Lucas Cousin n'a que 22 ans, mais a déjà vécu plusieurs vies dans le rugby. Formé à Lille et passé par l'Australie (2014-2015, Melbourne Rebels), il s'est ensuite aguerri à Albi (2015-2017) puis à Trélissac (2017-2018) en Fédérale 1 avec qui il a joué en juin dernier la finale du trophée Jean-Prat. Ambitieux et déterminé, il a décidé de quitter à l'intersaison le SAT qu'il affectionnait tant, pour signer son premier contrat professionnel, à Chambéry (Fédérale 1, poule 4). Malheureusement, et comme tout sportif, le joueur a dû faire face à une blessure à l'épaule gauche qui l'a contraint à se faire opérer, et à quitter les terrains de rugby pendant un certain temps. Une période que le jeune centre n'avait jamais connu jusque-là.
Tout avait pourtant si bien commencé lorsque Lucas Cousin arrive à Chambéry en juillet dernier. Il retrouvait Benjamin Bagate, l'entraîneur des trois-quarts du SOC qu'il avait connu lors de son passage à Albi. D'un club familial trélissacois, qu'il a eu beaucoup de peine à quitté, il a renoué avec les exigences d'un club professionnel. « Signer mon premier contrat professionnel a été une chose très positive pour moi. Cela m'a motivé et conforté dans tous les efforts que j'avais entrepris jusque là. J'étais dans une vraie spirale positive. » Sociable et ouvert, Cousin n'a franchement pas eu de mal à s'intégrer au groupe, grapillant du temps de jeu progressivement. Le jeune nordiste a connu sa première titularisation le 9 septembre à Dijon (30-23) : « J'avais tellement hâte. Je me sentais très en forme et j'avais surtout envie de vite oublier la frustration de la finale perdue avec Trélissac en juin (face à Lavaur 24-21). »
Une titularisation qui lui permet de ne jamais quitter le groupe chambérien. Cousin enchaîne les feuilles de matchs, est même remplaçant lors de la rencontre face à Bourgoin, télévisée sur L'Equipe 21, le 6 octobre. Bref, un début de saison satisfaisant pour un joueur qui vient d'intégrer les rangs du club.
L'épaule, la famille et Capbreton
Mais c'est finalement une vieille douleur qui s'est réveillée chez Lucas Cousin, jusqu'au point de non-retour. Déjà à Trélissac, son épaule gauche lui faisait défaut. Et le 26 novembre, Lucas se fait opérer à Annecy, en sachant au fond de lui que sa saison vient de partir en lambeaux. Dur pour un joueur, nouveau venu dans un club. Le jeune centre trouve alors du soutien auprès de sa famille : « après mon opération, j'ai dû remonter dans le Nord chez mes parents car je ne pouvais pas gérer cela tout seul. J'ai su trouver le soutien nécessaire auprès d'eux, et ils m'ont beaucoup aidé. »
Un soutien qui paraît essentiel dans des périodes comme celles-là. Des mots, des gestes, des attentions qui n'ont en rien entaché la détermination du jeune joueur de rugby de revenir en pleine forme, et d'au moins participer à la fin de saison. « J'avais des douleurs, j'étais inquiet et soucieux parfois, mais je savais que les semaines qui allaient arriver n'allaient pas non plus être faciles. »
Après plus d'un mois et demi sans refouler les terrains de rugby, ou retrouver une préparation physique intensive, Lucas Cousin est allé finir sa phase de rééducation au CERS de Capbreton. Les trois premières semaines ont été difficiles, mais primordiales. Il découvre un rythme effréné, mais a la possibilité de partager cela avec des athlètes venus d'univers différents : « ça aide de parler avec eux, ça permet aussi de relativiser et ça fait forcément du bien. »
En retrouvant progressivement de l'amplitude au niveau de son épaule, Lucas retrouve confiance. Le 23 janvier, il retourne Chambéry pour revoir les copains jouer au ballon. Lui est soumis aux exercices sur le côté. La reprise du rugby se fait progressivement, avant un retour à Capbreton du 13 au 8 mars, pour de la réathlétisation. « Je commençais à voir le bout du tunnel, explique le jeune centre. Cette deuxième phase était bien plus dure que la première, mais primordiale », se souvient-il. Après un passage avec les espoirs chambériens face à Suresnes (victoire 26-5), Lucas Cousin va retrouver ce week-end les terrains de Fédérale 1 avec le SOC pour un déplacement à Beaune.
Mais aujourd'hui, il fête ses 23 ans : la journée idéale pour tirer aussi un bilan de ces derniers mois. « Je ressors plus fort de cette période et cela m'a permis de connaître encore mieux mon corps. Tout cela fait partie du passé mais je m'en servirais quoiqu'il arrive pour avancer. » Et on souhaite en tout cas à Lucas un avenir prometteur.