9 à la pause. Dans les vestiaires, le capitaine Lucien Mias essaie de trouver les mots pour motiver ses coéquipiers. « On va l’bouffer ce Poireau, oui ou merde ? » mugit-il. Docteur Pack rameute ses troupes et les galvanise. Le résultat ne se fait pas attendre car dès leur retour sur le pré, les Bleus dominent leurs adversaires, submergés par les vagues tricolores. Les Français marquent deux autres essais : un du Bison (alias Arnaud Marquesuzaa) et un autre du Biterrois, Pierre Danos. La France s’impose 19-9 mais c’est un succès à la Pyrrhus car la sélection tricolore perd Lucien Mias, blessé en fin de rencontre et out pour toute la compétition.
Dans le stade Loftus Versfeld à Pretoria, le troisième quart-de-finale propose une affiche classique entre les deux nations rivales de l’Océanie : la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Lors de la tournée des Lions de l’été 1959, la première a enregistré trois succès alors que la seconde s’est inclinée à deux reprises. Les All Blacks détiennent la Bledisloe Cup depuis 1951 mais un an auparavant en septembre 1958, les deux équipes se sont quittées avec une victoire chacune à leur actif. Les Wallabies entrent mieux dans la partie et mène à la mi-temps (9-6). Mais en seconde période, les hommes en noir confirment leur supériorité et s’imposent 20-12. « Nous sommes heureux de cette victoire mais nous restons concentrés sur notre objectif : ramener la coupe en Nouvelle-Zélande », déclare le capitaine all black Wilson Whineray à la meute de journalistes qui l’entoure. Mais quand on lui demande son avis sur la non-sélection des joueurs maoris, il préfère botter en touche.
Enfin, l’ultime duel de ces quart-de-finales se joue au Newlands Stadium du Cap et voit s’opposer l’Irlande à l’Ecosse. Neuf mois plus tôt, lors du Tournoi, le Trèfle s’est imposé à Edinburgh (8-3). Cette fois encore, entre cousins celtes, la rencontre est très défensive puisqu’au terme des quatre-vingt-minutes, le score est toujours vierge : 0-0. Pour la première fois dans l’histoire de la Coupe du Monde, il faut disputer des prolongations de deux fois dix minutes. La lutte est acharnée — une échauffourée entre plusieurs joueurs est même à déplorer — mais les Irlandais parviennent à inscrire deux drops pour l’emporter (6-0).
La presse sud-africaine s’inquiète car un an auparavant, à l’été 1958, les Bleus ont remporté une tournée mythique en pays springbok avec un nul (3-3) et une victoire à la clé (9-5). L’Afrique du Sud craint cette équipe de France. « Le Coq va-t-il se payer les Springboks ? », « Quinze Bleus en colère » ou encore « Peur sur Johannesburg » sont des unes qu’on peut lire dans les kiosques sud-africains. Dans un Ellis Park plein comme un œuf, le match est une rude bataille, émaillé d’échauffourées et de bagarres. Sans Lucien Mias, les Français tombent dans le piège de la provocation et concèdent plusieurs fautes. La France perd 3-9 et se fait de nouveau éliminer par l’Afrique du Sud.
L’autre demi-finale se joue à Durban et le match entre Néo-Zélandais et Irlandais est longtemps indécis. Le score est de six partout à quinze minutes du coup de sifflet final. On pense se diriger vers de nouvelles prolongations et du côté celte, on commence à rêver d’un exploit : depuis leur première rencontre en 1906, jamais le Trèfle n’a battu les hommes en noir. Mais le retour à la réalité est terrible puisque l’arrière néo-zélandais Don Clarke marque deux essais coup sur coup. La cause est entendue (18-6) et la Nouvelle-Zélande est en finale.
L’ultime rencontre de cette deuxième Coupe du Monde se dispute à l’Ellis Park de Johannesburg devant près de 100 000 spectateurs. Sur leurs dix dernières oppositions, l’Afrique du Sud mène sept victoires à trois…mais la Nouvelle-Zélande a remporté les deux derniers matchs (à domicile). La seule et unique victoire all black en terre sud-africaine (à l’Ellis Park qui plus est !) remonte à…1928 ! La tâche s’annonce ardue pour les Océaniens qui font jeu égal avec les locaux jusqu’à l’heure de jeu (9-9). La fin de partie est à l’avantage des Springboks qui gagnent le match (16-9) et sont sacrés champions du monde pour la deuxième fois consécutive ! L’hymne national, Die Stem van Suid-Afrika, chanté en afrikaans, est entonné par des milliers de voix. Capitaine des vainqueurs, Johan Claasen lève le trophée et est porté en triomphe par la foule qui a envahi la pelouse de l’Ellis Park.
Dans la foulée, le Board annonce que la troisième Coupe du Monde, en 1963, sera organisée conjointement par l’Australie et la Nouvelle Zélande.
Kad Deb
Qui est-ce, Lucien "Miais" ?
breiz93
Avec des "si"...
Bonne idée que cette série.
J'ai des doutes sur certains scores annoncés, pour rappel l'essai était à 3 points...
MARCFANXV
Haaa toute une époque...Mon Papi m'a souvent parlé de cette coupe du monde...Il me tarde la coupe du monde 1975 à l'Arms Park de Cardiff....
Garou-gorille
Tout ça va nous replonger en enfance avec nos premiers héros de légendes racontés par mon père : Mias, Crauste, Prat, Domenech, Alfred Roques alias le pépé du Quercy et bien d'autres...Et plus tard, les V nations a la télé a partir de 69 avec d'autres joueurs légendaires....