À 44 ans, Fabien Roveda n'est pas un président d'une l'école de rugby comme les autres... Ou presque. C'est à Abu Dhabi que cet assistant technique pour une société d'aéronautique française transmet sa passion pour l'ovale, qu'il découvre à l'âge de 7 ans dans le club lot-et-garonnais de Clairac. Le club qui a vu éclore un certain Philippe Sella. La suite ? Aiguillon, d'abord, puis des clubs en Charente-Maritime et en Lorraine, au gré de ses études et affectations professionnelles. Avant de terminer son aventure de joueur à Mont de Marsan, au sein de l'équipe militaire championne de France qui avait alors dans ses rangs deux joueurs de renom (Mikaele Tuugahala et Jocelino Suta).
Quand et comment t'es-tu retrouvé en Abu Dhabi ? Pas trop compliquée l'acclimatation ?
Je suis arrivé à Abu Dhabi fin mars 2014 pour le boulot et j'ai retrouvé le monde du rugby version "expats" lors de la soirée de gala des 10 ans du seul club français et francophone aux Émirats dédié aux jeunes. Je dois avouer que le choc thermique met un gros coup sur la carafe lors des entraînements à plus de 40° sur le terrain en début et fin de saison. La saison devient vraiment jouable à partir de novembre jusqu'à début mai grand max.
Comment en vient-on à s'occuper du rugby là-bas, qu'est-ce qui t'a amené à devenir le président de l'école française de rugby ?
De fil en aiguille, et par des discussions et rencontres plus ou moins "joyeusement arrosées", je me suis retrouvé lors de la saison suivante à entraîner les moins de 14 et les moins de 16. A la fin de cette première saison, j'ai pris le poste de Head-coach (chef-entraineur pour les non rosbifophones) suite à la défection du titulaire. J'ai pris la présidence de l'EFR (École Française de Rugby d'Abu Dhabi) au début de la saison 2015-2016 suite au départ de l'équipe en place depuis plusieurs années. Dans le même temps, j'ai conservé le poste de head-coach, mais en devant lâcher les catégories dont je m'occupait. Ce qui ne m'empêche pas de filer un coup de main sur le pré dès que certains coachs sont indisponibles.
Tu peux nous en dire un peu plus sur l'école ?
Notre école de rugby est avant tout celle de nos jeunes joueurs et de tous nos bénévoles, les catégories sont nombreuses, diverses et variées. Les plus petits commencent par du rugby "babies" adapté car ils ont en moyenne 4-5 ans. Les catégories suivantes, allant des moins de 6 ans au moins de 16 ans, sont régies par les règles de l'IRB : rugby tag de U6 à U8, puis rugby contact jusqu'aux U16. Nous avons également la chance d'avoir des filles en Rugby Touch (U14-U18) et une équipe de Touch séniors-vétérans. Nos effectifs sont de plus de 200 joueurs inscrits et plus d'une cinquantaine de bénévoles d'encadrement.
Ici, pas de soutien de la ville, de la région, du ministère des sports voire même de la fédération de rugby des Émirats, nous louons les terrains, l'ambulance, les salles de réunion... En gros, tout est payant ! Nous avons tout de même la chance de jouer et nous entraîner sur des terrains qui ressemblent tous à des terrains d'honneur de Pro D2 ou de Top 14. N'ayant aucune subvention ni aide, nous sommes astreints à trouver de nombreux sponsors pour faire vivre et survivre le club.
Peux-tu nous expliquer l'histoire du ballon ovale aux Emirats Arabes Unis ? Quid de sa situation actuelle ?
Le rugby est arrivé aux EAU avec les premiers expatriés anglo-saxons, il y a 50 ans, âge du plus ancien club, les Exiles. Puis, il s'est développé avec l'arrivée massive d'étrangers, liée au développement ultra-rapide du pays. De nombreux autres clubs ont vu le jour (tous anglophones, sauf UN) : le championnat local est basé sur les équipes seniors des divers clubs (environ une quinzaine) et inclut les équipes de Doha au Qatar et de Muscat en Oman. 98% des équipes sont constituées d'étrangers et en général coachées par des anciennes gloires du rugby mondial à 7 et XV. Le niveau s'apparenterait à un bon niveau de Fédérale 1 de chez nous pour les meilleures équipes et fédérale 2 pour le reste.
