Si McDermott, connu également sous le nom de Mullenjaiwakka, est en quelque sorte une légende, c’est parce qu’il a été le premier joueur aborigène à représenter son pays mais également le premier avocat aborigène d’Australie. S’il n’a porté le maillot des Wallabies qu’à deux reprises, son passage a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de son sport. Ailier aux principes forts, il a refusé de prendre part à la tournée en Afrique du Sud en 1962, en choisissant de ne pas jouer en tant que « blanc » dans un pays où sévissait l’apartheid. Icône forte pour le mouvement aborigène, il a décidé de créer en 1992, le Lloyd McDermott Rugby Trust dont la devise est « donner à la jeunesse aborigène et originaire des iles du détroit de Torres un futur grâce au rugby ». Un défi à la hauteur de la situation dans laquelle se trouvait cette population, aux conditions de vie précaires et encore trop souvent discriminée.
La déscolarisation, un fléau majeur
C’est donc par le sport, vecteur important d’intégration sociale, que ce fond, devenu la Lloyd McDermott Rugby Development Team Inc en 1995 s’est employé à essayer de donner un avenir à la jeunesse aborigène. En étroite collaboration avec la fédération australienne de rugby, la LMRDT prend sous son aile des lycéens et des lycéennes et leur inculque les valeurs du rugby avec l’espoir que cette discipline leur permettra de gravir l’échelle sociale. Il faut savoir qu’en Australie, le rugby est historiquement le sport des classes sociales supérieures et qu’il se pratique dans des établissements privées que ne peuvent bien évidemment pas se payer la plupart des Aborigènes. Jouer au rugby est donc un moyen de poursuivre une scolarité dans des lieux prestigieux, notamment grâce à un système de bourses scolaires. Une manière pour cette association de lutter contre la déscolarisation, fléau majeur de la population indigène. De fait, ceux qui ne percent pas dans le rugby ont également la chance de passer des diplômes pour accéder à l’université ou à un emploi.
Si le rugby était encore minoritaire en 1992, il est aujourd’hui, en partie grâce à des hommes comme McDermott ou Beale, un des sports phares parmi les jeunes aborigènes. Ce qui permet à la LMRD de monter une équipe nationale indigène chez les moins de 16 ans et 18 ans. Des formations qui participent au championnat australien dans leur catégorie avec un certain succès puisque depuis la création de ces championnats, en 2001, elles ont remporté le titre à 9 reprises, pour les moins de 16 ans, et à 2 reprises, pour les moins de 18 ans. Aujourd’hui, faire partie de ces National Indigenous Teams se mérite. Cela passe par un processus de sélection lors de camps réunissant des Aborigènes venant de toutes les régions d’Australie, le tout avec l'aide de Qantas, sponsor des Wallabies. Le rugby féminin et le 7 ne sont pas en reste avec un tournoi, le Ella 7s, et une participation au championnat national féminin de rugby à 7, organisé par l’Australian Rugby Union.
Lloyd McDermott, premier aborigène à avoir porté le maillot des Wallabies, n'a pas oublié ses racines.
Il n’y a qu’à voir le calendrier 2012-2013 de ces équipes pour comprendre qu’elles ne chôment pas. Depuis la sélection en juin dernier, toutes ont participé à des tournois. Certaines se sont même envolées jusqu’à Bangkok pour une compétition de seven, puis à Manille et enfin à Hong Kong. Des voyages qui sans l’association auraient été impossibles et qui donnent à ces jeunes une opportunité unique de découvrir de nouvelles cultures tout en jouant au rugby. Point d’orgue de ce calendrier, « Le Tour de France », comme le mentionne la plaquette de la LMRDT. Du 29 septembre au 9 octobre prochain, une petite trentaine de personnes, dont 23 U16 de la National Indigenous Team se rendront pour la première fois en Europe. Au programme : matchs de rugby contre les meilleures équipes de France de la catégorie des moins de 17ans : Racing Metro 92, Stade Toulousain et la sélection de Côte d'Argent. Mais également des rendez-vous plus traditionnels et culturels afin que ces jeunes découvrent l’implication des Australiens et de leurs ancêtres dans l’histoire française, notamment lors de la Première Guerre mondiale.
Nul doute que ce voyage laissera un souvenir inoubliable à ces jeunes joueurs. Il y a deux ans, certains avaient déjà vécu un moment particulier lorsque plusieurs joueurs du XV australien, et notamment Kurtley Beale, leur avaient rendu visite et prodigué quelques conseils.
Merci à Leo Fortailler et Thomas Gandon, stagiaire à la Fédération Australienne de Rugby, de nous avoir soumis l'idée et les informations nécessaires à l'élaboration de cet article.
heurvinblue
Très bel article.. mais il faut préciser qu'on parle de joueurs métis... il est trop tard pour tendre la main au peuple Aborigène "😜ur" puisque celui ci se laisse mourir depuis des décennies en ne se reproduisant plus...
ça n'enlève rien à ces actions qui vont dans le bon sens pour les démunis!!
(désolé pour cette digression extra-rugbystique..)
mhr boys 34
super article top!bonne initiative
agenox
Bravo et merci pour cet excellent article trés intérréssant , complet et bien documenté.
Linkounay
Superbe article. Si on parle souvent de ce problème pour l'Afrique du Sud, c'est bien la première fois que j'en entends parler pour l'Australie.
TPhib
Merci pour la relecture Alabonnaire 😊
Vietaviederugbyman
Superbe article , en dehors des terrains le rugby est un vrai moteur social et culturelle . On en a la preuve ici même
Alabonnaire
Bravo pour l'article, c'est passionnant ! D'accord avec Mr rov.
Juste quelques petites coquilles :
- "intégration social" => 'intégration sociale"
- 'Il n'y a qu'à avoir" => "Il n'y a qu'à voir"
- "des rendez-vous plus traditionnels et culturelles" => "des rendez vous plus traditionnels et culturels
TPhib
Merci Cedirak, petite coquille en effet.
Charly
Yes super article! Le mélange est effectivement plus réussi en Nouvelle Zélande qu'en Afrique du Sud et en Australie... Fallait pas s'attendre à autre chose quand on voit ce que ces derniers ont fait en arrivant! Et je me souviens de Andrew WALKER qui est un aborigène qui a la particularité d'avoir joué aussi bien en équipe australienne à XIII qu'à XV 😉 Un ancien des ACT Brumbies
Cedirak
ça ne serait pas plutôt Mark Ella? Glen je connais mais pas Mike...
Ouate ZeFoque
Ça fais plaisir à lire, mais j'ai du mal à comprendre comment on peut avoir une équipe nationale à l'origine "blanche" dans un pays "coloré"
Comme dirait Cartman: "ça trou l'cul"
mr rov
félicitations, le rugbynistere, c'est pas que de la déconne et des beaux essais en vidéo, c'est du sérieux aussi. On apprend plein de truc!
Super les gars.
Pacodastre
Tres bon article. C'est une bonne nouvelle pour le rugby et pour les jeunes démunis. Le rugby n'est pas une fin, mais un moyen. Ce n'est pas la seule solution, mais c'en est une.