C’est le mois de mars, le soleil a fait son apparition depuis quelques semaines, ça commence à sentir bon le Graal de tout rugbyman…Les phases finales ! Mais avant ça, il va falloir le gagner se dernier match pour la qualif’ !
Comme tous les dimanches tu te lèves tôt… Mais là, tu es debout bien avant ton réveil. Tu refais ton sac que tu avais pourtant déjà vérifier avant l’aller te coucher… Tu tournes autour de la table de la salle à manger, tu te demandes si tous tes copains sont prêts eux aussi, tu repenses aux ratés de l’entraînement de vendredi, le coach sur les nerfs…. Ta femme s’est levée, mais elle s’est faite toute petite dans le canapé, elle aussi attend 15h mais différemment. Elle sait que c’est le match que tu attends, tu en as d’ailleurs parlé toute la semaine avec toutes les personnes que tu as rencontré dans la rue, au bistrot, tu en as même parlé à ton gosse de 5 mois !
C’est l’heure du départ pour le stade, mais ton copain n’est toujours pas là ! Une minute de retard (déjà !). Tu te pauses dans la voiture, tu le jauges. Il est dans le même état que toi, c’est bon signe, vous êtes calmes dans la voiture, juste quelques mots… Arrivée au stade, tout le monde est à l’heure, même le soigneur, c’est pour dire ! C’est l’heure d’enfiler des chaussettes et un maillot pour le réveil musculaire. Tout le monde est concentré, tout semble huilée, les talons envoient les ballons en zone 3, les ¾ accumulent les temps de jeu sans faire tomber les ballons et les coaches se détendent...
Petit rassemblement entre gros, le match de cet après-midi sera un match d’homme. L’heure tant attendu des premières lignes est arrivée, pates-poulet dans les assiettes, tout le monde relâche un peu, mots croisés, tarots ou encore siestes, les sourires réapparaissent, seules les toilettes du club house ne seront pas épargnées…
L’heure du briefing des coachs, ça y est, là on y est, tout le monde est reconcentré, plus un bruit. Les coaches sont brefs, aujourd’hui pas besoin de grand discours, on est des grands garçons. A 13h30, tu croises beaucoup de monde, les anciens du club, d’anciens coéquipiers, des adversaires avec qui tu as déjà joué… mais pour tout le monde, ce sera un bonjour livré sans sourire. La B s’exprime, c’est chaud, ça s’engage c’est bon signe. Le capitaine fait signe à tout le monde, c’est l’heure de rentrer dans le vestiaire, l’heure où tu vas enfiler la première partie de ton costume, les chaussettes, le short, les straps… C’est calme, 22 bonhomme enfermé dans 20m² qui se changent et pourtant, pas de bruit. Seul les regards comptent. Le coach l’a dit, dans cinq minutes on sort, mais tout le monde est prêt, ça tourne, ça boit, ça fait tourner les cervicales, ça sautille…
Les arbitres viennent faire la fameuse tournée des crampons. Ils connaissent l’enjeu, ils n’en disent pas plus. Ils vérifient une paire de crampons sur 4 puis sortent. Dehors, le prépa a déjà tout installé : les plots, les boucliers, les gourdes… ça commence à monter en pression … Echauffement terminé, tu rentres aux vestiaires, tu passes devant ta famille, tes amis et autres supporters qui sont tous venus t’encourager, le coach avait dit de se nourrir de ce moment-là, mais tu ne vois rien, tu n’entends rien. Et le voilà le moment où tu enfile la dernière pièce, la pièce maitresse de ton costume, le maillot, les couleurs, le blason, l’âme de ton club.
Les discours du capitaine et du coach son très courts, tu vois dans les regards que tous tes copains sont prêts. Ils sont prêts à te suivre, tout comme tu es prêt à les suivre n’importe où. 15h, le coup de sifflet a retenti, on lâche tout pendant 80 minutes. Le combat terminé, que tu chantes au milieu du champs de bataille ou que le coach débriefe la défaite, tu te dis que putain, c’était bon !
Les présidents apportent un pichet de bière dans le vestiaire, sans les verres évidement, mais tant-pis, on a bu dans les mêmes gourdes durant 80min ce n’est pas un pichet de bière qui va nous faire peur non ?! Après la douche bien méritée, il temps d’aller saluer comme il se doit toutes ces personnes que tu as tout juste calculé avant le match, une vraie poignée de main, des félicitations, regrets ou autres critiques, toute façon il faut tout prendre, tu en as pour la soirée ! Après tout cela, il est l’heure de lancer le ténor, celui qui a chaque fois fait le difficile mais qui finit par lancer la première chanson… Lorsque sa voix s’élève, tu sais qu’il est l’heure de te rassembler avec tes copains, et faire parler la puissance de ton organe. Fin de saison ou début des phases finales, quoiqu’il arrive, la fête sera belle ce soir.