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Du rugby champagne au rugby samba avec les jumeaux Felipe et Daniel Sancery
Felipe et Daniel Sancery avec le maillot du Brésil face au Chili.
Deux franco-brésiliens, jumeaux de surcroît, Felipe et Daniel Sancery, ont fait le choix de quitter Albi et son club pour une destination exotique, le Brésil.
Deux franco-brésiliens, jumeaux de surcroît, ont fait le choix de quitter la capitale tarnaise (Albi, nldr) et son club de rugby mondialement reconnu pour une destination on ne peut plus exotique... "Brasihou ". Leur pays maternel a accueilli Felipe et Daniel Sancery (21 ans), les bras ouverts, de l’ambition plein la besace, mais surtout avec l’humilité des petits qui connaissent le chemin à parcourir. Retour sur un aller simple au pays de la samba.

Salut Felipe, salut Daniel ! Ma première question est simple... Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre cheminement rugbystique ?

Felipe : Nous sommes nés au Brésil de père français et de mère brésilienne. À cinq ans nous sommes arrivés en France, déjà dans le Tarn, dans la région de Gaillac. Moi je me suis mis directement au rugby et Daniel a préféré commencer par le foot...
Daniel : Oui, mais précise bien que ça n’a duré que deux ans (deux ans de trop, ndlr)
Felipe : On jouait ensemble au club de Gaillac et, en minimes nous avons passé les sélections du Stade Toulousain. Sur les 100 gamins présents, seuls 20 étaient gardés, ce qui été notre cas. Mais après un an, la concurrence nous pesait. On a décidé de revenir dans le Tarn, à Albi. On a joué en cadets, Crabos, Reichel pour finir en espoirs.

Du rugby champagne au rugby samba avec les jumeaux Felipe et Daniel Sancery

Vous êtes jeunes, mais d’après M. Guiard (le manager des Espoirs du SCA), Daniel tu es arrivé à maturité. Pourquoi ne pas avoir persévéré en France pour tenter de rejoindre une grosse écurie, voire même de postuler en équipe de France. Là vous êtes bloqués, non ?

Felipe : Tu sais, quand tu n’es pas passé par les équipes de France jeunes, par les pôles espoirs, ton avenir est incertain, c’est difficile. Aujourd'hui, le 7 brésilien commence à être reconnu. C’est en faisant des tournois avec "les froggies" (structure amateur de Seven, ndlr) que notre profil a commencé à circuler. À Albi seul Daniel a eu la chance de faire des matchs...
Daniel : J’ai fait trois feuilles de match exactement, mais deux rentrées seulement.
Felipe : Et donc, grâce à ces matchs, les premiers contacts avec la sélection ont été pris, des vidéos ont été envoyées et notre profil a plu. Daniel étant blessé, je suis parti seul faire des matches amicaux à XV et des entraînements et ça s’est super bien passé.

Du rugby champagne au rugby samba avec les jumeaux Felipe et Daniel Sancery

Mais pour me faire l’avocat du diable, le Brésil est plus connu pour le football, le beach-volley, les caïpirinhas et la samba que pour le rugby. Pourquoi avoir fait ce choix qui peut sembler étrange ?

Daniel : Pour le projet qu’ils proposent. Tu te rends compte, en 2016 on a énormément de matchs internationaux au programme, on joue le Tournoi des 6 nations américain composé du Chili, de l’Uruguay, des Etats-Unis, du Canada, des Jaguars (Argentine B, ndlr) et du Brésil.
Felipe : Et là, l’objectif est de se montrer le plus possible dans les tournois des World Series à Vancouver, HK, Paris, ... accrocher tous les tournois.Du rugby champagne au rugby samba avec les jumeaux Felipe et Daniel SanceryLe coup d'envoi du Tournoi des 6 Nations des Amériques, « un moment historique »Mais d’ailleurs, quels sont les points forts et les points faibles de ce rugby brésilien ?

Daniel : Tout d’abord le staff. Il faut savoir qu’il est composé majoritairement de "Néo-zed" et d’Argentins qui apportent leur culture du rugby. Ils sont vraiment bons.
Felipe : Concernant les joueurs, ils sont très pointilleux, ils écoutent et apprennent.
Daniel : Mais du fait du manque de culture rugbystique ils sont parfois moins rigoureux qu’un Français. Nous on a commencé le rugby à cinq ans, eux 10 ou 12 ans plus tard. Moi qui suis ailier de formation, je joue à l’arrière et je remarque un manque de rigueur dans le placement de mes coéquipiers.
Felipe : De plus avec l’arrivée de nouveaux joueurs tous les ans, les entraînements ne consistent qu’à faire des passes et à plaquer. La création de trois pôles de joueurs sélectionnables va améliorer cela. On va pouvoir aller plus loin dans les entraînements.

Et quelles sont vos ambitions avec cette sélection ?

