VIDEO. 6 Nations. XV de France - Italie : les mêlées des Bleus analysées
XV de France - Italie : l'analyse de la mêlée.
6 Nations : Comment s'est comportée la mêlée du XV de France face à l'Italie, ce samedi au Stade de France ? L'analyse de notre consultant, Nicolas Crubilé.
Traditionnellement, la mêlée constitue l'un des points forts du XV de France. Quid de la santé de ce secteur pour la première de l'ère Novès ? Nous avons demandé à Nicolas Crubilé, notre consultant, d’analyser cinq mêlées de la rencontre opposant la France à l'Italie, en ouverture du Tournoi des 6 Nations. Images à l’appui il nous apporte sa vision du niveau international dans ce secteur.VIDEO. 6 Nations. XV de France - Italie : les mêlées des Bleus analyséesVIDEO. A la découverte d'Ovalie Performance avec notre consultant mêlée, Nicolas CrubiléSi on observe d’une manière globale les statistiques brutes du match France-Italie :

- 18 mêlées (en comptants les mêlées refaites) : ce qui est beaucoup, les standards pour le niveau international étant autour de 10-12 par match.
- sur ces 18, 13 ont donné lieu à une introduction Italie.
- chaque équipe a récolté 1 bras-cassé et 1 pénalité (convertie en 3 points pour l’Italie).
- la France a perdu 1 ballon sur sa propre introduction.

Pour comprendre l’influence réelle du secteur de la mêlée sur le jeu en lui-même, il faut pousser l’analyse un peu plus loin ; pour cela j’utilise deux niveaux d’observation :

- 1er niveau : le plan serré = travail analytique. On étudie par poste, par ligne, puis par bloc qui fait quoi…appuis, liaisons, postures, synchronisation, axes de poussées, actions-réactions. Ce qui est parfois difficile aux vues des images diffusées...
- 2ème niveau : le plan large = les conséquences. Quel jeu possible après cette phase ? Et dans quelles conditions ?

Première analyse : 2ème mêlée du match -> introduction Italie dans leurs 40M

La mêlée va durer 6 secondes après que l'arbitre a commandé l'entrée = « SET ». Elle est plutôt stable du côté Ben Arous-Cittadini, la lutte est légale car les dos et les appuis sont parfaitement placés. L’effort italien va se porter sur l’autre axe Slimani-Lovotti (4’36) afin de pouvoir orienter celle-ci et faciliter la sortie dans un 2ème temps. Cette pression opposée oblige le gaucher français à replacer son appui sur le côté (appui gauche 4’37), ce qui est toujours très perturbant. D'ailleurs, Cittadini lui remet immédiatement une forte pression dans l’axe mais le ballon est déjà dans les mains de Parisse. Voilà pour le plan serré.

Sur le plan large, on s’aperçoit que la mêlée est parfaitement orientée pour jouer plein champ (la 3ème ligne française est éloignée) mais Parisse et Gori restent bizarrement sur l’option du côté fermé où ils sont attendus par Lauret, Vakatawa et Bézy, qui enclenche immédiatement sa bascule. Chance, réussite... La maladresse de Parisse l’oblige à changer le sens de jeu et à venir attaquer la ligne d’avantage pour mettre son équipe dans l’avancée. En deux temps de jeu, une inversion et un jeu au pied haut + pression dans la zone de retombée du ballon, l’Italie sort proprement de son camp et réussit à se procurer sa première occasion franche d’essai.



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Deuxième analyse : Début de 2ème mi-temps -> un retour de vestiaire difficile pour la mêlée française

Sur la première mêlée (42’) : Rabah Slimani est accusé de se mettre en travers par M. Doyle. Les images vues de dessus lui donnent raison car avant l’introduction, le droitier français a déjà les épaules orientées vers le talonneur italien, sa liaison est très courte sous le bras de son vis-à-vis. Au moment de l’introduction (42’24), le gaucher italien va lui aussi chercher à croiser ce qui va accentuer cette sensation de pousser en travers.


