Comment t'es-tu retrouvé en Slovaquie?
Dans le cadre de mes études économiques à la faculté de Dijon, j’ai postulé au programme Erasmus, et j’ai été sélectionné pour un an en Slovaquie, à Bratislava. J’étais attiré par les pays de l’Est et le fait que les cours étaient dispensés en Anglais. Arrivé là-bas j’ai tout de suite cherché un club de rugby… et c’est là qu’a commencé mon histoire de petit français exotique expatrié. J’ai vite été séduit par le Slovan Bratislava, le club de la capitale. Aujourd’hui, nous nous entrainons avec les filles (groupe de rugby à 7 qui s’est formé), et les jeunes païens qui découvrent le pays, trainent leurs langues par terre, au vue des avions de chasses en liberté (dédicace à deux Bretons, joueurs à Bratislava 2014, connus sous le pseudo de jambe de bois et épaule d’anchois).
Comment s’est passée ton arrivée en Slovaquie ?
J ‘ai été accueilli par celui qui a créé le Slovan Bratislava en 2005 Tony Puverle (qui nous a malheureusement quittés en décembre 2009) et Vladimir. La plupart parlent anglais et d’autres essayaient de me communiquer en Slovaque, mais je ne comprenais rien, tel une blonde devant une clef de 12. L’équipe du Slovan Bratislava, en 2009-2010, était géniale. Nous avons joué en République Tchèque, étant donné que Bratislava était le seul club du pays possédant les joueurs et la logistique pour jouer à XV. A chaque match, j’apportais mon pot de vaseline, car on se prenait au minimum 4-5 essais. Le niveau est l’équivalent à la promotion d’honneur. Nous avons aussi une équipe féminine, dont je suis entraîneur depuis mai 2014. Ces filles jouent ligue tchèque de rugby à 7. De temps en temps, nous organisons des journées découvertes, afin d’initier les jeunes enfants au rugby, avec des ateliers ludiques. Nous avons accueillis le championnat européen féminin de rugby à 7. La 3ème mi-temps est comme en France, à la différence qu’elle est célébrée avec de la liqueur à 50°, ça pique ! De plus, Antoine, qui a joué 3 saisons pour Bratislava, a introduit un rite qui consiste à boire de la bière dans ses crampons pour le joueur qui vient de marquer son premier essai.
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Comment t’es tu retrouvé à jouer en équipe nationale de Slovaquie ?
Je me suis enregistré à la police étrangère en 2009, et donc trois ans plus tard, en 2012, j’ai été éligible pour jouer officiellement en équipe nationale. Mon implication a commencé en 2009/2010, lorsque j’étais étudiant Erasmus pendant un an, en Economie Comenius. Puis, entre 2010 et 2013, étant retourné en France pour travailler, je suis revenu à deux reprises en Slovaquie, lors de mes vacances pour rejouer. J’étais comme un aimant attiré par le magnétisme de la passion ovale slave. L’amour du ballon ovale des pays de l’Est, et peut être l’amour tout court, m’a donné envie de revenir m’installer dans cette charmante région. En raison des délocalisations, cette région d’Europe a besoin de compétences linguistiques, en particulier le français. C’est ainsi que depuis septembre 2013, je travaille chez Henkel en tant que comptable. L’équipe de Slovaquie, qui évolue dans la dernière poule en Europe, est composée à 70 % de joueurs de Bratislava, les autres proviennent de la République Tchèque, et ont la double nationalité. Jouant au centre au fil des saisons (parfois numéro 6 comme mon idole Serge Betsen), j’ai été utilisé en tant qu’ailier pour l’équipe nationale. Le niveau est entre la Fédérale 3 et Fédérale 2, ce qui donnait des dimanches lourds et durs. Certains joueurs se sont essayés à des produits magiques, mais qui n’y ont pas changé grand chose. Nous avons joué contre la Turquie et l’Azerbaïdjan. La Turquie étant composée à moitié de joueurs Français, eux aussi avec la double nationalité. Il était sympa de se chambrer en Français pendant un match international !
Où en est le rugby slovaque aujourd’hui ? Comment sont les infrastructures à disposition de la sélection?
Le rugby slovaque s’organise actuellement autour du rugby à 7, entre Bratislava, Trnava, Zilina, Kosice, et Bardejov. Nous avons organisé en juin dernier un tournoi à XV entre Kosice, Trnava (où se situe l’usine Peugeot 208), et Bratislava. Il n’y a pas de championnat de rugby à XV en Slovaquie. Bratislava va continuer à jouer dans le championnat tchèque, tandis que Trnava, pour la première fois, va s’engager dans une ligue à XV, en Autriche. Cette ligue est plus accessible, et plus proche en termes de transport. Je vais y apporter mon soutien en tant que joueur. Trnava est proche de Bratislava, sept de ses joueurs sont venus nous aider dans la ligue cette saison. Ainsi, afin de redonner la monnaie de leur pièce, je vais faire le chemin inverse en les aidant dans leur première saison à XV, afin d'apporter mon expérience dans l'approche d'une telle compétition, sur et en dehors du terrain. Le rugby slovaque étant faible, cela renforce les liens entre nous. Et nous sommes facilement "échangeables". Par exemple, en 2009-2010, nous sommes partis aider la création du club de Bardejov. En effet, notre intérêt est de propager le rugby ; le mieux est donc de se déplacer sur place. Ainsi, depuis la rentrée, j’ai pris la fonction d’entraineur pour les débutants, et de préparateur physique pour les plus motivés, ce qui me permet de partager mon faible savoir et de rencontrer de multiples personnalités. Côté argent, mon entreprise Henkel a participé financièrement pour le club de Bratislava (après avoir remplis une longue documentation). Le recrutement des joueurs se fait au fil des arrivées de certains étrangers. Pour les Slovaques, la plupart du temps, les amis des amis sont invités à essayer ce sport, et si la mayonnaise prend, on les motive à participer aux compétitions.