Felipe : Pour l’instant il n’y en a qu’une... faire partie de l’équipe qui va aller aux JO. Pour l’instant rien n’est fait, même si ça se passe bien. On est titulaires, on marque, ... Mais ce n’est pas encore fait.

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Je vous écoute parler depuis plusieurs minutes et j’entends le bel accent rocailleux de nos campagnes. Vos coéquipiers comprennent-ils le gaillaco-portugais ?

Felipe : (rires) Tu sais on n’a pas de problème de compréhension car notre mère nous parlait portugais. Mais en mauvais élèves que nous étions, on ne répondait qu’en français. Donc il manque un peu de vocabulaire, mais on se fait comprendre malgré tout sans trop de difficulté.

Mais rassurez-nous, vous allez revenir à Albi ? D’ailleurs vous ne vous ennuyez pas trop, éloignés de la mégapole tarnaise, perdus que vous êtes dans la campagne brésilienne ?

Felipe : Tu sais, la notion de grandeur n’est pas la même en France ou au Brésil. Ici quand tu es dans une ville d'un million d’habitants, c’est limite la campagne, alors que ça représente deux fois Toulouse.

Du rugby champagne au rugby samba avec les jumeaux Felipe et Daniel Sancery

Et vous ne vous ennuyez pas de vos potes laissés en France ?

Felipe : Avec les réseaux sociaux, on se sent proches malgré tout. Un coup de Facebook, Tinder, Snapshat, ... On leur écrit régulièrement et on prend des nouvelles.
Daniel : Et ici on sort avec des amis qu’on a rencontrés et avec qui on se sent bien, on a encore de la famille.

Bon, vous êtes jumeaux, mais êtes-vous vraiment les mêmes ? Apparemment non. Felipe tu aimes le combat et le défi (il est ¾ centre, ndlr) et toi Daniel tu sembles préférer rester bien coiffé jusqu’à la fin du match sans avoir touché la gonfle (il est ailier, ndlr)... On va donc faire un petit questionnaire croisé.

Si ton frère était une injure ?

Daniel : "Connard"
Felipe : "Putain"

Si ton frère était une chanson ?

Daniel : Il serait DJ Vintage... C’est vraiment un petit son bien sympa.
Felipe : Et lui serait "Le chant des sirènes" des Fréro Delavega.
Daniel : Mais quel connard ! Tiens mets lui Kyo, une dernière danse ! Je lui mets un son sympa et lui il me fout la honte !

Si ton frère était un pays ?

Daniel : La Suède, car il adore les blondes
Felipe : Et lui la Thaïlande (la rédaction du Rugbynistère n’a pas souhaité creuser la motivation de la réponse, ndlr)

Si ton frère était un défaut ?

Daniel : Impulsif... Au Chili dernièrement, j’ai oublié mon jean pour la réception d’après-match et il m’a engueulé, alors que c’était mon problème !
Felipe : Ouais ben je suis peut-être impulsif, mais Daniel il est tête-en-l’air !

Si ton frère était un plat ?

Daniel : Il serait un plat de lasagnes.
Felipe : Et Daniel, le risotto de notre père !

Vous connaissez bien entendu les papys derrière la main courante qui insultent à tour de rôle, adversaires, arbitres et joueurs du club. Ça ne vous manque pas trop au Brésil ?

Felipe : Non, pas du tout... On ne les entend même pas sur le terrain. Y’a que Charly Goze que ça fait marrer et qui adore. Mais au Brésil, les supporters encouragent vraiment jusqu’au bout l’équipe !
Daniel : Ils ne connaissent pas encore les vraies valeurs de notre sport (rires)

Du rugby champagne au rugby samba avec les jumeaux Felipe et Daniel Sancery

Vous êtes maintenant sous contrat avec la fédé brésilienne. Ça veut dire que vous n’êtes plus liés au SCA ? Ça s’est bien passé ? Ça vous permet de vivre ?

Felipe : Ça s’est super bien passé avec Albi. Ils étaient vraiment tops. Là, ça nous permet de vivre de notre sport. Avant on était surveillants au lycée de Carmaux (ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco, ndlr) pour pouvoir subvenir à nos besoins. On est vraiment heureux.

Quelles sont vos ambitions personnelles avec cette sélection ?

Felipe : Ben avant tout d’y être ! Pour l’instant rien n’est fait.
Daniel : En termes sportifs, on ne rêve même pas d’une place dans les trois premiers, mais gagner un match au JO ce serait extra !
Felipe : Et moi personnellement, mettre un cad-deb à SBW !
Daniel : Ouais, mettre un essai ce serait bien déjà ! (il marqué face à l'Uruguay ce samedi dans un match très accroché, 29-33, ndlr)
Felipe : Franchement, accrocher une grosse équipe ce serait vraiment cool.

Merci à Le Roi Dodo pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Hyper sympas comme article ! Continuez de nous faire voyager à travers le rugby 🙂

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