La Coupe du monde est-elle plus facile à gagner que le Tournoi des 6 Nations ?

Cécile Grès, dans un entretien qu’elle nous a accordé, s’exprimait à propos des chances pour l’Équipe de France de remporter la Coupe du Monde. Elle se prononçait alors : « On verra ce qui se passera, mais la Coupe du Monde reste beaucoup plus facile à gagner que le tournoi. Je ne fais pas parti des gens qui les accablent, j’aime bien aimer l’Équipe de France, il y a de supers joueurs. »

Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est cette idée selon laquelle le Tournoi des 6 Nations soit beaucoup plus difficile à remporter que le saint trophée Webb Ellis. Pour faire revenir le calme dans tous les PMU de France, nous avons contacté à nouveau Cécile Grès pour étayer son propos.

L'avis de l'intéressée

 En vrai, j’ai dit ça comme une idée un peu en l’air. Le tournoi, tu dois jouer 5 matchs dont, selon les années, 3 à l’extérieur, face à ce qui se fait de mieux en Europe. Et quoiqu’il arrive, tu as 5 matchs couperets.

En Coupe du monde, sauf si tu as une poule de la mort comme la France cette année, les matchs couperets passent à trois au moment des phases finales, tu joues sur terrain neutre sauf face au pays hôte, tu es sur un format ou tu as eu quasiment 3 mois de préparation contrairement au tournoi. Et tu peux gagner un Mondial sans croiser les Blacks.

Après, évidemment que la Coupe du monde est loin d’être une compétition galvaudée, elle est dure et un titre vaut tous les autres. Évidemment que c’est une compétition compliquée, mais je trouve le format et la formule du tournoi extrêmement durs. »

Suite à cela, nous avons décidé d’organiser le grand débat à la rédaction, et voici ce que ça a donné.

TEAM 6 NATIONS

Partons du postulat que le Tournoi est plus difficile à gagner que la coupe du monde si vous le voulez bien. Et même si vous ne le voulez pas.

Rappelons le format, les 6 Nations, c’est une compétition entre 6 équipes, pas con comme idée : l’Angleterre, l’Irlande, le Pays de Galles, l’Écosse, la France et l’Italie. Ces 6 équipes font partie du gratin européen, ce qui se fait de mieux. Même si la Géorgie aurait les moyens de manger 1 ou 2 équipes si on lui laissait sa chance, mais c’est un autre débat. Quoi qu’il en soit, c’est une véritable joute entre les meilleures nations européennes. Toutes les équipes sont sur le même pied d’égalité au début de la compétition. Si si, l’Italie aussi. La France et l’Écosse ne diront pas le contraire.

Deuxième chose, le calendrier. Une année sur deux, il peut être plus favorable pour une équipe que pour l’autre. Une année, on peut recevoir 3 fois, mais l’année suivante, on devra se déplacer 3 fois. Ce ne sont pas les supporters qui s’en plaindront. Ce qui rajoute pour les équipes par contre, une difficulté supplémentaire. En 2020 par exemple, la France recevra l’Angleterre, l’Italie et l’Irlande et se déplacera en Écosse et au Pays de Galles. Et inversement en 2021. Potentiellement, elle aura plus de chance de remporter le tournoi en 2020 qu’en 2021. En prenant en compte que gagner en Angleterre, en Irlande, et en Italie soient des exploits. Gagner tout court même.

Troisièmement, le tournoi revient tous les ans. En prenant depuis 2000 et l’arrivée des transalpins, l’Angleterre l’a remporté 6 fois, le Pays de Galles 5 fois, l’Irlande 4 fois, et la France 4 fois. Un palmarès assez équilibré sur 20 éditions. Et seuls les Français, les Irlandais et les Anglais l’ont remporté 2 fois d’affilée. Mieux, l’Angleterre remporte le tournoi en 2017 et termine 5e en 2018. Ou l’Écosse qui remporte la cuillère de bois en 2012 pour terminer 3e en 2013. Ce qui fait du tournoi une compétition assez relevée et sans aucune certitude.

On aurait pu aussi souligner la grande part donnée à la forme des joueurs. En effet, dans une saison, le tournoi arrive en plein milieu. Une compétition internationale à haute intensité qui pointe le bout de son nez lorsque les championnats sont à plein régime. Quand les organismes souffrent déjà de se cogner des températures proches de 0 °C, ou pire si on joue à Oyonnax. Et malgré tous les aménagements mis en place par le staff des Bleus, la préparation est d’un mois maximum. Pour jouer 5 matchs à haute intensité et jouer à Agen le week-end suivant. En fait, Demba Bamba, c’est le Cécile Grès du XV de France. Un samedi, tu le vois au Stade de la Rabine, le samedi d’après tu le retrouves à Edimbourg. Sans transition aucune. Le seul point commun, c’est la cornemuse.

