Au mois de juin, Philippe Arman rentrera en France la tête chargée de souvenirs. Les réunions de famille et les 3ème mi-temps entre amis devraient lui permettre de raconter sa belle aventure, qui a conduit cet ancien joueur de Charleroi (Belgique), Dieppe, Petit Quevilly et Lembeye jusqu'à Tahiti, et le Punaauia Rugby Club. C'est là-bas qu'il se tourne vers l'apprentissage de l'arbitrage en sifflant les championnats à 15 et à 7 de l'île. Avant d'officier lors d'un tournoi exceptionnel... sur l'île de Pâques !
Comment se retrouve-t-on à arbitrer un tournoi sur l’île de Paques ? Raconte-nous un peu tout ça !
Le tournoi de l'île de Pâques existe maintenant depuis trois ans. La première année en 2015, seul le club de Papeete s'y est rendu. L'île de Pâques est à seulement 5 heures de vol de Tahiti, et les dirigeants de Papeete avaient sympathisé avec ceux de Rapa Nui. Entre Polynésiens, le courant est bien passé ! C'est plus une bande de copains qui s'est déplacée la première fois, et je m'y suis greffé en tant qu'arbitre car ils en avaient besoin d'un pour se défouler sur la pelouse (synthétique).
C'était un rêve pour moi d'aller là-bas, alors je ne me suis pas fait prier pour allier les plaisirs de la découverte de cette île magique, du voyage entre potes et du rugby ! En 2016, ce sont neuf équipes qui se sont affrontées (tahitiennes, rapa nui et chiliennes). Je suis reparti arbitrer le tournoi avec Christophe Clavère, qui a officié pendant des années au plus haut niveau français et qui est ici pour le travail. Cette année, nous sommes partis à quatre arbitres de Tahiti (2 centraux et 2 JT), épaulés par deux arbitres chiliens pour un tournoi de 10 équipes !
Parle-nous un peu de ce tournoi et de cet événement : le rugby sur l'île, le niveau de jeu, l’ambiance, les équipes, les résultats...
Le tournoi monte en puissance ! Trois équipes en 2015, neuf en 2016 et dix en 2017 ! Le rugby sur l'île de Pâques est arrivé grâce à l'aide de passionnés tels que James Grant Peterkin, qui vit la bas depuis des années, Carlos Morande - qui a joué en équipe nationale chilienne et en Europe, Christian Korahi et j'en passe. Comme le dit Niki dans le reportage de World Rugby, le rugby est fait pour être à l'île de Pâques !
Il y a deux sites de Moaï (les fameuses statues) qui sont parmi les plus connus et qui ont sept Moaï allignés à Ahu Akivi et quinze à Tongariki : c'était forcément un signe du destin ! Ils se sont donc lancés le défi d'organiser un tournoi de rugby à 7 sur l'île habitée la plus isolée au monde. Le niveau de jeu augmente car les locaux s'entraînent dur toute l'année pour ce tournoi, et s'exportent même au Chili et sur Tahiti pour des tournois de 7 avec succès. Là-dessus se greffent les équipes étrangères comme les All Star Chile en 2016 qui ont tout rafflé, les équipes tahitiennes et chiliennes qui progressent d'année en année.
Quelques highlights du Tournoi 2017 :
En 2015, c'est l'équipe A de Rapa Nui qui a remporté le tournoi. En 2016, les All star chile avec leurs internationnaux et en 2017 c'est le club de Faa'a de Tahiti qui a remporté la victoire. L'ambiance est incroyable. L'île en elle-même est incroyable. Les tribunes sont garnies les soirs de matchs et les 3èmes mi-temps très conviviales ! L'esprit et l'accueil polynésien est bien là.
Tu as une anecdote insolite sur le tournoi à raconter à nos lecteurs ?
Nous avons designé cette année des cagolins entre arbitres... Et les gagnants ont performé, en oubliant de venir avec son maillot d'arbitre le deuxième jour pour l'un... et en oubliant ses cartons pour arbitrer pour l'autre ! Ce qui a donné un geste jusque-là inconnu du monde arbitral du rugby : signifier un carton jaune et donc les deux minutes d'exclusion en faisant le chiffre 2 de la main au joueur pénalisé ! L'arbitre en question méritait le cagolin d'or, car il l'a quand même fait trois fois pendant le tournoi!!!
On peut imaginer qu’une équipe française dispute l’édition 2018 ? Que dirais-tu pour convaincre l’une d’entre elles de venir l’an prochain ?
Bien sûr ! La preuve, les Bleus Sevens sont venus au tournoi de Papeete, une semaine après celui de Rapa Nui. Il va y avoir maintenant trois gros tournois "amateurs" dans le Pacifique dans le même mois de novembre : le tournoi internationnal des Îles Cook, la semaine suivante, celui de Papeete puis en dernier, celui de Rapa Nui. Avec pour but, que les équipes aillent aux 3. Cela fera monter le niveau, car le tournoi aux Cook est très relevé. Des pros de Nouvelle-Zélande reviennent le faire chaque année.
La Polynésie est un endroit formidable, avec un accueil chaleureux, des coutumes et des légendes extraordinaires. Si vous voulez jouer dans un cadre idiylique, vous sentir tout petit face aux Moai et ressentir leur mana (pouvoir, force), affronter le haka ou le hoko de vos adversaires en face à face, prendre des leçons de steps et autres skills polynésiens, revenir avec des hématomes dus aux chaleureux plaquages maoris, maohi et rapa nui, venez faire ce tournoi ! Vous repartirez avec des images d'une expérience inoubliable en tête. Et l'envie de revenir chaque année, comme je l'ai fait.
Découvrez le reportage de World Rugby sur ce tournoi, avec les images de l'édition 2016 :
REPORTAGE
— World Rugby FR (@WorldRugby_FR) 20 décembre 2017
C'est l'une des îles au monde les plus isolées.
Et pourtant, le rugby a réussi à s'y implanter. Durablement...
Bienvenue sur l'Île de Pâques ! ???? pic.twitter.com/DGTO3wtN1z
spir
Pour ceux qui parlent pas polynésien : Rapa Nui est le nom de l'île de Pâques. (Et celle-ci fut sans doute le théâtre d'une des premières catastrophes écologiques de l'histoire, après le déboisement du pourtour méditerranéen ; comme quoi...).
ced
génial !
breiz93
Comment imaginer un endroit aussi magique pour in tournoi.
C'est même plus beau que Jean Bouin, c'est dire. 😉
sha1966
tres bel article et le reportage de world rugby sur le rugby a Rapa Nui est superbe !!