Charles Cimetière, un comptable français en équipe de Slovaquie
Charles Cimetière, un comptable français en équipe de Slovaquie.
Charles Cimetiere a commencé le rugby au lycée en France et il est désormais comptable en Slovaquie où il évolue avec l'équipe nationale. Portrait.
Charles Cimetiere a commencé le rugby au lycée, avant de rejoindre l’équipe cadet de Bourbon-Lancy. Il y a joué les deux saisons suivantes en sénior, en première série, où il a été champion de Bourgogne. Dans l'obligation de rejoindre Dijon pour ses études, il a rejoint le Racing Club Dijonnais, en Honneur. Malgré de grosses difficultés sportives (il surnommait ce club le Racing Club de la Défaite), il y a tout de même rencontré des amis, avant de rejoindre Chenôve, en Honneur également où il a pu bénéficier de meilleurs installations et d’un président, Patrick Monot, avec qui il s’entend très bien. Il travaille comme comptable France et export dans l’entreprise Henkel en Slovaquie.

Charles Cimetière, un comptable français en équipe de Slovaquie

Comment t'es-tu retrouvé en Slovaquie?

Dans le cadre de mes études économiques à la faculté de Dijon, j’ai postulé au programme Erasmus, et j’ai été sélectionné pour un an en Slovaquie, à Bratislava. J’étais attiré par les pays de l’Est et le fait que les cours étaient dispensés en Anglais. Arrivé là-bas j’ai tout de suite cherché un club de rugby… et c’est là qu’a commencé mon histoire de petit français exotique expatrié. J’ai vite été séduit par le Slovan Bratislava, le club de la capitale. Aujourd’hui, nous nous entrainons avec les filles (groupe de rugby à 7 qui s’est formé), et les jeunes païens qui découvrent le pays, trainent leurs langues par terre, au vue des avions de chasses en liberté (dédicace à deux Bretons, joueurs à Bratislava 2014, connus sous le pseudo de jambe de bois et épaule d’anchois).

Charles Cimetière, un comptable français en équipe de Slovaquie

Comment s’est passée ton arrivée en Slovaquie ?

J ‘ai été accueilli par celui qui a créé le Slovan Bratislava en 2005 Tony Puverle (qui nous a malheureusement quittés en décembre 2009) et Vladimir. La plupart parlent anglais et d’autres essayaient de me communiquer en Slovaque, mais je ne comprenais rien, tel une blonde devant une clef de 12. L’équipe du Slovan Bratislava, en 2009-2010, était géniale. Nous avons joué en République Tchèque, étant donné que Bratislava était le seul club du pays possédant les joueurs et la logistique pour jouer à XV. A chaque match, j’apportais mon pot de vaseline, car on se prenait au minimum 4-5 essais. Le niveau est l’équivalent à la promotion d’honneur. Nous avons aussi une équipe féminine, dont je suis entraîneur depuis mai 2014. Ces filles jouent ligue tchèque de rugby à 7. De temps en temps, nous organisons des journées découvertes, afin d’initier les jeunes enfants au rugby, avec des ateliers ludiques. Nous avons accueillis le championnat européen féminin de rugby à 7. La 3ème mi-temps est comme en France, à la différence qu’elle est célébrée avec de la liqueur à 50°, ça pique ! De plus, Antoine, qui a joué 3 saisons pour Bratislava, a introduit un rite qui consiste à boire de la bière dans ses crampons pour le joueur qui vient de marquer son premier essai.

La suite en page 2

Charles Cimetière, un comptable français en équipe de Slovaquie

Comment t’es tu retrouvé à jouer en équipe nationale de Slovaquie ?

Je me suis enregistré à la police étrangère en 2009, et donc trois ans plus tard, en 2012, j’ai été éligible pour jouer officiellement en équipe nationale. Mon implication a commencé en 2009/2010, lorsque j’étais étudiant Erasmus pendant un an, en Economie Comenius. Puis, entre 2010 et 2013, étant retourné en France pour travailler, je suis revenu à deux reprises en Slovaquie, lors de mes vacances pour rejouer. J’étais comme un aimant attiré par le magnétisme de la passion ovale slave. L’amour du ballon ovale des pays de l’Est, et peut être l’amour tout court, m’a donné envie de revenir m’installer dans cette charmante région. En raison des délocalisations, cette région d’Europe a besoin de compétences linguistiques, en particulier le français. C’est ainsi que depuis septembre 2013, je travaille chez Henkel en tant que comptable. L’équipe de Slovaquie, qui évolue dans la dernière poule en Europe, est composée à 70 % de joueurs de Bratislava, les autres proviennent de la République Tchèque, et ont la double nationalité. Jouant au centre au fil des saisons (parfois numéro 6 comme mon idole Serge Betsen), j’ai été utilisé en tant qu’ailier pour l’équipe nationale. Le niveau est entre la Fédérale 3 et Fédérale 2, ce qui donnait des dimanches lourds et durs. Certains joueurs se sont essayés à des produits magiques, mais qui n’y ont pas changé grand chose. Nous avons joué contre la Turquie et l’Azerbaïdjan. La Turquie étant composée à moitié de joueurs Français, eux aussi avec la double nationalité. Il était sympa de se chambrer en Français pendant un match international !