Malgré tout, à aucun moment l’Italie ne cherche à stabiliser l’édifice avant l’introduction du ballon (4’21 à 4’24 : utilisé plusieurs fois dans le match) et l’orientation épaules/bassins de Guirado et de Ben Arous me laisse penser que l’option stratégique de départ était bel et bien "d’enfermer" cette mêlée italienne dans le côté fermé. Au-delà de la faute, c’est l’endroit de celle-ci qui est regrettable car cette pénalité va permettre à l’Italie de passer devant au score. (10-11, 42')


Sur la deuxième mêlée (47’) : les images diffusées ne nous permettent pas de clairement identifier les raisons de cette perte de balle, mais la position de cette mêlée laisse quelques regrets quant à son exploitation à ce moment-là. (10-18, 48').


Enfin, sur la 3ème mêlée (48’) : M. Doyle sanctionne le pack français d’un bras cassé pour anticipation. Après 2 mêlées difficiles, c’est la volonté d’en découdre qui s’exprime là. C’est compréhensible mais pour rivaliser avec le TOP 5 mondial, c’est ce genre d’erreur qu’il faudra gommer... L’action suivante, autour de la 50e minute, comme souvent le staff français coachera ses 2 piliers auteurs d’un gros combat face à cette belle mêlée Italienne.

Troisième analyse : Essai Bonneval -> la mêlée comme rampe de lancement

Imaginez : après avoir bataillé 50 minutes avec Ben Arous et Slimani, la première-ligne italienne a vu arriver deux spécimens, l’un de 120 kg et l’autre de 140 kg pour continuer le boulot... DÉPRIMANT ! Cette mêlée va durer 6 secondes après que l’arbitre a commandé l’entrée. Même si Atonio se retrouve avec les jambes un peu tendues (= pas de force à transmettre), sa masse et le soutien de Maestri et Camara (qui reste en pression jusqu’à la libération du ballon) lui permettent de caler l'édifice assez longtemps pour pouvoir permettre à Chouly de transmettre à Bézy. Trois temps de jeu plus tard, Bonneval marque en coin. (17-18, 60')

Depuis l’arrivée de Joel Judge à Word rugby, on peut constater une réelle évolution dans l’arbitrage de la mêlée afin que celle-ci se remette au service du jeu. Notamment avec le changement de règles qui a fait passer cette phase d’une lutte d’impact collectif, à une lutte de corps à corps par bloc pour arriver aujourd’hui à un vrai combat collectif. Ce combat est légiféré, encadré et accepté de tous les acteurs du niveau international, quitte à être d’une passivité étonnante sur les introductions en seconde ligne.

Je pense que dans l’avenir, plutôt que d'avoir de grosses mêlées qui cherchent à tout détruire sur leur passage, quitte à perdre une énergie terrible pour chercher des pénalités qui ne viendront plus, nous verrons arriver - ils existent déjà - des paquets plus toniques et plus intelligents qui chercheront à bien orienter et canaliser leurs ballons pour pouvoir lancer proprement le jeu dans des zones de plus en plus éloignées de la zone conquête. (-> 3ème analyse et l'essai de Bonneval). Mais qui, défensivement, feront l’effort sur quelques mêlées en fonction des zones stratégiques et des moments du match afin de garder l’adversaire sous pression. Exactement ce que va proposer l’Irlande à la France ce week-end...



Au niveau international, la mêlée est redevenue le début de quelque chose, quand elle est trop souvent la finalité dans nos championnats domestiques. Les raisons sont diverses mais la réalité est belle est bien celle-là.

Vous pouvez contacter Nicolas à l'adresse mail suivante : [email protected], ou via la page Facebook officielle.

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Phase de jeu difficile à comprendre et aussi à arbitrer, mais à mon avis si les arbitres de touches participaient "mieux", il y aurait moins de décisions bizarres.

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