XV de France. Galthié évoque la place de la 3ᵉ mi-temps, fléau ou plaisir du rugby ?
Alors que la place de la 3ᵉ mi-temps est remise en question dans le rugby de haut-niveau, le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié s’est exprimé sur ce sujet. (©Julian Finney - World Rugby)
Alors que la place de la 3ᵉ mi-temps est remise en question dans le rugby de haut-niveau, le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié s’est exprimé sur ce sujet.

Cela peut être un mal aussi profond qu’un plaisir intemporel. Au rugby, la place culturelle de la 3ᵉ mi-temps est considérable. À l’âge adulte, elle devient même un socle social majeur de toute équipe locale et amateur pour entretenir les liens entre coéquipiers. Au plus haut niveau, cette dernière a cependant posé quelques (gros) problèmes, ces derniers mois.

En Argentine, le XV de France a connu de multiples déboires liés à la 3ᵉ mi-temps. Des propos racistes de Melvyn Jaminet à l’escapade nocturne ayant amené une plainte pour viol visant Oscar Jégou et Hugo Auradou, une question se pose. Jusqu’où peut aller ce moment de fête et de partage ? Comment ne plus franchir la ligne rouge ?

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Malheureusement, pour que cette question arrive face au sélectionneur Fabien Galthié, il a fallu que les Bleus dérapent au-delà des limites. La faute possible à un système qui laissait les joueurs seuls maîtres d’eux même sur ces moments-là ? “Sûrement qu'il y a eu des abus dans le cadre de coutumes existantes. Mais pendant cinq ans, c'était quand même très bien contrôlé par les joueurs. Par les joueurs, pas par nous”, a confié le sélectionneur du XV de France lors d’un long entretien livré à L’Équipe.

Sur sa prise de parole dans le quotidien sportif, Fabien Galthié avoue que le staff restait relativement spectateur des après-matchs des joueurs. Tout du moins, une autogestion de ces derniers prend place quand le protocole habituel post-rencontre prend fin. En cinq ans, l’encadrement pensait avoir établi une relation de confiance, sans en apercevoir les failles. Il explique ce choix ainsi :

Contrairement à ce qui se faisait avant, nous, on partageait tout avec les joueurs. Il n'y avait rien de caché, comme auparavant quand il y avait beaucoup d'interdits et donc beaucoup de choses qui se faisaient de manière non-licite. Et ça, ça ne marche pas, parce que ça crée une scission, une incompréhension entre le staff et les joueurs.”

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Pour Fabien Galthié, le mal n’est pas uniquement dû à une question de bonne ou de mauvaise gestion, mais aussi à un facteur culturel propre au rugby. Il évoque un “un sport collectif de combat” créant un “rapport de force permanent” qui amène à une “spécificité rugby” qui n’existe pas forcément dans les autres sports. “On a essayé de comprendre pourquoi ça s'est passé comme ça, et comment repenser notre façon de vivre le rugby. Il faut essayer d'aller plus loin que l'adjectif inadmissible ou intolérable, comprendre notre sociologie, la sociologie de la société, échanger avec des anthropologues. Ce que j'ai commencé à faire”, détaille l’ancien Columérin.

Pour lui, le travail doit désormais se faire d’un point de vue mental. Après des matchs intenses de 80 minutes et même avant cela plusieurs semaines d’entraînement sous tension, les esprits doivent redescendre aussi vite après le coup de sifflet. C’est ce qu’il développe auprès de L’Équipe :

Une fois qu'on a poussé les curseurs de la performance physique, psychologique, intellectuelle, analytique, d'un coup, on arrête. On met le costume et on redevient des gens normaux. L'enjeu est là. On a négligé la problématique de ce retour à la normalité quand les endorphines sont au max. Comment on fait pour redescendre ? Comment on fait pour redevenir des gens normaux ? Ces joueurs vivent dans le rapport de force permanent pour gagner leur place et ils continuent ce rapport de force en soirée parce qu'il y a cette culture de ne pas décrocher, de rester ensemble, d'aller toujours plus loin parce qu'on est des hommes, parce qu'on est un groupe. Après le match, le "je suis capable de le faire" est terminé. Ça n'apporte plus rien.”

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Cependant, ce combat n’est pas simple à mener. Déjà parce que Fabien Galthié, du haut de ses 64 sélections, sait que la 3ᵉ mi-temps a aussi un effet de cohésion de groupe considérable et culturellement profondément ancré dans le monde de l’ovalie. Elle ne sera pas si facile à révolutionner, loin des débauches alcoolisées. Néanmoins, le sélectionneur a conscience que cette dernière est incompatible avec le sport de très haut niveau. “On sait très bien que si on fait une soirée alcoolisée, ça double l'effet du match, niveau déshydratation et déchet musculaire. Donc, tu ne peux pas t'entraîner comme tu l'avais prévu. Une remise en question profonde est nécessaire”, argue-t-il.

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L'article tire dans tous les sens, présentant des activités de groupe et des activités qui ne sont pas de groupe, les débordements des joueurs se faisant hors maîtrise du groupe. Sinon l'approche est saluée car elle place dans un contexte du culturel du rugby.

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