L'équipe nationale fait partie des nations du groupe B de l'ARFU (Asian Rugby Football Union, ndlr) et n'est constituée que de très peu de locaux de naissance. Ces derniers commencent à s'intéresser au rugby - surtout au 7 - et y mettent les moyens pour intéresser les autochtones afin qu'ils lâchent le pousse-citrouille pour passer au lancer de pizza. Malheureusement, rien n'est réellement mis en oeuvre pour aider les écoles de rugby, appelées "Mini&Youth". Lorsque celles-ci n'ont pas d'équipe senior phare, elles se retrouvent à tenter de se battre façon Don Quichotte.
Mais alors, comment développer ce sport ?
Le développement du rugby aux Émirats va malheureusement devoir copier le modèle du ballon rond poussé par les pieds avec la création de partenariats avec de grands clubs européens ou d'ailleurs, dans le but de créer des "académies" de rugby. Pour notre part, nous avons la chance d'avoir d'excellentes relations avec la fédération monégasque de rugby qui nous a invité ces deux dernières années à l'occasion de leur tournoi international des moins de 12 ans, et où nous avons brillé par notre arrivée en finale à chaque édition.
Et pour le futur, que peut-on te souhaiter, tant personnellement que rugbystiquement ?
Mon plus grand espoir serait de voir un club français nous approcher pour nous filer un coup de pouce, voire de nous aider financièrement et permettre ainsi à nos jeunes de prouver leur valeur lors de participations à des tournois organisés dans l'Hexagone. J'ose rêver d'un sponsor qui nous permette de ne plus nous inquiéter à chaque début de saison à venir et réussir à monter une équipe de "vieux" pour aller faire les malins sur les terrains de la région et être présents au tournoi SEVEN'S de Dubaï.
Nous continuerons, dans la mesure du possible, à faire venir des intervenants FFR lors de notre stage de février, afin de continuer à donner du plaisir à nos jeunes pousses et leur donner l'envie de continuer à jouer lorsqu'ils quitteront le pays.
Vous pouvez suivre les aventures de l'EFR d'Abu Dhabi sur la page Facebook.
Quand et comment t'es-tu retrouvé en Abu Dhabi ? Pas trop compliquée l'acclimatation ?
Je suis arrivé à Abu Dhabi fin mars 2014 pour le boulot et j'ai retrouvé le monde du rugby version "expats" lors de la soirée de gala des 10 ans du seul club français et francophone aux Émirats dédié aux jeunes. Je dois avouer que le choc thermique met un gros coup sur la carafe lors des entraînements à plus de 40° sur le terrain en début et fin de saison. La saison devient vraiment jouable à partir de novembre jusqu'à début mai grand max.
Comment en vient-on à s'occuper du rugby là-bas, qu'est-ce qui t'a amené à devenir le président de l'école française de rugby ?
De fil en aiguille, et par des discussions et rencontres plus ou moins "joyeusement arrosées", je me suis retrouvé lors de la saison suivante à entraîner les moins de 14 et les moins de 16. A la fin de cette première saison, j'ai pris le poste de Head-coach (chef-entraineur pour les non rosbifophones) suite à la défection du titulaire. J'ai pris la présidence de l'EFR (École Française de Rugby d'Abu Dhabi) au début de la saison 2015-2016 suite au départ de l'équipe en place depuis plusieurs années. Dans le même temps, j'ai conservé le poste de head-coach, mais en devant lâcher les catégories dont je m'occupait. Ce qui ne m'empêche pas de filer un coup de main sur le pré dès que certains coachs sont indisponibles.
Tu peux nous en dire un peu plus sur l'école ?
Notre école de rugby est avant tout celle de nos jeunes joueurs et de tous nos bénévoles, les catégories sont nombreuses, diverses et variées. Les plus petits commencent par du rugby "babies" adapté car ils ont en moyenne 4-5 ans. Les catégories suivantes, allant des moins de 6 ans au moins de 16 ans, sont régies par les règles de l'IRB : rugby tag de U6 à U8, puis rugby contact jusqu'aux U16. Nous avons également la chance d'avoir des filles en Rugby Touch (U14-U18) et une équipe de Touch séniors-vétérans. Nos effectifs sont de plus de 200 joueurs inscrits et plus d'une cinquantaine de bénévoles d'encadrement.
