Le témoignage bouleversant de Cameron Pierce, retraité forcé après une commotion cérébrale [Vidéo]Après Cameron Pierce, ancien joueur de Pau contraint de mettre un terme à sa carrière en raison d'une commotion, Stade 2 va consacrer ce dimanche un reportage à Florian Houérie. Dix minutes qui devraient provoquer des remous dans le monde du rugby. Comme le Canadien, il a été contraint de mettre un terme prématuré à sa carrière. Or, pour Houérie, c'est à seulement 22 ans que tout s'est arrêté. Jeune pilier sous contrat avec le Castres olympique, passé par Argelès mais surtout Tarbes, il venait pourtant de faire ses grands débuts en Top 14 et en Champions Cup. Titulaire d'un DUT techniques de commercialisation et un DCL d'anglais et d'espagnol, il envisageait de travailler dans une banque assurance, comme il le confiait à La Dépêche. Mais surtout, ce JIFF se voyait à l'époque faire carrière dans l'ovalie.
Sa conception de l'avenir a radicalement changé lorsqu'on lui a décelé une affection des reins fin 2015. À ce moment-là, l'heure n'est déjà plus au traitement mais aux dialyses et à la greffe de reins, car les siens ne fonctionnent plus. Comment un jeune pilier de 22 ans qui avait participé à sept matchs de championnat pouvait-il se retrouver du jour au lendemain avec une espérance de vie drastiquement réduite ? Un effort trop violent en mêlée ou dans le jeu courant aurait en effet pu lui être fatale via un AVC ou une crise cardiaque. C'est un médecin du CO qui l'avait envoyé d'urgence à l'hôpital d'Albi. Mais pas celui qui est au centre de la procédure pour ce qui a été considéré comme une négligence personnelle après rapport des experts.
Si Florian n'avait aucun symptôme de sa maladie (dont l'origine est inconnue), une simple lecture des résultats des prises de sang régulières effectuées sur les joueurs aurait été suffisante pour voir que quelque chose n'allait pas. "Sur ces analyses, plusieurs mois avant qu'il soit hospitalisé, il y a des marqueurs qui apparaissent extrêmement élevés", indiquait son avocat en 2016. Or, les analyses n'auraient jamais été consultées. Si cela avait été le cas, il aurait pu continuer à jouer après une pause. Surtout, il n'aurait pas été obligé de passer par la case greffe. Ce sont les prises de sang effectuées au moment des contrôles anti-dopages qui ont mis la puce à l'oreille de la Ligue. Laquelle a ensuite alerté le club et le médecin référent en raison de taux anormaux non liés au dopage.
Malgré ce qui lui est arrivé, Florian n'a jamais été rancunier. "Il n'a jamais voulu chargé Castres", nous confie Vincent Charlot, enseignant chercheur en STAPS à Toulouse. C'est lui qui a pris l'ancien pilier sous son aile lorsque celui-ci a repris ses études. Oubliée la carrière dans la banque-assurance. On est en 2016 et il doit revoir son avenir professionnel loin des terrains de rugby. Lorqu'il le rencontre, l'ancien joueur n'a plus rien du pilier de 109 kilos. Il en a perdu 20, en partie à cause des dialyses. Il est certes affaibli et amaigri mais son esprit est vif et il dispose d'une "grosse capacité de travail." Le propre des sportifs professionnels. Après avoir validé sa licence en management du sport en 2017, il sortira major de sa promo en Master 1, "sans passe-droit" précise l'enseignant. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seul, il a reçu une greffe de rein. Crédit image : L'Equipe du 28 juillet 2016
Pendant tout ce temps, Florian, qui est de la génération des Jelonch et autre Dupont, n'a guère eu de nouvelles de la part du club. "Ils font leur business sur les valeurs, mais il n'a pas reçu un coup de fil, lance Vincent. Les supporters étaient étonnés par sa disparition mais il y a eu très peu de communication de la part du club." Seuls quelques joueurs ont pris le soin de s'inquiéter, "en off. Il est difficile pour ceux en activités de s'exprimer" sur un sujet aussi brûlant. Contactés par Stade 2, qui a débuté son enquête fin 2018, ni la formation tarnaise ni le practicien n'ont souhaité s'exprimer. Notez le médecin du club est toujours en poste et continue d'assister aux matchs au bord du terrain. Le seul changement est qu'il ne s'occupe plus du suivi biologique demandé par la Ligue. Et ce, alors que le CO s'est retourné contre lui.
La procédure est toujours en cours et elle devra déterminer les responsabilités de chacun. Attristé et déçu par le manque de soutien, Florian Houérie aurait très bien pu médiatiser l'affaire avant. Mais il a préféré se concentrer sur sa guérison et sur son projet professionnel. "Il voulait se changer les idées, ne pas partir en bataille contre le club. Il a fait preuve d'une grande résilience." Surtout, il veut rester dans le monde du rugby afin de partager son expérience. En juin, il achèvera son Master en management du sport et pourra alors se lancer dans son projet avec Sorin Socol, ancien deuxième ligne et capitaine de la Roumanie passé par Agen, Pau, Brive et plus récemment Lourdes. A savoir monter une structure de formation et l'accompagnement à la reconversion des sportifs pros. Mais avant cela, il terminera son cursus par quatre mois de stage.
Trainduc
Les valeurs du rugby sont surtout celles du sport amateur il me semble, celles qu'on retrouve dans toutes les associations sportives que font tourner les bénévoles, ceux qui se déplacent le week-end pour former les gamins, les conduire aux compétitions, organiser la tombola du club, etc.
Enlever l'amateurisme et la bonne volonté, il reste une entreprise, de sport certes, mais avec les mêmes codes que les autres.
Falsounet
En tant que supporter du MHR tu sais de quoi tu parles quand tu dis que "ça reste une entreprise"...
Moi j'ai envie de croire qu'il y a encore des clubs qui veulent mettre l'humain au coeur du projet même si plus ça va plus on est dégouté, notamment par des clubs qu'on croyait humains: Clermont avec Cudmore, Castres avec cette histoire, et sans doute d'autres à venir...