Où en est le rugby slovaque aujourd’hui ? Comment sont les infrastructures à disposition de la sélection?

Le rugby slovaque s’organise actuellement autour du rugby à 7, entre Bratislava, Trnava, Zilina, Kosice, et Bardejov. Nous avons organisé en juin dernier un tournoi à XV entre Kosice, Trnava (où se situe l’usine Peugeot 208), et Bratislava. Il n’y a pas de championnat de rugby à XV en Slovaquie. Bratislava va continuer à jouer dans le championnat tchèque, tandis que Trnava, pour la première fois, va s’engager dans une ligue à XV, en Autriche. Cette ligue est plus accessible, et plus proche en termes de transport. Je vais y apporter mon soutien en tant que joueur. Trnava est proche de Bratislava, sept de ses joueurs sont venus nous aider dans la ligue cette saison. Ainsi, afin de redonner la monnaie de leur pièce, je vais faire le chemin inverse en les aidant dans leur première saison à XV, afin d'apporter mon expérience dans l'approche d'une telle compétition, sur et en dehors du terrain. Le rugby slovaque étant faible, cela renforce les liens entre nous. Et nous sommes facilement "échangeables". Par exemple, en 2009-2010, nous sommes partis aider la création du club de Bardejov. En effet, notre intérêt est de propager le rugby ; le mieux est donc de se déplacer sur place. Ainsi, depuis la rentrée, j’ai pris la fonction d’entraineur pour les débutants, et de préparateur physique pour les plus motivés, ce qui me permet de partager mon faible savoir et de rencontrer de multiples personnalités. Côté argent, mon entreprise Henkel a participé financièrement pour le club de Bratislava (après avoir remplis une longue documentation). Le recrutement des joueurs se fait au fil des arrivées de certains étrangers. Pour les Slovaques, la plupart du temps, les amis des amis sont invités à essayer ce sport, et si la mayonnaise prend, on les motive à participer aux compétitions.

Charles Cimetière, un comptable français en équipe de Slovaquie

Quelles sont ses perspectives de développement du rugby en Slovaquie ?

D’un point de vue financier, il est difficile de démarcher les entreprises, qui ne sont pas concernées par le sport en général (sauf Henkel). Les villes et communautés ont un budget tellement faible que le sport ne fait pas partie des priorités de financement. J’ai bien tenté de créer un dossier de sponsoring, mais mes centaines de mails sont sans réponse, ou simplement négatifs (projet sportif en dehors des objectifs des entreprises). Il me reste à jouer de la guitare dans la rue, il parait que l’accent français a du charme. Pour les déplacements, nous utilisons les voitures personnelles, et utilisons l’argent des licences, plus la bonté des joueurs afin de financer le trajet (d’où l’intérêt de chercher la proximité des matchs). Les équipements proviennent des importateurs anglais, car certains joueurs ont joué chez les Puddings. Saison après saison, nous essayons de renouveler et de cumuler, mais cela représente un petit pourcent du budget. D’un point de vue entrainement et management, on est loin des standards français, et cela fait cruellement défaut. Par exemple, aucun club en Slovaquie n’a réussi à créer une école de rugby, donc la prise de conscience se fait chez les adolescents qui feront rapidement la transition chez les adultes, en bien ou avec difficultés. Les gens sont bizarrement plus connaisseurs du football américain, qui s’est très bien développé depuis quelques années. Heureusement, depuis deux ans, les petits tournois intérieurs à la Slovaquie ont créé du dynamisme et ont permis une émulation entre nos clubs. Nous allons commencer une ligue slovaque à XV la saison prochaine et donc quitter le championnat tchèque.

Merci à Jean Tafernaberry (Le Rugbynistère) pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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  • Charlierugby
  • il y a 10 ans

En effet, le rugbynistère est une belle vitrine pour les amateurs

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