Voilà vraiment pourquoi 6 Nations > Coupe du Monde.

TEAM COUPE DU MONDE

Je vous vois venir d’ici : « Ouiiiii, la coupe du monde c’est dur, il y a les blacks, gnagnagnaaa ». Bon vous ne parlez pas forcément ainsi, mais ça serait la réaction typique d’un rugbyx. C’est comme un footix, mais pour la balle ovale. Bien sûr, on va trouver des arguments pour les 2 camps.

La coupe du monde de rugby est une compétition qui a lieu tous les 4 ans. Sa rareté en fait donc une compétition complètement à part, pas comme la coupe du monde des U20 qui a lieu tous les ans. On dirait le tournoi du 1er mai de Pouyastruc. Bref, partant de ce principe, on peut dire que toutes les équipes ont 4 saisons pour s’armer, construire un groupe, un système de jeu, pour rêver de glaner ce trophée tant chéri par la planète ovale. Un sélectionneur signe souvent pour 4 ans d’ailleurs. Sauf en France où on décide de virer un entraîneur. Puis on en reprend un autre. Puis en fait, on pense qu’il a besoin d’une armée mexicaine autour de lui. En fait ce n’était pas le bon gars non plus. On va préparer l’édition d’après alors. Mais c’est autre sujet. De plus, à l’aube de cet évènement, les équipes ont 3 mois pour se préparer, faire des stages avec le GIGN, vivre ensemble. Tout ça pour se faire rouler dessus par les Blacks au final. Soyons honnêtes, en 2019 comme en 2052, ils seront favoris. Sauf si la Terre explose d’ici là, et ce n’est pas faute d’avoir prévenu.

Concernant les équipes participantes, elles sont 20 à batailler pour la victoire finale. Parmi elles, on retrouve les 6 nations représentées dans le tournoi, mais aussi la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’Australie, l’Argentine (The Rugby Championship quoi). Ou encore le Japon, les Fidji, les USA, le Canada, les Tonga. Que d’équipes qui peuvent potentiellement battre les hommes de Jacques Brunel, Fabien Galthié, Laurent Labit, Sébastien Bruno, Jean Baptiste Elissalde, Julien Bonnaire, Thibault Giroud, Bernard Laporte et Serge Simon. Et en étant commenté par Christian Jeanpierre de surcroît. Ça ressemble plus à Man VS Wild qu’à une partie de Molkky.

Mais comme pour toute compétition sportive, il y a jurisprudence. Pour les 6 nations, nous l’avons dit, c’est le simple fait de gagner le tournoi une année et de se faire laminer l’année suivante. Pour la coupe du monde, c’est pareil, les compteurs sont remis à 0, même si certaines sélections dominent les débats. Rappelez-vous, en 2011 le XV de France était amené alors par un Marc Lièvremont qui a lancé la carrière de Trinh-Duc aussi rapidement qu’il y a mis fin. Avec 2 défaites dont une face au Tonga, j’ai encore mal, les hommes de Thierry Dusautoir se hissaient toutefois en quarts, et même en finale face à l’équipe hôte, la Nouvelle-Zélande. Montrant bel et bien qu’on peut faire une première phase de poules en bois et perdre en finale. Ou encore 2007, qui a vu l’Équipe de France l’emporter en quart contre les Blacks, ou en 1999. Mais pas en 2015 par contre. Les exploits sont donc possibles dans cette compétition. Bon, pas jusqu’à voir la Namibie championne du monde, mais il y a quelques possibilités à ne pas écarter.

Donc, Coupe du monde > Tournoi des 6 nations à condition de ne pas jouer l’Argentine. Parce que finalement, ce sont eux notre bête noire. 2007, à jamais gravé.

TEAM NANAI-WILLIAMS

Non, aucun rapport. Continuons.

CONCLUSION

Vous constaterez que cet article ne contient aucun calcul de probabilité, c’est normal puisque j’ai fait un Bac Littéraire et pas Scientifique. Je suis plus poète que mathématicien en gros. Et puis aucune mathématique ne pourra résoudre l’équation du XV de France.

Pour résumer, je mettrai sur un pied égal le Tournoi des 6 Nations et la Coupe du Monde. D’un côté, je suis neutre comme la Suisse et je ne me fais pas taper dessus. D’un autre côté, parce que je pense qu’il est plus difficile de gagner le tournoi de pétanque de Marseillan plage. Bien évidemment, ce ne sont que des pistes de réflexions qui ouvrent vers le débat.

Rappelons en les règles si vous le voulez bien. Pas de plaquages au-dessus de la ceinture, et soyez fair-play. JOUEZ NEUF !