Ici, pas de soutien de la ville, de la région, du ministère des sports voire même de la fédération de rugby des Émirats, nous louons les terrains, l'ambulance, les salles de réunion... En gros, tout est payant ! Nous avons tout de même la chance de jouer et nous entraîner sur des terrains qui ressemblent tous à des terrains d'honneur de Pro D2 ou de Top 14. N'ayant aucune subvention ni aide, nous sommes astreints à trouver de nombreux sponsors pour faire vivre et survivre le club.
Peux-tu nous expliquer l'histoire du ballon ovale aux Emirats Arabes Unis ? Quid de sa situation actuelle ?
Le rugby est arrivé aux EAU avec les premiers expatriés anglo-saxons, il y a 50 ans, âge du plus ancien club, les Exiles. Puis, il s'est développé avec l'arrivée massive d'étrangers, liée au développement ultra-rapide du pays. De nombreux autres clubs ont vu le jour (tous anglophones, sauf UN) : le championnat local est basé sur les équipes seniors des divers clubs (environ une quinzaine) et inclut les équipes de Doha au Qatar et de Muscat en Oman. 98% des équipes sont constituées d'étrangers et en général coachées par des anciennes gloires du rugby mondial à 7 et XV. Le niveau s'apparenterait à un bon niveau de Fédérale 1 de chez nous pour les meilleures équipes et fédérale 2 pour le reste.
L'équipe nationale fait partie des nations du groupe B de l'ARFU (Asian Rugby Football Union, ndlr) et n'est constituée que de très peu de locaux de naissance. Ces derniers commencent à s'intéresser au rugby - surtout au 7 - et y mettent les moyens pour intéresser les autochtones afin qu'ils lâchent le pousse-citrouille pour passer au lancer de pizza. Malheureusement, rien n'est réellement mis en oeuvre pour aider les écoles de rugby, appelées "Mini&Youth". Lorsque celles-ci n'ont pas d'équipe senior phare, elles se retrouvent à tenter de se battre façon Don Quichotte.
Mais alors, comment développer ce sport ?
Le développement du rugby aux Émirats va malheureusement devoir copier le modèle du ballon rond poussé par les pieds avec la création de partenariats avec de grands clubs européens ou d'ailleurs, dans le but de créer des "académies" de rugby. Pour notre part, nous avons la chance d'avoir d'excellentes relations avec la fédération monégasque de rugby qui nous a invité ces deux dernières années à l'occasion de leur tournoi international des moins de 12 ans, et où nous avons brillé par notre arrivée en finale à chaque édition.
Et pour le futur, que peut-on te souhaiter, tant personnellement que rugbystiquement ?
Mon plus grand espoir serait de voir un club français nous approcher pour nous filer un coup de pouce, voire de nous aider financièrement et permettre ainsi à nos jeunes de prouver leur valeur lors de participations à des tournois organisés dans l'Hexagone. J'ose rêver d'un sponsor qui nous permette de ne plus nous inquiéter à chaque début de saison à venir et réussir à monter une équipe de "vieux" pour aller faire les malins sur les terrains de la région et être présents au tournoi SEVEN'S de Dubaï.
Nous continuerons, dans la mesure du possible, à faire venir des intervenants FFR lors de notre stage de février, afin de continuer à donner du plaisir à nos jeunes pousses et leur donner l'envie de continuer à jouer lorsqu'ils quitteront le pays.
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mimi12
Cette chronique est toujours aussi passionnante !
Marc Lièvre Entremont
J'vois pas beaucoup de petites, c'est que c'est compliqué le rugby avec le voile ^ ^
Marc Lièvre Entremont
Qu'est-ce qui est limite ? Ma connerie ou les droits de l'homme bafoués aux EAU ?
BriceYvan
Elle est un peu limite à mon goût celle-ci...
D'où mon pouce rouge.
Loyam
A nouveau, je suis preneur de ce genre d'articles.
Destination exotique parfaite pour nous surprendre, en tant que passionnés de rugby.
Merci le Rugbynistère. 😊
BriceYvan
Vu d'ici, ça semble complètement improbable que des mecs réussissent à faire vivre de tels clubs dans de tels endroits... Je trouve ça tout simplement génial !
Bravo à ces irréductibles amoureux de ce sport !