Quelles sont ses perspectives de développement du rugby en Slovaquie ?
D’un point de vue financier, il est difficile de démarcher les entreprises, qui ne sont pas concernées par le sport en général (sauf Henkel). Les villes et communautés ont un budget tellement faible que le sport ne fait pas partie des priorités de financement. J’ai bien tenté de créer un dossier de sponsoring, mais mes centaines de mails sont sans réponse, ou simplement négatifs (projet sportif en dehors des objectifs des entreprises). Il me reste à jouer de la guitare dans la rue, il parait que l’accent français a du charme. Pour les déplacements, nous utilisons les voitures personnelles, et utilisons l’argent des licences, plus la bonté des joueurs afin de financer le trajet (d’où l’intérêt de chercher la proximité des matchs). Les équipements proviennent des importateurs anglais, car certains joueurs ont joué chez les Puddings. Saison après saison, nous essayons de renouveler et de cumuler, mais cela représente un petit pourcent du budget. D’un point de vue entrainement et management, on est loin des standards français, et cela fait cruellement défaut. Par exemple, aucun club en Slovaquie n’a réussi à créer une école de rugby, donc la prise de conscience se fait chez les adolescents qui feront rapidement la transition chez les adultes, en bien ou avec difficultés. Les gens sont bizarrement plus connaisseurs du football américain, qui s’est très bien développé depuis quelques années. Heureusement, depuis deux ans, les petits tournois intérieurs à la Slovaquie ont créé du dynamisme et ont permis une émulation entre nos clubs. Nous allons commencer une ligue slovaque à XV la saison prochaine et donc quitter le championnat tchèque.
Charlierugby
En effet, le rugbynistère est une belle vitrine pour les amateurs
Tonton Will
Et oui, le rugby existe en dehors de canal et rugby + ...
... ça fait plaisir à voir.
NicoP
Cau Charles, je viens de te faire suivre une photo de l epoque. On venait de marquer 2 essais sur le terrain d Esztergom... j ai oublié combien les bucherons hongrois nous avaient mis par contre.
Charles CIMETIERE
pour ceux qui veulent plus d'information :
[email protected]
Gui
@Karen, l apero goutu dans les crampons est precisement un import d un joueur francais, (Antoine). J ai eu le plaisir de faire partie des joueur francais ayant porte le maillot du Slovan et dont le nombre se renouvelle chaque annee en fonction des arrivees/departs de travailleurs ou etudiats Erasmus et j en garde un excellent souvenir.
Je me souviens du dernier match de championnat Tcheque a 15 remporte a la derniere minute il y a quelques annees ou nous avions fait la fete sur le terrain comme si nous avions gagne la H cup!
(on avait pris l habitude de prendre branlee sur branlee cette saison sans que cela n est d impact sur la motivation et l implication de l equipe)
Et je me souviens avoir assiste la saison d apres d une remontee fantastique du Slovan en deuxieme partie de saison fort de 5 joueurs Francais dans l effectif.
Slovan do toho!!
Charles CIMETIERE
Bonjour,
Je n'ai malheureusement pas de souvenirs (à moins que tu as une photo) de toi en tant que joueur. J'avoue que le RCD ne m'a pas laissé les plus beaux souvenirs.
NicoP
Content de voir que le Slovan est toujours present. Je faisais partie de l effectif (on etait 2 Francais a l epoque) lors de la creation de l equipe en 2005 et nous jouions en ligue1 hongroise a l epoque. Gros deplacements tendus et grosses debacles aussi!
Je me rappelle surtout du vestiaire avec banc en planche et parpaing lors de nos matches a domicile.
Toutes mes meilleures pensees a Tony.
Karen
Pas besoin d'aller en Slovaquie pour découvrir le plaisir goutu d'un apéro dans les crampons 🙂
Bonne vie rugbystique !
quentin2dakar
Charles et moi avons joué ensemble au RCD... Et on se retrouve à faire du rugby et à faire faire du rugby au Sénégal et en Slovaquie! On gagnait peut être pas grand chose (à part la bataille de la buvette) mais au moins on était des passionnés! La preuve!
Vas-y Charles, continue comme ça, tu es sur la bonne voie!
sha1966
Comme d'hab !! Une belle tranche de vie !! Merci les gars!!!!!
berval
Il devrait plutôt rejoindre les instances de la FFR avec la bande à Camou, les fossoyeurs du rugby français...
Loyam
Histoire sympa. Continuez à nous faire traverser les frontières.